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té, & l'on y joint fouvent de l'huile de fcorpion, ou des vers dont il a été parlé; il ne s'agit que de laiffer, pour cela, diftiller ces infectes dans de l'huile. Après la cure, le malade doit s'abstenir de liqueurs fortes, de mouvemens violens, & de tout plaifir qui pourroit l'échauffer.

Pour les beftiaux mordus, on les met à part, & on ne les laiffe prendre l'air qu'au bout de 24 ou 48 heures, qui eft le tems que dure la cure, & quelquefois davantage. Au bout de ce tems, on les met dans une autre étable, & l'on nettoie & purifie bien celle qu'ils ont occupée. On ne. donne rien à manger aux animaux malades pendant 24 heures, ni rien à boire pendant 12. Pour les plaies, on obferve la même chofe que pour les hommes. Ceux qui foignent les gens, ou bê- tes mordus, doivent auffi prendre une partie du remede pour fe préferver. Si au lieu de plaie, il n'y avoit qu'une meurtriffure, il n'en faut pas moins ufer des mêmes précautions que pour les plaies.

Tous les apothicaires & chirurgiens des états de Pruffe ont reçu ordre d'être toujours pourvus de ce remede, en faveur de ceux qui ne pourront le faire eux-mêmes.

MALTE.

On a fimplement annoncé la miffion du chevalier Freflon de la Freloniere, major du régiment de Hainaut, infanterie, député des états de Bretagne pour féliciter le grand-maître de Malte fur fon élection. Voici la maniere dont cet officier s'eft acquitté de cette commiffion.

Le chevalier Freflon de la Freloniere arriva à Malte le 16 Avril. Dès qu'il fut débarqué, le grand-maître le fit conduire au palais Carnero, où on lui avoit préparé un logement, & lui fit offrir une place à la table de les principaux offi

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ciers. Le 17, accompagné du commandeur de Beffe, grand écuyer, du commandeur de Calan, receveur le feul chevalier breton qui se trouvât alors à Malte, & du chevalier de Seytres de Caumont, fecrétaire de France, il fe rendit dans un carroffe à fix chevaux, à l'audience publique du grand-maître, qui l'attendoit dans fon appartement au milieu de fes officiers, & d'une cour nombreuse: après avoir préfenté à S. A. E. la délibération flatteufe de fa patrie, il prononça le difcours fuivant :

MONSEIGNEUR,

Dans quelque pays que naiffent les Rohan, ils appartiennent à la Bretagne ; mais l'éclat de votre naiffance, ni le rang fuprême où le premier & le plus utile des ordres vous a fi unanimement placé, n'ont point été les feuls motifs de la délibération des trois états du pays & duché de Bretagne.

Si Malte, en effet, Monfeigneur, n'eût pas continué de s'applaudir du choix réfléchi que l'ordre a fait, la Bretagne eût-elle ofé féliciter votre alteffe fur une élection fuivie alors des regrets de fon peuple, & du repentir des électeurs; & fi vous n'euffiez herité que du nom de vos illuftres ancêtres, malgré le fouvenir que nous en confervons, euffions-nous pu, Monseigneur, nous promettre de vous réclamer?

L'Europe fçait qu'heureufement vous avez hérité de leurs vertus; & les Bretons, cette nation qui ne parla jamais que le langage de l'honneur & de la vérité, mais qui,parmi les qualités qui la diftinguent, fe glorifie furtout d'être célebre par fon attachement à fes maîtres, & par fa vénération pour tous les autres bons fouverains, cette nation atmblée, jaloufe & digne d'honorer la vertu, parce qu'elle eft elle-même vertueufe, m'envoie vers V. A., Monfeigneur, pour lui offrir & l'hom

mage de fon refpe&, & le tribut, plus fatisfaisant, de Jon amour.

Le grand-maître répondit à ce difcours de la maniere fuivante :

MONSIEUR,

que

Je suis très-fenfible aux marques diftinguées d'amitié les états veulent bien me témoigner. De tout tems, ma maifon a reffenti les effets les plus aurés de l'intérêt que la province a pris à fon fort.

Quoique les circonftances m'aient fait habiter hors de fes limites, je me fuis toujours honoré d'être au nombre de fes concitoyens.

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Le choix qu'elle a fait de vous, Monfieur, l'occafion de mon élévation à la premiere dignité de mon ordre, m'est très-agréable; mais, quoique cette époque me foit auffi flatteufe qu'honorable, elle ne peut ajouter aux fentimens de reconnoiffance & d'attachement qui font gravés dans mon cœur pour un pays qui me fera toujours cher.

