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nos domeftiques eurent, de bons chevaux ; trois ou quatre autres hommes nous accompagnerent, ainfi qu'un foldat armé d'un fufil & d'un cou teau de chaffe, en forte que nous nous eftimions en état de faire une belle réfiftance en cas d'attaque., Nous fimes les premiers fept milles fur une excellente chauffée, à travers une plaine ornée, de mailons de campagne, de champs labourés, de jardins du plus beau vert de bofquets de la meilleure efpece, d'orangers, de citroniers chargés de fruits du plus beau cou-d'œil, & de quelques autres arbres fruitiers, la plupart en fleurs, tels que des amendiers, des pruniers, des pê chers, &c. Nous paffames enfuite par un chemin rocailleux, fous des rochers, le long de la mer & auprès de haies de gros aloè, dont plufieurs avoient fleuri l'année précédente, On avoit coupé la tige de plufieurs autres, pour les faire, fervir de montans de porte & d'autres ufages. arbre, ainfi que le figuier des Indes, eft extrêmement dur & fleurit au haut d'un mur fur le penchant d'un rocher ou d'une montagne ol même dans le fable le plus aide. La maniere d'en faire des haies ! eft de planter une feule feuille de figuier des Indes dans la terre. Bientô elle pouffe des racines & prend un volume confidérable, Ce végétal devenu vieux a une écorce qui l'en veloppe, & qui confifte dans ces premieres feuilles qui font dures &dbrunes. Get peut être le feul arbre, ou builon, connus quife propage par les feuilles, croiffant l'une dans urre pendant plujeurs années, avant qu'il Alt de tige même ayant à peine quel, ques racines, Nous fumes dans toute notre journée 22 milles , & nous arrivâmes dans une petite ville qui a 7 rues lar Bss Paralleles, dont toutes les maisons lont »

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chétives, & n'ont qu'un rez-de-chauffée. Telle fut notre auberge qui, à notre grand éton nement, étoit très-propre & contenoit trois fits, où nous pumes dormir fans inquiétude. Outre cette propreté, l'arrangement bien entendu de la fayence & des uftenciles de cuifine, les murs étoient tapiffés de crucifix & d'images de faints. Une autre preuve de la piété des deux bonnes vieilles femmes qui tenpient cetre maison c'eft qu'il y avoit une figure en cire d'une petite vierge qui femble venir d'accoucher, & a l'enfant-Jefus auprès d'elle. Cette figure foigneufement confervée fous verre, repréfente la Vierge couchée à la renvere, & relevant les cuiffes d'une maniere qui n'étoit pas trop décente. Mais nous au sions été regardés comme très-profites, fi nbus nous étions permis la moindre obferva tion fur ce fujet. Les fenêtres de cette maifon n'étoient pas vitrées & nous n'avions d'autre abri contre le froid qui étoit alors très-rigoureux, que des contrevents qu'il falloit laiffer ouverts pour voit clair. Il n'y avoit aucune espece d'aliment que ce que nous avions apporté de Palerme, & que nous préparâmes. nous mêmes fur un brafier de charbon au milieu de la chambre».

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ནང་ཟླ་

Le voyageur nous décrit de la maniera fuivante un caveau pour les morts, ou une efpece de catacombe qui fe voit aux capu cins a environ un mille de Palerme, 913

If confifte dans quatre farges allées, cha eune d'envi on 40 pieds de long, où le foleil eft introduit par des fenêtres pratiquées au bour. Le long des côtés font des niches dans tefquelles les corps font placés droits, vêtus d'une étoffe groffiere, la tête, les bras & les pieds nuds. Pour les préparer à occuper ces

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niches, on les rotit pendant fix, à fept mois. fur un gril à un feu très-doux, jufqu'à ce que toute la graifle & toute l'humidité en aient été confumées. La peau qui reffemble à un cuir pâle, refte entiere, & le caractere de la contenance eft à peu près confervé. Un homme qui étoit avec nous reconnut fon beau pere mort depuis deux ans. A l'exception de deux réputés faints dont l'un est là depuis 150 & l'autre depuis 100 ans, tous les autres font de faiche date, comme l'indique une infcription fur un petit morceau de carton, qui pend à un bras de ces corps & qui porte le nom de la perfonne & le jour de fa mort. Dans quelques-unes des niches fupérieures les corps font étendus tout de leur long & dans d'autres encore au deffus font des enfans de, 7 ans. Sur le pivé font de beaux cercueils de perfonnes de diftinction dont les familles gardent les clefs n.

