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Sidi Muftapha Coggia, gendre & miniftre du bey, ayant témoigné le defir de fe rendre à bord de cette frégate, M. de Saizieu, conful-général & chargé des affaires de France, l'y accompagna le lendemain ; il y fut reçu avec diftinction par le chevalier de Bonneval, qui le fit faluer du canon lorsqu'il déborda de la frégate.

L'envoyé débarqua en même tems, avec les préfens destinés pour fa cour. Le 13, le bey envoya au chevalier de Bonneval & à M. de Saizieu deux de fes chevaux richement harnachés , pour les conduire au Bardou, qui eft le palais où ce prince fait ordinairement fa réfidence. Ils y furent accompagnés par les officiers de la frégate, & les François réfidens à Tunis'; à leur arrivée, ils furent conduits à l'audience da Bey; M. de Saizieu préfenta à ce prince le chevalier de Bonneval, qui en reçut l'accueil le plus diftingué, & auquel le bey témoigna la plus grande fatisfaction des bontés que fon envoyé avoit éprouvées à la cour de France & de la beauté, ainfi que du goût des préfens que S. M. T. Chrét. avoit bien voulu fui faire remettre. En fortant de l'audience du bey, le chevalier de Bonneval & M. de Saizieu furent conduits à celle du prince Hamouda, fon fils. Le bey fit préfent, le lendemain, à M. de Saizieu d'une -boîte d'or, & au chevalier de Bonneval de deux chevaux barbes ; il fit porter en même tems à bord de la frégate une quantité confidérable de rafraîchiffemens de toute efpece. La frégate françoife eft partie le 17 de la Goulette, & a été faluée de nouveau fous voile par le canon des châteaux.

RUSSIE....

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PETERSBOURG (le Août.) Le fénat dirigent a publié le décret-rendu par l'impératrice,...

A S

le jour anniverfaire de fon avénement au trône, & par lequel S. M. I. fupprime 10 impôts différens. Ce décret a été envoyé aux magiArats des provinces, avec des inftructions particulieres fur la maniere de le faire exécuter pour concourir aux vues bienfaifantes de S. M. I.

L'impératrice, qui étoit revenue le 26 de ce mois de Pétershoff en cette capitale, donna le 27, une audience publique aux 6 Murfes députés des Tartares. S. M. I., étoit fur fon trône environnée des grands officiers de la couronne des miniftres, dames d'honneur, &c. Après les formalités d'ufage, le principal d'entre les Murfes prononça un difcours en langue tartare, dont voici la traduction.

Très-augufle, très-invincible, très-grande impératrice.

Deux raifons nous appellent au pied de votre trône, l'une pour présenter à V. M. Imp. la lettre qui conftate l'élection heureufe faite unanimement par tous les peuples tartares fans exception en faveur de Sahib-Gueray notre nouveau kan & fouverain légitime, l'autre pour lui remettre les plus refpectueufes fuppliques de la part des hordes tartares en général.

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Tout le monde Içait quelles font les marques de bienveillance que V. M. nous a données cidevant, & de quelles graces ineffables elle a voulu combler tout notre pays, tandifque nous hafardions des démarches téméraires & peu convenables pour nous y oppofer. Maintenant nous avouons fincerement notre erreur & nous fommes fenfiblement pénétrés d'un vrai repentir de notre fau te. Nous renonçons à jamais à des procédés fitéméraires; nos promeffes aduelles ferviront, à cet effet, d'un témoignage folemnel.

Nous vous fupplions donc, très gracieuse

fouveraine, de vouloir bien nous pardonner nes fautes paffées, d'agréer pour toujours le très-refpectueux hommage que nous lui faifons aujour d'hui, & de réitérer en face du monde entier une bienveillance dont V. M. nous a donné des marques fi illuftres & fi fignalées.

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Munis d'un plein-pouvoir de notre fouverain & de notre nation nous ajoutons une autre priere à la premiere, qui n'eft pas moins importante pour nous; nous fupplions V. M. Imp. qu'elle daigne accorder fa puissante protection à la forme de gouvernement libre & indépendant, établie aduellement dans notre patrie fous le kan notre fouverain, auquel nous nous fommes affujettis volontairement,& fans être forcés en quelque façon que ce foit.

Au refte, le bonheur que nous avons de voir en V. M. Imp. une fi grande fouveraine & en même tems fi bienfaifante, paffe toute expreffion; nous devons nous contenter de nous profterner devant le trône de V. M. dans un filence refpectueux, & pénétrés d'une joie qui ne reconnoît point de bornes.

