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cellus, & de Fabius Maximus Verrucofusz Dans la huitieme, on peint le caractere & les exploits de Scipion l'Africain, & ceux de Titus Fla ninius & de Caton l'ancien occupent la 6. Enfin, la dixieme roule principalement ur L. Palus Æmilius & fur Scipion Nafica. Terminons cette analyse en tranfcrivant une partie de ce que dit con→ cernant Scipion Emilien ou l'Africain.

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« Je n fauroit m'empêcher, chers Gen-lemen, doblerver, dit un des jeunes voyageurs, que dans vos difcours for Scipion Emilien Vous avez eu l'attention de ne pas rapporter Jes louanges outrées, extravagantes-dont quel ques anciens ont accablé fa mémoire, tandis que d'un autre côté, vous paflez fous filence les objections contre fon caractere, que quelques écrivains modernes ont publiées, fans. que je prétende juger s'ils ont eu raion »..

« Il eft vrai que le ton général de vos remarques paroît être de préfenter ces héros Ro. mains fous les couleurs les plus refpectables autant que la vérité peut le permettre, de garder le filence fur leurs défauts fuppofés, & de rendre toute la juftice poffible à leurs vertus réelles. Telle fut la conduite de votre cher, de votre favant & très-aimable Rollin. Toutefois certainement Scipion Emilien n'a pas le bonheur d'être également glorieux dans toutes les parties de fa vie ».

« Malheureufe Numance! Peut être que ce fut fur ce Ponte trionfale, aujourd'hui détruit, que Scipion paffa dans cette occafion bien éloignée de lui être glorieufe. Qu'il fe feroit bien plus fait d'honneur, en marchant fur les traces du généreux Nafica, fi juftement admixé par vous! S'il fe für efforcé de fauver cette

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brave Nation, fi ipfe vir fortiffimus vires ejufdem indolis laudifque confervaffet ! Si le Gou vernement Romain eût été affez généreux pour eftimer la bravoure & la conduite d'un enne mi; s'il eût confervé quelque louvenir de ce caractere des anciens Romains,dont la grandeur étoit fondée fur la juftice & la magnanimité : s'il eût eu égard aux grands traits d'héroïsme ou feulement à une honnêteté, à une grati tude ordinaires; fi l'une ou l'autre de ces confidérations eût confervé quelqu'empire far lefprit du fénat, affurément non delenda effet Numantia. L'hiftoire de la guerre Numantine, en général de la part des Romains, eft atroce, infernale. Ses horreurs font une des taches les plus noires des Annales Romaines ».

« Toutefois remarquons avec franchise que Scipion n'accepta qu'avec répugnance le confulat, & conféquemment, le commandement des armées dans cette circonftance. Qu'il eft été heureux pour lui, fr, en fa qualité de fénateur, il et fait tour ce qui étoit en lui pour n'être point chargé de cette guerre, 'il eut pu, malgré les plus grandes difficul tés, gagner fur le Gouvernement de confi.. mer le traité de Mancinus 1 Cependant, quand it n'auroit pu parvenir à lui faire faire cet acte de juftice, il n'auroit, non certainement il n'auroit pas du, fouffrez que je pallie, que je ne déguise rien, fervir d'inftrument à la perverfité du fénat. Il auroit du fauver Numance, comme fon pere avoit fauvé l'Epire. Numance & Carthage me fourniffent les principales raifons qui m'empêchent d'admettre les éloges exceffifs par lesquels les anciens ont écrasé plutôt qu'honoré Scipion Emilien. Mais ces confidérations, quelqu'importantes qu'elles foient, ne doivent pas nous difpenfer de payer ce tribut mérité de respect à tout ce qui étoit. réellement louable dans ce grand caractere vo

Lettres fur la Révolution Françoife. Par J. Gorani, citoyen François, à fon ami Charles Pougens.

Difeite juftitiam moniti, & non temnere divos.
ENÉÏDE.

