pris pofte à Quibble-Town, dans le deffein, à ce qu'on prétendoit, d'attaquer l'arriere-garde de l'armée, lorfqu'elle fe retireroit d'Amboy; que deux corps s'étoient auffi avancés fur fa gauche, l'un de 3 mille hommes avec 8 pieces de canon commandés par le lord Stirling & les généraux Maxwell & Conway, le dernier étant, à ce qu'on dit, capitaine au fervice de France : le fecond corps confifte en 700 hommes feulement, avec une piece de canon. Dans cette fituation de l'ennemi, il fut jugé à propos de faire un mouvement qui pourroit occafionner une attaque; ce qui fut fait le 26 au matin, en deux colonnes la droite, aux ordres du lord Cornwallis, avec le général-major Crant, les brigadiers Mathew & Leflie, & le colonel Donop, prit fa route par Woodbridge vers les plaines écoffaifes. La colonne gauche, où j'étois avec les généraux-majors Sterne, Vaughan & Grey, les brigadiers Cleaveland & Agnew, marcha par la route de la maifon d'affemblée de Metuchin , pour joindre l'arriere-garde de la colonne droite fur le chemin de-là vers les plaines écoffoifes, dans le deffein de prendre deux routes féparées à environ deux milles après la jonction, afin d'attaquer le flanc gauche de l'ennemi à Quib ble-Town. Quatre bataillons furent détachés dans la matinée, avec fix pieces de canon, pour prendre poste à Bonham-To n. La colonne droite, ayant rencontré le fufdit corps de 700 hommes bientôt après avoir paffé Woodbridge, don na, par le feu qui s'enfuivit, l'allarme au gros de l'armée ennemie à Quibble-Town, qui fe retira vers la hauteur avec la plus grande précipitation. Ce petit corps fut ferré de près par les troupes légeres, & fauva avec difficulté fa piece de canon. Bientôt après que Mylord Cornwallis eut marché par le chemin qui conduit de la maifon d'affemblée de Metu chin aux plaines écoffoifes, il joignit le corps comman dé par le lord Stirling, qu'il trouva avantageufement pofté dans un pays fort couvert de bois, & fon artillerie bien difpofée. Les troupes du roi, fe diftinguant à l'envi en cette occafion, s'avancerent fi vigoureufement & de fi près, que l'ennemi, quoique porte à faire de la réfiftance, ne put fe maintenir contre une fi grande impétuofité,. mais fut difperfé de tous côtés, laiffant après lui trois pieces de canon de fonte, trois capitaines & 60 hommes ués, & plus de 20 officiers ou foldats bleffés ou pris. Mylord Corn allis eut 5 hommes tués & 3 bleffés. Le -capitaine Finch, de la compagnie légere des gardes, fut Le feul officier de ce nombre; & à mon grand regret ; fa bleffure étant mortelle, il mourut le 29 Juin à Amboy. Les troupes qui ont eu part à cette action, font le premier bataillon d'infanterie-légere, le fer., le 2e., & le 3me, de grenadiers heffois, le fer. bataillon des gardes, les chaffeurs heffois, & ceux de la reine. Je prends la li berté de mentionner ces corps en détail, parce que le lord Cornwallis, dans le rapport qu'il m'a fait, se loue extrêmement de leur mérite, & de leur ardeur en cette attaque. Une des pieces de canon a été prise par les gardes, & les deux autres par le bataillon de grenadiers hef fois du colonel Mingerole. L'ennemi fut pourfuivi jufqu'à Weftfield avec peu d'effet, le jour étant fi exceffivement chaud, que les foldats ne continuerent qu'avec peine leur marche vers cet endroit. Les fuyards eurent dans l'intervalle l'occafion de s'échapper, en fe cachant dans des bois épais, jufqu'à ce que la nuit favorifa leur retraite vers la hauteur. L'armée paffa cette nuit à Weftfield, retourna le lendemain à Raway, & le jour fuivant à Amboy. Le 30 ; à 10 heures du matin, les troupes commencerent de paffer à l'ifle des Etats; & l'arriere-garde, aux ordres du ford Corn allis, paffa à deux heures de l'après-midi, fans qu'on vit rien de l'ennemi. L'embarquement des troupes le continue avec toute la diligence poffible; & j'aurai l'honneur de vous envoyer, Mylord, des informations ltérieures, auffitôt que les troupes auront débarqué à l'endroit de leur deftination. Par la feconde lettre, du 15 Juillet, le général Howe annonce que le général Burgoyne eft devant Ticonderago, & qu'il ne doute pas qu'il ne foit bientôt maître de cette place. Il ajoute qu'il eft fâché d'apprendre la trifte nouvelle que le 10 du même mois, le général-major Prefcott a été fait prifonnier à Rhode-Island, avec le lieutenant Barrington du 7me. régiment. Ce général-major a été pris par une rufe & une violence égales à celles qui ont mis le gé géral Lée entre les mains des Anglois. On dit que, fe croyant perfonnellement offenfé par le brigadier Arnold,il avoit offert 1000 guinées à toute perfonne qui lui ameneroit ce brigadier mort ou vif, & que le brigadier américain avoit de fon côté, promis la moitié de cette fommé à celui qui lui livreroit le général Prefcott, également mort ou vif. Douze mâtelots de la Nouvelle-Angleterre, pour gagner les 500 guinées, inftruits que le général & fon aide-de-camp, fe retiroient tous les foirs dans une petite maison à deux milles du camp, aborderent dans l'ifle pendant la nuit, forcerent la maison, & enleve rent le général & fon aide-de-camp, qu'ils tranfporterent dans le continent. Le chevalier Guillaume Howe, informé de cet enlevement, envoya fur le champ dans l'ifle le général Pigot, auquel il en