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plus méthodiquement. De tout ce qui eft enfeigné rien ne l'eft d'une maniere auffi vague, auffi découfue que les dogmes de la religion. Une congrégation peut affiter des années entieres aux fermons, même d'un bon prédicateur, fans entendre les preuves de certe religion, foit naturelle, foit révélée, expofées d'une maniere réguliere & fyftêmatique. Elle peut y affifter des années entieres fans pouvoir fuivre, la férie des devoirs érendus aux différentes fituations, aux divers rapports de la vie. Elle peut y affifter des années entieres, fans fe faire une idée claire de l'histoire & de la chronologie de l'ancien & du nouveau teftament qu'on lui lit tous les dimanches. Elle entendra une grande abon. dance de doctrines excellentes, & fentira fou vent fon cœur enflammé & fon ame édifiée mais fes idées fur ces fujets feront confuses & imparfaites, parce qu'ils font traités d'une maniere toute différente de tout ce qui porte le nom d'inftruction. Ceci eft dû probablement en grande partie à l'usage de mettre à la tête de chaque fermon une fentence prife indiftinctement dans l'un ou l'autre des livres faints, fous le nom de texte, qui renferma d'abord une expofition, fut enfuite fuggérée pour indiquer un fujet, & enfin eft peu à peu dégénérée en devife. Toutefois cette coutume fubfifte, elle difpenfe d'un cours plus méthodique d'instruction, elle tend à imprimer dans les efprits de la maffe des auditeurs une idée très-fuperftitieuse de la fainteté & de l'importance égales dans chaque partie d'une compofition fi bizarrement mêlangée. Ce n'eft pas qu'on puiffe préfumer que cette idée foit reçue actuellement de la généralité des prédicateurs ».

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a Si ces difcours détachés, dont chacun ef

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complet en lui-même & ne peut par conféquent avoir que peu d'étendue, étoient rédigés en cours régulier de leçons, foutenu par une fuite de lectures auxquelles on pourroit renvoyer les auditeurs ils auroient l'avantage de réveiller ceux d'entr'eux qui font inattentifs, & de retenir ceux qui font diffipés, à l'aide de l'intérêt qui réfulteroit d'une fuire d'inftructions ainsi combinées. Ils occu peroient une plus grande place dans l'ame, ils feroient plus fréquemment des fujets de fouvenir & de méditation. On craindroit de perdre un chaînon de cette chaîne de vérités & la partie la plus intelligente d'une congré gation trouveroit à s'employer. utilement & avec intérêt, en aidant le prédicateur à inftruire ceux qui ne font pas capables de l'être avec autant de facilité. Si un pareil cours

eut

exifté, il ne feroit pas à craindre que des fermons, où des hommes de génie ont réuni les plus grandes idées, fuffent mis à l'écare ou reproduits furtivement. I eft d'usage fur le continent qu'une fuite de fermons foit débitée dans diverfes églifes dont chacune à fon ministre officiant dans des fervices fixes, & c'eft ainfi qu'un grand district peut profiter du travail d'un homme fupérieur pour la com pofition. Peut être feroit-il à defirer qu'on joigsît aux inftructions religieufes des leçons relatives à nos loix qui font ou doivent être fondées fur la morale, & qui par un étrange folécifme font obligatoires pour tous, à peine promulguées & moins encore expliquées. Plufieurs autres idées s'offriront d'elles-mêmes aux hommes penfans qui defirent non d'abo Jir , mais de perfectionner le culte public dans nos contrées ; je ne cite ici que des apper. çus que je foumets avec crainte & refpec à ceux qui font en états de les juger & de les faire mettre en pratique ».

Danielis Cornides Commentatio de religione veterum Hungarorum, &c. C'eftà-dire, Differtation fur la religion des anciens Hongrois, par Daniel Cornides; publiée par Chriftian Engel, qui y a joint fa differtation fur l'origine de la nation Hongroife. A Vienne, 1791 in-12, 117 pages, Chriftiani Engel Difquifitio critica de Hungarorum origine. Difcuffion critique fur l'origine des Hongrois, par Chriftian Engel, In-12 de 77 pages. A Vienne, 1791.

