CINQUIÈME PHILIPPIQUE. 1. · Enfin la mort de Capanée Et Clothos, à nos vœux propice, Dont il menaçait la vertu. 2. Que vois-je? à peine son pied touche Que pour son trône et pour sa couche 3. Biblis n'est plus tant occupée N'ont plus ni remords ni douleurs. Et des lascives Propétides Les hommages lui sont rendus; Lui promet un plus grand domaine 4. J'aperçois la reine d'Ithaque Je vois dans les bras d'Hector même Les flammes d'un nouveau bûcher. 5. Plus noir que le reste des ombres, 6. Ravi que la France ait vu naître Il ne fut qu'un simple apprentif*. 1 Charles le Mauvais, roi de Navarre. 2 Louis XI. 7. Chez toi vois descendre la guerre, Crains pour ton honneur, chaste reine; Tu seras en butte à sa flamme; 8. Prince, rends ton règne célèbre Sans craindre que la Seine et l'Ebre Contents que leurs deux monarchies II. LIT DE JUSTICE TENU LE 22 FÉVRIER 1723 POUR LA MAJORITÉ DU ROI. Ce jour, la Cour, toutes les chambres assemblées en la grand'chambre du Parlement, en robes et chaperons d'écarlate, MM. les présidents revêtus de leurs manteaux, tenant leurs mortiers à la main, attendant la venue du Roi, suivant son mandement du seizième de ce mois, pour tenir son lit de justice, les officiers des gardes du corps, saisis des portes du Parlement, le grand maître des cérémonies est venu sur les dix heures et demie avertir que le Roi était en la SainteChapelle; ont été députés, pour aller le recevoir et saluer de la part de la compagnie, MM. les présidents Potier, d'Aligre, de Lamoignon et Portail, et MM. Huguet, Le Féron, Braier et Chassepot, laïques, et MM. Cadeau et Mandat, clercs conseillers en la grand'chambre, lesquels l'ont conduit en son lit de justice. MM. les présidents marchant à ses côtés, MM. les conseillers derrière lui, et le premier huissier entre les deux huissiers massiers du Roi. Le Roi était précédé de M. le duc d'Orléans, de M. le duc de Chartres, de M. le duc de Bourbon, de M. le comte de Charolais, de M. le comte de Clermont, de M. le prince de Conti, princes du sang, et de M. le comte de Toulouse, prince légitimé, qui ont pris leurs places traversant le parquet. Devant eux avaient marché les maréchaux de France, qui avaient pris place passant par-dessous la lanterne du côté du greffe. Les chevaliers de l'ordre, gouverneurs et lieutenants généraux des provinces ayant pris, peu avant, place sur trois bancs dans le parquet, du côté du greffe, pour éviter la confusion, quoiqu'ils n'aient droit que d'accompagner le Roi et d'entrer à sa suite. Après le Roi est entré M. Fleuriau d'Armenonville, garde des sceaux, lequel a pris place en un siége à bras placé aux pieds du Roi, couvert de l'extrémité du même tapis de velours violet, semé de fleurs de lis, qui servait de tapis de pied au Roi, et un bureau devant lui; avec lui, plusieurs conseillers d'État et maîtres des requêtes, qui se sont aussi placés sur deux bancs dans le parquet, devant les bas siéges étant au-dessous des pairs laïques. Le Roi s'étant assis et couvert, M. le garde des sceaux a dit par son ordre que Sa Majesté commandait que l'on prît séance; après quoi le Roi, ayant ôté et remis son chapeau, a dit : «< Messieurs, je suis venu en mon Parlement pour vous dire que, suivant la loi de mon État, je veux désormais en prendre le gouvernement. » M. le duc d'Orléans s'étant levé, et ensuite s'étant rassis et demeuré découvert, a pris la parole, et a dit au Roi: Sire, nous sommes enfin arrivés à ce jour heureux qui faisait le désir de la nation et le mien. Je rends à un peuple passionné pour ses maîtres un Roi dont les vertus et les lumières ont prévenu l'âge et lui répondent déjà de son bonheur. Je remets à Votre Majesté le royaume aussi tranquille que je l'ai reçu, et, j'ose le dire, plus assuré d'un repos durable qu'il ne l'était alors. J'ai tâché de réparer ce que de longues guerres avaient apporté d'altération dans les finances; et si je n'ai pu encore achever l'ouvrage, je m'en console par la gloire que vous aurez de le consommer. J'ai cherché dans votre propre maison une alliance pour Votre Majesté, qui, en fortifiant encore les nœuds du sang entre les souverains de deux nations puissantes, les liât plus étroitement d'intérêts l'une à l'autre, et affermit leur tranquillité commune. J'ai ménagé les droits sacrés de votre couronne et les intérêts de l'Église, que votre piété vous rend encore plus chers que ceux de votre couronne. J'ai hâté la cérémonie de votre sacre pour augmenter, s'il était possible, l'amour et le respect de vos sujets pour votre personne, et leur en faire même une religion. Dieu a béni mes soins et mon travail, et je n'en demande d'autre récompense à Votre Majesté que le bonheur de ses peuples. Rendez-les heureux, Sire, en les gouvernant avec cet esprit de sagesse et de justice qui fait le caractère des grands rois, et qui, comme tout nous le promet, fera particulièrement le vôtre. » Le Roi a répondu : « Mon oncle, je ne me proposerai jamais d'autre gloire que le bonheur de mes sujets, qui a été le seul objet de votre régence. C'est pour y travailler avec |