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mable de Daleyrac; mais en général, cet ou vrage demande à être un peu refferré, tant pour la mufique que pour le poëme. On en a demandé les auteurs: Daleyrac s'eft préfenté & l'on a nommé, pour le poëme, Marfollier aureur de Nina, des petits Savoyards, &c. &

THEATRE DU MARAIS, rue culture Ste-Catherine. L'INTÉRIEUR DE LA MAISON. Comédie en ades, & en profe.

Mad. Saugrain, vieille femme de 64 ans vient de gagner, par l'entremife de Martel jeune avocat, un procès que lui ont intenté des petits enfans méchans & cupides. Mad. Saygrain pour récompenfer Martel, s'eft décidée à l'époufer & à lui donner toute fa fortune. D'un autre côté, Dorfan, vieillard de foixante ans, a époufé depuis huit ans, une jeune femme dont il a même un fils: mais Dorlan s'eft apperçu des affiduités d'un de fes amis, nommé Verteuil. Dorfan fe doute qu'il aime fa femme, & que fa femme, malgré route fa vertu, a quelque goût pour ce jeune homme en conféquence, Dorfan, philofophe rare, époux peu commun, propofe à fa femme de la rendre libre par le divorce, & de lui faire époufer Verfeuil. Envain Mad. Dor fan fe récrie, il la contraint par la force de (es raifons, à adopter cet arrangement. Les chofes en font là, lorfque Mad. Saugrain ap prend que Martel, quelle veut époufer, vit, depuis dix ans avec une jeune perfonne nommée Laurence, dont il a deux enfans. Mad. Saugrain feint de s'emporter: mais enfin, touchée de la candeur de Laurence, & du facrifice que cette jeune infortunée faifoit au bonNo. XII. Tom. III. 30 Avril 1793. Aa

heur de Martel, elle leur découvre à tous deux qu'elle connoiffoit leur union secrette qu'elle n'avoit voulu que s'amufer un moment à leurs dépens & elle les unit, en les adop tant pour les enfans.

Tel eft le ford fingulier de l'intérieur de la maifon ou les époux raifonnables. Quoiqu'il y ait. deux intérêts bien prononcés dans cette piece, ce qui est un défaut; quoique les perfonnages y foient tous vertueux, & que leur maniere de penfer foit souvent invraisemblable, cet ouvrage n'en offre pas moins un vrai mérite de facture de détails & de difficultés vaincues avec adreffe. Nous croyons qu'il peut être vu long tems avec plaifir, fi l'auteur veut couper beaucoup du dialogue qui fait longueur dans plufieurs fcenes, fur-tout au dénouement, & qui obitrue la marche de l'action. C'est au furplus le coup d'effai d'un auteur de ce theatre, que le public voit toujours avec, plaifir. On l'a demandé, il a paru: c'eft Boquay, qui joue le rôle de Dorfan dans fa piece. Mite Maffon y joue avec une fenfibilité touchante le rôle de Mad. Dorfan, & Mad. Daiguillon fait baller le talent le plus eftimable de diction, d'intelligence & de comique, dans le rôle, trèsbien fait, de la vieille Mad. Saugrain.)

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Vers le milieu du printemps de l'année 1714, il arriva un événement qui fit beaucoup de bruit à Paris. Un abbé étoit très-affidu chez un teinturier, mari d'une fort jolie femme. L'abbé devint preffant, la dame en rendit compte à fon mari, & ce dernier, d'accord avec fon épopfe, feignit d'avoir une affaire pour

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quelques jours à la campagne. Il affecta d'en parler devant l'abbé, & prit congé de lui. L'abbé, charmé de cette abience demanda à la femme du teinturier la permiffion de venir fou per tête à tête avec elle: après quelques pe. tites difficultés, la dame fe rendit. Au milieu du repas, le mari parut fubitement, & pour fe venger de fon rival, il le plongea dans une cuve pleine de teinture verte, qui donna à l'abbé un teint de la même couleur : on l'appella, depuis ce tems-là, l'abbé verd. Ceste hiftoire plaifante fournit à Dancour le fujet d'une comédie en un acte, intitulée le verd galant & qui fut jouée en 1714, aux François, avec un divertiffement de Gilliers; mais Dancour mit fur la fcene un agioteur à la place d'un abbé, car on n'y auroit pas permis alors ce coftume. Le même fujet vient d'être mis en vaudevilles, fur ce théâtre, fous le titre de l'abbé verd, en un acte. Cette petite piece, jouée pour la premiere fois, a réuffi; mais fon auteur, Piis, n'a profité en rien des données comiques de la piece de Dancourt. Ils a fuivi le trait d'hiftoire à la lettre; il y a même ajouté des perfonnages & des incidens qui ont été plus nuisibles qu'utiles à fon ouvrage. Par exemple, la fille & la fervante de M. l'Ocre teinturier, demandent à l'abbé de l'argent, l'une pour un baifer qu'il lui a pris, l'autre pour une bouteille de teinture qui doit lui faire perdre fa couleur verte ce trait n'a pas plu au public; mais en l'adouciffant, cette petite-piece peut devenir très agréable: il y a de l'efprit & des couplers tournés avec gayeté en un mut, on y reconnoit le cachet de Piis. Leger y joue d'une maniere très plaifante le rôle de Pabbé verd: Carpentier eft très comique dans celui d'un niais, & Bourgeois eft bien placé dans celui du teinturier.

