nalité; mais elle languit un peu vers le milieu. L'auteur peut en faire une bagatelle trèsagréable, en la refferrant & en retranchant quelques expreffions qui ont paru déplaire au public. Nous ne doutons pas qu'alors cet ouvrage n'ait un fuccès conftant. On a demandé les auteurs; ils ont paru. Celui du poëme eft Planterre • auteur d'Agnès de Chatillon au théâtre de la rue de Louvois : celui de la mufique, qui eft fraîche, agréable, & trèsbien adoptée au fujet, eft Gavaux, auteur de l'Amour filial, du Paria, & dont les talens, comme acteur & comme compofiteur deviennent de jour en jour plus chers au public. On a demandé auffi Réficourt qui joue en acteur confommé, le rôle plaifant du vieux Benoît. Les autres rôles font trèsbien joués par Valliere, Bellemond, Gavau. dan, & par Mefd. Verteuil & Martin. LYCÉE. Ufqu'ici, l'abondance des matieres ne nous a pas permis de parler de cet établiffement digne des beaux tems d'Athênes & de Rome nous nous propofons de réparer ces retards par l'exactitude avec laquelle nous rendrons compte de ce que fes féances auront de plus intéreffant; & d'abord nous allons commencer par donner une idée de cette inftitution à nos lecteurs > en rapportant ici le programme de l'année 1793, & un apperçu des deux féances qui ont eu lieu depuis fon ouverture. Programme pour l'année 1793. Dans un fiecle, & dans un pays où les connoiffances humaines font fi généralement sultivées, où aucune efpece d'entraves n'a pu atténuer le goût des fciences & des beaux-arts un établiffement, confacré depuis huit ans à les propager, doit néceffairement intéreffer les membres de la fociété, & recevoir de nouveaux encouragemens. Réunir tout ce qu'ont d'attrayant les talens les plus diftingués, faciliter la propagation des lumieres en tout genre, fournir à tout le monde une source d'instruction & d'agrémens; voilà ju qu'ici quel a été le but principal du Lycée. Cet établissement ajans ce moment acquis une importance d'autant plus grande, qu'il fupplée en partie à l'instruction publique, dont le projet n'eft pas encore réalifé. L'expérience & les fuccès conftans prouvent trop en fa faveur, pour qu'on foit obli. gé de remettre fous les yeux du public tout ce qui a été dit précédemment fur les avantages de cette inftitution. Iis n'ont pas besoin d'être rappellés aux perfonnes qui l'ont fuivi les années dernieres. La notice des Cours & les noms des profeffeurs fuffiront à ceux qui ne connoiffent pas le Lycée, pour les engager à fe convaincre par eux-mêmes de fon utilité. La phyfique, par Deparcieux. La chymie, par Fourcroy & Vauquelin. La langue italienne par Beldoni. Le lycée ouvrira fes féances, le lundi 3 Décembre, & elles feront continuées fans interruption jusqu'à la fia de Juillet fuivant. Tous les cours marcheront à la fois pendant ces huit mois d'enfeignement, excepté qu'au mois d'Avril, Sélis fuccédera à La Harpe, & qu'à la même époque les cours d'hiftoire-natu relle fuccéderont aux cours de chymie. Delille, Sélis, Sicard & plufieurs autres favans & hommes de lettres ont promis des difcours & des lectures. Les falles de lecture, de conversation, & la bibliotheque, font toute l'année à la difpofition des toufcripteurs, & journellement depuis 9 heures du ma in jufqu'à minuit. Quelques-unes de ces falles font depuis deux ans confacrées à l'expofition de tableaux choifis, de gravures, de deffins, &c., &c. Dans la circonftance où se trouve la République Françoise, relativement aux productions du génie dans les arts du deffin, le Lycée peut elpérer d'enrichir cette expofition, & d'en augmenter la variété. Le bureau où l'on reçoit les foufcriptions, eft ouvert tous les jours au Liycée, près la place du ci-devant Palais-Royal; on les recevra auffi chez Mauny, notaire, rue St. Martin, n°. 