événemens de l'hiftoire romaine fous les rois. Le tableau du religieux & pacifique Numa étoit vis - à - vis l'entrée. La feconde piece étoit ornée des exploits du jeune Coclè, & des autres Romains contemporains qui délivrerent leur patrie de l'oppreffion, & expoferent généreufement leur vie pour défendre fes droits naturels & légitimes ».

« N'est-il pas remarquable, dit le plus âgé des Gentlemen qu'en examinant les tables chronologiques de l'hiftoire grecque, nous trou vions que Miltiades, & les autres héros de Marathon, font prefque contemporains de ces généreux Romains? Car la liberté & la grandeur fucceffive, tant d'Athenes que de Rome commencerent vers le même tems. Si je neme trompe, l'expulfion des Pifftrates par Har modius & Ariftogiton eut lieu la même année que la tyrannie des Tarquins fut abolie par Brutus & Publicola. Le tyran d'Athenes fe réfugia auprès de Darius, & amena l'armée des Perfes dans fa patrie, comme le tyran de Rome y appella les Etrufques. Ile vrai qu'on ne fauroit faire de comparaifon entre les forces de Porfenna & celles du grand roi. Cependant le courage des Romains ne le céda en rien à celui que les héros Athéniens déployefent dans le même tems & dans la même caufe, la défen'e des loix, & de la liberté de leur patrie ».

La troifieme converfation eft encore fur la montagne du Capitole, que la compagnie vifite lentement pour ne rien perdre des objets qu'elle prélente, & des idées qu'elle fait naître. Delà ils confiderent avec plaifir le mont Aventin, & fe montrent les uns aux autres un grand nombre d'endroits qui ont été le théâtre de quelques actions mémoNo. IX. Tom. III. 30 Mars 1793. D Ꭰ

rables des anciens Romains. Et de même que l'auteur a rapporté les principaux traits de la vie de Brutus & de Publicola dans la conversation précédente, on lit ici ceux de la vie de Cincinnatus & de Camille. La quatrieme commence à l'endroit où l'Anio fe jette dans le Tibre, & où fe trouve l'arc du Ponte Solario, pont ancien qui eft celui de Rome le moins dégradé. Ce fut dans cet endroit que Titus Manlius Torquatus fe diftingua à la tête de l'armée Romaine contre les Gaulois. Criton efquiffe la vie de cet illuftre Romain, & cette coverfation eft terminée par des détails relatifs aux Decius, détails dont nous allons préfenter, une partie comme échantillon de la maniere dont l'auteur fait femer la morale dans fa narration.

«O mes jeunes Gentlemen, s'écrie Criton vos cœurs, je le fais, brûlent conftamment du defir d'imiter ceux de vos ancêtres donc les noms brillent dans l'hiftoire de votre patrie. Avec quel plaifir, quel raviffement ne devez vous pas dans ce moment_contemples dans l'hiftoire de la famille des Décius, un fils embrâfé du feu du patriotime, marchant fur les traces de fon pere, en courant com - me lui, à la mort ? »

« Affurément, de toutes les différentes caufes, qui concoururent à la grandeur étonnante de Rome, il n'y en a pas de plus digne d'obfervations, que cette ardeur inaltérable, qui, durant, plufieurs fiecles, enflamma plufieurs familles de cette cité; je parle de cette ardeur d'imiter, ou même de furpafler les vertus &

les actions mémorables de leurs ancêtres. Ainsi nous trouvons la magnanimité, la fermeré, la générofité, le pa riotifme, même aux dépens de la vie, & diveries autres vertus qui, une fois devenues l'apanage d'une famille, s'y font confervées pendant plufieurs générations. Tels furent les peres, tels furent les enfans & les peti s enfans des Valérius-Quintus, des Ca mille, des Fabius, des Papirius, des Décius & de cent autres. Il n'eft donc pas étonnaist que l'anvers foit enfin tombé à leurs pieds. Quoique la lune foit prête à fe lever, je ne puis me diffenfer de vous cirer, autant que cela eft poffible, un extrait de trois ou qua tre lignes, tirées de l'excellent traité de TulHus de contemnenda morte, écrit fur ce papier. Denique bello contra Pyrrhum regem, Tertius Decius fe tertiam vidimam reipublicæ præbuit, á paterno, avicoque in patriam amore non dege

