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premiers jours de son humble origine, disoit avec la simplicité admirable d'une confiance vraiment sublime dans les promesses de son divin époux: il a semblé bon au SaintEsprit et à nous de vous prescrire, etc. Visum est Spiritui Sancto et nobis, etc. Cette discipline ne peut donc pas être le jouet des hommes, et flotter au gré de la volonté des souverains.

Je pourrois me borner, Monsieur, à vous prier de dire à la respectable assemblée dont vous êtes l'organe, que la constitution civile du clergé que vous me présentez de sa part, est schismatique et hérétique dans son ensemble, et dans les conséquences qui en découlent naturellement; que dès-lors il m'est impossible de l'admettre: je ne pourrois pas même en admettre provisoirement la moindre partie, quelqu'innocente qu'elle fût en apparence parce qu'il n'y a point de composition à faire avec l'erreur, et que c'en seroit d'ailleurs une bien grave de ma part, de reconnoître, dans la puissance temporelle, le droit d'influer sur la discipline' de l'église, autrement que par la voie de la sollicitation et de la remontrance, et encore parce qu'il y auroit de la témerité à prévenir le jugement du saint-siége et de l'église de France, par le choix de quelques articles d'une loi qu'ils n'ont pas adoptée.

Ainsi donc, Monsieur, dans tout ce qui dépendra de moi, les choses resteront dans l'état où elles sont, jusqu'à ce que le père

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commun des fidèles, le vicaire de JesusChrist sur la terre ait parlé. Je n'aurai donc pas d'autre conseil que le sénat vénérable que l'église a placé auprès de mon siége: il tient à sa sainte hiérarchie en sa qualité sa de dépositaire de la jurisdiction épiscopale, qu'il exerce pendant la vacance du siége; dépot sacré que la puissance temporelle ne peut déplacer, ni transférér à son gré sur d'autres têtes.

La force peut apporter quelque changement à cet ordre de choses: ou pourra faire couler les larmes des vrais fidèles, en interrompant dans nos églises le cours de la prière publique, en s'opposant aux sacrifices de louange qu'offrent à Dieu soir et matin mes vertueux et vénérables frères les chanoines et bénéficiers de la métropole d'Auch, et les chapitres si édifians des églises collégiales de mon diocèse; mais, malheur à qui portera une main sacrilége sur ces saints établissemeus, et sur tous ceux que que la piété de nos pères a faits en faveur des pieux cœnobites, des humbles vierges, et des admirables congrégations que Dieu dans sa bonté avoit donnés à son église.

Ce n'est point une ménace que je fais ici, Monsieur, à Dieu ne plaise: il n'en sortira aucune de ma bouche; mais il m'est impossible de ne pas contempler avec frayeur, les ravages affreux que Dieu permet à des hommes d'exercer dans l'héritage de JesusChrist il m'est impossible de ne pas fri

sonner, à la pensée du terrible jugement qui attend les auteurs de tant de maux et ceux qui y participent ce sentiment profond me prosterne souvent aux pieds de mon divin Sauveur, pour le prier d'exciter dans leur cœur le repentir amer qui seul peut les expier. Ah! qui sait si fléchi, non pas par mes foibles prières, mais par celles de tant d'ames innocentes il n'essuyera pas enfin les larmes de son église.

Je me croirois donc prévaricateur, Monsieur, si je préparois les voies à une entreprise qui ne peut avoir que les plus funestes effets. La plus légère adhésion de ma part seroit un aveu, que je reconnois, dans le prince ou dans le peuple, une suprématie spirituelle qui fait horreur à tout catholique, parce qu'elle est destructive des bases fondamentales de la religion.

Je pourrois, Monsieur, borner là ma réponse, mais son objet ne permettant pas qu'elle reste renfermé entre moi et l'assemblée de département, je dois, à tous ceux qui la liront, un plus grand développement des vérités qui m'obligent de repousser loin de mon diocèse le projet d'organisation qu'on a surpris à l'assemblée nationale.

1o. On ne peut être catholique sans reconnoître non seulement la primauté d'honneur du souverain pontife dans toute l'église, mais encore sa primauté de jurisdiction sur toutes les églises de la chétienneté. C'est un article de foi.

Les décrets méconnoissent et détruisent: cette primauté de jurisdiction en plusieurs manières, principaleinent en bornant à un signe équivoque de communion, la relation nécessaire des membres avec leur chef, et: des églises de France avec le centre d'unité de la foi et de l'autorité législative.

L'église grecque n'est devenue schismatique, que par le refus qu'elle a fait de reconnoître la suprématie des successeurs de saint-Pierre: les erreurs qui la défigurent aujourd'hui sont postérieures à son schisme, et en sont l'effroyable punition.

2o. C'est une vérité incontestable appuyée sur l'écriture et sur la tradition, que les évêques sont de droit divin supérieurs aux prêtres, non-seulement quant à l'ordre, mais quant à l'autorité du gouvernement.

Ce principe fondamental est détruit par les décrets qui soumettent les évêques établis par l'esprit-saint pour gouverner l'église de Dieu, à l'autorité des simples prêtres sous le nom de conseil et au jugement des synodes Métropolitains.

3o. C'est encore une vérité de foi, qu'à l'église seule appartient la puissance spirituelle. et qu'a la seule puissance spirituelle appartient de communiquer aux évêques la juris-, diction, de l'étendre, ou de la limiter; elle seule peut faire des loix et des réglemens de discipline.

Cependant les décrets supposent dans.

Fautorité temporelle le droit et le pouvoir de supprimer presque la moitié des évéchés de France, de créer des Métropoles, d'en éteindre, d'étendre et de resserrer à son gré la jurisdiction des évêques, de transporter à un premier vicaire, que l'église ne connoit pas, et à son défaut à un second, la jurisdiction qu'elle a confiée aux chapitres pendant la vacance du siege : les chapitres et tous autres titres de bénéfice sont supprimés un conseil est créé aux évêques : on s'attribue la nomination à toutes les cures et à tous les évéchés, ce objets sont évidemment du ressort de la puissance spirituelle, c'est donc une usurpation, dirai-je, sacrilège? Oui, sacrilège par son objet et par les principes qu'elle supposeroit.

Que ne pourrois-je pas ajouter, Monsieur? mais ceci suffit: concluez avec moi, je vous en prie, et voyez s'il m'est possible de laisser soupçonner un instant à mon diocèse, que j'adopterai la constitution ecclésiastique; ne dois je pas obéir à dieu plutôt qu'aux hommes ? Connoissant votre foi et votre piété, connoissant la religion de nos administrateurs, je ne craindrai pas de leur demander leur avis et le vôtre que feriez-vous? Que feroient-ils à maplace? Voudriez-vous que pour éviter quelques légers chagrins, votre Evêque trahit sa réligion et son ministère, et qu'il précipitât dans le schisme ce diocèse si célèbre par sa piété et par la pureté de sa foi? non,

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