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pereur fur cette affaire d'Ooft-Frife, il s'imaginoit que le Comte de Königsegg auroit auffi reçu de nouvelles Inftructions fur ce fujet; mais que puifqu'on prenoit ici cette affaire fi fort à cœur, il depêcheroit inceffaminent un Exprès à la Cour Imperiale, à quoi le Comte de Sinzendorff avoit ajouté de nouveau que l'Empereur n'avoit pas intention d'attaquer ni la garnifon de l'Etat, ni la Privileges du Païs, proteftant de la maniere le plus forte, que les Renitens feroient traitez avec toute forte de douceur s'ils vouloient fe foumettre, mais il ne s'expliqua point davantage fur cet Article.

Enfin, Mr. le Garde des Sceaux me dicta pour derniere refolution fur mon Mémoire: Nous foutiendrons les Etats Généraux dans l'affaire d'Ooft-Frife. Il suffit que la Republique y foit intéreffée, pour que nous nous portions à l'aider avec empressement & avec vivacité. Elle fera très-bien de prendre toutes les mesures néceffaires pour ne point fuccomber, fi l'on portoit trop loin la Violence, & comme nous ne doutons pas que les Etats Généraux n'agiffent que de concert avec nous, ils peuvent être fürs que nous ne les abandonnerons point, en cas que toutes les mefures pour faire ceffer la rigueur des Commiffaires Imperiaux, devinffent inutiles. Mr. le Garde des Sceaux avoit couché ceci par écrit afin de faire la même déclaration, fans aucun changement, au Comte de Sinzendorff; ce qui fera auffi envoyé a Mr. de la Baune *.

Com

Chargé des affaires de France à la Haye depuis le départ du Marquis de Fenelon,

Tom. V.

R

Comme j'avois auffi delivré le Mémoire fufdit aux Miniftres de la Grande-Bretagne, ils m'ont repondu qu'ils avoient reçu plufieurs ordres d'apuyer de tout leur pouvoir les repréfentations qui feront faites de la part de L. H. P. au fujet des affaires d'Ooft-Frife, tant à cette Cour-ci qu'aux Miniftres de Sa Maj. Imp. Et ils m'aflurérent que l'intention de leur Cour étoit de prendre le parti de la Republique en toutes maniéres dans l'affaire d'Ooft-Frite & qu'ils envoyeroient à leur Cour le fufdit Mémoire que je leur avoit donné. Je fuis, &c.

Copie de la Lettre de Mr. le Comte de Sinzendorff, à Mr. le Comte de König fegg- Erps, datée de Boulogne le 26. Juillet 1728. **le

J'A

'Ai reçu la Lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 6. de ce mois " avec les Relations y jointes pour S. M. I. & par laquelle je vois que vous êtes du fentiment, que je dois écrire à la Commiffion fubdeleguée en Ooft Frife, pour lui faire connoitre que je croyois que ladite Commiffion ne devoit pas pouffer l'exécution plus loin, mais qu'elle laiffât les chofes dans l'état, où elles fe trouvent actuellement jufqu'à ce que S. M. I. ait difpofé autrement. Mr. Hop m'a témoigné, qu'il étoit auffi de cette opinion; mais comme vous n'ignorez point, Monfieur, que ces fortes de Com

* Près de Paris.

