# vention que la thériaque, le mitridate &: d'autres opiats monftrueux produisent deş effets qu'on cherche vainement à obtenir avec des remedes plus fimples, Gruner fouhaiteroit non feulement des détails hiftoriques fur ces compofés, mais encore des recherches pratiques fur leurs ufages & leurs effets. Le douxieme article eft un des plus intéreffans de ce volume. L'auteur y traite de la maniere dont il faut mettre au jour les ouvrages des anciens pour les rendre utiles. C'est un fupplément au Prospectus d'une nou velle édition de Galien par Hecker. Gruner apprécie d'abord le mérite des anciens, expofe enfuite les conditions qu'il croit intéreflantes & effentielles à remplir, en pu bliant les ouvrages de l'antiquité, pour les accommoder au befoin & à l'état actuel des fciences, c'est-à-dire, pour les rendre auffi néceffaires & aufli utiles qu'ils pouvoient l'être dans leur nouveauté, Il compare avec Les principes les recueils qu'on a déjà publiés, même ceux de Haller, & revenant enfin avec Hecker à Galien, il examine fi ce que le nouvel éditeur promet eft fuffifant pour fon auteur, & pour fon lecteur. Un médecin regrette que les réflexions de Gruner ne foient pas parvenues plutôt à Hecker, parce qu'en en profitant auroit donné une éditiou abrégée de ce fas meux commentateur d'Hippocrate, fur un il " G រ & plan plus régulier & plus correct que celui qu'il a annoncé. Peut être en effet le pian de cet éditeur auroit il pu gagner plus de perfection, mais ce n'auroit certainement pas été en abrégeant Galien. Abréger, c'est élaguer d'un ouvrage tout ce qu'on juge inutile & fuperflu, tout ce qui ne s'accorde pas avec les notions & les principes actuellement en vogue. Il n'eft pas permis à un éditeur de mutiler, de tronquer un auteur qu'il veut faire revivre en quelque forte, & de ne préfenter qu'une partie de luimême. S'il le fait, un éditeur. fubfequent) pourra le faire à fon tour; & comme à coup fûr il y trouvera encore des fuperflui-. tés, des difcordances avec fon fiecle, il s'enfuit que l'original finira par difparoître) totalement de la république des lettres & des fciences. Le premier devoir d'un éditeur eft de conférer entr'eux les divers manufcrits qui existent, & d'en tirer le texte le plus pur & le plus clair. Si en matiere de (cience ce texte présente des opinions dont l'expérience a fait reconnoître l'erreur, ou des principes dont des recherches ultérieures & plus exactes a démontré la fauffeté l'éditeur a la voie des notes pour remarquer, les uns & les autres, en même tems qu'elles indiqueront les progrès de l'efprit humain & de la vérité dans les divers périodes des. Lecles. Gruner préfente dans le treizieme mor ceau des détails rélatifs à la dignité & aux privileges de docteur en médecine. Il ne diffimule pas qu'il s'eft gliffe de grands abus dans la maniere d'en obtenir les dégrés, qui dans l'origine ne s'accordoient que comme des marques d'un profond favoir, & étoient purement honorifiques. Ils n'étoient même pas néceffaires pour autorifer à exercer la médecine, & aujourd'hui aucun médecin ne voudroit se préfenter dans un lieu pour être admis comme praticien, fans les avoir à la main ; ils ont perdu tous les avantages qu'ils procuroient, ils ne font plus, à proprement parler, que des patentes, des lettres de réception au corps des maîtres d'une ville & pour cette ville. L'auteur rapporte le diplôme de George Frédérik Bretshauder que la faculté de Padoue lui expédia en 1696. On y voit de quelle étendue étoient ou devoient être les privileges attachés au doctorat. Mais depuis que chaque bicoque où il y a deux ou trois médecins qui s'affament l'un l'autre, s'eft imaginée de former des colleges & de faire fubir de prétendus nouveaux examens, quoique les examinateurs foient peut-être plus ignorans que le candidat; depuis que les facultés ont proftitué pour de l'argent (fumimus pecuniam & mittimus afinum in patriam) les diplômes de docteur, ces lettres font fans effet, & ne fervent que de préliminaire à de nouvelles épreuves. * Eft-il du devoir du médecin d'avertir le malade, ou les parens, de la mort prochaine qui le menace? Telle eft la queftion que notre docteur agite dans le quinzieme article. I la confidere non-feulement dans les rapports avec la certitude ou l'incertitude de l'art de pronostiquer en général, mais encore à l'égard des différentes époques ou efpeces de maladies, enfin relativement aux perfonnes auxquelles il s'agit de faire cette déclaration allarmante. Nous finirons cette notice, en traduifant le plan propofé par Gruner pour rendre la médecine plus utile à la fociété. Après avoir exposé en détail les différentes parties que cette fcience doit embraffer dans fa pratique, il ajoute : * 1°. Le département de la médecir e fera chargé de toutes les affaires qui y ont un rapport général. 2°. Le college de méd. établi & fermenté aura fous lui le détail. Il fera compofé des hommes les plus habiles, examinera les médecins les chirurgiens, les apothicaires, les droguif. es, & les fages femmes, appréciera les rapports & les projets qu'on lui fera parvenir & relatifs à la fanté publique, & rendra compte à qui il appartiendra de ceux qui lui paroîtront mériter attention. Il donnera fon parere fur les épidémies & les maladies populaires, terminera les affaires litigieufes des médecins & des chirurgiens, ordonnera, en con. féquence de la jurisdiction qui lui aura été déléguée, les peines, particulierement celles qui concerneront les charlatans, & en renverra l'exécution aux magifirats, ou aux chefs de 1 L • police. D'ailleurs, tout ce qui comprend les affaires de médecine fera fous fa direction. Il aura exclufivement le droit de renvoyer les mauvais médecins, chirurgiens, apothicaires & fages-femmes, de leur interdire la pratique ou de les fufpendre, lorfqu'il y aura des preu.. ves d'ignorance ou d'incapacité. Ce fera lui qui en cas de vacance, proposera les fujets les plus dignes, ou les nommera en confcience & en honneur aux places vacantes ». • « 3°. Tous les médecins phyficiens, étant les adjoints nés du college de médecine, feront obligés d'observer tout ce qui concerne le local de leur arrondiffement, & tenus pour cet effet de faire les voyages médicinaux néceffaires, de tracer des tableaux topographiques, de préfenter des plans, pour obftruer, de la maniere la plus facile, les fources des maladies, de faire des recherches fur les fujets indigenes de matiere médicale, d'analyfer les eaux minérales, s'il y en a, & d'envoyer tous les ans, à moins que des cas extraordinaires n'exigent une expédition plus prompte, le réfultat de leurs obfervations. D'ailleurs, en cas d'épidémies furvenantes, ils prendront auffitôt les me ures néceffaires, & en feront leur rapport au college de médecine. Ils auront l'inf pection fur les fages-femmes, vifiteront fans partialité & fans paffion les pharmacies, veilleront fur les charlatans, les vendeurs de remedes, ne négligeront rien de ce qui aura rapport à la police médicale, traceront fideles ment les rapports des objets pour lesquels leur inspection fera requife, & contribueront généralement, de tout leur pouvoir, au perfectionnement de l'art de guérir ». << 4°, Tous les médecins d'un pays forment une espece d'affociation, dont l'intérêt commun les oblige à veiller à tous les objets de la fan |