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propre compte, voilà la prefe pleinement juftifiés. Après avoir établi les principes du commerce, Brown expofe le point de vue fous lequel il envifage fon fujet dans les queftions fuivantes :

« De quelle maniere le commerce des EtatsUnis de l'Amérique peut-il être rendu,plus. profitable à notre contrée? Jufqu'à quel point feroit-il à propos d'augmenter nos colonies fur ce continent? Quels font les moyens convenables d'améliorer nos ifles occidentales & de réduire le prix de leurs-productions? Juf qu'à quel point cela peut il s'accorder avec l'attention de multiplier nos marins? Voilà le fujet de ces réflexions ».

Toutes ces confidérations, dit-il enfuite dépendront de la valeur de notre monopole fur le commerce des différentes colonies, & il termine cette fecion en confidérant la fituation du commerce englois avec l'Amérique feptentrionale avant & après fon indépendance; il en résulte une vérité qui eft, dit-il, univerfellement reconnue aujourd'hui; c'eft que les avantages que l'Angleterre retiroit de fon commerce avec les Etats-Unis, lorfqu'ils étoient colonies Britanniques, ne répondoient pas à beaucoup près aux dépenfes qu'il falloit faire pour leur défenfe & pour les primes accordées à l'encouragement de leurs productions. Béniffons la philofophie qui nous fait ainfi trouver un bien dans ce que nous croyons fottement un mal.

Le fyftême actuel de l'Angleterre concer

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nant les colonies de la nouvelle Ecoffe de Saint-Jean, de New-Brunswik & du Canada forme le fujet de la section suivante. L'auteur le combat avec force ainfi que les defcriptions flatteufes de leur fertilité & de la facilité d'en tirer un grand parti, présentées par le Lord Sheffield, dans fes observations fur le commerce des Etats de l'Amérique. Cependant il avoue que le commerce anglois jouit d'une profpérité prodigieufe. Ne feroit-il pas croire ici qu'il eft du nombre de ces raisonneurs qui ne font jamais contens, qui trouvent à redire à tous, de ces frondeurs éternels, ou qu'il le met en contradiction avec lui-même pour le plai fir d'exagérer, de déclamer, ou enfin qu'il n'y connoît rien. Il admet une fituation avantageufe comme exiftante & il voudroit prouver qu'il fe travaille, s'épuise à indiquer les moyens d'obtenir une chose qui exifte déjà par les caufes qu'il décrie, ou du moins conjointement avec elles. Si ces causes accompagnent la profpérité, elles n'en font donc pas deftrutives. Combien de gens qui écrivent & ne s'entendent pas eux mêmes. N'est-ce pas là un bon moyen d'inf→ Bruire les autres ?

A treatise concerning the proprieties and effects of coffee, &c. C'eft-à-dire. Traité concernant les propriétés & les effets N°. IX, Tom. III. 30 Mars 2793. C

du caffé, se. édition avec des augmentations confidérables. Par Benjamin Mosely Dr. en médecine, médecin de l'hôpital de Chelsea, membre du college des médecins de Londres, de l'univerfité de Leyde & de la fociété philofophique américaine &c. &c., & auteur d'un Traité fur les maladies tropiques, les opérations militaires & le climat des In:des occidentales. In-8°. A Londres chez Sewel 1792.

Es médecins font peu d'accord entre eux fur les propriétés du caffé, ainfi que fur une infinité d'autres articles. Les uns regardent cette boiffon, comme caufant les plus grands ravages dans le corps humain par fa qualité échauffante. C'eft felon eux un poifon incendiaire. D'autres plus modérés, ou peut être guidés par leur propre goût, le confiderent comme un digeftif excellent, comme un fortifiant qui expulfe de la maffe des humeurs, tout ce qui pourroit les vicier & les tenir dans une ftagnation nuifible. L'ufage s'eft déclaré pour ceux-ci & a prononcé en faveur du caffé. Il en eft de cette boiffon, comme de celles qu'on peut prendre modérément, & dont on ne doit craindre que les abus. Mofely s'eft rangé fagement de ce parti dans l'ouvrage qui nous occupe, & dont la multiplicité des éditions fait affez l'éloge. On ne peut

que lui favoir gré d'avoir retouché & augmenté celle-ci. Il a ajouté au mérite de cette production, par des additions utiles, entr'autres par une préface très-étendue & très-bien écrite. Le paffage fuivant, que nous allons en traduire, nous femble devoir intéreffer toute forte de lecteurs.

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C'eft des productions de nos plantations, dit Mofely, cette magnifique propriété, comme Necker appelle les colonies françoises, que les gens fuperficiels & ignorans feuls affectent de méfeftimer, que l'Angleterre reçoit de grands accroiflemens à fes revenus, en même tems qu'elles lui fourniffent un des articles les plus utiles aux agrémens de la vie. Cependant par une fuite des calamités dont fa main de la providence a frappé derniere, ment quelques unes d'elles, & des fardeaux accumulés que les befoins publics ont forcé d'impofer à toutes, plufieurs des planteurs ont été ruinés & ceux qui ont échappé ne doivent leur confervation qu'aux plus grands efforts du courage & de l'industrie ».

« La population des habitans blancs, qui fait la bafe de la fûretés de ces ifles. confifte particulierement dans ceux qui cultivent les ar ticles inférieurs de leur commerce dont le caffé eft le principal, & cete population a toujours été en proportion de l'accroiffement & de la décadence de cette culture. On peut citer l'indigo pour exemple. Lorsque fa culture fut encouragée à la Jamaïque, avant qu'on ne Paffujettit au droit impolitique qui la fit abandonner dans nos colonies, & paffer aux François, il y avoit bien plus d'habitans blancs dans certe ifle qu'il n'y en a aujourd'hui, quoi, qu'elle produife maintenant cinq fois plus de fue sre & de rum que dans ce tems-là.».

« La culture du caffé ne demande qu'un petit capital. C'est un appât pour engager ceux qui n'ont qu'une petite fortune à s'éta, blir dans ces ifles; c'eft une reffource honnête pour l'homme industrieux qui a effuyé des malheurs dans le commerce & pour ceux qui ont échoué dans des entreprifes plus importantes. C'est une occupation aifée, qui n'exige que de légers travaux, dont une grande partie d'ailleurs peut être exécutée par des enfans. Pour que le caffé réuffiffe, il faut y deftiner un fite, un fol fec, parconféquent falubre. On peut donc confiderer les plantat ons decaffé comme fingulierement propres à multiplier des habitans utiles pour les colonies ».

« Les terreins les plus favorables à ces plantations font heureufement du nombre de ceux qui ne conviennent gueres રે toute autre deftination. De grandes étendues de terres pauvres, qui fans cette culture, refteroient vagues & en friche, peuvent devenir auffi profitables que les meilleures, fans qu'il en ré fulte de mortalité & les accidens qu'entraî nent les travaux exceffifs dans les climats chauds D.

« Le grand nombre de petites familles qui vivent dans les plantations de caffé & qui font diftribuées en petits établiflemens dans la partie intérieure des ifles éclairciflent les cantons montueux & boifés, les ouvrent & les coupent par des chemins & des routes praticables ».

« Ainfi ceux qui y réfident vivent en fû. reté & toute forte de propriété acquiert une valeur proportionnée, en même tems qu'elle eft garantie de toute invafion injufte. Les retraites des negres fugitifs font découvertes le pillage & les déprédations prévenus, les confpirateurs contre l'ordre & la tranquillité

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