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grand-confeil & du parlement, ne foit pas pu blié avant que S. M. s'en foit fait rendre compte en fon confeil d'état, & qu'il ait été examiné article par article ». Le roi a répondu qu'il y feroit l'attention que cet objet mérite.

Un charretier ayant été bleffé à la montagne de Viteaux par une des voitures du cortege de Monfieur, ce prince, dès qu'il en fut informé, defcendit du carroffe, fit rendre toute forte de foins au bleffé, lui donna 20 louis, chargea une perfonne notable de Viteaux de le faire foigner avec la plus grande attention, & de lui donner des nouvelles de fon état. S. A. R. ordonna de plus de mettre, pendant quelques jours, en prifon le poftillon, qui, par fon peu de ménagement, avoit été caufe de l'accident. Lorfque ce prince paffa à Montelimart, il répondit à la députation que le parlement de Grenoble lui avoit envoyée, « qu'il n'étoit pas poffible qu'il fût perfuadé des fentimens que cette cour lui témoignoit, tant qu'elle n'auroit pas la plus parfaite obéiffance aux ordres du roi, fon frere & qu'elle ne cefferoit de poursuivre M. de Moydieu, fon procureur-général ». Le parlement de Grenoble a été, dit-on, fi touché de cette réponfe, qu'il a arrêté des remontrances à S. M. pour lui expofer les raifons qu'il croit avoir de ne pas fe juger digne d'une pareille difgrace. Celui d'Aix, d'un autre côté, a écrit au roi, pour fe plaindre de ce que M. d'Albertas, premier préfident de la chambre des comptes ( laquelle a remplacé le parlement d'Aix pendant l'exil de la magiftrature), a répandu des copies de la harangue qu'il a prononcée à la réception de Monfieur, & qui ne lui paroît tendre qu'à offenfer les parlemens, par la maniere dont M. d'Albertas y rappelle « que les membres de la chambre des comptes fe font toujours distingués

par leur foumiffion aux volontés du fouverain, & qu'ils l'ont prouvée, quand le feu roi youlut qu'ils exerçaffent les fonctions du parlement abfent, & quand le roi par lequel la France a le bonheur d'être gouvernée, a voulu qu'ils les ceffaffent, pour fe reftreindre à celles de la chambre ». Le parlement de Provence, dans fa lettre à S. M., repréfente « que fi fes cours fe croyoient obligées de ne pas obtempérer à fes ordres, ce ne feroit que pour mieux lui témoigner leur fidélité au bien de fon fervice ».

Il paroît une lettre du marquis de Puyfegur qui rend compte de celle qui lui a été écrite par M. de Sartine, miniftre de la marine, au fujet de M. Veron; ce dernier, de l'état de fimple pilote, eft parvenu, par un travail infatigable, à acquérir les plus hautes connoiffances dans l'aftronomie. Le miniftre en ayant été inftruit,

eft allé au-devant des befoins de fa famille, & a affigné aux freres & fœurs de M. Veron une penfion de 250 liv. pour chacun d'eux fur les fonds de la marine. Heureux le tems où le mérite n'a befoin que d'être connu du miniftere pour être ainfi récompenfé! De pareils bienfaits ne peuvent manquer de le faire éclore, en excitant l'émulation générale.

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La loge des 9 fœurs, fociété composée de perfonnes connues dans les fciences & dans les arts, diftribue annuellement le produit de fes quêtes à plufieurs écoliers couronnés à l'univerfité de cette capitale, & privés des dons de la fortune. Elle vient, en conféquence, de faire re mettre au principal du college de Montaigu 500 liv. pour être partagées entre ceux des écoliers qui ont fait le plus de progrès. La même loge prend foin de trois enfans des écoles de charité, auxquels on donne 300 liv. lorsqu'on les place

chez un maître pour apprendre un métier.

Le roi, par l'article 17 de fon ordonnance du 26 Février dernier, concernant les hôpitaux militaires, ayant réglé qu'à l'égard des méde eins & chirurgiens qui, par des talens fupérieurs, mériteroient un avancement rapide que les circonftances fufpendroient, il feroit accor dé à quatre d'entr'eux, dans chaque profeffion, des brevets de confultans de fes camps & armées; en conféquence, S. M. a difpenfé cette grace, fçavoir, parmi les médecins de fes hô pitaux, à M. Daignan, employé à Bergues;

M. Bonafos, à Perpignan; à M. Brunyer, ci-devant à Metz, & à M. Rambaud, à Sedan, & parmi les chirurgiens-majors, à M. Majault, employé à Douay; à M. Bourienne, dans l'ifle de Corfe; à M. Deforeux, chirurgien- major du régiment du roi, infanterie, & à M. Rava ton, employé à Landau.