A Paris, chez Guillaume Junior, libraire,
quai des Auguftins. 1793. On trouve
aufli chez le même libraire, les Lettres
du même auteur au roi d'Angleterre &
au ftadhouder, & les Recherches fur la
fcience du gouvernement.

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Uelques perfonnes étonnées des obfervations aufli neuves qu'intéreffantes que leur faifoit en fociété l'auteur de ces Lettres, fur la convention de Pilmitz & fur les fuites qui devoient en résulter, le prierent de mettre ces obfervations par écrit; telle eft l'origine des lettres dont nous annonçons le recueil. La premiere est adreffée au roi de Pruffe, fur fes intérêts envers la France & la Pologne. La feconde & la troifieme au duc de Brunswick, relativement à fon manifefte contre la France. La quatrieme au roi de Sardaigne. La cinquieme au pape Pie VI. La fixieme au roi de Naples.

A l'exception de la derniere, elles ont été imprimées dans le Moniteur Univerfel,

& traduites prefque auffi tôt en Angleterre, en Hollande, en Allemagne, en Suede, & en Italie. Ce fuffrage unanime des nations les plus éclairées annonce suffisamment le mérite de l'ouvrage; mais il n'en Spécifie pas le genre & l'étendue. C'eft la tâche que nous nous propofons de remplir. en peu de mots.

Un ftyle pur, noble, concis, éloquent, & convenable au fujet, fans redondances fans obfcurités, fans affectation, est le moindre mérite de ces lettres. Elles ont de plus celui de préfenter fous le jour le plus favorable à la Nation les caufes de la Révolution Françoise, de prédire les événemens qui doivent résulter, pour le bonheur de l'Europe, de la coalition des rois armés contre la France; & ces prédictions étoient faites pour infpirer d'autant plus de confiance, qu'à l'époque de l'impreffion de cet ouvrage, le roi de Pruffe & le duc de Brunfwik avoient éprouvé les échecs que fauteur leur avoit annoncés, en les inftruifant de leurs véritables intérêts.

Elles contiennent de plus la critique la plus libre & la plus lumineufe des gouvernemens, des defpotes auxquels elles font adreffées, & les meilleurs confeils pour en réformer les vices. Ainfi cet ouvrage peut fervir de manuel aux nations, pour connoître leurs maux & leurs remedes, leurs droits, & les moyens de les recouvrer,

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Les princes y trouveront également touss les moyens de rendre leurs peuples heureux, & d'éviter les révolutions orageufes dont ils font menacés.

«Si dans les circonstances actuelles; dit J. Gorani au roi de Sardaigne, les monarques Européens étoient plus éclairés, ils verroient qu'ils ne font qu'augmenter les forces expanfives des vérités menaçantes pour leur defpo tisme par les efforts qu'ils font pour les éloigner. de leurs états, & ils renonceroient à ce projet. extravagant. Loin de fair ces vérités qui malgré eux, faifiront leurs malheureux efclaves; s'ils étoient fages, ils iroient au-devant d'elles ils rejetteroient les confeils de ces, araîtres adulateurs qui les rendent odieux à leurs peuples par cette ligue, par cette guerre contre leurs droits naturels; & s'ils fe trou voient infeffifans avec les princes de leur fang pour diffiper les orages qui fe forment, ou. qui grondent autour d'eux, & pour remédier aux abus de leurs gouvernemens au défordre de leurs affaires, il n'eft aucun de ces momarques, qui ne poffede. dans ces Etats quelques hommes honnêtes & éclairés contre lef. quels leurs miniftres, leurs courtisans, & Jeurs prêtres les ont prévenus, parce qu'ils redoutent leurs lumieres & leur probité. Eh! bien, ce font précisément ces hommes fi re.. douté que les rois doivent confulter & employer à toutes les réformes néceffaires, après avoir tout fait pour mériter leur confiance & les garantir de toutes les vengeances ».

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Voyez encore, dans fa lettre au roi de Naples, avec quel efprit de philofophie J. Gorani définit cette royauté dont les princes font fi jaloux, & qui, fans jamais faire

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