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bien plus attachée au travail que la race actuelle des Indiens, & il eft difficile de concevoir comment ces forts ont pu être conftruits fans le fecours des inftrumens de fer. A une distance convenable de chacun de ces forts, on rencontre toujours un monticule élevé en pyramide, qui paroît un appendice des fortifications voifines. En examinant ces monticules, on a trouvé qu'ils contenoient une fubftance crayeufe, qu'on fuppofe for me d'offemens humains. Sur une plaine très-vaste, ou comme les François difcnt parura, entre le pofte St. Vincent & la riviece Cufcufco, fe trouve ce qu'on appelle le champ de bataille, cù les Siack & les Indiens. Cufcufco fe font livrés un combat terrible dans lequel il y- a eu 800 hommes de tués de part & d'autre. Dans un endroit, la terre eft couverte l'espace de deux milles de crânes & d'offe mens humains ».

L'appendice contient quelques notes qui ne font pas d'une grande importance. La plus intéreflante eft celle qui nous offre le dénombrement des habitans des Etats-Unis, qui fe montent à près de quatre millions.

Voyages en France, pendant les années 2787, 2788, 2789 & 1790, entrepris plus particulierement pour s'affurer de l'état de l'Agriculture, des richeffes, des reffources & de la prof* périle de cette nation. Par Arthur Young, écuyer, membre de la fociété royale de Londres & de plufieurs académies.

Traduits de l'Anglois par F. S. Avec des notes & obfervations par Decafaux & des cartes géographiques de la navigation & du climat. Tome premier. A Paris, chez Buiffon, libraire, rue Haute-Feuille, 1793. L'an fecond de la République. In-8°. de 468 pages.

Rthur Young ne fe contente pas dans

fon Journal littéraire d'expoler tous les objets curieux qu'il rencontre, furtout ceux qui regardent particulierement l'Agriculture, il raifonne également avec connoiffance de caufe fur la politique des gouvernemens; plufieurs de les conjectures & de fes apperçus propres à corriger les vices de l'ancien régime François, qui exiftoient alors, fe trouvent aujourd'hui détruites. Il déteftoit l'oppreffion où fe trouvoient les paylans, & la diftance du tiers état a la nobleffe. En bon républicain il n'aimoit pas le clergé & les nobles. Il parle déjà des trames commençantes du chef de falon Egalité, qui heureusement viennent d'être terminées.

Suivant l'avis du traducteur, l'ouvrage d'Arthur Young eft peut-être le plus important & le plus détaillé qui ait encore été publié fur l'agriculture & les reffources de la France. L'auteur, après avoir fcrupuleufement examiné les différens genres du fol de ce vafte empire, démontre de

la maniere la plus claire que fon agriculture eft fort en arriere, par la mauvaife geftion des fermiers & des propriétaires cultivateurs. Il fait voir que les capitaux employés fur les terres de France ne font pas fuffifans, qu'il y a partout un manque de moutons & de beftiaux & que les cours des moiffons y font déteftable. Il offre enfuite des moyens d'amélioration, expofe les avantages du climat de la France, & prouve que fon, territoire eft fufceptible de produire le double & même le triple de ce qu'il rapporte aujourd'hui. Traitant après cela cette matiere en politique, il montre que la force & la puiffance des François dépendent plus de l'agriculture que d'aucune autre caufe; il entre dans des détails fur le commerce & la police des grains, fur la population de l'empire.

Vingt années d'expérience doivent accréditer la confiance due au favant Agronome Anglois d'ailleurs les nombreux traités qu'il a publiés Tur cette premiere science de néceffité, font un garant certain de fon habileté. Comme nous avons l'avantage de connoître Arthur Young, nous pouvons l'apprécier, & fi notre affentiment peut influer fur la réputation, nous eftimons qu'il doit être confidéré comme un des meilleurs cultivateurs pratiques de l'Eu

rope.

Ce premier comes donne une relation exacte & détaillée de l'arrivée d'Arthur Young à Calais. Ses premiers voyages s'é tendent en Picardie, à Verfailles, à Paris, dans l'Orléanois, la Sologne, le Limou fin, le Languedoc, les Pyrénées, la Provence, l'Angoumois, le Dauphiné, le Poi tou, la Tourraine, le Soiffonois, le Cambréfis, la Flandre, la Normandie, la Bre tagne, l'Anjou, la Champagne, les trois Evéchés, la Lorraine, l'Alface, la FrancheComté & la Bourgogne.

Dans cette foule de fujets curieux & intéreffans, préfentons à nos lecteurs les fuivans,

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de

« On dit qu'Abbeville contient 22 mille ames. Cette ville eft mal bâtie, plusieurs; fes maisons font de bois & ont un plus grand air d'antiquité qu'aucune autre il y a longtems que ces fortes de maifons font démolies en Angleterre. J'examinal, dit Arthur Young, la manufacture de Van-Robais, établie par Louis XIV, dont Voltaire & d'au tres écrivains ont tant parlé. Je m'informai beaucoup des draps que l'on faifoit ici, & de la laine qu'on y employoit, & dans une converfation que j'eus avec les manufacturiers, je les trouvai grands politiques, condamnant violemment le nouveau traité de commerce avec l'Angleterre n.

« Du clocher de la cathédrale d'Orléans, il y a une très belle perfpective. La ville eft grande, & Tes fauxbourgs, qui font d'une feule rue, ont près d'une lieue de longueur. La vafte éton due de pays, qui fe prefente de tous les côtés, eft une plaine fans bornes à travers la No. XII Tom. III 30 Avril 1793. X

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quelle la fuperbe Loire prend fon cours ma jestueux, & le montre pendant quatorze lieues; le tout eft entrelaffé de prairies, de vigno bles, de jardins & de forêts. La population de ce pays la doit être bien nombreuse; car outre la ville, qui contient 40 mille ames il y a un grand nombre de bourgs & de villages plantés fur la plaine que toute la fcene paroît animée. La cathédrale, eft un beau bâtiment; le chœur en fut fait par Hens IV. L'églife moderne eft un édifice agréable; le pont, une belle ftructure de pierres, & la premiere expérience de l'arche plate en France, où elle eft maintenant à la mode. Il y a neuf arches fur la longueur de 410 verges, & la largeur de 45 pieds ».

En defcendant à Souillac, il y a une perf pective qui doit univerfellement plaire, c'ef une vue d'oifeau d'une petite vallée délicieuse, fort enfoncée entre plufieurs collines hardies qui l'environnent; une bordure de montagnes fauvages fait le contrafte de l'extrême beau:é de la furface unie d'en bas, qui eft cultivée & parfemée de beaux noyers. Rien ne fauroit furpaffer la fertilité furabondante de cer en droit ».

Souillac, petite ville, dans un état floriffant, contient quelques riches négocians, Ils reçoivent des barres de bois des montagnes d'Auvergne par la Dordogne, qui eft naviguable pendant huit mois de l'année; ils exportent ces marchandifes à Bordeaux & Livourne; ainfi que du vin, du bled, du bétail, & importent beaucoup de fel. Il n'eft pas, continue Arthur Young, au pouvoir d'une imagination angloife de fe figurer les animaux qui nous fervirent ici, au chapeau rouge; ce font des êtres qui par la courtoifie des habi tans de Souillac, s'appelloient femmes ;mais en Féalité, ce n'étoit que du fumier ambulanţ n.

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