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publique font chaffés de leurs refuges. Par confequent le crédit du planteur & la fûreté du marchand repolent fur une base folide; il n'y a plus à craindre ces commotions qui ont fi fouvent troublé le repos des ifles & occanonné la ruine de plufieurs individus au dedans au dehors, au grad détriment du revenu immenle que la mere-patrie lettre de ces ifles ».

Nous lilons ici, dans une note, que calcul fait pour l'année 1781 les droits & excites montent annuellement pour la Jamaïque feule à environ 1,344,312 livres fterling.

« D'ailleurs un objet de la plus grande importance, ajoute l'auteur, eft la facilité avec Baquelle un corps nombreux de milice peut fe former dans l'occafion, objet qui devient d'autant plus digne d'attention pour quiconque, au fait des colonies, confiderera combien peu de fatigue & de féjour à l'ardeur du foleil fuffifent pour détruire les étrangers qui ne font pas acclimatés ».

« Les habitans font toujours prêts dans un befoin preffant; inftruits de toutes les circonftances logales, ainsi qu'endurcis au climat, ils pourront exécuter ce que les troupes européennes, ignorantes quant au local, & non habituées à la température, ne feront jamais capables d'entreprendre. D'alleurs quand l'intérêt & l'attachement auroient moins d'effet, on peut se fier aux habitans des colonies. Il y a eu plus d'un exemple de ce genre dans la derniere guerre ».

Après quelques autre confidérations, Mofely en vient aux rapprochemens des plantations de fucre & de celles du caffé.

« La vérité eft, dit-il, que les plantations de fucre, quoique de grandes fources de richeffes pour les propriétaires, auffi bien que pour le gouvernement, n'employent pas un nombre fuffifant de gens blancs capables de les garantir des infurrections des negres. La manipulation eft fimple, toute la befogne fe fait par les noirs, & quoique la Deficie. eylaw de la Jamaïque porte qu'un blanc fera employé fur chaque trente negres, fous peine de trente liv. par an pour chaque déficit.

-Cette loi eft fouvent éludée, ou l'on aime mieux payer l'amende; parce que les domefiques blancs coûtent plus cher & qu'il fuffa d'en avoir un nombre inférieur à celui fixé par la loi pour faire du fucre ».

€ La culture des articles fecondaires du commerce- naturel eft donc néceffaire à l'exiftence même des colonies à fucre, & je fuis perfuadé qu'à plus d'un égard elle leur fera avantageufe à un point qu'on est bien éloigné d'imaginer généralement ».

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En entrant dans la difcuffion des propriétés & des vertus médicinales & diététiques du caffé, Mofely obferve d'abord que rien ne peut être plus intéreffant pour. l'homme, que d'acquérir des connoiffances de ce qui peut, nuire à fa fanté & amé. liorer la condition, en portant les jouiffances de la vie au plus haut dégré de perfection. Il remarque enfuite qu'on at prétendu affez communément qu'il y avoit différentes elpeces de caffé. Mais felon lui les différences qu'on trouve entre ces leves ne viennent que du fol dans lequel elles ont été cultivées, ou de la maniere de les préparer & de les conferver.

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« Si le caffé de nos ifles occidentales, dit-il se trouve dans un terrein fec & dans une fituation chaude; fi après que l'arbre a acquis un certain âge, on cueille les baies mûres avec foin & propreté; alors les feves étant feches, feront petites, couleur, de crême avec une furface unie & polie, pareilles à celles qui viennent de l'Arabie, & fi on les garde un certain tems avant d'en faire ufage, le caffé qu'on en préparera aura le parfum & la qualité du meilleur caffé qu'on ap porte de Moka ».

« Mais le tems & le travail néceffaires pour produire du caffé de la meilleure qualité ont découragé nos planteurs, auffi bien que la dépenfe qu'il exige, car, fi nous en exceptons ces derniers, leur débi: a été précaire & à perte. On a donc cherché la quantité & on a tenu plus de compte des groffes feves rudes d'une teinte verdâtre, production de jeunes arbres d'un fol fort gras & chaud, & qui ne demande que peu d'attention. Cette efpece de denrée, fans débit dans les marchés de Londres, y eft apportée pour la consommation des contrées feptentrionales avec plus de bénéfice qu'il n'y en auroit eu à donner tous les foins à la qualité ».

