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de Neufchâteau, dont on a eu occafion de parler plufieurs fois. Le renversement de fa fortume, & des perfecutions violentes l'ayant laiffé fans, reffources, il avoit arrêté fon paffage fur un vaiffeau qui eft parti pour le nouveau monde; mais la chaloupe fur laquelle il alloit joindre ce navire a été submergée, par un coup de vent, dans la riviere de Bordeaux : on ne croit pas que perfonne fe foit fauvé.

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Une lettre de Nantes dément les principales eirconftances d'un fait extrait des papiers publics, & rapporté dans la 2e. quinz. de Juillet pag. 47. «Une dame de cette ville ( porte cette lettre) avoit à la diftance de trois lieues, une peite maison de campagne, où elle n'alloit plus depuis très-longtems, étant attaquée de paralyfe. Elle eft morte à Nantes dans la même chambre, qu'elle n'avoit pas quittée depuis 8 ans. Comme on la portoit en terre, un effaim d'abeilles égarées, & cherchant apparemment à fe fixer, s'attacha au drap qui la couvroit. Nos payfans ne s'y prennent pas autrement , pour attirer les effaims vagabonds, & réuffiffent affez fouvent à les envelopper dans le drap, qu'ils leur ont tendu. Si le voisin, qui dit être parti fur le champ pour la maison de campagne de la dame où il avoit trouvé toutes les ruches dégarnies, eût été de bonne foi,il auroitavoué qu'il n'y avoit vu ni ruches, ni abeilles, & même que le propriétaire de cette maifon n'y en avoit jamais élevề).

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Extrait des Prophéties fur la ville de la Rochelle: imprimées à Lyon en 1555.

Delle le Roch (1), quoique fait pour compter, Comptera rarement comtes ayant comté,

(1) On prétend que la Rochelle tire fon nom du mot Roch, & d'une femme nommée Elle, qui teagit fur la côte auberge pour les marins,

Ains comptera chez lui, comme l'on compte em France,

Divers comtes fans conféquence,

Conte à fire, conte à pleurer,
-Conte à faire dormir, compte à faire jurer.
Mais voyons, fuivons bien fes comptes;
Trois potences, fuivant poteau (2),
Comptent de les ans le plus beau;
Alors il comptera des comtes,
Comte en titre, comte marchand,
Comte françois, comte allemand.
Comtes dont on fera grands comptes,
Comte faifant même des comtes;
Comtes qui, comme leurs ayeux,
A l'Europe font précieux;

Comtes charmans, comtes aimables,
Comtes à tous très-agréables;
Comtes enlevant tous les cœurs,
Comtes humains & bienfaiteurs;
Comtes égaux à Marc-Aurele,
Comtes maîtres de la chandelle (3)
Que l'on conte au comté d'Artois,
Eteindre plus que feu grégeois.

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M. le Biler, capitaine du navire le St. JearBaptifte de Morlaix, a déclaré à l'amirauté què revenant de Rouen, & rendu le 18 Juillet à 2, lieues dans l'eft fud-eft des fept-ifles, à 10 h. du matin, lui & fon équipage, apperçurent une caiffe de 6 ou 7 pieds de long fur environ 3 pieds de larflottant fur la mer, & que cette caifle étant le long de fon bord, en paffantil apperent un cadavre qui avoit la main hors de ladite caiffe, qu'il étoit vêtu d'un habit de camelot mordoré, dou

ge,

(2) 1777:

(3) Ilya à Arras, capitale du comté d'Artois, uns fainte chandelle qui y fut, dit-on, apportée par la Ste. Vierge, pour guérir les habitans d'Arras d'un feu ardent qui les dévoroit

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blé de rouge, avec une ceinture qui a paru de foie cramoifie, des culottes noires: partie de l'équipage croit avoir apperçu dans la même caifle le cadavre d'une femme vêtue d'un corfet de foie jaune, & d'un cotillon rouge. Signé fur le regiftre P. le Biler.

GRANDE-BRETAGNE.

LONDRES (le 16 Août.) La marquife de Noailles, époufe du marquis de ce nom, ambaffadeur de France en cette cour, fut préfentée le 7 de ce mois,au roi & à la reine, à St. James, & reçut de L. M. l'accueil le plus gracieux.

Quelques jours auparavant, le miniftre de la cour de Vienne avoit préfenté à L. M. le baron de Trenck. Cet officier > connu par fes talens littéraires & militaires, eft célebre par fes malheurs.

