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réchal de Contades, commandant en Alface, prit les ordres du roi, relativement à la pompe dont cette cérémonie pou voit être fufceptible.

S. M. ordonna que l'on rendit aux cendres du maréchal de Saxe les honneurs dus à sa dignité; elle ajouta mém? qu'on ne pouvoit rien faire de trop pour honorer la mémoire d'un général qui avoit fi bien fervi l'état.

Le maréchal de Contades chargea auffi-tót M. d'Auigny, préteur royal, d'inviter le magiftrat de Strasbourg faire toutes les difpofitions néceffaires pour donner à cetie pompe l'éclat convenable, & il en fixa l'époque au 20 de ⚫e mois.

Tout ayant été difpoft à cet effet, la cérémonie se fut hier. Elle fut annoncée à la pointe du jour, par un coup de canon, qui fut répété de demi-heure en demi-heure, jufqu'au moment de la tranflation.

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A huit heures du matin, des commissaires nommés par Le magiftrat fe rendirent à l'églife neuve, pour conflater, par un procès-verbal, la tranflation du cercueil & du cœur du maréchal de Saxe, fur un lit de parade, dressé à effet à la porte de l'églife; auffi-tót après l'expofition, cent dragons du régiment de Schomberg, commandés par le baron de Balthazar, lieutenant-colonel de ce régiment, en garnifon à Sarrbourg, mais qui avoit obtenu la permission d'envoyer ici un détachement à cette occafion, vinrent plaser leur guidon fur le cercueil, comme le dernier hommage qu'ils pouvoient rendre à celui qui avoit formé leur régiment, & ils y laifferent deux vedettes jufqu'au moment de la tranf

lation.

A trois heures après-midi, le maréchal de Contades fe rendit dans une des falles de l'univerfité près de l'églife neuve. Les corps, qu'il avoit invités à l'accompagner, s'y raffemblerent,& ils y furent tous reçus par les comtes de Lawenhaupt, petits-neveux du maréchal de Saxe, qui formoién le deuil, & qui étoient conduits par le prince de Rohan-Ro chefort, & par le baron de Wangen.

La garnifon, peu auparavant, avoit pris les armes. Une partie avoit été placée dans les rues par lesquelles le convoi devoit paffer, pour y former une haie; le furplus des troupes étoit refté à fes drapeaux. Celles-ci, à trois heures, fe mirent en colonne, & dirigeant leur marche vers l'église neuve, faluerent en défilant devant le lit de parade. Elles furent fuivies du clergé luthérien, chantant des cantiques. Le cœur du maréchal de Saxe, fur un carreau de velours, porté par le baron de Gore, l'un des gentilshommes de la princeffe Chrif tine, abbese de Remiremont, précédoit le cercueil", poté

I

par douze dragons de Schomberg, & escorté par le refie da détachement. Le comte de Luface, le comte de Vaux, le comte de Waldner, & le baron de Wurmfer tenoient les coins du drap qui couvroit le cercucil, entouré par les officiers da régiment de Schomberg. Ie maréchal de Contades marchoit après le deuil, & étoit fuivi des corps qui avoient été invités. Le convoi arriva dans cet ordre à l'églife de St. Thomas, décorée par les foins du magiftrat de Strasbourg, avec tout le goût & toute la magnificence que permettoit la circonftance. L'entrée du cercueil dans l'églife fut annoncée par une falve de douze pieces de canon, & une décharge de la moufqueterie de la garnifon. Pendant qu'on plaçoit le cercueil fur un eatafalque préparé à cet effet, on exécuta une mufique compoffe pour cette cérémonie; elle fut fuivie d'un difcours qui fut prononcé par M. Blefig, l'un des prédicateurs françois de la confeffion d'Augsbourg, & après lequel on defcendit le cercueil & le cœur dans le caveau pratiqué fous le maufolée, ce qui fut annoncé par une feconde faive, fuivie de l'exécution d'un autre morceau de mufique ; le tout fut terminé par une troifieme falve,

La réputation dont a joui le maréchal de Saxe a attiré beauCoup d'étrangers dans cette ville; mais tout le militaire de la province s'eft particulierement empressé à ajouter par fon affluence à l'éclat de cette pompe.

On mande de Toulon que les vaiffeaux le Céfar, le Hardi, & la frégate la Mignonne font revenus, ayant fini leur croifiere, & qu'ils font mouillés dans la rade. Ces vaiffeaux vont être relevés par l'Hedor commandé par M. de Moriés, la Provence par M. de Champorcin, & la Fleche par le vicomte de Mortemar, qui n'attendent plus que le vent favorable pour partir.

On apprend du même port, que les régimens de Navarre & de Guienne font partis pour la Corfe fur le convoi de bâtimens qui ont été frétés à Marseille.

Les lettres de Bordeaux portent qu'il y eft arrivé des ordres d'équiper des navires pour le compte du roi, il y en a actuellement huit fur lefquels on travaille à force, & l'on dit qu'il en faudra 30, tant à Bordeaux qu'à Nantes, pour ransporter dans nos colonies les régimens qui

font déjà en marche pour arriver dans les ports. On affure même qu'un régiment de cavalerie doit être embarqué avec les chevaux. Le miniftre a écrit que le roi paieroit trois mois de plus de fret, dans le cas que l'embarquement ne fût pas fait au tems auquel il a été fixé.