miffions

miffions font principalement emanées du Confeil Aulique, & qu'elles dépendent ainfi de l'Empereur, comme Chef de l'Empire; vous jugerez ailément, qu'il ne me convient point de donner mon avis en pareil cas ; d'autant moins, que les difficultez pourroient facilement s'aplanir, fi le Magiftrat d'Emb den vouloit comparoitre devant ladite Commiffion & lui rendre obéiffance, fuivant que l'équité & les Conftitutions de l'Empire l'éxigent. Mr. Hop m'a fait connoitre, que ces gens-là craignoient de paroître devant la Commiffion, mais moi, je pense que les Etats Généraux protegeront d'autant plus difficilement ces desobéiffans, qu'ils favent par experience, qu'on n'eft point accoûtumé dans l'Empire d'employer & de mettre en ufage toutes les rigueurs. Outre cela on eft perfuadé en Hollande, que malgré l'oppofition de l'Empereur & de l'Empire, on n'a aucune intention de deloger la Garnifon Hollandoife de la Ville d'Embden; & pour ce qui regarde les intérêts qui leur font dûs, on m'affure qu'on a donné de tels ordres, que les Etats Généraux ont lieu d'en être contents & fatisfait. Au refte il me paroit, que fi les Etats Généraux ne vouloient pas fortifier ces gens dans leur desobéiffance, il feroit facile de terminer au plûtôt cette affaire, de maniere que le meilleur feroit, s'il n'y a pas des ordres contraires de S. M. I. & Cath., que les Subdelegués fe conduisent de façon à pouvoir empêcher toutes fortes de voyes de fait, pour ne point aigrir d'avantage les chofes, & pour nous mettre en état de nous faire reffentir les effets des bonnes

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difpofitions, qu'on peut attendre de la Conjoncture prefente. Mr. Hop m'a auffi demandé, fi les Embdenois n'avoient rien à craindre par raport à leurs Privileges? Je lui ai repondu, que je ne favois point jufqu'où ils avoient porté leur temerité; mais qu'en général, je pouvois l'aflurer, que felon les principes de S. M. I. on eft dans l'habitude de maintenir toujours les vaffeaux de l'Empire dans leurs anciens Privileges. J'ai fait en même tems connoîire à Mr. de Hop, que S. M. I. ne permettroit jamais qu'aucune affaire de l'Empire foit portée & agitée au Congrès, & cela fondé fur ce que fadite Maj. Imperiale étoit en général d'accord fur ce point avec la France. Je fuis, &c.

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Voici la Lettre que Mr. Hop écrivit à Mr. le Garde des Sceaux, en lui envoyant le Copie qu'on vient de lire.

Lettre à Mr. le Garde des Sceaux. d'attée du 23. Juillet 1728.

JEE

MONSIEUR,

E me donne l'honneur d'envoyer à vôtre Excellence ci-jointe la Traduction de la Copie de la Lettre que Mr. le Comte de Sintzendorff avoit promis d'écrire à Mr. le Comte de Königsegg Erps. J'ai de la peine à croire que vous la trouviez conforme à ce que vous avez attendu, encore bien

moins concuë en des termes propres à calmer provifionellement le Païs d'Ooft-Frife & mettre la Republique en tranquilité de ce côté là.

Il ne me refte donc, Monfieur, qu'à vous prier de faire reflexion fur le Mémoire que j'ai eu l'honneur de vous remettre fur cette affaire, & de me marquer le tems auquel vous fouhaitez que je vienne recevoir reponfe là-deffus, afin de me mettre en Etat d'en faire un raport fidele à L. H. P. qu'ils attendent avec une grande impatience. Je fuis avec tout le refpect poffible, &c.

à

Copie de la Lettre de Mr. Hop Mr. le Cardinal de Fleury, Paris le 29 Juillet 1728.

M

Effieurs les Plenipotentiaires de la la Grande Bretagne me font venus voir dans ce moment, ils m'ont dit d'avoir eu l'honneur entretenir votre Eminence fur les affaires d'Ooft Friefe, & qu'ils ont trouvé Votre Eminence dans les difpofitions tel-, les que j'avois efperé; ils m'ont dit encore qu'ils ont taché d'entretenir fur cette affaire Mr. le Garde de Sceaux, mais qu'ils n'ont pa le joindre à caufe qu'il étoit occupé aux Sceaux. Votre Eminence aura vu dans la Copie de là Lettre de Mr. le Comte de Sintzendorff à Mr. le Comte de Königfegg Erps, combien peu d'efperance il y a que par cette lettre non feulement la tranquilité foit rendue au Païs d'Ooft Frife, R 3

mais

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