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cordant la liberté de vivre comme elle voudra, il la gratifie d'une penfion de 30000 liv., & d'un mobilier immenfe.

On affure que le projet d'une nouvelle troupe de comédiens eft définitivement adopté. Le grand obftacle qui s'oppofoit à ce que la nouvelle falle fût établie au temple, c'eft que la police de ce fpectacle n'auroit pu fe faire comme celle des autres, à caufe des privileges attachés au territoire du temple, fur lequel cette falle devoit être affife; mais M. Belanget, premier architecte de Mgr. le comte d'Artois, vient de préfenter un nouveau projet fur un terrein qui ne fera féparé de celui du temple que par une arcade fervant de communication pour le prince. Mgr. le comte d'Artois achete le terrein, & donne 50 mille écus. On fe réservera deux parts entieres pour fervir à rembourfer les avances, qu'on efti me à 600 mille livres. On fera une loterie des loges à l'année, & les gentilshommes de la chambre auront l'adminiftration de ce nouveau fpectacle, qu'ils formeront d'une nouvelle troupe tout-à-fait diftincte de celles qui fubfiftent, & ils lui donneront dés ftatuts & des réglemens tout-à-fait différens.

On dit qu'un habile chymifte vient de trouver le fecret du feu grégeois, qu'on avoit perdu. Le feu grégeois, comme on fçait, eft un feu qui brûle dans l'eau, & qui confume fans remede tout ce qu'il touche. Un nommé Dupré, fous le feu roi, poffédoit auffi ce fecret; & quoique Louis XV fût alors dans les embarras d'une guerre funefte, il ne voulut pas en profiter, & récompenfa l'auteur, qui mourut fans le communiquer à perfonne. Toute la France a été inftruité de l'anecdote fuivante: fous Louis XIV; an chymifte romain, nommé Paoli, avoit dé convert de même une compofition terrible, dix Septembre. ae. quinz. 1777•

C

fois plus deftructive que la poudre à canon. Il vint en France en 1702; le monarque, qui aimoit les découvertes de chymie, eut la curiofité de voir l'effet de la nouvelle compofition; il en fit faire l'expérience fous fes yeux. Paoli ne manqua pas de lui faire remarquer les avantages qu'on en pourroit tirer en tems de guerre, & la fupériorité qu'ils nous donneroient infailliblement fur nos ennemis. « Votre procédé eft ingénieux, lui dit le roi, l'expérience en eft terrible & furprenante; mais les moyens de deftruction, employés à la guerre, font fuffifans: je vous défends de publier celui-là; contribuez plutôt à en faire perdre la mémoire, c'eft un fervice à rendre à l'humanité ». Ce fut fous cette condition que ce monarque accorda une récompense digne de lui au chymifte. Après ces deux exemples, on eft fondé à croire que le nouveau chymifte ne cherchera pas à rendre public un fe cret fi abhorré.

On a découvert depuis peu de tems un fel qui ne paroît que trois mois de l'année, le matin, aux environs d'un petit village du Piémont; les animaux y vont lécher la terre avec avidité, s'y guériffent, ou fe confervent en état de fanté. Plu fieurs expériences ont fait reconnoître ce fel pour un purgatif certain & très-doux, fe fondant aifément dans l'eau pure, dans laquelle on le prend ordinairement; il ne laiffe aucun goût, ne cause ni rapport, ni tranchées, ni coliques, ni irritation, comme les fels anciennement connus. Il a été approuvé par la commiffion roya le de médecine. L'entrepôt eft à Paris, chez le Sr. Pierre Bruna de St. Joseph, à l'hôtel de Conti, rue des Poulies.

Deux ouvriers étant descendus le 16 Août, dans une foffe d'aifance d'un particulier de St. Denys, le trouverent fuffoqués par la vapeur qui

s'en éleva. Aux cris qu'ils jetterent, deux de leurs affociés volerent à leur fecours, & les retirerent affez à tems pour qu'on pût leur adi miniftrer des remedes qui les rappellerent à la vie. Malgré l'exemple de ce malheur, les deux libérateurs eurent la témérité de redescendre dans la foffe; mais ils en furent les victimes, & périrent en 4 minutes, fans que les fecours les plus prompts puffent les fauver.

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Les auteurs du Journal de Paris, qui rapportent ce trait, propofent des moyens de prémunir les ouvriers contre les accidens auxquels leurs profeffions les expofent. Il est vrai, difentils, que le peuple ne lit pas; mais les curés pourroient, de tems en tems avant ou après le prône, indiquer les moyens propres à éviter tel ou tel danger. Une religion fondée fur l'amour du prochain, ne peut que confacrer une inftruction dont le but eft de conferver la vie aux hommes. En conféquence, il faudroit à l'approche des vendanges, par exemple, parler du rifque d'entrer imprudemment dans un fellier trop refferré, de defcendre de même dans la cuve pour y fouler les raifins, & en même tems indiquer la maniere de s'affurer s'il y a ou non du danger. Elle confifte à y porter une chandelle où une lampe; fi la lumiere s'éteint, on fera fuffoqué. Alors il faut attendre, ou établir un courant d'air capable de renouveller l'air méphitique qui y regne. Il en eft de même des foffes d'aifance, furtout de celles des maisons occupées par des blanchiffeufes; lotsqu'on a à ouvrir de ces foffes fufpectes, il eft, auparavant, prudent d'y jetter une mesure de chaux ; ce procédé ingénieux eft dû à M. P., envers qui les sciences ont contracté beaucoup d'obligations. Si on a négligé cette précaution, il faut recourir à celle de prendre une botte de foin très-fec,

l'imbiber d'eau-de-vie, y mettre lé fen, la faire confumer dans la foffe, & n'y defcendre qu'après.