236 Le prix de la foufcription eft de 100 livres pour les hommes, & de 50 pour les femmes. On recevra avec la quittance de cette fomme un billet d'entrée. Les foufcripteurs font inftamment priés de vouloir s'affujettir à apporter leur billet chaque fois qu'ils fe préfenteron; quelqu'importune que puiffe paroître cette rge, elle eft néceffaire, puifqu'elle est liée au feul moyen d'écarter les inconnus. La formalité pour l'admiffion des nouveaux foufcripteurs eft d'avoir un préfentateur connu. A quelque époque que l'on foufcrive, l'abonnement fait toujours au 30 Novembre. Il n'y aura point de demi-foufcriptions, aucune espece d'entrée gratuite. ni Toutes les féances feront indiquées, chaque jour, par un tableau que l'on placera dans une des miles du Lycée, & par une feuille hebdomadaire, qui fera adreffée, tous les dimanches, aux membres de la fociété. Ouverture du LYCÉE, lundi 3 Décembre. Cette féance avoit attiré un très-grand nombre d'auditeurs : les lectures annoncées (de Sicard & de La-Herpe), méritoient cette affluence. Sicard a commencé par un difcours dans lequel il a développé fa Théorie fur l'inftitution des fourds & muets. On connoît les prodiges & les bienfaits de cette institution. L'intérêt qu'elle infpire par fes effets auroit pu feul rendre attentif à la révélation des moyens qui les produifent. A ce motif de fentiment fe joignoit la puiffance de fon art même : & ce profond métaphyficien devoit trouver fes auditeurs auffi intelligens que fes éleves. Un de ces der niers étoit préfent. Une queftion lui a été fai. te du fein de l'auditoire, & Sicard la lui a traduite. Voici la queftion & la réponse. Qu'est ce que le bonheur? Le bonheur eft un plaifir qui ne finit point. C'est un plaifir qui a trop tôt fini que celui d'entendre La-Harpe. Il a prononcé un Dif cours d'introduction à fon cours de littérature & a débité une Hymne à la liberté. Il convient aux amis des lettres de redire que l'art d'écrire, aujourd'hui méconnu, a dans LaHarpe un furveillant fidele, à qui il appartient de rappeller fes loix & d'en révéler les fecrets, Son Difcours d'introducion a produit l'effet qu'on doit attendre d'une raifon fupérieure, & de ce charme d'efprit dont le caractere fera toujours des vrais hommes de lettres, nos écrivains de préférence. Ce difcours a été fuivi de l'Hymne à la liberté. Le filence de nos poëtes a dû ceffer enfin : La Harpe leur a donné le fignal. Le fentiment de la liberté l'a infpiré aurant que le génie poétique. Le mouvement, les images, les penfées font de cette hymne un chant de gloire & de victoire, tel que peut l'avouer un peuple qui ne veut la gloire de la victoire que parce qu'il veur la liberté. Voyez le no. 4 de ce Journal, 20 Février 1793, où nous l'avons rapportée en entier. Aux différens cours du Lycée, ci-deffus mentionnés dans le programme, on vient d'ajouter celui d'Organifation fociale, qui fera profeffé par Roederer: ce cours comprendra nonfeulement ce qu'on appelle le droit public, ou la politique, mais encore les parties de la morale & de l'économie politique, qui font inféparales d'une théorie faine & complette de l'art de gouverner. I fera ouvert le dimanche 13 Janvier à une heure, & les leçons continueront les dimanches fuivans, à la même heure. Séance publique du LYCEE du mercredi a Jan vier 1793. Publicola Chauffard a lu des fragmens d'un précis hiftorique fur les républiques anciennes & modernes. Ses tableaux ont été vivement applaudis : on a diftingué furtout le fra gment fuivant : <<< Il faut accufer de la perte d'Athênes, l'éloquence: l'ambition s'empara de ce mobile puiffant on calcula l'enthoufiafme, les paffions, les talens fouvent l'orateur fit écarter un projet utile, mais propofé par un rival; souvent il propofa lui même un confeil ruineux, mais brillant. On ne cherchoit pas la gloire de la patrie, mais un rôle : & la tribune fut un théâ tre, où le peuple, perfonnage paffif de la comédie politique, fut prefque toujours facrifié dans le dénouement ». « Ceux qui veulent faifir les rênes du gouvernement,, commencent toujours par les relâcher: ainfi ils ôterent aux peuples le frein des loix, pour leur impofer le joug d'un maî |