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fociété, dont ils auroient eu intérêt de ne plus attaquer le repos

Les habitans ont eu longtems à fouffrir de ces hoftilités, & cependant la colonie étoit floriffante. Mais fon plus grand malheur, ou plutôt fa roine, felon l'opinion de nos auteurs, vint du plan de faire des emprunts fous l'hypotheque des plantations, mefure à laquelle les marchands d'Amster dam confentirent volontiers. La facilité avec laquelle on obtint de l'argent, introduifit l'esprit d'extravagance qui, au lieu d'employer cette reffource à améliorer leurs plantations, dépenferent en parure & en luxe l'argent qu'ils le procurerent par ce moyen. Il s'en eft enfuivi que plufieurs de

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ces biens ont été vendus au deffous de leur valeur, ou féqueftrés pour payer les rentes dont ils étoient chargés. Par-là, la plupart des Juifs ont perdu leurs poffeffions, la concurrence dans le commerce de détail, & ils font abfolument privés de toute elpece de moyen de fubfifter.

Voilà les principaux événemens rapportés dans la partie hiftorique de cet ouvrage, qui abonde d'ailleurs en plaintes ameres fur les factions & les diffentions qui divifent les habitans en général, & contre l'odieuse partialité & le traitement infolent que les Juifs ont fi fouvent effoyé.

La feconde partie contient la defcription de l'état actuel de Surinam, On y voir

que le total des plantations eft de 591, &, que depuis l'année 1760 jufqu'en 1769, qui paroît avoir été la plus fortunée, le produit a toujours été en diminuant. On eftime aujourd'hui que l'exportation s'éleva à 16 mille muids de fucre, à 1200 mille livres de caffé, 750 mille livres de coton, & à 500 mile livres de cacao.

Parimaribo, capitale, de la colonie, eft: une jolie ville, propre & très-faine. Elle compte environ 1100 maifons dont la plus part font en bois, conftruites fur des fon-, dations en briques. Les rues en font larges,aënées, ornées d'un double rang d'orangers & d'arbres de Tamarins. Les coJoniftes hollandois les Luthériens, les freres Moraves y ont des églifes, ou des, chapelles, ainfi que les Juifs Portugais & les Juifs Allemands leurs finagogues refpectives. Les Catholiques Romains ne partagepient point cette tolérance accordée à toutes les religions. Mais enfin, en 1785, on leur permit de bâtir une églife, à la conftruction de laquelle tous les habitans, en général, Proteftans & Juifs, contribuerent généreusement, affifterent même pour la plupart à la cérémonie de la confécration. Les auteurs ajoutent qué plufeurs de fes compatriotes qui n'avoient jamais vu le fervice des Catholiques, furent frappés de la reffemblance avec le fervice du temple de Jérufalem. Nulle part la tran

quillité publique n'eft moins troublée, par la différence des religions, qu'a Surinam. Les perfonnes des croyances les plus oppofées qui, dans plufieurs contrées de l'Eu→ rope, témoignent la plus grande averfion & le plus fouverain mépris les uns pour les autres, vivent ici dans la plus parfaite union & dans une intimité à toute épreuve. Pour le prouver, nos auteurs font mention d'un Juif qui avoit une Negreffe pour concubine, & qui fit baptifer & elever les enfans qu'il cut d'elle par les Calviniftes; une de-fes filles fut mariée à un Catholique Romain, veuf, & qui avoit de fon premier lit un fi's élevé dans la religion grecque. Toute cette famille habitoit la même maifon vivoit dans la plus parfaite harmonie & saimoit tendrement. Nous ne pouvons nous empêcher de remarquer ici, qu'une égale diftribution des droits civils entre les fectateurs de différentes religions, & le commerce franc qui en résulte, font les moyens les plus fürs de réunir les hommes & de maintenir la paix parmi eux, bien infiniment plus précieux qu'une unité de foi aveugle, fuperftitieufe & fanatique.

Les Juifs Portugais ont un établissement, ou village, à Savannah, qui autrefois confiftoit en plus de 70 maisons, dont la plupart font tombées en mazures. - Cheft là néanmoins qu'ils ont leur chef-finagogue, leur cimetiere, & qu'ils s'affemblent en

core pour célébrer leur fète des tabernacles, à laquelle affiftent plufieurs colonistes des autres religions.

Surinam eft fous la jurifdiction d'un gouverneur & d'un confeil. Le premier eft nommé en Hollande, l'autre choifi par les habitans qui élifent deux fois autant de perfonnes qu'il en faut, entre lefquelles le gouverneur choifit à fon tour ceux qu'il Juge à propos. Dans cette élection, chaque chef de famille, ou de ménage, foit Chrétien, foit Juif, qui poffede un bien fond, donne la voix. Le total de 'la population de la compagnie eft de 50 mille ames, parmi lesquelles il y a 650 Negres, ou Mulâtres libres, & 3300 Blancs, dont environ un tiers de Juifs.

Les Créoles Blancs, dit on ici, font en général un peuple agréable & vif, qui a les paffions fortes, l'imagination brûlante, & des dons naturels excellens; mais peu d'entr'eux jouiffent des avantages d'une bonne éducation. Cependant il y a lieu d'efpérer quelque changement en faveur de la culture de l'entendement. Il s'eft formé, fous les aufpices du gouverneur Wichers, deux fociétés l'une pour cultiver l'histoire naturelle, l'autre pour la littérature & la philosophie morale. Des Juifs auffi bien •que des Chrétiens font membres de ces fociétés.

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Obfervations and remarks in a journy through Sicily. &c. C'eft-à-dire, Obfervations & remarques faites dans un voyage en Sicile & dans la Calabre, l'année 1791; avec un poftfcriptum fur les cérémonies de la derniere semaine fainte à Rome, & fur une courte excurfion i Tivoli. Par le Rév. Brian Hill. A. M. grand in-8°. de 306 pag. A Londres, chez Stockdale. 1792.

Lfieurs paflages, que nous allons tra

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duire de ce voyage, prouveront, ce nous femble, qu'il le fait lire avec intérêt même après celui de Brydone, dont nous 'avons également rendu compte dans le tems. Commençons par expofer la maniere dont on voyage en Sicile.

« L'équipage préparé pour mon frere & pour moi, dit l'auteur, s'appelle ligita ; c'eft une espece de vis-à-vis porté fur deux barres de fer, & placé fur le dos de deux mulets. Cette voiture n'a pas de glaces aux fenêtres, mais d'épais rideaux contre la pluie. Elle n'a pas non plus de porte; on y entre & on ea fort par les fenêtres, & des hommes tiennent une petite planche où l'on met les pieds. Les cô és font ornés de tableaux de devotion, pour ga, rantir du danger. La Sainte Vierge, l'enfant. Jefus, les ames du purgatoire y font rarement oubliés. Les mêmes peintures fe trouvent fur toutes les barques, principalement fur celles appellées fparanara. Mon neveu &

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