donna le commandement. Le 23, le capitaine Gardner, premier aide de-camp de M. Burgoyne, arriva à la cour avec une lettre de ce général, contenant le détail & les particularités de la prife de Ticonderago, & du Mont+Indépendance, le 6 Juillet, par l'armée à fes ordres, compofée de troupes britanniques & brunswickoifes, & d'un corps d'Indiens, les Américains en ayant été délagés avec perte de 128 pieces de canon de différent calibre, une quantité prodigieufe de munitions de guerre, de grands magafins de vivres, &c. Dans les différentes attaques qui fe fuccéde→ rent pendant 9 jours confécutifs, les Améritains eurent 200 officiers & foldats tués, 600 bleffés, & plus de 200 autres faits prifonniers; après avoir réfifté vigoureufement, mais inu tilement, à l'intrépidité de nos troupes, ils furent contraints de fe retirer de toutes parts. It paroiffoit qu'ils s'étoient repliés fur le gros de leur armée vers le fort Edouard, où ils avoient été joints par un corps confidérable de nouvelles troupes. Les lettres ajoutent que notre général avoit mis une garniton confidérable à Ticonderago, & qu'après avoir fait repofer-les troupes, il fe propofoit de pourfuiyre l'ennemi, & de l'attaquer au fort Edouard. La perte què le général Burgoyne a faite dans les différentes actions pendant les 9 jours, fe réduit à un ma◄ jor, 3 lieutenans, 2 lergens, 45 foldats & un Indien tués; 2 majors, 6 capitaines, 9 lieutemans, II fergens, 140 foldats, & 3 Indiens bleffés; un capitaine, un chirurgien & un foldat faits prifonniers. Pendant ces heureuses opérations fur terre, l'efcadre du roi trouvá fort peu de réfiftance de la part des bateaux armés des Américains fur le lac Champlain, qui furent tous pris ou détruits. On a autfi appris que la frégate du roi le Reard, de 28 canons, a été reprife par la frégare la Flore, & que le Hancock armateur améri cain, qui s'en étoit emparé, & qui l'amenoit à Boston, a été pris par la frégare l'Arc-en-Ciel, -& conduit à Hallifax le II Jaillet dernier. La cour a annoncé les particularités de toutes ces opéracions dans une gazette ordinaire & une extraor dinaire, & elle a expédié le 25 & le 26, des exprès dans les trois royaumes, & des couriers aux cours amies & alliées de la couronne, pour y annoncer cet important événement , qui va faciliter & accélérer la jonction des armées des deux généraux Howe & Burgoyne, pourvu que ce dernier foit en état de battre auffi l'armée des Américains près du fort Edouard, qu'on eftime forte de 12000 hommes, & fur laquelle la garnifon de Ticonderago s'eft repliée. Le roi reçut la nouvelle de la prile de ce fort à Windfor, & S. M. y fut complimentée le 26, par la nablef fe & les miniftres, fur le luccès de fes armes; les troupes qui y font de garde, firent 3 falves de moufqueterie, & il y eut des feux & des illumi nations dans le bourg. La cour fait conftruire en diligence so fré gates du port de 18 canons jufqu'a, 32, pour être 1 employées contre les armateurs américains,& pro téger le commerce de nos royaumes. Une gazette extraordinaire, publiée par ordre de la cour, contient le journal des opérations de l'armée angloire dans l'Amérique feptentrionale.. Ces détails font extraits de la lettre du général Burgoyne, datée du quartier-général à Skenef boroug-Houfe, le 11 Juillet. (C'est ce général qui parle.) Après avoir paffé trois jours à Crown-Point pour y at tendre l'arriere-garde de l'armée, établir les magafins, l'hôpital, & prendre connoiffance de la fituation de l'en nemi, j'ordonnai, le 30 Juin, au corps avancé, compofé de l'infanterie légere & des grenadiers britanniques du 24e. régiment, de quelques Canadiens & fauvages, avec 10 pieces d'artillerie légere,aux ordres du brigadier général Fra zer,de fe porter de Putnam Creek à Four-Mile-Point, dif tant de 4 milles du fort de Ticonderago. La réserve alle mande, compofée des chaffeurs de Brunswick, de l'infanterie légere, & des grenadiers, fous les ordres du lieutenant colonel Breymen, s'avança en même tems veis la rive orientale. Le Juillet, l'armée entiere fit un mouvement en avant. Le corps du brigadier Frazer occupa le pofte fors, que l'on appelle Three-Mile-Point, fur la rive occidentale; la réferve allemande fe pofta fur la rive oppafée, à l'orient. L'aile droite du corps de l'armée campa à FourMile-Point; la gauche, prefque vis-à-vis, fur la rive oriens ale: les frégates le royal George & l'Inflexible, avec les bateaux d'artillerie, étoient a l'ancre, à la portée du canon des batteries de l'ennemi; le refte de la flotte avoit été quelque tems fans canon, pour aider nos gens à transporter Les provifions fur le lac Champlain. L'ennemi parut être pofté de la maniere fuivante une brigade occupoit les anciennes lignes françoifes, fur la hauteur au nord du fort de Ticonderago: ces lignes étoient en bon état; derriere, elles étoient fortinées de plufieurs retranchemens principalement deftinés à défendre le Blanc au nord-oueft; de plus, elles étoient foutenues par un fort. A la gauche de ces ouvrages, environ à un mille de diftance, l'ennemi avoit des moulins à fcies, un pofte défendu par une fortereffe, & a l'entrée du lac George, il avoit un autre fort & un hôpital, A la droite des lignes françoifes, entre elles & l'ancienne fortereffe, il avoit |