Page images
PDF
EPUB

dans la science du cœur humain et dans l'administration des grands États.

XXVI.

DES HOMMES COMPOSANT LE DIRECTOIRE APRÈS LE 18 FRUCTIDOR: REWBELL, LA RÉVEILLIÈRE-LÉPAUX, FRANÇOIS DE NEUFCHATEAU, MERLIN, BARRAS.

Avant de faire connoître les principes de ces misérables, nous allons esquisser à grands traits leurs caractères :

Rewbell, homme d'une opiniâtreté peu commune, violent, avare et rapace, avoit su capter la confiance de ses collègues, et acquérir, par ses emportements, un grand crédit sur les hommes dépourvus d'idées positives. Dur, injuste, sans foi ni loi, il auroit voulu étouffer la liberté pour régner en despote, et s'environner d'un rempart de petites républiques, pour assurer, disoit-il, l'indépendance de la grande. C'étoit lui qui dirigeoit les mesures violentes de notre diplomatie infernale; c'étoit lui qui choisissoit et découvroit les bominables agents que la République envoyoit pour traiter avec les puissances étrangères.

La Réveillère-Lépaux, intolérant, colère, tracassier, inquisiteur, haineux et tyran, craignoit le retour de l'ancienne monarchie et s'amusoit à persécuter les royalistes et les catholiques, pour devenir le patriarche de la secte des théophilanthropes. Redoutant le pouvoir des anarchistes, il les poursuit comme secte et les protège comme individus.

François de Neufchâteau, doux, aimable et facile, est effacé par ses collègues, parce qu'il n'ose s'opposer à leurs volontés.

Merlin, fourbe, astucieux, lâchement cruel, travailloit avec facilité dans tout ce qui touchoit à la législation. Les Jacobins commencèrent par le soutenir et finirent par vouloir le renverser. Cependant son avis eut toujours une grande prépondérance sur les décisions des tribunaux civils et mi

litaires. Il avoit des apparences étroites, et les moyens dont il usoit furent souvent mesquins et immoraux.

Barras, cet homme sans talent, ce bâtard de la Révolution, qui n'osa jamais parler de libertés quand il y avoit quelque danger à les réclamer, étoit membre du Directoire. Toujours bourrelé par le remords des crimes qu'il avoit commis pendant la Terreur, il craignoit le retour de la justice et cherchoit sans cesse à attiser le feu de la révolution pour être quelque chose, jouer un rôle dans les dissensions civiles, et faire oublier le passé. Poltron sur le terrain de la politique, brave peut-être dans les camps, il flattoit tous les partis, n'osoit se livrer à aucun, et les trompoit tous. Tyran lorsqu'il étoit au pouvoir, fourbe dans la vie privée, entiché de préjugés nobiliaires, il rassembloit autour de lui ceux que la vraie noblesse renioit comme indélicats et tarés, et en faisoit, avec les Jacobins et quelques chevaliers d'industrie, sa société la plus intime.

Borné dans ses vues, variable dans ses projets, immoral dans ses principes, il regarda le bonheur des peuples comme une vaine chimère qu'il est absurde de poursuivre, et la liberté comme une divinité qu'il est criminel d'encenser.

Il a fini comme Merlin et avec Moulins, pour nous servir du mot heureux d'une femme de son temps.

D'ailleurs, on ne peut se dissimuler que ces hommes, toujours ambitieux, étoient inhabiles, corrompus ou orgueilleux; leurs cœurs étoient remplis de petites passions qui leur inspiroient des projets sans justesse et sans étendue, sans prudence et sans perspicacité pour l'avenir. Aussi firentils plus de mécontents que de prosélytes, parce qu'ils ne firent que tourmenter les citoyens sur leurs convictions politiques et religieuses. Les souverains de l'Europe, trompés par eux, s'en méfioient, parce que leurs propositions de paix furent toujours suivies d'actes d'hostilité; leurs compatriotes

les détestoient, parce qu'ils avoient su trouver le secret de mécontenter les honnêtes gens, parce qu'ils accueilloient de préférence les gens tarės, et qu'ils laissoient accroître les impôts en prolongeant sans nécessité la durée de la guerre. Leur puissance faisoit trembler l'Europe, et ils frémissoient eux-mêmes devant le poignard d'une bande de brigands.

XXVII. DES PRINCIPES DU DIRECTOIRE.

L'intérêt devient souvent le guide des opinions politiques; les membres du Directoire fournissent une application bien sensible de cette maxime.