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« Permettez-moi de vous observer que, quoique ces héros aient été égarés par l'ignorance

la fuperftition barbare de leur tems, la nobleffe de leurs intentions > & le deg é fublime de leur attachement envers la patrie, n'en éoient pas pas moins tels qu'ils feroient hon heur de nos jours aux perfonnages de la plus grande fageffe, & aux fiecles & aux nations les plus éclarés. Certainement le grand devoic de la bienfailance ne borne pas fon étendue à notre tems & à notre fortune, au travail du corps & de l'e'prit; mais il a encore droit à notre fang. Peut être parmi tous les devoirs particuliers de la bienfaifance n'y en a-t il pas un qui puiffe exiger avec plus de force & plus légitimement dans ce genre que notre devoir envers la patrie; je veux dire, lorsque nous fommes appellés à fon fervice dans des occurrences qui le rendent juste, néceffaire & d'accord avec ce que nous devons au refte des

hommes. Il n'y a pas non plus de plus noble patrimoine dans une famille que celui de pouvoir compter des parens qui, imitateurs. des Décius, ont rempli ce grand devoir, & laiffé un exemple de leur héroïfme ».

Dans la cinquieme converfation, Criton continue l'hiftoire romaine & entretient fes jeunes compagnons des belles actions de Quintus Fabius Rullianus, de Curius, & de Fabricius. Dans la fixieme outre des obfervations que le local préfente, il s'agit de Régulus & de Quintus Cocilius Metellus. Traduifons un paffage relatif au premier; il eft à la fuite du récit des victoires qu'il remporta contre les Carthaginois.

Au milieu de fes fuccès & de fa gloire, dit le voyageur, il fe montra, au moins à certains égards, fupérieur à ce torren: de bon heur. Dans le plus haut dégré de fa fortune il follicita auprès du fénat la permiffion de revenir chez lui, alléguant pour caule de fon rappel & de fon retour que, pendant fon b fence, fon domaine privé, qui ne confiftoir qu'en quatorze acres de terre, portion modi que dont néanmoins ce grand général étoit fatisfait, reftoit négligée & inculte, & que fa femme & fes enfans, qui n'avoient point d'au ares fubfiftances, étoient réduits à une grande détreffe. Le fénat lui répondit, conformément à l'esprit de ces tems, non pas en lui accor dant les dépouilles d'une des villes conquises, ou une partie des contributions levées fur les provinces de l'opulente Afrique; mais en l'al furant feulement, comme un motif ffifant pour un n homme qui n'étoit occupé que des inérêts & de la défenfe de fa patrie, que s'il

youloit lui, continuer fes fervices, il feroit pourvu aux befoins de fa famille, & que fes terres feraient cultivées aux frais de la République. Qu'il eût été à fouhaiter pour luimême pour plufieurs milliers de fes fembla, bles qu'il eûc eu dans les intérêts de Rome la me modération que dans les fiens! Mais nous remarquons avec chagrin que, lorfque Carthi. ge profternée à fes pieds le fup, lia de lui accorder la paix, Régulus ne voulut jamais la lui donner qu'à des conditions intolérables. Toutefois il n'eft pas bien décidé si c'est aux ordres que Régulus avoit reçus de Rome ou aux principes erronés du patriotisme qui l'égaroient lui-même qu'on doit attribuer cette conduite choquan:e & inhumaine. Permettez moi mes chers compagnons, de defirer qu'aucun de vous n'oublie jamais que le patriotisme eft une vertu fort inférieure à la philantropie; que dans votre particulier vous continulez d'abhorrer les fentimens d'avarice & d'ambition, & que vous ne vous croyiez pas non plus autorifés à encourager lavarice & l'ambition publiques, encore bien plus nuifib'es, fi l'un de vous étoit appellé au gou vernail de l'Etat. Permettez-moi d'exprimer un autre vœu, favoir que le Gouvernement Britannique actuel foit influencé par un efpritChré tien, mais non pas Romain, en terminant promptement les mi eres de la préfente guer re, qui a rougi de fang les rivages & les mers des quatre parties du monde, & que cetre difcorde foit bientôt changée en une paix jufte & modérée, & par conféquent fage & honorable ».

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La feptieme converfation préfente le détail de quelques excurfions dans les environs de Rome, & des notices hiftoriques de Mar