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cure dans le thermometre, defcente que nous favons à préfént provenir de la contraction da mercure quand il eft gelé, & non pas d'un dégré de froid. fi exceflif, que s'il fe fut fait fentir en effet, il auroit détruit tout le fyftême des Corps organifés ».

« Conformément à ce que nous favons maintenant fur ce fujet, nous ne pouvons pas affurer qu'il existe un dégré de froid beaucoup plus confidérable que le point de congélation du mercure, parce qu'on n'a pas encore eu recours à d'autres inftrumens qu'au thermometre mercuriel pour s'en affurer, & qu'il eft prouvé aujourd'hui que ce thermometre n'indique le véritable dégré de froid que jufqu'au 32e. dégré du thermometre de Réaumur ».

« Mais il paroît qu'un thermometre à l'efprit de vin le plus rectifié conferve fa fluidité dans un froid de 35 dégré du thermometre de Réaumur, on de 47 de celui de Farnenheit, & probablement dans un froid encore plus grand, en forte qu'il peut être employé dans les climats feptentrionaux avec plus d'avantage que les thermometres à mercure ».

« La conformité furprenante dé la congélation du mercure en Sibérie par le froid naturel & de celle qui a été opérée par le froid artificiel, mérite d'autant plus d'attention que l'une & l'autre fixent le point glacial du mers cure à 32 dégrès du thermometre de Réaumur. Le profeffeur Laxman dans un mémoire adreffé à l'académie impériale, déclare spécia lement qu'il a toujours trouvé que le mercure commun devenoit folide à 210 dégrés du ther mometre de Delifle (32 de celui de Réaumur) & qu'en 1782, il refta fous cette forme folide deux mois entiers. Pallas dans le 3e. volume de ses voyages, oblerve que le même phénomene a eu lieu à environ la même partie de l'échelle ».

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Coxe rend compte enfuite de fon voyage à Riga & en Pologne; mais on y trouve peu de chofes neuves, ou qui méritent que nous nous y arrêtions. L'appendix contient une divifion géographique de la Ruffie & un catalogue des livres que Coxe a confultés.

Fables de Florian, de l'académie Fran-
çoise, de celles de Madrid, de Floren-
ee, de Naples, &c,

Je tâche d'y tourner le vice en ridicule,
Ne pouvant l'attaquer avec des bras d'Hercule.
LA FONTAINE. liv. V. 1.

A Paris, chez Didot l'aîné, chez Girod
& Teffier, rue de la Harpe, au coin de
celle des Deux Portes, No. 162, & chez
Debure, rue Serpente, hôtel Ferrand.

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E qu'on peut dire de mieux fur la fable fe trouve développé avec beau coup d'efprit & d'agrément dans la préface du nouveau fabulifte. Cette préface n'eft point dans la forme ufitée des difcours préliminaires, où l'auteur a coutume de parler en fon nom & ne manque gueres d'adapter les regles de la poëtique à fa maniere de faire. Florian a fu donner à fes réflexions un caure neuf & en quelque forte dramatique. Il fuppofe qu'un de fes amis fachant qu'il alloit publier un recueil de

fables, lui propofa de le préfenter à un de fes oncles, vieillard aimable & obligeant, qui toute fa vie avoit aimé de prédilection le genre de l'apologue, poffédoit dans fa bibliotheque prefque tous les fabuliftes & relifoit fans ceffe La Fontaine. En rapportant fon entretien fuppofé avec ce vieillard, Florian expofe lui-même fes idées préliminaires en forme de dialogue, où la narration fe mêle de tems en

tems.

Il a l'honnêteté d'avouer que toutes les fables ne font pas de fon invention, qu'il en doit quelques unes à Efope, à Bidpaï, à. Gay, aux fabuliftes Allemands, beaucoup plus à un Espagnol, nommé Yriarte, poëte dont il fait grand cas, & qui lui a fourni fes apologues les plus heureux. Le vieillard obferve avec railon que cela eft fort égal au public. Qu'importe en effet qu'une fable ait d'abord été inventée par un Grec, par un Efpagnol, ou par le fabulifte lui même. Ce qui importe le plus c'eft qu'elle foit bien faite. Si comme l'a prononcé La Bruyere: Le choix des pen fees eft invention : c'eft furtout dans le genre de l'apologue, puifque la leçon eft per due, fi elle n'eft embellie par les graçes du ftyle. S'agit-il donc dans La Fontaine du mérite de Pinvention ? Ne fait-on pas que le fond de prefque toutes les fables, eft emprunté? En eft-il moins fupé

rieur à La Motte qui a inventé prefque toutes les fiernes ?

Florian fe garde bien de donner une poétique fur l'apologue. Il eft convaincu que ce genrei ne peut être défini & ne pent avoir de préceptes. Il pense que f Boileau n'en a rien dit dans fon Art Poetique, c'est peut-être parce qu'il a fenti qu'il ne pouvoit le foumettre à fes loix. Il prouve affez bien que les meilleures dé finitions qu'on en a données fe trouvent inexactes, quand on veut les appliquer à beaucoup de fables de La Fontaine, qus en dépit des regles & des définitions, n'en font pas moins des chefs-d'oeuvres.

Quoiqu'il ne connoiffe pas de définition jufte & précise de l'apologue, il adopteroit volontiers celle que La Fontaine lui-même a choifie, lorfqu'en parlant du recueil de fes fables, il l'appelle:

Une ample comédie à cent acteurs divers

Et dont la scene eft dans l'univers. Cette définition me paroit la plus jufte & la plus convenable. On fait que les poëtes au théâtre & dans l'épopée ont déguifé les préceptes de la morale, & ce ménagement les a fait recevoir fans révolter. Mais Loute vérité ne peut pas avoir au théâtre fon cadre particulier & toute action n'est pas digne de l'épopée. Le fabulifte a donc voulu donner des glaces portatives aufli fidelles & plus commodes, où chaque véN°. XI. Tom. III. 29 Avril 1793. Q

rité eut fon image diftinate. Delà l'invent tion de l'apologue. En le définiffant une ample comédie à cent acteurs divers, La Fontaine a d'autant plus de raifon, que; le dialogue caracterise particulierement le genre des fables, & qu'on n'en connoît gueres qui ne foient qu'un fimple récit.

Après avoir traité de la fable, Florian donne un précis hiftoriquei fur tous les fabuliftes depuis Elope, jufqu'à La Fontai ne & La Motte. Ce précis fuppofe beaucoup d'inftruction, & de plus a le mérite particulier à Florian d'être préfenté lans prétention au favoir, avec beaucoup de clarté, d'efprit & d'agrément.

Si, comme je l'ai dit au commencement de cet article, ce qu'on peut écrire de mieux fur la fable fe trouve dans la préface, fon recueil eft fans contredit le meil leur de tous ceux qui ont paru dans ce fiecle. Il n'y a point de fabulifte qu'on puifle lui comparer, en exceptant toujours La Fontaine qui eft au deffus de toute comparaifon. Les fables de Florian font d'un bout à l'autre Pouvrage d'un homme du monde, d'un philofophe aimable d'un poëte ingénieux & moralifte. Le citer eft la maniere de ie louer. La premiere fable intitulée La Fable & La Vérite me paroit d'un genre neuf. On y remarque une élégance, une correction, & une précifion, qualités d'autant plus louables, que

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