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On trouve feulement à dire
Qu'ils font joués dans des déferts,
Et qu'ils n'ont pas le mot pour rice.

Que nous importent, après tout,
Et d'Aubignac, & fes maximes ?
Le public feul, en fait de goûr;
Lance des arrêts légitimes.

Cenfeur, fois donc moins gendarmé
Contre Rouffel & fer faillies:
C'eft la plus bête des folies,
Un plat croquis méf ftimé !...
Allons, je veux bien y foufcrire :
Mais, tiens, tout cela me fais rire:
J'ai ri me voilà défarmé.

Piece qui plaît est toujours bonne. ›
Le bon public ainfi raisonne :
« Pardieu, Meffieurs, amufez-moi :
« Mettez qui vous voudrez en scene;
« Je rirai, s'il en vaut la peine
« Et peu m'importera pourquoi ».

MISOGYNE A PHILALE THE.

H Eureux qui, près d'atteindre au midi de

fon age,

Par des travers d'autrui, par les fiens éclairé,
A décidément abjuré

Le fexe enfant qui tient l'homme en fervage!
Il n'admer plus que des infortunés
Ou des amis dans fon manoir paisible;
Les mouvemens de fon ame fenfible
Vers des hochets ne font plus détournés.
L'amant combat, céde, gémit, efpere,

De fa propre foibleffe imbécile jouet.
Contrarié dans ce qu'il voudroit faire,
Souvent l'époux ne veut pas ce qu'il fair.
Pour lui, faifant, défaisant à fa guife
Sans autre avis & fans autre intérêt
Que fon plaifir, il converfe ou fe tait,
Emprunte, vend, diffipe, thefaurife,
Groffit fon train, n'a pas même un valet;
S'endort à table, ou prolonge fes veilles,
Piend un livre, ou le jette, & s'en va tout d'un
trait ?

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Auffi longtems, auffi loin qu'il lui plaît,
Des champs ou des cités admirer les merveilles.
Le monde entier, dont il eft fouverain
Offre à fes yeux un immenfe jardin.
A chaque pas, il voit des fleurs nouvelles ;
Il voit la femme égaler les plus belles;
Mais s'il prenoit fantaifie au deftin
De l'envoyer fleurir chez Vénus, ou Mercure;
Affez d'autres bienfaits de la riche nature;
S'emprefferoient de l'en dédommager,
Pour qu'il n'eût pas le loifir d'y fonger.

Entre nous, fans priver la terre
De cet ornement précieux,

Ne vous femble-t-il pas que le maître des cieux
Feroit pour les humains une œuvre falutaire,
S'il vouloit de leurs cœurs extirper cet amour
Qu'ils gardent foixante ans & n'infpirent qu'un
jour ?

La plus douce faifon de leur pénible vie,
N'eft-ce pas l'âge foible où dort fa tyrannie?
Tant d'abfynthe corrompt fes plaifirs imparfaits!
De ces plaisirs trop courts le dégoût eft fi près !
Le jeune homme enivré les donne & les partage;
Mais franchiffez un luftre, & voyez leur ouvrage.
L'homme fait, dévoré d'un éternel fouci,
Les donne quelquefois, mais les goûte à demi;
Et l'impuiffant vieillard, qui jamais ne les donne.

Pour les goûter encor, vainement s'aiguillonne En frivoles penfers, en projets décévans, Pourquoi diffipons nous le feu de nos beaux ans ? Pourquoi, pianant fi peu fur les races mortelles Le génie, en tout tems, n'ouvre-tilpas fes ailes? Pourquoi n'avons nous fait qu'ébranler le boif

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Dont la vérité fainte a couvert fon flambeau ?
L'amour, l'amour retient nos forces enchaînées,
Confume notre ardeur, dépense nos années
Accoutume notre ame à ramper, à languir
La nourrit de vapeurs, l'accable de loifir.

SPECTACLES DE PARIS.

THEATRE DE LA NATION.