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Une captivité de plus de 10 ans dans une prifon de Magdebourg eût peut-être fuffi pour accabler tout autre que le baron de Trenck; il est inconcevable comment il a pu furvivre aux mauvais traitemens qu'il y a effuyés; accablé fous le poids de 60 liv. de fers qui, le prenant au col, lui ferroient également les mains & les pieds, il n'avoit pour aliment, que du pain & de l'eau; & pour ajouter à fa déplorable fituation, on l'appelloit à chaque quart d'heure, pour l'empêcher de fe livrer au fommeil ; mais, foutenu par fon innocence, il a dompté la mort qui l'affailloit de tant de manieres différentes. Il dut fa liberté au traité de paix conclu en 1763, mais à condition qu'il ne s'attacheroit à aucune puiffance de l'Europe pour la fervir, foit dans un emploi civil ou militaire, pendant la vie d'un fouverain du nord.

Sur les représentations réitérées du lord Stormont, l'on affure que le miniftere de France a envoyé dans tous les ports du royaume & dans

ceux des ifles françoifes, aux Indes occidentales, des ordres qui annoncent les intentions pacifiques de la cour de Verfailles envers la nôtre. Čes ordres portent d'en faire partir, dans l'efpacede 48 heures, tous les armateurs américains, & de faire relâcher les divers navires anglois qu'ils peuvent y avoir conduits, avec défenfes d'y recevoir, à l'avenir, ces armateurs, ni, par conféquent, aucune de leurs prifes. Les navires américains qui fe bornent au commerce ne font pas compris dans cette défense & continueront à être admis dans les ports de France, ainsi que ceux des autres nations.

Le chevalier Yorck, miniftre de cette cour à La-Haye, a fait auffi de vives représentations aux états-généraux de Hollande,au fujet du commerce qui fe continue entre les fujets de la république & les Américains. De leur côté, les états-généraux fe plaignent de ce que les vaiffeaux de guerre anglois ont enlevé plufieurs navires appartenans à des Hollandois, & qui alloient ou revenoient de St. Euftache dans les ports de la république. On ajoute que des négocians de Rotterdam ont été nommés agens des Americains, & qu'on leur avoit configné des navires de la Caroline, dont un a été pris le 31 du mois dernier, par une de nos chaloupes de guerre,

L'obfcurité fur les affaires de l'Amérique eft toujours à peu-près la même. Le peuple de cette capitale en murmure hautement, parce qu'il croit qu'on cherche à lui cacher des événemens malheureux. Il ne peut pas fe perfuader qu'il foit poffible que le gouvernement ignore ce qui a dû fe paffer depuis l'ouverture de la campagne; il préféreroit la nouvelle d'un défaftre à l'incertitude dans laquelle il reproche aux miniftres de laiffer languir la nation.

Il paroît cependant certain que le gouvernement n'a reçu aucunes dépêches intéreflantes, & les avantages prétendus des infurgens n'ont jamais été foutenus par quelques circonftances qui aient pu les rendre probables. La feule expédition dans Long-Ifland ( rapportée dans le dernier journal, page 58) peut-être regardée comme vraie, mais on a découvert que la prétendue défaite des généraux Howe & Cornwallis n'a d'autre fondement que la lettre de France dont on a fait mention. Ce n'eft que d'après le contenu de cette lettre, que deux papiers publics de cette capitale ont parle de ces actions fuppofées.

On peut, fans doute, ranger dans la même claffe de nouvelles, celle qui s'eft répandue ici Je 5, fur la foi d'un avis indirect: il porte que le paquebot de la Nouvelle-Yorck ayant à bord un officier chargé de dépêches du général Howe, a été coulé à fond à 50 lieues des ifles de Scilly, le 29 du mois dernier, après un vif combat avec un armateur américain; que quelques hommes. échappés ont raconté qu'il étoit question dans les dépêches, d'une action générale entre l'armée de Howe & celle de Washington, dans un endroit nommé l' Unlon, où le dernier, totalement défait, a été bleffé lui-même mortellement le 27 Juin, avec perte de 4 mille hommes; que le lendemain, le chevalier Erskine avoit coupé deux mille Américains dans leur retraite, & les avoir fait prifonniers, avec leur général Mifflin; que le paquebot avoit été expédié le 7 Juillet, & qu'il avoit été inftruit, avant fon départ, que Washington étoit mort de fes bleffures deux jours après l'action. Il n'y a perfonne qui ne fente combien cela eft difficile à combiner avec la pofition d'un général qui fe retire devant un. sival qu'il trouve trop bien retranché, & celle

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