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Et ceffez de ramper, vils esclaves des rois. Affez & trop longtems ces faux dieux de la terre Nous ont épouvantés du bruit de leur tonnerre. Qu'ils dépofent la foudre heureux fi leurs bien

faits

Pouvoient nous faire un jour oublier leurs forfarts.

Mais d'un féroce orgueil & funefte preftige!
Vos tyrans de nos lys voudroient fléttir la tige
D'un peuple généreux abaiffer la fierté,
Et profaner le fol où naît la liberté.
Ivres d'un fol e'poir, au fort de la tempête
Ils dorment quand la foudre a grondé fur lear

tête.

Defpotes, écoutez la voix de l'amitié,
Votre fort aux humains infpire la pitié.
Le ciel va nous venger; entendez fon tonnerre.

Mais il falloit fans doute un exemple à la terre;
Guftave & Léopold font tombés fous fes coups.
Eh! quoi, tyrans ! encor vous bravez fon cour

roux.

Monftres, le ciel fe rit de votre ligue împie; Plus de grace, il eft tems que votre audace expie Les maux que votre orgueil, votre› inhumanité Ont helas! de tout tems faits à l'humanité. Venez, accourrez tous, monarques fanguinaires, Nous n'en voulons qu'à vous, vos peuples font nos freres.

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Ils vont combattre en vous nos communs ennemis.

Alors rois fans fujets, malheureux fans amis yr
Confus, défefpérés, importuns à vous-mêmes •
De vos fronts abattus ôtant vos diadêmes,
En proie à vos remords, auteurs de vos revers
Vous rougirez de honte aux yeux de l'univers.

Il refle encore deux chants à, analyser.

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Mais je n'ai pas le courage d'aller plus loin. Je doute même que beaucoup de lecteurs aillent jufqu'au fixieme chant. Il ne faut pas s'étonner, qu'un poëte qui a confacré fes vers à des détails qu'on ne fouffre en profe , que dans les écoles de medecine & de chirurgie, ne puiffe pas être lu par les amateurs de belles-lettres, gens de goût on gens du monde. Si l'auteur n'eft pas un bon poëte, il n'en eft pas moins un mé decin très-inftruit, & un accoucheur habile. Ses notes font beaucoup d'honneur à ses connoiffances. Son ftyle en prole a de la haleur & de la force. La note fuivante. prouve que fon efprit eft dégagé des préventions de la routine..

O nuit des préjugés ! quel génie bienfaifant diffipera les ténébres qui dérobent aux yeux du vulgaire flupide, la marche uniforme & conftante de la nature? Quelle plume affez› loquente ira déraciner au fond de ces ames routinie es le ridicule abus d'affujettir toutes les femmes enceintes à des faignées du bras périodiques ? Vain efpoir ! Les préjugés de l'en fance nous fuivent au tombeau; & les vérités que la philofophie feme fur cette terre ingrate ne germent d'ordinaire que pour la génération future.... Lorfque je publierai le recueil de mes obfervations fur la groffeffe & le travail de la couche, je démontrerai par les faits, jufqu'à l'évidence, que de dix femmes enceintes, qui veulent s'affujettir à un régime analogue à leur état, à peine y en a-t-il deux pour lefquelles la faignée foit indifpenfable : & fi nos faigneurs de St. Côme euffent voulu fe donner la peine.

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de fe tranfporter en efprit au fiecle d'HipPocrate, pour en étud e er les mœurs, ils n'au Toient point accufé d'exagération ce fublime: interprête de la nature, lorfqu'il a dit; Aphor fea 5; mulieri uterum gerenti, vena feca abortionem facit, id que potiffimum, fi fœtus grandior fuerit. La laignée fait avorter la femme enceinte, furtout fi le fœtus eft déjas grand D

Fenelon ou la Religieufe de Cambrai. Tragédie en cinq actes par Marie JoLofeph Chénier, député à la Convention 2 Nationale. Repréfentée pour la premiere

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fois à Paris, fur le théâtre de la Ré2 publique, le 9 Février 1793. A Paris, chez Moutard imprimeur & libraire, rue i des Mathurins, No. 334. L'an fecond de Prla République Françoife.

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La fouvent engagé fes compatriotes a E Sage Addiffon, dans fon fpectateur,

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faivre les modeles du théâtre François pour le perfectionner dans l'art dramatique mais lorsqu'Addiffon parloit ainfi, il voyoit cet art parmi nous, dans ce dégré de force& de grandeur, où l'avoient clevés les gé nies de Corneille & de Racine. Il ne prévoyoir pas que leurs fucceffeurs, ne pou vant foutenir cette majefté fimple, ennemie d'ornemens faux & étrangers, iroient s'affubler de toutes les guipures de la

fingularité & tranfpo:teroient fur

notre

fcene tout l'attirail des charlatans dramati

ques.

C'est dans l'enfance de l'art, ou lorf qu'il dégénere, que les poètes, privés du talent d'émouvoir & d'intéreffer par la peinture des caracteres & des grandes pal fions, cherchent du moins à féduire la multitude, dont tout l'efprit eft dans les yeux, par le fafte impofant des décorations ou des coftumes grotelques, & toute cette pompe extérieure qu'on nomme aujourd'hui Spectacle, & que les Italiens appellent plus juftement: La furberia della fcena.

Celui-ci, las de faire voir des batailles rangées en rafe campagne fur des trécaux, imagina d'y repréfenter un combat dans les défilés des montagnes & fur des rochers de la Suiffe; un des héros recevoir un coup de flèche, & on le voyoit rouler du haut d'une roche efcarpée au fond d'un précipice avec beaucoup de grace & de dex érité, de peur de fe meurtrir dans la chûte, qui feroit devenue vraiment tragique. Celui-là faifoit aborder un grand vailfeau fur le théâtre, non pas pour repréfenter un combat naval, genre de fpectacle qu'on n'a pas encore eu le génie d'examiner & qui pourroit produiré un grand effet, mais pour faire embarquer fon he ros dont il étoit embarraffé, & à qui les fpe&teurs fouhaitoient un bon voyage,

Le vaiffeau, voguant auffi-tôt à pleines voiles, emportoit à Carthage le dénouement de la tragédie.

**P'en ai vu un autre, qui dès la premiere feene, nous montroit une princeffe auchaut d'une tour, déplorant fes malheurs & fa captivité ; & dans le même inftant arrivoit un preux chevalier armé de toutes pieces, qui enfonçoit la porte de la tour & mettoit la belle prifonniere en liberté. Quelque-fois une voute enfumée, ou tendue en noir,une lampe mourante à côté d'un tombeau, une princeffe en deuil, affife auprès de fon fépulchre, & tenant une coupe pleine de poison, ont fait une vive impreffion for les yeux du public & ont relevé une piece chancelante. Les auteurs qui ont eu les fuccès des us prodigieux; font ceux qui ont eu le calent de réunir le plus de ces grands effets dans une feule piece; & pour en venir à bout, le plus court eft de coudre ensemble deux ou trois fujets de tragédie. Nos fpectateurs n'accourent en foule qu'aux pieces où il y a beaucoup à voir & peu aretenir. Il leur faut des décorations nouvelles Plus il y aura de changemens de fcenes, plus ils applaudiront. Des vêtemens étrangers, fuffent-ils affez bifarres pour égayer une mafcarade, ne manqueront pas de leur plaire mais ils ne fortiront bien fatisfaits, qu'après avoir vu une poignée de valets habillés en foldats qui fe battent

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