L'empereur a fait remettre depuis peu au ba ron d'Ogny, intendant-général des poftes, une très-belle tabatiere, en lui faifant témoigner combien il étoit fatisfait du fervice des chevaur de pofte, tant qu'il a été en France. Afin que les intentions du roi fuffent remplies à cet égard on faifoit précéder S. M. Imp. en fecret par un courier, porteur des ordres imprimés aux maîtres des poftes; mais le monarque s'eft doute des mefures prifes, & a voulu que M. d'Ogny fût remercié de cette attention.

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1. A la feconde affemblée de la caiffe d'efcomp tenue à Paris le 15 Juillet, l'administration démontré aux actionnaires que, quoique fon capital n'ait été au mois d'Octobre dernier, que de 3, 600,000 liv. augmenté fucceffivement jufqu'à 5 millions, où il est à préfent, elle a ef compté pour 17 millions de lettres de change à Faifon de 4 pour cent, & que le dividende fixé à

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75 liv. pour les 6 premiers mois de cette an-
née, rend déjà aux actionnaires 5 pour cent de
leurs fonds. Malgré les obftacles que cet éta-
bliffement a eu à furmonter depuis la naiffance,
le total de fa recette & dépenfe depuis le mois
d'Octobre dernier, fe monte à près de 60 mil-
lions, dont 17 proviennent de l'efcompte, &
les 43 autres font les dépôts & paiemens faits
par les particuliers, & le montant des billets de
caiffes fortis & rentrés.

Cette caiffe doit fon fuccès au courage de
fes actionnaires; mais elle doit fon exiflence à
celui du comté de Maurepas, qui, malgré
les cris de l'ufure & de l'agio a fenti qu'une
pareille caifle bien adminiftrée & furtout créée
abfolument libre, étoit l'unique moyen de par-
venir au baitfement de l'intérêt de l'argent en
France; dans le chagrin & l'oppofition même des
agioteurs, ce fage miniftre prévit l'utilité de l'é-
tablillement qu'il protégeoit; & quoique la caif-
fe d'efcompte ne foit pas encore au degré de
fplendeur où elle ne peut manquer de parvenir,
les actionnaires recueillent déjà le fruit de leurs
premiers facrifices, & le comte de Maurepas,
le prix de fa protection, & la reconnoiffance du
commerce de France.

Sous le miniftere de M. Turgot, le marquis
de Condorcet, fecrétaire perpétuel de l'acadé-
mie des sciences, avoit obtenu l'infpection géné-
rale des monnoies, & un beau logement à l'hôtel
du contrôle, nouvellement bâti. Il a envoyé la
démiffion de cette place à M. Necker, dès que
celui-ci a occupé le contrôle général, après la re-
traite de M. Taboureau. M. Necker lui a fait dire
qu'il refpectoit en lui le fçavant & l'ami de M.
Turgot,& n'a point accepté cette démiffion; mais
M. de Condorcet la lui ayant adreffée une feconde
fois, il l'a prife. Cette place eft éteinte aujourd'hui.
Septembre. ze. quinz. 1979.
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On connoît les efforts que firent M. Necker & M. de l'Effard pour empêcher la deftruction de la compagnie des Indes, qui entraîna celle d'une branche de commerce très importante à ce royaume le bruit fe répand qu'il eft fort queftion de la rétablir, & que même l'abbé Morellet, converti par l'expérience, conviendra, fi l'on veut, en fe rétractant, que la liberté du commerce de l'Inde ne peut être que ruineuse aux particuliers qui en veulent ufer, & que le commerce ne peut donc fe faire avantageufement qu'avec un privilege exclufif, accordé à une compagnie dont l'administration fera exempte de tous les inconvéniens qu'il attribue à l'ancienne.

On dit que M. d'Angiviller fe propose de faire exécuter un méridien d'une nouvelle invention. On placera fur la terraffe du bâtiment de la Samaritaine un canon de moyenne groffeur, qui, par le moyen d'un verre ardent dirigé par un conduit dont un bout répondra à la lumiere du canon & l'autre précisément à l'endroit où le foleil fe trouve au milieu de fa courfe, prendra feu les jours où le tems fera férein, & par fon explosion annoncera à toute la capitale l'heure de midi. Tout doit être arrangé par un calcu! fi jufte que le coup de canon ne doit partir qu'après le carrillon de la Samaritaine qui précede le premier coup de midi.

Une compagnie fort riche, & qui offre de faire un fonds de plufieurs millions, s'il le faut, demande à prendre pour fon compte tous les numéros qui fe trouveront chargés au-delà des mifes que l'adminiftration reçoit. Cette propofition, qui n'a encore été ni adoptée, ni rejettée, pourra déterminer cette administration à ne plus fermer ces numéros, comme on a toujours fait & à laiffer une pleine & entiere liberté aux actionnaires; cela se pratique ainfi pour les lote

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