Quand les rois ne font pas égorger les hommes, on fait qu'ils s'amulent a tuer des animaux. Leur plus doux paffetems eft de voir conler le fang. C'est auffi celui du roi de Naples. Après le plaifir de manger du macaroni, qui fait le principal amufement du monarque Napolitain, viennent la chaffe & la tuerie. Cependant fi la deftruction n'étoit pas elle-même un grand plaifir pour des ames royales, le contentement que cette derniere lui procure ne doit pas être merveilleux, comme on va le voir par la maniere dont il chaffe, ou plutôt, dont il affaffine fon gibier.

« Si les failans, font l'objet de fa vengeance, on rafemble dans un très-petit efpace

ces pauvres animaux qui font apprivoilés comme des poules, particulierement autour de fon pavillon de chaffe dans la petite ifle de Por chita. Lui eft affis dans une alcove qui domine. Les chaffeurs font paffer ces volatiles un à un devant lui à des intervalles moindres qu'une minute, & S. M. tire auffi vite qu'elle peut décharger fon fafil. Lorfqu'il eft las de ce plaifir délicieux, il fe glorifie d'avoir tué de fa propre main 2 ou 300 faifans dans une heure. Nous tenons ces détails du garde-chaffe même du roi à Porchita ».

L'anecdote que nous allons rapporter prouvera fuffifamment que le feu roi avoit le même penchant pour la chaffe en plaine, & au moins autant d'attention à la confervation du gibier que le roi d'aujourd'hui.

« Il n'y a pas nombre d'années, dit notre voyageur, que ce prince ordonna que l'on détruifit tous les chars de l'ifle de Porehita dans la perfuafion qu'ils prenoient les faifans. Cet arrêt de fang fut exécuté avec rigueur. Mais les habitans ne tarderent pas à fentir les inconvéniens qui en réfulterent. Les rats & les fouris fe multiplierent au point que toutes les productions étoient en danger d'en être dévorées, &, que les premiers attaquoient même les enfans dans leurs berceaux. On préfenta une requête au roi, où on lui expofoit ces griefs : il y eut égard fur le champ, & publia ure aurre ordonnance en faveur des chats qui firent leur devoir, avec tant de fain & d'exactitude, qu'on n'y voit prefque plus de rats, & que les faifans ne paroiffent pas Our Ebleme: t »>, en fouffrir

Traduifons maintenant une partie de la defcription du tremblement de terre, qui a plongé la ville de Meffine dans le deuil.

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Les de Février, 1783, jour de douleur & à jamais déplorable pour cette belle ville environ 48 minutes avant 11 heures du matin, la terre commença à trembler, d'abord légérement, enfuite avec force, & un tel mugiffement, des fecouffes fi variées & fi irrégulieres que le mouvement qui en réful. *toit reffembloit au rouli de la mer. Ce moùvement caufa des vertiges, des vomiflemens à plufieurs perfonnes, & les oifeaux même en furent affectés au point de fe laiffer prendre à la main. Les murs craquoient de tous eôtés, le lézardoient, tomboient en pieces. Les toits s'élancoient en l'air, les planchers étoient brifés, les voutes rompues, les arcs tendus. Par la force de 3 ou 4 fecoufles qui fe fuccederent l'une à l'autre fans aucun intervalle, nombre de maifons, de palais furent > renverfés, des églifes, des clochers rafés juf& qu'à terre. En même tems il fe fit une longue crévaffe en terre fur le quai & dans une colline voifine & une autre partie de la côLE fut couverte de vagues; un gros nuage, comme de cendres', fe leva en furie de l'horison dans le Nord-Ouest, gagna le Zénith & defcendit dans le point oppofé. Il devint noir à * l'inftant de la commotion, s'étendit dans fes dimenfions & obfcurcit prefque tout l'hémifphere. Le même phénomene fur cbfervé dans les trois fecouffes fuivantes qui completterent @la deftruction de la ville. Alors parut fur les itoits des maifons qui fe précipitoient en ruines, une flamme fubite & paffagere, femblable à ces éclairs qui jailliffent des nuages 7ten été & laiffent après reux une odeurs ful. fureufe. La même chofe fe fit remarquer dahs 3 la Calabre & dans les tremblemens de terre fuivans! Les malheureux habitans quitterent alors leurs maifons dans la confufion&

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