« Après que le caffé a acquis toute la qualité qu'il est au pouvoir du planteur de lui donner, il eft très-important d'en avoir le plus grand foin durant fon transport en Europe. Il faut fe garder de le placer dans des endroits du vaiffeau où il puiffe prendre de l'humidité, ou fouffrir des effluves des cargaifons. Les féves du caffé font fingulierement difpofées à s'impreigner des exhalaifons des autres corps & à contracter en conféquence une odeur & une faveur défagréables. Que du rum fe trouve à la proximité du caffé

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il altérera en peu de tems ces féves, de maniere à leur fire perdre abfolument leur parfum. On dit qu'un, pe it nombre de facs de poivre emb cqués, ky a quelques années, furun vaifleau des In tes chargé de caffé en ont gré toute la ca gaifons ».

« Les François font plus attentifs à cet égard que les Anglois & réellement ils e négli gent rien de ce qui peu donner de la quaTité à leur caffé. Mais fi celui ci,en upérieur au nôtre, c'est encore l'ffer de l'encouragement. L'industrie & le génie des François planteurs de caffé, ont été fecondés, les nôtres ont été dégoûtés par des droits qui ont entravés la confommation avantageu'e de cette denrée. A ni l'esprit de cette culture a étéarrêté, le perfectionnement a été retardé &. la production, eft restée négligée & imparfaite Da

D'après l'analyfe chymique, il paroît que le caffe contient en affez grande quantité une gomme réfineufe modérément amere. & légerement aftringente, une autre quantité confiderable d'huile, un fel fixe & un fel vola-tif. L'objet de la torréfaction eft non-leulement de difpofer la feve à le dégager de fes principes & de les rendre folubles dans l'eau, mais encore de lui communiquer des propriétés qu'elle ne poffede pas naturelle-: ment. Il faut beaucoup d'attention dans. cette torréfaction. La vertu & l'agrément de cette boiffon dépendent du dégré & de la maniere d'y proceder. Notre auteur penfe que le caffé procure une fenfation agréable, eftomacs d'une conftitution foible

qu'il accelere les progrès de la digeftion, corrige les crudités & remédie aux coliques, & aux ventofités. Selon lui, cette boiffon convient encore contre les fleurs blanches l'hydropifie, le vertige, le catharre, la léthargie, en un mor contre tous les maux de tête provenant de l'obftruction des vail-feaux capillaires. Ayant encore indiqué less propriétés du caffé contre plufieurs autress maladies, il ajoute.

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« D'après mes propres obfervations, je suisconvaincu qu'il eft le meilleur correctif de l'opium, & le meilleur moyen de remédier aux inconvéniens qu'il entraîne, qu'enfin-on peut avec fon fecours modérer les effets de l'opium prefque à volonté. Si une connoiffance des principes du caffé fondée fur Pexamen fur diverfes expériences jointes aux obferva-tions faites fur l'ufage très-fréquent, & indiforet même du caffe ne peut autorifer à lus attribuer aucune qualité dans plufieurs contréesz contre des incommodités, des infirmités & des maladies, contre lesquelles même les pro priétés paroiffent fpécialement indiquées : que l'on confidere attentivement ces propriétés que l'on réfléchiffe fur notre atmosphere, nos alimens le genre de vie des habitans de ces ifles, les infirmités chroniques qui tirent leur origine de ces fources & il fera évident qu'on pourroit recueillir des effets falutaires de l'u fage diététique général du caffé dans la GrandeBretagne.

On voit que notre auteur: ne prétend pas faire une panacée du caffé & que c'eft. caufe de l'air épais & des autres parti cularités relatives à l'exiflence des Anglois qu'il leur recommandé cette boiffon.

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