Le 25 au foir, un grand nombre de manouvriers étant venus fouper chez le nommé Dicouffe, rue de Duras, faubourg St. Honoré, où ils ont coutume de manger & de loger, on leur fervit un miroton de bœuf, & des haricots verds. Une demi-heure après leur fouper, plusieurs d'entr'eux fentirent de violens maux d'eftomac & d'entrailles, accompagnés de vomiffemens. Les gens de l'art étant accourus promptement, on adminiftra, en préfence d'un commiffaire, les fecours ufités à 42 de ces malheureux, qui tous étoient empoifonnés. Il y a heureufement la plus grande certitude qu'aucun d'eux ne mourra; plufieurs ont déjà repris leur travail, & les autres qui font en convalefcence ne tarderont pas à en faire autant. On attribue cet accident aux regrats de viande que Dicouffe eft dans l'ufage de fe procurer. Comme cet aubergiste a été trou vé en contravention aux réglemens de la police, il a été conduit dans les prisons du grand châtelet.

Le même jour, l'ouverture de l'exposition des ouvrages de l'académie royale de peinture & de fculpture a été faite, par ordre de S. M., dans le fallon du louvre. On y a remarqué avec plaifir l'effet de l'encouragement accordé par le roi à fes artistes, par les divers ouvrages tant en peinture qu'en fculpture qu'il leur a ordonnés; de ce nombre font quatre ftatues en pied & en marbre, repréfentant Fénelon, Sully, le chancellier de l'Hôpital & Defcartes, qui font partie de celles que S. M. a jugé à propos d'ordonner fucceffivement, pour tranfmettre à la postérité & honorer la mémoire des grands hommes qui ont illuftré la France, & se font rendus utiles à leur patrie par leur génie & leurs travaux.

L'académie royale des fciences avoit propofé, pour fujet d'un prix extraordinaire qui devoit être proclamé

le 1er. Avril 1778, de procurer en France, par les moyens les plus prompts & les plus économiques, une production & une récolte de falpêtre plus abondante que celle qu'on obtient préfentement, & furtout de difpenfer les fujets du roi des recherches que les falpêtriers ont droit de faire dans les maisons des particuliers. L'académie n'ayant point été entierement fatisfaite des pieces qui lui ont été adreffées pour le concours, & ayant reconnu que la briéveté du délai accordé aux concurrens en étoit la caufe, elle propofe le même fujet pour la féance publique de la St. Martin de 1782. Les mémoires ne feront admis que jufqu'au dernier Décembre 1786, & l'académie, conformément aux ordres du roi, s'occupera, depuis cette derniere époque jufqu'à celle de la proclamation du prix, à répéter & à vérifier toutes les expériences qui lui auront été propofées par les concurrens; le prix fera de 8000 liv., & il fera réparti, en outre une fomme de 4000 livres en un ou plufieurs acceffit fuivant le mérite des pieces, & fuivant l'objet des dépen. fes utiles que les auteurs auront été dans le cas de faire. L'académie a ajouté à fon programme une notice dont l'objet eft de fixer l'attention des concurrens fur l'exiftence du falpêtre naturel en France. Elle y rend compte d'ane découverte importante faite à ce fujet par le duc de la Rochefoucault, & elle a annoncé une fuite de recherches & d'expériences que MM. Lavoifer & Clouet, régiffeurs des poudres, fe propofent de publier inceffamment fur les roches falpêtrées des environs de la Roche-Guyon, & de St. Avertain en Touraine.

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Extrait d'une lettre écrite de Strasbourg le 21 Août.

A la mort du maréchal de Saxe, fon corps fut tranfpor té en cette ville pour y recevoir les honneurs de la fépultu re dans l'une des églifes de la confeffion d'Augsbourg. Ily arriva le 7 Février 1751, efcorté par cent dragons de fon régiment, aujourd'hui Schomberg. Le corps du maré bil de Saxe fut déposé dans l'églife neuve pour y refter jufqu'à ce que le maufolée dont le roi avoit confié l'exécution à M. Pigalle, fût achevé.

Ce ne fut qu'en 1776 que, par les foins du comte d'Angivilier, directeur-général des bâtimens du roi, les marbres qui devoient compofer ce monument arriverent à Strasbourg. On s'occupa, fans perte de tems, à les raffembler dans l'églife de St. Thomas, où devoit être élevé le mausolée ; & lorfque tout fut disposé pourlatranflation du corps, le ma

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