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le tréfor public ait befoin ou non de numé raire car il vaut mieux pour un Etat qu'il ait un excès de numéraire, fût-il d'efpece d'or on d'argent, accumulé dans un tréfor ou bane public, que de le laiffer parmi les citoyens, rien ne peut avoir

circuler mauvais

effets que l'excès du numéraire. La pauvreté des Etats de la Hollande, où perfonne ne peut avoir d'argent qu'il ne l'ait gagné auparavant, développe l'induftrie, la frugalité, l'économie & a produit de bonnes conftitutions du corps & de l'ame, & des richeffes auffi durables que folidement établies. L'excès du numéraire a opéré le contraire en Efpagne'; c'est à dire qu'il a ruiné l'industrie en même tems qu'il a plongé les citoyens dans la pauvreté & les a bouffi d'orgueil ».

Les quatre effais fuivans ont rapport à la liberté du commerce & aux finances. Dans toutes fes difcuffions, l'auteur n'a gé néralement en vue que l'Amérique : tous les effais contenus dans ce volume, au nombre de 26, font, des fujets amenés par des circonftances paffageres. Dans l'un d'eux, Webfter confidere le produit des taxes en Angleterre en 1784, & après avoir fait quelques obfervations en faveur de fon fyl tême burfal, il termine ainfi cet effai.

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« Si le Peuple Anglois, heureux & pénétrant, avoit eu affez de fageffe & de confeit pour tirer le meilleur parti poffible de fes avantages, fua fi bona norint, il auroit élevé fon bonheur & fa gloire à un très-haut dégré. S'il avoit dépensé pour, améliorer fon agriculture & fon commerce, pour perfectionner & décorer fon pays, l'argent qu'il a donné en fubfides aux princes étrangers, dans fes guerres fur le con

tinent & contre l'Amérique, ainfi qu'en plu fieurs autres fievres politiques, les forces, fes richeffes, fon afcendant, fa p:ofpérité, l'éleyeroient au deffus de toutes les nations de la terre ».

a Tel eft le Peuple d'où nous tirons notre origine, & je pente que nous pouvons refpecter les liens de la parenté, fans imiter les vices de nos ancêtres; & ce que j'ai à fouhaiter, c'est que, quoique nous ayons rompu avec lui, nous avons affez de fageffe & de jugement pour imiter les parties de fa politique, qui le mettent au-deffus de la plupart des nations qui l'entourent. D'un autre côté, fes funeftes calamités font des avertiffemens bien puiffans pour nous faire éviter les fautes & fes erreurs. C'eft dans ces vues que j'offre mes idées à mes compatriotes, & j'efpere qu'elles en feront reCues avec candeur & indulgence, comme je fais qu'elles ont été écrites avec fincérité & zele patriotique Dr

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Travels into Poland, &c C'eft-à-dire : Voyage en Pologne, en Ruffie, en Suede & en Danemarck, enrichi de recherches hiftoriques & politiques, de cartes géographiques & de gravures, par Guillaume Coxe, maître-ez-arts & membre de la fociété royale. vol. in-8°. à Londres, chez Cadell. 1792.

L

Es quatre premiers volumes de ces voyages font déjà connus, & nous ne nous occuperons aujourd'hui que que du cinquieme. Il renferme ce que le voyageur

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a remarqué de digne de fon attention dans un fecond voyage, & nous n'avons rien de mieux à faire nous-mêmes que de citer ce qui nous paroît le plus généralement intéreflant. En Danemarck, Coxe a visité de nouveau le canal de Kiel qui étoit prêt d'être achevé. L'objet qu'on s'eft propofé en le creufant, c'eft d'attirer par Kiel dans Ja Baltique le commerce de Breme, de Hanovre & de la Weftphalie, & qui fe fait actuellement fur le Wefer & par Glukftadt fur l'Elbe, pour Hambourg & Lubec, ainfi que de faciliter le tranfport des marchandifes de la Hollande & de la mer du Nori aux ports de la Baltique. Coxe craint que de puiflans obftacles ne s'oppofent à l'entiere réuffite de ce projet ; c'est le tems qui en décidera; mais ce qui paroît trèsprobable, c'est qu'au moyen de ce canal le commerce de Kiel, & furtout celui des parties intérieures de l'Allemagne devien→ dra infiniment plus florillant.

