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non, Monsieur, vous ne me le conseillerez pas j'espere que la bonté divine me préservera d'une si lâche défection: j'espere qu'elle soutiendra la foi de mes diocésains, et qu'elle inspirera à vos estimables collègues dans l'administration, une sainte horreur pour toute démarche, qui consommeroit dans leur coeur la volonté du schisme et l'adhésion à des erreurs déjà plusieurs fois condamnées par l'église.

Permettez-moi donc, Monsieur, de ne regarder votre lettre que comme une interrogation de votre part, sur ce que les catholiques doivent penser des décrets sur la constitution civile du clergé. Si je devois la considérer sous tout autre aspect; ah! que je vous plaindrois, Monsieur, Monsieur, de vous étre cru obligé de me l'écrire; que je plaindrois ceux qui ont cru devoir vous la dicter! Le desir sincère que j'ai de leur salut et du vôtre; ce desir, qui est un de mes premiers devoirs, arraché de mon coeur ce triste gémissement, sur l'erreur de ceux qui sacrifieroient leurs intérêts éternel au dangereux honneur d'être chargé dexécuter des ordres, dont l'effet immédiat est de rendre la France schismatique, et de lui faire perdre le précieux trésor de la foi. Ah! plutôt, Monsieur, réunissons-nous tous au pied du trône des miséricordes, faisons au ciel une sainte violence: obtenons du Dieu de Clotilde et de St. Louis, la révocation de ces décrets funestes, si contraires aux intentions de nos représentans, et qu'ils

désavoueront sans doute dès qu'ils en con-. noîtront le danger. Ce danger, Monsieur, j'ai dû le faire connoître à l'assemblée dont vous êtes l'organe; je ne me suis pas dissimulé les raisons qu'on peut faire valoir en faveur du silence ou d'un langage plus tranquille peut-être ai-je manqué aux règles. de la prudence humaine ? je l'ignore: lorsqu'elles sont toutes fautives, lorsque les circonstances rendent tous les conseils incertains et dangereux, l'imprudence d'un coeur sans fiel, qui s'est examiné au pied de la croix, peut-être blâmée par les hommais trouvera grace devant dieu.

mes,

Pour conclure et pour me résumer, Monsieur, je professe hautement l'obligation d'être soumis à la puissance temporelle en tout ce qui est de sa compétence, je donnerai, je l'espere, toujours l'exemple de respecter l'ordre public; mais je réclame devant votre assemblée, et je réclamerai par-tout contre les atteintes qu'on veut porter aux droits spirituels et essentiels de l'église en général, et de toutes les églises de France en particulier je répéterai sans cesse ces paroles de Jean-Baptiste, il ne vous est pas permis, non licet: je réclame et je proteste contre les atteintes qui ont pour objet mon siège archiepiscopal, contre la suppression du chapitre de mon église cathédrale et de toutes les collégiales de mon diocèse, contre l'extinction des bénéfices de toute espècè, contre le projet de suppression et d'union

des paroisses, contre la déduction des mai-> sons religieuses, contre le scandale de la liberté qui leur est offerte, contre les obstacles suscités à l'accomplissement de leurs règles, contre la proscription des conseils évangéliques dans une nation catholique; enfin, contre tous et chacun des décrets de la constitution civile du clergé, que ma conscience me défend d'admettre, à cause des erreurs multipliées qui en sont les principes et les conséquences, et à cause du respect. que j'ai pour l'église et le saint-siège apostolique auquel je serai inviolablement attaché, comme à la colonne de la vérité et au fondement inébranlable de l'église de Jesus-Christ.

L. AP. Arch. d'Auch.

Ce 28 novembre 1790.

AVERTISSEMENT

DE MONSIEUR

L'ÉVÊQUE DE TOULON, AUX FIDÈLES DE SON DIOCÈSE.

ELLEON, par la misericorde divine et la grace du saint-siége apostolique, évêque de Toulon, au clergé séculier et régulier, et aux fidèles de notre diocèse, salut et bénédiction en N. S. J. C.

SAINT PA

per

AINT PAUL, nos très-chers frères, écrivant aux Romains leur disoit : qui nous séparera de la charité de Jesus-Christ; sera-ce les tribulations? la détresse? la faim? la sécution? le glaive? non, ni la mort, ni la vie ne pourront nous séparer de l'amour de Dieu. Bien éloigné de la sainteté de l'apôtre des nations, que Dieu jugea à propos de changer, de persécuteur en un vase d'élection, nous osons pourtant avec confiance, en fixant nos regards vers celui de qui vient la force et le courage, vous promettre de ne pas nous laisser intimider par la crainte, et nous prenons de nouveau avec vous l'en

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gagement de défendre, au péril même de notre vie, les vérités de la loi que l'on attaque, et que les passions de quelques homines superbes voudroient anéantir.

Ccs hommes, que nous vous avons déja dénoncés, sont les apôtres de la philosophie moderne dont nous avons fait connoître les systèmes impies, appercevoir les pièges; dont nous avons combattu les assertions, et qui s'érigeant en législateurs, traitent de pertubateurs du repos public et persécutent tous ceux qui ne veulent pas se soumettre aux loix éversives de la religiou sainte que nous professons et qu'il dictent avec empire. Dans notre dernière lettre pastorale nous avons attaqué quelques-unes de ces loix qui, par leur conséquence, portoient une atteinte funeste à la religion; nous n'avons eu que le tems de vous en indiquer d'autres qui l'attaquoient plus directement, et que nous avons réservées pour l'objet d'une instruction particulière que nous nous proposons de vous donner aujourd'hui. Nous traiterons dans cet avertissement de l'autorité et de la jurisdiction des premiers pasteurs, qu'une puissance séculière et sans mission prétend régler en lui imposant des loix, tandis que par son origine étant divine, elle ne peut évidemment être reglée que par les loix de l'église. Nous allons vous exposer le plus brièvement et le plus simplement qu'il nous sera possible, afin de les mettre à portée de tous les fidéles,

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