A a

Le fac

Un conte de Lafontaine, qui a donné des Scenes très-gaies à Favart, pour fes Nimphes de Diane, a fourni à Bourgueil le fujet du fac. Cette perite piece, où on trouve des couplets très bien tournés, annonce que fon auteur a du talent pour le vaudeville; m ́s le plan n'en est pas fatisfaifant. Cependant quand un auteur fit écrire,& qu'il ne lui manque qu'un peu plus de connoiffance de la fcene, l'efpoir qu'il donne est toujours fondé. Arlequin Machinifie

Arlequin Machinifte, vaudevifle en un acte, joué depuis quelque tems fur le même théâ tre, ne remplit pas tout ce que fon titre fembloit promettre cependant les changemens que fes auteurs y ont fairs, rendent cette perite piece plus piquante: on y retrouve d'ailleurs toute la gayete de dialogue & tout J'efprit des couplets qui font le charme d'Arlequin Afficheur, & de leurs autres productions: le jeune Delaporte y joue le rôle d'Arlequin avec cette fineffe & ce comique qui le caractérisent.

VARIÉTÉ S,

Suite des ufages finguliers des Anglois, recueillis par MALTIERE.

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Es habitans d'une région montagneufe, enclavée dans le Glocestershire & qui porte le nom de Coteswold, célebrent tous les ans à la Pentecôte, une fête vulgairement appellée ale ou withfun-ale. Peut être ce mot n'eft-il qu'u ne corruption de celui d'yule, & au tems des Druides, on célébroit, en Mai & en Décembre, l'yule ou fête des bocages. Quoiqu'il en foit, l'ufage eft qu'une multitude innom

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brable de jeunes gens des deux fexes fe rendent au lieu convenu. Deux perfonnes, choifies d'avance pour être feigneur & dame de l'yule, ont loin de fe vêtir de la maniere la plus affortie au rale qu'elles doivent jouer. On a fa précaution de leur préparer, pour falle de cérémonie, une valle grange, ou quelque tâ iinent femblable, qu'on garnit de fieges. C'eft la qu'on fe raffemble. Tout le monde fe livre à la danfe & aux plaifirs de la table, & chaque amoureux fair cadeau à la belle d'un ruban ou de telle autre bagatel'e. Le feigneur & la dome font leur entrée dans la falle, accompa gés g és d'un maître d'hotel, d'un porte-glaive, d'un porte-bourfe & d'un maffier, avec les marques & les devifes de leur emploi. Il ont fuffi un page & un bouffon. Ce dernier, vêtu d'une jaquette mi partie, ne contribue pas peu à l'amufement de l'affemblée, par fes faillies & fes geftes. La mufique du feigneur, compofée pour l'ordinaire d'une flüce & d'un tambour, fert à régler la danfe.

Une circonftance qui prouve l'antiquité de 'ces ufages, c'eft que tous les objets qui viennent d'être décrits, fe voient très-bien re préfentés en bas-relief fur un mur de l'églife fouterraine de Cirencester. Comme les tenans ou vaffaux des anciens feigneurs de fies avoient un jour nommé Drinklean, où ils alloient fe réjouir dans leurs châteaux, on croit affez géné ralement que les villageois de ce canton, l'époque où le lyftême féodal ceffa d'y être en vigueur, inftituerent cette fête en commémo ration du plaifir qu'ils trouvoient dans ces jours de divertißement. It fe peut néanmoins que fon origine remonte au Druidifme, d'autant que l'on ne manque jamais en cette occafion de planter un mai, trace évidente de fes céré➡ monies.c

Il eft bon d'obferver que la maffe portée

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