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occupé de l'élection d'un Evêque du Finis tère? Ce n'est rien répondre sur l'état actuel; et en effet, dans vos principes, vous n'avez point de réponse. Mais considérons l'état futur. Je suppose un évêque élu à Quimper, s'il n'est pas canoniquement institué, il ne sera évêque de nulle part. Supposons-le canoniquement institué; il n'aura pu l'être que par une autorité ecclésiastique, vous en eonvenez: or, il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais d'autorité ecclésiastique qui veuille ni qui puisse donner la jurisdiction sur un Diocèse qu'elle ne reconnoît point vacant; et il n'y a point d'autorité ecclésiastique qui reconnoisse vacans les Diocèses de Tréguier et de Leon, tant que leurs évêques n'auront pas donné leur démission, ou n'auront pas perdu leur jurisdiction par un jugement canonique; le nouvel élu ne pourra recevoir la jurisdiction par l'institution canonique que sur le Diocèse de Quimper; il n'y aura donc pas d'évêque du Département.

En vain l'Assemblée Nationale portera des Décrets, en vain ses agens en presseront l'exécution, il y a des points essentiels du gouvernement de l'Eglise contre lesquels ni la puissance des hommes ni les efforts de l'enfer ne prévaudront jamais. Non, Messieurs, le corps des pasteurs ne laissera point envahir les droits que Dieu à confiés à son église, et sans lesquels elle ne peut subsis

ter;

vouloir les forcer à reconnoître que

leur

leur jurisdiction spirituelle et que la disci pline de l'église sont à la disposition d'une assemblee politique, seroit vouloir en faire des apostats de cette même église; le sang de J. C. en a cimenté les fondemens, celui des martyrs en a arrosé les progrès; elle aura toujours des Pontifes prêts à s'immoler pour la conserver et pour la défendre,

Si donc vous veniez, Messieurs, me sommer de reconnoître qu'en vertu des décrets de l'Assemblée Nationale sur la constitution civile du clergé, je ne suis plus Evêque dé Leon, et que je ne dois plus m'ingérer à en faire les fonctions, je vous dirois avec / toute la liberté de mon ministère: que l'homme ordonne, si Dieu défend, ce n'est point aux hommes, c'est à Dieu seul qu'il faut obéir; je vous dirois: il s'agit ici de la religion, ce n'est point à la brebis à com mander au pasteur; je vous dirois, une vérité revelée qu'aucun catholique ne peut révoquer en doute; que le lien qui m'attache au troupeau que J. C. m'a confié, est purement spirituel; qu'il ne peut être rompu par aucune puissance temporelle; qu'aucun pouvoir civil ne peut s'étendre sur la jurisdiction spirituelle de l'Eglise: s'obstiner à penser autrement, c'est vouloir s'en séparer.

Vous avez, Messieurs, librement accepté la qualité d'agens d'un pouvoir qui commande en souverain; et peut-être vous or donne-t-il de donner plus d'éclat à ma pré Coll. eccl. Tome I. D d

tendue suppression, par une notification personnelle, afin de persuader plus efficacement aux peuples de mon Diocèse que je ne suis plus leur Pasteur. Mais, Messieurs, la clarté des principes que j'ai établis et des conséquences que j'ai déduites, vous aura intimément convaincus qu'il ne vous est pas permis d'exécuter de pareils ordres ; et je me tiens bien assuré que vous ne préfererez pas l'amitié des Césars à celle de Dieu, la fausse prudence des enfans du siècle à la docilité des vrais enfans de l'église.

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J'ai accompli ce que Dieu m'ordonne: loqueris verba mea ad eos si forte audiant et quiescant Ezech.

Je serai toujours avec l'inviolable attachement que j'ai voué à mes Diocésains, et avec le respect dû à des Administrateurs distingués par leur mérite personnel.

MESSIEURS

Votre très-humble et très-obéissant serviteur, +J. FR. Evêque de Leon,

A Leon ce 3 Octobre 1789.

RÉPONSE

DE MONSIEUR

L'ARCHEVÈ QUE D'A UCH, A Monsieur le procureur-général-syndic du département du Gers.

LETTRE de M. le procureur-général-syndic du département du Gers, à M. l'archevêque d'Auch.

Monsieur, l'assemblée du conseil du département me charge d'avoir l'honneur de vous rappeller que par le décret de l'assem blée nationale, pour la constitution civile du clergé, du 24 août, vous êtes tenu de nommer votre clergé, conformément audit décret; elle me charge encore d'avoir l'honnenr de vous écrire qu'elle exige que vous

le nommiez incessamment.

Je suis, etc.

MARIGNAN, Procureur-général-syndic du département du Gers.

ON m'a remis, Monsieur, le samedi 20 de ce mois, à Aire, une lettre qu'on m'assure Dd a

ici m'avoir été adressée de votre part, au nom de l'assemblée du département, et où se trouve en effet votre signature.

On ne flatte, Monsieur, que ceux qu'on méprise, ou qu'on n'aime pas véritabliment; je vous parlerai donc avec clarté et avec force, parce que dans votre personne que je respecte et que je chéris, je parlerai à tous mes concitoyens, à qui je dois une vraie charité et par conséquent la vérité, sur un point où il est pour eux d'un intéret capital de la connoître.

le

Lorsque, par l'autorité du saint-siége apostolique, l'église m'a investi de sa jurisdicdiction, en me plaçant sur le siége antique et vénérable de la métropole d'Auch, je ne croyois pas que j'eusse jamais des ordres à recevoir de qui que ce soit dans monde, pour le gouvernement spirituel de mon église, si ce n'est du concile de ma province, d'un concile national ou écuménique, ou de l'église de Rome mère et maîtresse de toutes les autres. Les tems ont pu changer, Monsieur, mais non pas les principes: ils sont toujours les mêmes, parce qu'ils sont établis sur Jesus-Christ, qui étoit hier, qui est aujourd'hui, et qui sera le même dans tous les siecles. C'est lui qui a donné à l'église seule, le droit de fixer sa discipline; droit qui est une partie essentielle du gouvernement spirituel qui lui appartient incontestablement. C'est elle qui, dès les

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