A l'Assemblée constituante, les directeurs élevèrent fortement la voix pour réclamer les droits du peuple, c'étoit par ambition arrivés à leurs fins, ils cherchoient à étouffer les cris des hommes courageux qui leur rappeloient ces droits, par amour du pouvoir et parce qu'ils avoient appris que les nations ne changent jamais de parti sans changer de chef. Puis, ils abattoient sans pitié les hommes qui tentoient de s'élever au-dessus d'eux. Ainsi, la liberté devient quelquefois un sceptre et souvent une marotte entre leurs mains. Le Directoire employa trois moyens pour gouverner; la terreur, la corruption et la fourberie. Avec le premier, il en imposa aux puissances de l'Europe, qu'il révolutionnoit sous des apparences bienveillantes. Il soudoyoit, avec le second, les chefs de l'armée qui lui restèrent encore quelque temps fidèles, et le troisième lui servit à diviser et à affoiblir les citoyens, pour les habituer plus facilement à subir le joug sous lequel il vouloit les plier.

Entrons maintenant dans quelques détails sur la manière d'agir de ces révolutionnaires. Lorsqu'ils sont arrivés au lieu de leur mission, ils s'allient bien vite à ceux qui ne possèdent rien, à ceux qui pensent trop ou qui pensent peu, et

ne tardent pas à opérer un mouvement contre le gouvernement qui existe, et dont ils ont hardiment dévoilé les abus, pour s'emparer effrontément de ses dépouilles.

Ce qui s'est passé en Hollande, en Italie et en Suisse nous prouve la vérité de ce système. Les troupes se présentent; elles parlent aux peuples d'abord en amis, leur font ensuite la guerre comme ennemis, puis, après la victoire, les traitent en pays conquis. C'est, du reste, passé à l'état d'habitude, à cette époque, de ruiner les peuples pour acquérir le droit de les rendre heureux, c'est-à-dire de leur dicter des lois.

Sentant qu'il doit occuper au dehors une nation active, parce que, s'il la laissoit en repos, elle deviendroit turbulente au dedans, le Directoire a sans cesse ses regards attachés sur l'armée, et ne laisse pas ses généraux jouir de la faveur populaire. Il se contente d'un examen superficiel pour les élever à leur grade; il les casse lestement et sans scrupule, ou les récompense d'une manière prodigue, lorsqu'ils suivent aveuglément ses volontés. Le talent lui fait ombrage, la servilité lui plaît.

Il a fait une étude particulière des principes de Machiavel, et, de tous les gouvernements, il est celui qui les applique avec le plus d'audace, d'impudence et de succès.

Il se sert d'une faction pour écraser celle qui lui est contraire; il éloigne constamment les hommes éclairés et les gens de bien, pour s'entourer de bandits et de gens sans aveu dont il protège les rapines.

Que faut-il conclure de ces quelques observations?

Que tout peuple vieilli qui se révolutionne est sacrifié à l'ambition d'un petit nombre, qui retire seul les fruits de sa crédulité (1).

Comte DE ROCHAMBEAU,

(1) Ce qu'on vient de lire des Mémoires de M. le vicomte général de Rochambeau a déjà paru, ainsi que nous l'avons dit ailleurs, dans la Re

VIII.

CORRESPONDANCE DE WALLENSTEIN.

Extrait des archives du royaume de Belgique. Secrétairerie

d'Allemagne et du Nord.

[blocks in formation]

Ordre de Wallenstein donné au colonel Wangler, relativement à sa marche vers les Pays-Bas.

111. Allem., copie, fol. 342.

Gustrow, 25 juin 1629.

Ordre de Wallenstein, donné au comte de Nassau, relativement à sa marche vers les Pays-Bas.

112. Trad. franç. (double), fol. 346 et 346 bis.

Gustrow, 25 juin 1629.

Ordre de Wallenstein, donné au comte de Montecuculli, relativement à sa marche vers les Pays-Bas.

113. LE MÊME A LA MÊME.

Allem., expéd., fol. 353.

Gustrow, 25 juin 1629.

Lettre relative aux troupes qu'il envoie au secours des Pays-Bas.

vue des Provinces, que dirigeoit d'une manière si remarquable M. Edouard Fournier. Cette revue de regrettable mémoire ayant cessé de paroître, M. le comte de Rochambeau a bien voulu nous charger de livrer à la publicité l'œuvre de son ayeul. En ces circonstances, nous avons cru devoir reprendre les pages qu'on vient de lire, sans lesquelles notre publication fut restée incomplète. Le surplus du travail que nous donnerons prochainement est tout à fait inédit.

« PreviousContinue »