Ne réveille til point des fentimens fi doux. Ta chere image, ici, (*) fit mon bonheur fuprême, «En attendant le prix que j'obtins de toi-même. « On n'y voyoit alors, ni ce verd « Où foulent ces ruiffeaux en filers Ni ces ombrages frais, ou, Par deal? mages, doux ra Mille oifeaux avec moi t'adreffent leurs hom mges Ces monts étoient chenus ; le corbeau, le vau (our), Seuls, rempliffoient de cris les antres d'aleni tour, «L'onde fous les glaçons étouffoit fon murmure, « Borée offroit partout le deuil de la nature : Errant feul, fans abri, les feux feuls de mon Avulcœurple small pa « Pouvoient des aquilons tempérer la rigueur, << Affis fur ce caillou, je paffois la journée « A contempler au loin ta maifon fortunée, : Avec mainte élégie espérant t'attendrir. St « D'aife, un jour, ta réponse au loin me fit cou « Mon œil fombre erroit-il au fond des précipiCoices? « Mon cœur, dans tes appas, concentroit fes délices. 24 « Enfin quand je partis, allarmé pour tes jours, « Je jurai que des miens ta mort romproit le « Beauté trop féduisante, & trop longtems chéalaries,stiseal Toi, pour qui j'étois né, difpofe de ma vie : (1) Il s'étoit muni du portrait de Julie. « Mais dois-je être avec toi dans ces fombres for rêrs, Pour regretter le tems que fans toi j'y paffois?.. « Sois fenfible, où Saint-Preux périt dans cet aby me >> La nymphe, par le bras, arrêta la victime いまか Cher ami, lui dit-elle, avec un long foupir, « De ces funeftes lieux, hâtons-nous de fortir; « Pour moi l'air n'en vaut rien ». Complaisance un peu gauche ! L'amant, fans murmurer, defcendit de la roche; Mais fon cœur en faigna. Plus d'art que de regrets, Eût peut-être un peu mieux fervi les intérêts. A pas lents, tortueux, revenus dans la plaine, Les timides amans attendoient fure l'arène, Que l'efquif les rendît à leur charmant séjour, La lune fuccédoit au brillant dieu du jour. L'onde étant calme, on part: les amans plus tranquilles, Renferment dans le cœur des tranfports inutiles. Endorment les chagrins de l'amant désolé. En délire amoureux bientôt Saint-Preux re. tombe. Le tableau raviffant de premieres amours, D'études, d'entretiens renaiffans tous les jours De rendez vous fecrets, de jeux de toute efpece, S'offrant à fon efprit, aggrave fa détreffe: (2) Divers, oifeaux du lac de Geneve chantent mélodieufement durant les nuits d'été. Avec ce tems heureux ses plaisirs font finis. > Il eût au moins l'efpoir de fe rapprocher d'elle.' I penfe dans les flots entraîner fa Julie, Par bonheur pour la nymphe, ayant quitté fa main, Un éclair de raifon détruit fon noir deffein. Dans un coin du bateau, de moins fombres De fon efprit troublé, diffipent les nuages; A peine eft il remis, qu'il revient à Julie. Ami, l'auitere hymen défend ce doux langage; Dont deux cœurs bien épris s'enivrent en s'ai mant; Ce trouble, cette ardeur, ces tranfports, ces Où fouvent la jeuneffe agit plus que les charmes. No. XI. Tom. III. 20 Avril 1793. R Cet air qui te féduit, ce brillant coloris D'amans foyons amis, nos champêtres loisirs SPECTACLES DE PARIS. THEATRE DE LA NATION. LES FEMMES, Comédie nouvelle, en 4 ades. Si l'on vouloit toujours ne juger une piece de théâtre que d'après les regles d'Ariftote on feroit fouvent obligé de bouder contre le plaifir, & bien peu d'ouvrages feroient exempts de la cenfure la plus févere. Formonsnous donc une regle plus générale; disonsnous: Ce qui plaît eft toujours bien, &, d'après ce principe, laiffons à l'imagination des auteurs la liberté de créer des genres, foit qu'ils fuivent, ou ne fuivent pas les regles aufteres de la poétique du grand maître en l'art dramatique. C'eft fous ce point de vue qu'il faut envifager la comédie intitulée: Les Femmes, en quatre actes, en vers, donnée avec fuccès fur ce théâtre. Il y a peu d'action dans cette comédie qui eft vraiment d'un genre fingulier, & cependant elle fair plaifir, par des tableaux, des beautés de dérails, & furtout par un luxe d'efprit bien rare. Il fera très aifé d'efquiffer cet ouvrage. Sept femmes, ennemies des hommes dont elles ont été trompées, vivent enfemble à la campagne. Un jeune officier, confumé d'une fievre violente, demande l'hofpitalité; on la lui accorde, & bientôt ce jeune homme eft accablé des foins de toute cette fociété. Cependant fon oncle Lifidor, qui le cherche partout, découvre que, Renaud, fon neveu, au lieu d'aller joindre fon régiment, fou. pire aux pieds de 7 Armides, plus dangereu es les unes que les autres. Lifidor arrive chez Mme. Sainclair, maîtreffe de cette maison, & reconnoît en elle une femme qu'il a aimée, & que le torrent du monde lui a fait abandonner. De son côté, Mme. Sainclair, qui chérit encore Lifidor, apprend qu'il a perdu une place lucrative, & que fes créanciers le pourfuivent. Cette femme fenfible, pour prouver à Lifidor qu'il s'eft toujours trompé fur la délicateffe de fon fexe, vole à Paris, obtient du miniftre que Lifidor fera réintégré dans fa place, paie fes créanciers, & revient chez elle au moment où l'oncle & le neveu alloient s'en éloigner pour jamais. Lifidor touché de tant de procédés, fe jette aux pieds de fa bienfaitrice, qui lui donne sa main, & accorde au neveu, Eugenie fa fille que ce jeune homme avoit difting é parmi les compagnes. Tel eft le fond très léger de cet ouvrage où l'on trouve plus de détails que de mou vement, plus de tableaux que d'action, & plus d'efprit que de véritable comique. Ii eft indifpenfable, vu la nullité de l'action, que J'auteur réduise cette piece en 3 actes: alors elle marchera avec plus de rapidité, & l'on peut affurer qu'elle reftera au théâtre; mais telle qu'elle eft, on ne peut l'efpérer. Une comédie exige une intrigue; il faut que cette intrigue foir foutenue, foit par de l'intérêt |