ADELE DE CRÉCI, drame;

:

E fujet d'Adele de Crécy, drame en 4 actes en vers, eft un peu romanefque ; mais il est intéreffant fon but eft d'offrir les dangers du droit d'aineffe; droit inique qui exiftoit autrefois dans plufieurs; coutumes de France. Le vieux comte de Crécy a deux fils ; l'aîné l'a quitté, après "s'être marié contre fon gré le plus jeune, nonmé Némond, jaloux de fuccéder au droit de fon frere, a employé les moyens les plus coupables pour rendre ce frere odieux à fon pere; il a fait accroire au vieillard que Crécy étoit mort à Candie, où il étoit captif; d'un autre côté il a écrit à Crécy qu'Adele fon épouse n'exifte plus. Cependant cette époufe fidelle vient fe jetter avec fon jeune fils, aux genoux du pere de fon époux, qui l'arrofe de fes larmes; mais Némond, toujours dévoré par l'ambition, veut, à tout prix, en venir à fon but. Adele voit, par les ordres, son fils ar

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raché de fes bras. Cette mere an défefpoir promet fa main à d'Alincourt, dont elle eft aimée, à condition qu'il lui ramenera ce fils cheri. D'Alincourt l'enleve à fes ravifleurs, & à & le rend à fa mere qui fe voit forcée de tenir fa promeffe,

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Sur ces entrefaites, Crécy revient; il apprend qu'Adele exifte encore, & qu'elle va contracter un nouvel engagement, Crécy fe préfente à elle, dans l'intention de l'accabler de reproches mais cette femme vertueufe l'inf fruit des dangers que fon fils avoit courus & de la trahison de Némond. D'Alincourt, homme délicat, embraffe l'époux d'Adele; fon vieux pere le ferre dans fes bras: tout le monde eft heureux, excepté Némond, qui, bleffé dans une tentative qu'il a faite pour enlever Adele, vient expirer aux yeux de ceux qu'il a tant perfécutés; mais fon répentir amer prouve qu'il n'eûr jamais été coupable, fans la loi barbare du droit d'aîneffe, qui avoit étouffé chez Jui l'honneur & la nature.

Tel eft le fond de cet ouvrage, qui a été très-applaudi, Le premier acte et bien; le fecond offre du mouvement; mais les deux derniers font un peu foibles: du refte, la verfification, fans être forte, en eft pure & correcte. On a demandé l'auteur; & SaintPhal eft vecu nommer Dercy, auteur du poeme de la Caverne, au theatre de la rue Feydeau. Mad. Petit s'eft fur-tout diftinguée dans le rôle fatiguant d'Adele : elle a eu louvent l'élan de la vérité & les émotions touchantes de l'amour maternel,

THEATRE DE L'OPERA comique national, rue Fa

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vart.

ASGILL, fait hiftorique en un ade, en profe

mêlé d'ariettes.

Afgill, ou le prifonnier de guerre, piece en

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un acte, mêlée d'arriettes, donnée avec fuc. cès fur ce the âtre, offre le même fujet que le chevalier de la Barre, fait hiftorique, donné fur Je même théâtre, le 6 Julier, 1791, dont nous avons rendu compte dans le tems. L'auteur, en changeant le nom de la Barre en celui d'Afgill', jeune officier Anglois, fait prifonnier dans la nouvelle Angleterre, & condamné à perdre la tête, par fuite des repréfailles ufitées en guerre, n'y a fait qu'adoucir quelques ceintes un peu fortes telles que la ca aftrophe de la fin. Afgill ici ne meurt point: fa mere va fe jetter aux pieds de Wafingthon, & obtient de ce général la grace de fon fils: il regne un vif intérêt dans cet ouvrage; mais peut être le mettrons-nous au nombre de ceux qui ferrent le cœur fans arracher des larmes. Les derniers momens d'un malheureux condamné à mourir font pénibles pour une ame fenfible; mais ils ne provoquent point ces larmes douces, qui tombent fur le cœur & que les fentimens, pris dans la nature ou dans les paffions, font toujours couler ce n'eft point jà de la bonne comédie; & il vaut mieux rire aux petits Savoyards que s'affliger inutilement au milieu d'un cachot, d'un confeffeur, d'un geolier, &c. Il y a cependant beaucoup de mérite dans ce drame. Le rôle d'Afgill eft trèsbien fait & parfaitement joué par Michu; le rôle plaifant du Maçon offre une nouvelle preuve du talent de Trial. Ménier y joue auffi urèsbien le rôle intéreffant du concierge. Solier rend avec beaucoup de vérité le perfonnage refpe&table d'un miniftre Anglois, & tout le pathétique des autres perfonnages est très-bien exprimé par Mefd. Desforges, Rofalie & Jenny. La mufique de cette piece, qui eft parfaitement adaptée au fujet, offre le cachet ai.

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