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A Pyrrha. Par J. J. Duffault. Traducion de l'ode se. du er. livre d'Horace.

QUel eft, Pyrrha, ce beau galant,

Čet Adonis, ce téméraire,
Qui te pourfuit fi vivement
Dans cet afyle du myftere ?
Dis, quel eft ce nouvel amant
A qui maintenant tu veux plaire ?
Pour qui cet habit élégant,
Et ces cheveux, qu'artiftement
A treffés une main légere?
Il ne fait pas cet imprudent,
Ce novice encore à Cythere,
Dont le cœur, filégéement,
-Se fie à la vive lumiere

D'un feu foller qui ne l'éclaire
Que pour l'éteindre en un moment
Combien Pyr: ha, facilement,
De fes amis fait fe défaire :
Il pleurera ton changement;
Tu verras fa douleur amere;
Il atteftera con ferment,
Et tu riras de fa mifere!
Quel fera fon étonnement,
Quand déjà, bien loin de la terre,
Il verra l'humide élément

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"

Venir déployer, en grondant,
"L'effort de toute fa colere,
Sur fon vaiffeau qui, fi gaiement
Veguoit d'un cours doux & proffere !
L'aftre d'amour, au firmament
Brilloit d'une douce lumiere,
Et voilà qu'en un feul moment
Le ciel tonne, & de fon tonnerre
Brife le frêle Eâtiment !

"

Ah! malheur à tout imprudent
Qui, voyant ta taille légere,
Ton doux-fouris, ton fein charmant,
Cherchera, perfide, à te plaire !
Moi, je fus auffi ton amant,
Hélas! & de ton caractere
Je parle, Pyrrha, favamment.
Suivez un avis falutaire,
Redoutez ce lac féduifant;
Ce n'est pas là du fentiment
C'est une flamme paffagere!
Croyez-moi de fon caractere
Je parle, hélas ! trop favamment.

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Couplets à Mlle. D*. K*., qui travaille à un roman fur l'éducation.

AIR Philis demande fon portrait,

Q

Uand pour atteindre à la vertu
Tout un peuple e leve,
Quels principes donneras-tu
A ton aimable éleve ?

De Rouffeau, pour ce nourriffon
Suivras tu la méthode ?
N'en feras tu qu'un politfon,
Ou qu'un homme à la mode.

L'éducation du malheur

A l'homme eft falutaire;
C'est elle qui le rend meilleur
Qui l'inftruit & l'éclaire;
C'est elle qui d'Henri le Grand
A fait briller la gloire;
C'eft le feul roi dont l'indigent
Ait gardé la mémoire.

Elevé par des courtisans,
Louis le quatorzieme,
Conquic de nombreux partifans
A la grandeur fuprême :
Mais il fut vain, impérieux,
Et d'encens idolatre;
Il n'offrit jamais à mes yeux
Qu'un vrai roi de théâtre.

.

L'éducation de l'amour,
Das une ame docile,
Eft emblable aux rayons du jour y
Ouvrant un œil débile.
Heureux qui n'a pour précepteur
Que la jeune makrelle;
C'est par la route du bonheur
Qu'il atteint la fageffe.

Tel fera l'Emile nouveau
Que formera Delphine;
Je crois déjà fous fon pinceau
Voir renakre Sargine.

Elle a l'efprit le plus heureux;
Elle eft furtout jolie.

Abl je crois voir plutôt Saint-Preux
Aux genoux de Julie.

SPECTACLES DE PARIS.

THÉATRE DE L'OPÉRA COMIQUE NATIONAL. LE JEUNE SAGE ET LE VIEUX FOU opéra en une ade

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N vient de donner fur ce théâtre le Jeune fage & le vieux fou, opéra de Hoffman & Méhul. Merval, vieux fou, qui aime

"

&

Jes plaifirs de tout genre a pour fils Cliton philofophe de 20 ans, pédant s'il en fut, qui ne s'occupe qu'à moriginer fon pere. C'eft le renversement de toutes les familles.. Cliton veille fur la conduite de Merval. I lui donne des avis, veut le ranger, & lui propose même de le marier. La vieille Elife, tante de T'aimable Rofe, habite la même maifon. C'eft Ja jeune Rofe que Cliton veut donner en mariage à fon pere. Pour lui, il fe réserve la tante, femme plus mure, femme faite pour fympathifer avec lui. Cependant Rofe ne veut point épou'er un viell rd; elle a même du git pour Cliton de fon côté, Merval, qui n'eft pas fi fou qu'on le penfe, a fait choix d'E life, & veut donner Rofe à fon fils: mais Elife étourdie de ce qu'un jeune homme veut bien lui donner la main, refuse celle de Merval. Peu à peu Cliton s'apperçoit qu'il fait une fottife, en cédant la belle Rofe à fon pere : il répare fa faute, en déclarant fon amour à la jeune perfonne. Lout s'arrange; & la tante, piquée d'abord de le voir ainfi jouée, finit & par confentir au mariage des jeunes gens, par époufer Marval..

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Tel eft le fond léger de cet ouvrage, qui offre des fcenes très-agréables au milieu de quelques longueurs. Il eft d'un genre neuf & fingulier; mais on pourroit ebjecter à Hoffmann , que fon vieux fou n'eft pas affez fou; qu'il eft peut-être plus fage que fon fils & que la vieille Elife. Le caractere de Cliton n'est pas non plus affez plaifant. Un petit pédant, qui ne parle que par adverbes, n'eft pas un perfonnage très gai au théâtre en un mot, il nous femble que Cliton & Merval ne justifient pas affez le titre le jeune fage & le vieux fou, qui devroient préfenter, fans chare ge, la fageffe dans un jeune homme & l'ex

travagance dans un vieillard.... Quoi qu'il en foit, cette piece mérite du fuccès, par fon genre & par la maniere .dont les fcenes font filées. La musique de Méhul eft un nouveau chef d'œuvre de ce compofiteur. Vive légere, chantante, quoique large & favante, ele eft parfaitement analogue au caractere du fujer, des perfonnages & des fituations: il faut entendre plufieurs fois cette délicieufe mu. fique pour mieux en fentir tout le mérite. Mile. Carline joue très-bien le rôle de Cliton'; Mile. Ro'e ne laiffe rien à defirer dans celui de Rofe; Mad. Gontier est toujours l'actrice de la nature & de la vérité, dans le rôle d'Elife, & Solier fait briller, dans celui de Merval, ce jeu piquant & ce goût de chant qui diftinguent, dans tous les rôles, cet aimable artifte.

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THEATRE DU MARAIS.

LES PHILOSOPHES SOLDATS, comédie en trois ades, en vers.

i

,

On vient de donner fur ce théâtre, les philofo. phes foldats, qui a eu du fuccès le fujet en eft ingénieux. Dorville, homme doué de mille talens mais fans fortune, avoit un fille: Mad. Olban, femme très-riche & vertueuse, avoit un fils. Tous deux ont fait l'échange de leurs er fans en bas âge, afin que le jeune homme, fe croyant fils de Dorville fentit que les talens font préférables à la richeffe • &que Sophie, élevée fous les yeux de Mad. Olban, eût un jour toutes les verius. Clarente & Sophie, parvenus à l'âge de raifon s'aiment mutuellement: mais Clarente fait qu'il n'est point fortuné: il n'ose aspirer à la main

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