On mande de Sarlat qu'il y a quelque tems qu'une femme nommée Ifabeau Tresfeil, âgée de 30 ans, & d'une taille beaucoup au-deffous de la médiocre, eft accouchée de 4 enfans, à 7 ou 8 heures d'intervalle l'un de l'autre, & chacun devant faire croire qu'il étoit feul, puifqu'il étoit dans un placenta particulier, & qu'il y avoit auffi un arriere- faix. Ces enfans étant morts fucceffivement, il en est résulté une conteftation entre le pere & le foffoyeur. Celui-ci vouloit être payé pour quatre, & l'autre prétendoit ne payer que pour un, parce que les enfans étoient dans le même cercueil. Cependant le pere réfléchiffant qu'il en étoit quitte à bon marché, paya pour quatre. On ne dit point fi le curé a faifi cette occafion de quadrupler fes droits.

Nous placerons ici la substance d'une lettre de la même ville; il faudroit être bien peu galanc pour ne pas déférer au defir de l'aimable nonagenaire qui en eft l'objet.

La jeuneffe de Sarlat, qui avoit projetté de donner une fête le 12 Août, voulant en écarter tout fujet de jaloufie pour caufe de préférence, ima. gina de choifir pour reine du bal Mme. Gérard du Barry, âgée de 89 ans, qui jouit d'une fanté parfaite, & ne s'eft jamais fervie de lunettes, ni de bâton. En lui annoncant ce choix, & en lui préfentant un bouquet, on lui adreffa un compliment en vers, où il étoit beaucoup question de fon age; elle y répondit fur le champ par ees quatre lignes, qui prouvent que, fi elle n'eft pas poëte, elle conferve au moins dans un âge

auffi avancé beaucoup de gaîté & de préfence d'efprit.

Puifque la vieille ffe pour vous, Messieurs, a tant d'appas,

Je ferai votre reire, je ne m'en défends pas;

Soyez moi fideles encore vingt- cinq aus,

Et vous verrez que mon zele eft à l'épreuve du tems.

ont

Elle choisit alors pour fon roi M. de Fajol, préfident, maire, lieutenant-général de police âgé de 87 ans. Ces deux aimables vieillards, fait les honneurs du fouper, ont ouvert le bal, & paffé la nuit jufqu'à 6 heures du matin, qu'ils ont terminé la fête par un très-long menuet. Ils ont été reconduits chez eux par toute la jeunes fe au fon des inftrumens.

N. B. Induits en erreur par les papiers publics, nous avons préfenté l'avanture d'un jeune militaire à Vaucouleurs d'une maniere peu exacte (2me. quinz. d'Août, pag. 34.) Nous fommes informés que la demoiselle qui a pris le philtre amoureux n'eft pas dans un état auffi pitoyable qu'on l'avoit annoncé; que le jeune homme qui lui avoit fait prendre ce breuvage, n'a point été condamné aux galeres par fes premiers ju ges, qui ont feulement prononcé un plus amplement informé, & qu'enfin fi la tournelle lui a enjoint d'être plus circonfpect, c'eft que cette affaire a été jugée par defaut, à l'insçu du militaire, & en fon ablence..

Le Courier de l'Europe, d'après lequel on avoit rapporté le fait concernant un orfevre de Boulogne (même quinz., pag. 40), rend justice aux commis qui ont fait la faifie. « Le délinquant, dit-il, connoiffoit les réglemens & fa contravention, puifqu'il a été vérifié qu'en 1775, il avoit déjà éré recherché pour une pareille faute. Celleci lui faifoit encourir une amende de 300 liv., qui, par arrangement, a été réduite à 100 liv. 2.

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Les numéros fortis au tirage de la loterie roya le de France exécuté le 1er. de ce mois, font: 49, 67, 34, 68, 55.

GRANDE-BRETAGNE.

LONDRES (le 30 Août.) Le gouvernement reçut enfin le 22 de ce mois, les dépêches qu'on attendoit de l'Amérique. Le 23, on publia dans la gazette de la cour, la copie de deux lettres du général Howe, adreffées au lord Germaine. La premiere, écrite de New-Yorck le 5 Juillet, porte ce qui fuit ;

MYLORD

Ayant un corps fuffifant pour la défenfe d'Amboy Parmée s'affembla à Brunfwick le 12 Juin. Les principales forces de l'ennemi étant campées fur la hauteur au-deffus de Quibble-Town, avec un corps de deux mille hommes a Prince-Town, l'on jugea utile de faire un mou vement en deux colonnes de Brunfwick le 14 au matin, laiffant le brigadier-général Mathew avec deux mille hommes, pour garder ce pofte. La premiere divifion, aux otdres du lord Cornwallis, s'avança vers Hillsborough, & la feconde vers Midde-Bush, fous la conduite du lieute ́nant-général de Heifter, dans la vue de faire engager une action, fi l'ennemi fe mettoit en mouvement de la hauteur vers la Delaware; mais, voyant fon intention de garder une pofition qu'il n'auroit pas été prudent d'attaquer, je réfolus de poursuivre, fans perte de tems les principaux objets de la campagne, en retirant l'armée des Jerfeys. En conféquence de cette réfolution, je retournai au camp à Brunfwick le 19, & marchai de-là le 22 à Amboy, dans la vue de paffer l'ifle des Etats, d'où se feroit l'embarquement.

Lorfque nous quittâmes le camp à Brunswick, l'en¬ nemi fit avancer quelque peu de troupes avec deux ou trois pieces de canon qu'elles chargerent fur les derniers rangs, fans leur faire aucun dommage, ou fans que nous leur répondiffiens : il pouffa auffi quelques bataillons dans les bois pour harraffer l'arriere-garde, commandée par le lord Cornwallis, qui les difperfa bientôt avec perte feulement de deux hommes tués & de 13 bleffés, P'ennemi ayant a tués, & environ 30 bleffés.

es préparatifs néceffaires étant achevés pour faire paffer les troupes à l'ile des Etats, on reçut la nouvel le, que l'ennemi étoit defcendu de la hauteur, & avoi

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