Les bibliotheques font des curiofités dont les voyageurs font les plus avides furtout quand elles reffemblent à celles dont nous allons parler.

La bibliotheque du comte de Thott dit-il, eft vraisemblablement la plus riche col lection que poffede un particulier, dans toute l'Europe. Elle contient 110,000 volumes & au delà de s0,000 manufcrits. Elle eft auffi remarquable par la rareté que par le nombre des livres; elle est très-riche en ouvra

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ges palaeographiques, ou livres imprimés dans l'origine de l'imprimerie; on y diftingue 2000 éditions du quinzieme fiecle. Le catalogue de cette bibliotheque précieufe fera compofé de plufieurs volumes dont deux ont déjà paFu; les autres paroîtront avant 1792. Le 72. préfentera une lifte, des impreffions anciennes & des manufcrits, ainfi que les éditions anciennes & les manufcrits de la bibliotheque du roi ».

« Subin a auffi une bibliotheque qui pour être moins nombreuse que celle du comte de Thott, n'en mérite pas moins d'ê re vifitée par les amateurs. Elle contenoit en 1785 au moins 50,000 volumes tous raffemblés par luimême. Elle est très-riche en ouvrages hiftoriques & topographiques dans toutes les langues & particulierement en ceux de ce genre qui traitent des antiquités & de l'hiftoire du nord de l'Europe, objet favori des recherches & des études du favant propriétaire. I pof. fede aufli une belle collection de manuscrits dans les langues grecque & orientales, tr'autres celle qui appartenoit au célebre Reifkus dont il a fait emplette, en affurant à la veuve de ce favant critique une penfion viagere de 40 liv. fterlings par an. La bibliotheque de Suhm eft ouverte tous les matins depuis 9 heures jufqu'à 11, pour l'ufage des gens de lettres & des étudians de l'univerfité ».

en

La révolution opérée par le prince royal de Danemarck à l'âge de feize ans, n'eft peut être pas encore affez connue dans fes détails. Notre voyageur en donne un expofe plus circonftancié que tous que nous ayons encore vus. Comme nous avons déjà rapporté cet événement poli tique dans ce Journal, nous nous borne

ceux

rons à ajouter les particularités fuivantes à ce que nous en avons déjà dit. D'après notre auteur, tout paroît avoir été concerté par le comte de Bernsdorf & exécaté à l'aide de la connivence du baron de Schach Rathlow. On doit fupposer que le roi avoit été prévenu & que, tout foi-ble qu'il eft, il avoit approuvé le plan. Ainfi il ne s'eft agi de la part du jeune prince que d'exprimer fon opinion fur la conduite du cabinet intérieur, & de demander *avec une certaine fermeté que les affaires publiques fuffent remifes entre fes mains, celles du comte de Bernsdorf & autres de ce parti; ce qui fut fait le premier jour que le prince fut reçu membre du confeil privé.

Paffons à la defcription des ouvrages du général Clauffen.

« Nous nous embarquâmes, dit Coxe, fur un canal qui fait la communication entre un petit lac & Lifefiord ou baie de la mer. Cette tranchée fut commencée en 1717 par ordre de Fréderic IV, pour empêcher les inondations du lac &par cette raifon elle fut appellée Fréderiefwerk. Elle fut finie en 1720. Mais, comme elle étoit creufée dans un fable mouvant & que le bords en furent taillés fur un plan perpendiculaire au lieu de l'être en talus, ils s'éboulerent & comblerent le canal dans un espace de 500 pieds. Le général fe vit donc dans la néceffité de recreufer le canal. Dans plufieurs endroits il fit faire des excavations de plus de 70 pieds de profondeur, donna du talus aux bords, les couvrit de terre

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