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Aniel Cornides étoit né à Cremnitz.

Il avoit une érudition vaste, & fûrement autant de modeftie, car il a laiffé un grand nombre d'ouvrages inédites. Alexis Horany, auteur des mémoires for les Hongrois célebres dans les lettres (*), dit qu'il lui a été fort utile pour la confection de cet important ouvrage.

Ce petit traité de Daniel Cornides eft un ouvrage pofthume. Il fut lu en 1785 à l'académie des fciences de Gættingue : il demeura longtems dans fes archives, & ne pouvoit être inféré dans fes mémoires,

(*) Memoria Hungarorum & Provincialium fcriptis editis notorum, quam excitat Alexius Horany. Vienna, ANT. Lavius; 1775, 2 vol. in-8°. 11 4

parce que cet honneur n'eft accordé qu'aux membres de l'académie. Ce fut le célebre Heyne qui le tira de l'oubli, & engagea Chriftian Engel à l'éditer : celui-ci l'a pu

blié.

Après un court préliminaire, dans lequel Daniel Cornides dit avoir choisi ce fujet de differtation parce qu'il n'a été traité par perfonne, il entre en matiere, & commence par les facrifices de chevaux que les anciens Hongrois avoient coutume d'offrir. Il pense qu'il n'adoroient qu'un Dieu créateur de l'univers. Ce qu'Etienne Szekely a dit de Damafec, dieu des Hongrois, n'eft, felon lui, qu'une fable. A l'exemple des Perfes, ils ont adoré le feu, non celui qui fert à la cuiffon des alimens, mais le foteil, qui échauffe & vivifie tout: c'étoit leur dieu Iften, nom à peu près semblable à celui d'lifdan, dieu des Perfans, & qui fignifie feu, comme Ffchta en Chaldéen, & Iftié en grec.

Quelques auteurs vont jufqu'à vouloir retrouver l'idée de la Trinité chez les anciens Hongrois; Cornides ne partage point cette opinion chimérique, mais il croit pouvoir avec raison attribuer aux anciens Hon-grois la même opinion que celle des Perfes fur la divinité. Ils étoient leurs voifins; le nom de leur dieu Iften, les facrifices de chevaux, & d'autres rapports prouvent fuffifamment qu'ils en ont emprunté & leurs

idées religieufes & leurs cérémonies.

Quelques auteurs ont écrit que quand les anciens Hongrois fe marioient, l'époux envoyoit à fa future épouse une idole d'argent, repréfentant quelque dieu familier & qu'elle lui en rendoit une à fon tour: mais ce fait n'eft point confirmé par les anciens écrivains. Jamais on n'a trouvé d'idole adorée au treizieme fiecle, fur les bords de l'Ethel ou Volga.

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Les anciens Hongrois n'ayant pas d'idoles n'avoient point non plus de temples &, à l'exemple des Perfes, ils facrifioient en plein air & fur les hauts lieux. Quelques auteurs difent que les anciens Hongrois facrifioient auffi près des arbres, & des ro-, chers & des fontaines; mais cette fuperfti tion a été commune à plufieurs anciens peuples de l'Europe, & au commencement du chriftianifme, il a fallu l'autorité de plufieurs conciles pour la détruire.

Cornides termine fa differtation par quelques mots fur la maniere de jurer des anciens Hongrois. Ceux qui devoient prêter ferment fe faifoient chacun une incifion & réuniffoient le fang qui en fortoit dans un commun vase. Aucun lieu ne leur fembloit plus fort & plus facré. Il paroît, d'après le témoignage de Pomponius Méla, que cet ancien ufage leur venoit des Scytes, dont Hérodote & Lucien raportent auffi la même chofe..

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