Le chevalier de la Freloniere fut enfuite reconduit chez lui avec le même cortege. Tout le monde s'eft empreffé de lui faire l'accueil que méritoient fes qualités perfonnelles, & la commiffion honorable dont il étoit chargé; & les gale-, res de la religion étant parties le 3 Mai, aux ordres du bailli de la Brillanne, pour purger le canal des Corfaires qui l'infeftent, il s'y eft embarqué pour retourner en France, en continuant fa route en Speronare. Avant fon départ, le grandmaître lui a fait préfent d'une fuperbe tabatiere d'or émaillée, & ornée de très-belles peintures avec fon portrait. Le grand-maître a ajouté à ce présent une groffe penfion fur une commanderie vacante par la mort du bailli de St. Simon, en

attendant qu'il puiffe lui en donner une dans le prieuré d'Aquitaine, lorsqu'il aura fait fes vœux. Voici quelques détails fur l'ifle de Ste. Cathé -rine, ils ont extraits d'une lettre écrite par un officier-général à un de fes amis.

«L'ifle eft fituée à 27 degrés 42 minutes de latitude méridionale, & à 32 degrés 40 minutes de, Iongitude du méridien de Téneriffe. Elle eft parallele a la côte du Bréfil, dont elle n'eft éloignée que de 175 toifes dans l'endroit principal. L'ifle a environ 9 lieues de long fur 2 de large, & fon port eft le plus vafte & le plus fûr de toute l'Amérique méridionale ».

«Les fortifications de l'ifle consistent en quatre forts, dont trois font fitués à l'embouchure du nord, & le dernier à celle du fud. Celuici, qu'on appelle le fort de la conception, eft conftruit dans l'ifle de Fleurs. C'est une redoute avec 10 canons de 24, qui défendent l'entrée aux petits bâtimens, les gros vaiffeaux ne pouvant entrer de ce côté, à cause du peu de fonds >>.

« Le 2e. fort, appellé St. Jofeph ou PuntaGroffa, fitué au nord de l'ifle, a l'entrée du port, a 31 pieces de canons placés fur différentes plattes-formes vis-à-vis de la mer au-deffous du grand foffe qui le borne à l'eft; il y a une batterie qui domine toute la plage. Le château de Ste. Croix, le plus fort de tous, eft bâti dans une petite ifle à l'oueft de St. Jofeph,à deux portées de fufil de la terre-ferme. Il a une batterie de 18 canons de 24, & de 18. On trouve tout auprès une redoute à trois faces, dont chacune a 4 canons qui défendent en tout fens l'entrée du port. Une autre batterie de 4 canons de 18 eft placée vis-à-vis la terre-ferme au-deffus de l'entrée du fort; enfin, deux autres batteries de fix canons chacune dominent l'intérieur du port. Le quatrieme fort, appellé le fort des rats, eft conftruit dans l'ifle de ce nom, fituée dans l'inté

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rieur du port. Il n'y a dans ce fort que 14 picces de gros canons qui défendent l'entrée du port ».

« Outre ces quatre forts, les Portugais avoient conftruit nouvellement fur la plage où ils craignoient le débarquement, deux forts, deux redoutes,& trois batteries; ils avoient encore planté dans l'eau une forte eftacade, pour empêcher l'approche des chaloupes ».

«Avec tant de forces & de préparatifs pour faire une belle défense, on est étonné que les Por tugais n'en aient fait aucune ».

FRANCE.

Les changemens opérés jufqu'à préfent dans le département des finances ont été annoncés dans ce journal par deux édits & lettres-patentes que nous allons rapporter ici.

Edit portant fuppreffion des fix offices d'intendans des finances.

Louis, par la grace de Dieu, roi de France & de Navarre, à tous préfens & à venir, falut: les change mens fucceflifs arrivés depuis notre regne dans l'exercice des fonctions du contrôleur général de nos finances, nous ayant engagé à examiner ce qui pouvoit convenir le mieux à cette adminiftration, nous avons réfolu de luj donner, à quelques égards, une forme différente.Le compte qui nous a été rendu de tout ce qui avoit rapport aux intendans des finances, nous a fait connoître que la confifiance, le nombre & les fonctions de ces places, avoient continuellement varié, fuivant la diverfité des circonftances & des tems; qu'elles avoient quelquefois été établies en titre d'offices, & quelquefois en fimples commiflions; qu'après avoir été portées jufqu'à 12, elles avoient été réduites à 10; que leur premier rétablissement en titre d'office n'avoit eu d'autre caufe que le befoin d'argent, & qu'enfin, après ce rétablissement, elles avoient de nouveau été fupprimées en totalité pendant plufieurs années: nous avons reconnu que des fonctions femblables à celles qu'exercent les intendans des

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