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moment étoit venu, ou dans l'histoire d'une année alloit être écrite la solution de ce problême:si l'empire François étoit fait pour être heureux, ou pour étre livré à toutes les convulsions de l'anarchie, à tous les symptômes d'une prochaine et inévitable dissolution.

Invoquer hautement la réforme, mais en soumettre les plans à la profession libre et publique du culte catholique, c'étoit de*mander pour l'église gallicane non pas une constitution nouvelle, mais l'intégrité de sa constitution toujours une et indivisible. Car tel en est le caractère exclusif; c'est de n'admettre ni mélange ni variations humaines; c'est d'être aujourd'hui et pour tous les siècles ce qu'elle fut hier, Or, comme son divin auteur lui fit une origine indépendante de la terre, ainsi a-t-il voulu que sa durée et sa conservation fussent également indépendantes de la terre. Les Payens eux-mêmes en étoient tombés d'accord.. Valens a tout gâté, disoit l'un d'eux, en voulant attirer à soi l'administration de cette religion simple, accomplie par son essence (1), trouvant en soi-même tout ce dont (1) Amm. Marcell. 1, 15,

elle a besoin pour la formation ou pour le maintien et le retour de ses loix. Doncques, que l'on portât la cognée dans les abus introduits par la longue succession des années; mais que l'on respectât un tronc incorrup tible, c'étoient-là tous les voeux de l'empire, là le cri de la religion.

Ces comparaisons ne sauroient nous pa paroître étranges. Dieu les a rendu nobles en ne dédaignant pas de se les appliquer à soimême. Il se plaît à s'appeller le céleste vigneron et la vigne mystique; image naïve, par laquelle il identifie l'ouvrage avec l'ou vrier, cette église qu'il a investie de sa toute-puissance, après l'avoir fécondée de son sang, avec sa propre nature toute-puissante, infaillible, immortelle.

Cependant je ne sais quels pressentimens commençoient à se mêler aux brillantes espérances qu'avoit accumulées l'avidité du désir.

On s'étoit demandé pourquoi l'assemblée nationale n'avoit point encore obéi à l'ordre des cahiers en faveur de la religion ca tholique; et l'assemblée nationale en concentrant dans son sein tous les pouvoirs, tous sans exception, avoit fait voir et qu'elle

ne recevoit plus d'ordres que de sa volonté, et que l'usage de cette volonté donneroit plus d'une fois occasion d'être accusé.

que

Dès-lors les bons esprits laissèrent percer leurs inquiétudes et leurs allarmes. Mais déjà les bons esprits n'étoient plus écoutés; et l'on avoit pris les devans, en se ménágeant de loin une réplique à toutes les récla mations. Le brigandage (pourquoi ne parlerions-nous pas comme la postérité ?) « Le brigandage exercé contre les biens ecclésiastiques, devoit avoir ulcéré bien des intérêts; la cause de la religion alloit servir de voile à bien des passions; falloit-il donc s'étonner le clergé fit sonner'si haut le mot de religion, alors que tant de zèle n'avoit d'autre principe que le regret d'une opulence usurpée »; ainsi pensoient, ainsi s'exprimoient, les mains toutes chargées des richesses du sanctuaire, des hommes qui sans cesse avoient sur les lèvres les mots de justice, d'humanité et de fraternité. Ils vouloient étre libres, et ne savoient pas être justes ; et les satyres les plus violentes, les calomnies les plus outrageuses, des dénonciations qui ne savoient qu'être atroces, achevoient la démonstration. Pour réussir à rendre les

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ecclésiastiques odfeux, leurs adversaires, n'avoient pu imaginer de secret plus infaillible que celui de nous prêter leurs

images.

propres

Une observation qui dût frapper les lecteurs accoutumés à lire dans le passé la prophétie de l'avenir, c'étoit la conformité que les premiers actes de la révolution ecclésiastique présentoient avec l'histoire des. grandes hérésies. De semblables commeneemens devoient amener les mêmes suites, et celle-ci, entraîner le même dénouement C'est que l'enfer qui dans tous les âges à voulu rivaliser l'œuvre de Dieu, l'enfer a donc aussi son unité !

En effet telle est la triple marque que. l'hérésie a pris soin d'imprimer sur son front: spoliation des biens ecclésiastiques, suppression des vœux de religion, atteintes. portées à l'autorité du siège de Pierre.

Spoliation des biens eccclésiastiques. Marsile de Padoue, Wiclef et toute la secte des Vaudois avoient précédé Luther dans ces savantes théories de rapines et de vexations. On voit avec une secrette envie des fortunes que l'on ne partage point; les prétextes viennent en foule pour en dénas

turer l'usage, en grossir les abus, et Fon condamne pour piller avec titre. On rédoute l'influence que ces richesses de la terre pourroient donner au clergé ; il faut l'affoiblir, en l'avilissant. On flatte la cupidité des peuples, en les associant aux dépouilles, et l'on ne manque jamais de consciences qui se vendent. Il n'en coute plus alors de renverser l'arbre et de l'étendre à terre, quand on l'entraîne par ses rameaux.

Suppression des vœux de religion. Tant de perfections humilient l'amour propre ; elles irritent l'orgueil, pour qui toute espèce de devoir est un joug insupportable. on se venge par des proscriptions contre des vertus dont on se sent condamné; incapable que l'on est de s'élever dans le ciel pour y découvrir la source unique d'où elles émanent, on aime mieux la chercher sur la terre au milieu de ses passions rempantes. Il faut vite se hâter d'étouffer sous les ruines des maisons religieuses la lumière importune que répandent les vertus et les talens dont elles sont l'asile ; que si l'on a pu surprendre, parmi des hommes mortel's et fragiles, de ces taches inséparables de T'humaine foiblesse, la malignité vient s'en

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