Les Murfes ayant présenté la lettre de leur kan, & les requêtes de la nation, le vice-chancelier leur répondit en ces termes :

Sa Maj. Imp., qui a appris avec plaifir l'élévation d'un auffi digne prince que l'illuftre SahibGueray à la dignité de kan, en félicite très-gracieusement la nation tartare, libre & indépendan

te,

dont le véritable falut ne ceffera, fous le regne de ce fouverain, d'être un des principaux objets de fon attention & de fa protection. S. M. Imp. agréant en outre, le repentir fincere de la nation fur fa conduite paffée, m'ordonne d'affurer Meffieurs les députés que le paffé eft déja enjéveli dans un oubli éternel, & qu'ils peuvent compter fur la bienveillance de S. M. Imp.

Le même jour, l'impératrice retourna à Pé tershoff, d'où la cour eft partie le 30 pour Czarf ko-Zelo.

SUEDE.

STOCKHOLM (le 16 Août.) Le roi continue de féjourner au château de Drottningholm, où. fe font rendus tous les officiers des différens départemens de l'état ; pour les indemnifer de ce déplacement coûteux, S. M. leur a affigné un traitement extraordinaire.

Le duc de Sudermanie eft parti le 11 pour aller faire l'inspection des troupes en Scanie..

Les préfens que le roi a reçus de l'impératri❤ ce de Ruffie font de toute magnificence. Ils con fiftent en une peliffe de peaux de renards, efti mée 30.mille roubles, en une grande quantité d'étoffes & autres effets qui fe fabriquent dans les manufactures de l'empire; en un poële de. porcelaine de la valeur de 18 mille roubles; une canne avec un pommeau garni.de brillans, & un cordon de perles fines, eftimés 66 mille roubles; une croix de l'ordre de St. Alexandre-Newski, que S., M. Imp, avoit portée elle-même, & au-deffous de laquelle fe trouve un gros brillant valant au moins 50 mille roubles. Cette auguf se fouveraine a auffi donné de magnifiques pré-fens aux perfonnes de la fuite de M. le comte de Gothland; au fénateur comte de Scheffer une tabatiere d'or, garnie de brillans, de la valeur de 10, mille roubles; au fénateur comte de Pof

fe

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, une tabatière valant 6 mille roubles; aux chambellans, gentilshommes & autres officiers des tabatieres garries de brillans, plus ou moins riches fuivant leur qualité; aux afficiers de la. galere & du yacht des tabatieres d'or, quelquesunes garnies. de brillans,. d'autres feulement émaillées fans brillans; aux foldats & marelots.de

galere & du yacht une fomme d'environ mil le ducats, qui a été partagée entre eux.

Les préfens que le roi a faits à l'impératrice font un fuperbe fouvenir, enrichi du portrait de S. M., & un rubis de la grandeur d'un petit œuf de poule, de la plus belle eau, & la feconde de cette forte de pierre précieuse qui foit connue en Europe, tant pour la grandeur que pour fa beauté. S. M. a auffi fait préfent au grand-duc & à la grande-ducheffe, à chacun, d'un très-beau fouvenir orné de fon portrait; elle a également donné des marques de fa générosité à toutes les perfonnes qui ont eu l'honneur de L'approcher ou de le fervir.

Le roi a permis aux feigneurs qui l'ont ac compagné en Ruffie de porter les habits qu'ils y ont achetés, & dont l'ufage eft défendu dans ce royaume.

DANEMAR C ́K. ̧

COPENHAGUE (le 22 Août.) Il paroît des lettres-patentes du roi pour l'établissement d'u-me école vétérinaire en cette ville.

4 Le roi a nommé conseiller d'état M. Bauer,. bourgmestre d'Altona.

On arrêta, ces jours derniers, le Sr. Muller, caiffier de la banque, qui fut conduit à la TourBleue, prifon deftinée aux criminels. On a été très-étonné de la détention de ce commis, qui paffoit pour un homme de probité. On dit qu'il s'eft trouvé dans fa caisse un déficit de près de 100 mille écus..

La frégate la Samfoe, qui étoit partie, il y a quelque tems, pour aller exercer les cadets de la marine dans la mer du nord,.eft rentrée dans ce. port, d'où elle doit bientôt fe rendre dans la baltique pour le même fujet.

Qn apprend d'Hellingor, qu'au nombre des,

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