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On travaillait alors à Elbeuf, proche de Rouen, à un canal par le moyen duquel on prétendait faire monter le reflux de la mer dans la Seine, jusqu'à peu de distance de Paris, afin de rendre cette rivière plus navigable de ce côté-là, et d'y voiturer en tout temps des marchandises en abondance et moins chères.

Depuis six mois, on travaillait aussi, en Bourgogne, à un canal pour grossir la même rivière des eaux de quelques autres, afin que les cantons voisins pussent envoyer à Paris leurs vins, leurs blés, leurs bois et autres denrées qui se sont toujours consommées chez eux sans en tirer aucun autre avantage.

Le 21, on apprit par un courrier de Rome que M. le cardinal de La Trémouille y était mort le 10.

-Le 24, on publia un arrêt du conseil d'État qui rétablit les louis d'or à trente-six livres, les écus à six livres, les vieux écus à sept livres, et les vieux louis d'or à quarante livres.

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-- On résolut, au conseil, d'établir quatre hôtels des monnaies dans Paris; l'ancien pour les espèces d'or; le deuxième, à la pépinière du Roi, au Roule, pour les espèces d'argent; le troisième, à la porte Montmartre, pour les pièces de deux sols six deniers; le quatrième, au bas de Chaillot, au bout du cours de la Reine, pour douzains et pour les liards de cuivre rouge, et l'on travaillait avec empressement aux bâtiments des trois derniers. Le 8 de février 1720, on publia un arrêt du conseil d'État qui réduisit les pièces de vingt sols, et même celles de la fabrication du mois de décembre 1719, à dix-huit sols, et les pièces de dix sols à neuf sols, à commencer au 1er de mars prochain.

Le dimanche 4, M. le duc d'Orléans étant au conseil, dit au Roi Sire, Votre Majesté n'a plus de guerre à soutenir, la paix est faite avec le roi d'Espagne. » Par ce traité, le roi d'Espagne consentait que les royaumes

de Naples et de Sicile restassent à l'Empereur; mais que la Sardaigne lui restât, que l'Empereur lui donnât l'investiture du duché de Toscane, et que Port-Mahon, l'île de Minorque et Gibraltar lui fussent rendus. Il écrivit à M. le duc d'Orléans en des termes très-obligeants, lui remettant tous ses intérêts pour en disposer de la manière qu'il jugerait à propos.

Le 10, on publia un arrêt du conseil d'État qui faisait défense à toute personne de porter et d'acheter aucune pierrerie ni diamant, sur ce que plusieurs étrangers, Anglais et Hollandais, en avaient apporté une grande quantité en France, afin d'en emporter avec eux la valeur en espèces d'or et d'argent.

On confisqua la valeur de quarante millions en or qui sortaient du royaume du côté de la Suisse, sur plusieurs charrettes, et furent portés à la Monnaie au profit de la Compagnie des Indes.

- Le 17, on apprit que quatre voleurs masqués, à cheval, avaient arrêté le carrosse de Bordeaux, et qu'après en avoir fait descendre trois messieurs et trois dames qui y étaient, les avaient attachés séparément à des arbres, et même le cocher et le postillon la tête en bas, et qu'après avoir enlevé ce qu'il y avait dans cette voiture, ils les avaient tous détachés, et avaient dit au cocher de prendre un autre chemin que l'ordinaire. Il y avait dans ce carrosse une dame qui amenait sa fille à Paris avec une somme considérable en or et autres choses précieuses pour la marier. Outre la perte que cette dame fit de tout ce qu'elle apportait, elle eut encore la douleur de voir sa fille morte de frayeur de s'être vue prise et attachée de la sorte par ces scélérats. Le postillon qui allait de Paris à Bayonne fut aussi arrêté par d'autres voleurs qui lui enlevèrent sa malle.

- On apprit de Rome que les trois nuits du 15, 16 et 17 janvier, on avait vu en l'air, au-dessus de cette ville

capitale, plusieurs phénomènes, l'un en forme de poutre enflammée qui s'était ensuite changée en plusieurs mains effroyables; un autre comme une étoile extraordinairement grande et lumineuse qui parut encore jusqu'à midi, et le troisième comme deux grands bras ouverts.

- Le 12 février, M. le duc de Chartres épousa mademoiselle de Valois, sa sœur, au nom du prince de Modène, âgé de vingt-deux ans, en vertu de sa procuration. M. le cardinal de Rohan, grand aumônier de France, en fit la cérémonie dans la chapelle du palais des Tuileries, en présence du Roi et de M. le duc d'Orléans et de toute la cour, tous superbement vêtus, et du marquis Rangoni, envoyé du duc de Modène. Le curé de Saint-Germain l'Auxerrois et celui de Saint-Eustache y avaient porté leurs registres pour y insérer cet illustre mariage.

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-Le curé et les marguilliers de l'église paroissiale de Saint-Laurent firent ôter les colonnes et les figures de cuivre du grand autel de cette église, et on trouva que le tout pesait cent dix milliers de livres de cuivre jaune qui fut alors estimé, à raison de quarante-cinq sols la livre, la somme de deux cent quarante-sept mille cinq cents livres; au lieu desquelles colonnes et figures de cuivre ils firent entourer le chœur d'un grillage de fer, et construire le grand autel de la manière qu'il se voit aujourd'hui, avec des colonnes et autres ornements de marbre.

On prétendait que M. le prince de Dombes et M. le comte d'Eu, fils de M. le duc du Maine, devaient bientôt épouser mademoiselle de Charolais et mademoiselle de Clermont, sœurs de M. le duc de Bourbon, la première née en juin 1695, et l'autre en octobre 1697.

De Lamet.

LISTE DES LIVRES

QUE L'ON DISAIT ÊTRE SOUS LA PRESSE EN HOLLANDE.

Dissertation de la pierre philosophale, par le sieur Law; dédiée à M. le duc d'Orléans, Régent du royaume de France.

Nouveau moyen par lequel un tuteur peut ruiner son pupille en lui conservant ses effets, par le même sieur Law; dédié au même Prince régent.

Traité de l'existence de Dieu et de la religion chrétienne, par l'évêque Sacre-Dieu '; dédié au même Prince régent. Les merveilles d'une terre inconnue, par un comédien ; dédié au même prince.

L'art de convertir ceux qui n'ont point de religion, par l'abbé de Tencin; dédié à M. Law.

Paraphrase sur les Lamentations de Jérémie, par M. d'Argenson; dédié au Parlement.

Remarques sur les différents mouvements de la pirouette, par M. le président de Mesmes; dédié à M. le cardinal de Noailles.

L'Oraison funèbre du saint père Clément XI, par les sept vieillards de la Compagnie de Jésus; dédié au cardinal de Bissy.

Les directeurs de la retraite, par MM. Pàris; dédié à M. Law.

Surnom donné par ironie à l'abbé Dubois. Matthieu Marais raconte, à la date du 9 juin 1720, qu'un laquais du cardinal de Mailly, archevêque de Reims, s'étant pris de querelle sur les qualités avec un laquais de l'abbé Dubois, celui-ci dit à son camarade : « Ton maître sacre les rois, mais le mien sacre Dieu tout le long du jour.» (Voyez aussi le Journal de Barbier à la date in 7 juillet 1720.)

L'art d'user du poison suivant les espèces de qualité particulière, avec un raisonnement physique sur leur efficacité, enrichi d'histoires remarquables arrivées dans l'Europe, par le duc de Noailles.

Démonstration des aventures que procure le papier, par le duc d'Antin, dédiée au duc de Bourbon.

Les abus de la science astrologique, œuvre posthume de la parodie de Mithridate, dédiée à M. le duc d'Orléans, régent.

Éloges de la soumission et de la fermeté avec laquelle les Français se sont laissé dépouiller par un seul homme, par M. le duc d'Orléans, dédié au même Prince régent.

- M. d'Armenonville, secrétaire d'État, fit entendre quelques jours auparavant, au sieur abbé d'Asfeld et au sieur abbé Léger, docteur de Sorbonne, qu'il était chargé de deux lettres de cachet pour les envoyer en exil aux deux extrémités du royaume, s'ils eussent persisté à ne vouloir point aller complimenter M. l'archevêque de Bourges sur sa promotion au cardinalat, ce qui les fit bientôt déterminer à accompagner les autres docteurs de Sorbonne qui allèrent pour ce sujet visiter ce nouveau cardinal de Gesvres, que ces deux abbés avaient voulu détourner de cette démarche, parce que ce prélat avait été des premiers qui avaient paru les plus zélés à accepter la constitution Unigenitus, dans le temps de l'assemblée du clergé en 1713 et 1714, et à la faire publier dans son diocèse de Bourges.

L'avis que M. d'Armenonville eut ordre en cela de donner à ces deux abbés, persuadait que M. le duc d'Orléans avait beaucoup d'égards pour leur mérite, surtout pour celui de l'abbé d'Asfeld, qui depuis plusieurs années faisait toutes les semaines une conférence dans le presbytère de la paroisse de Saint-Roch, où il expliquait la sainte Écriture d'une manière aisée, savante, et qui instrui

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