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Quelques amis ont confeitlé vainement au comte de Viry de paffer en Angleterre, plutôt que de retourner en Sardaigne; mais il fe fait un devoir refpectable de ne pas renoncer à fa patrie, au rifque d'aller périr d'ennui dans fes terres, que l'on dit être d'une fituation des plus triftes. Il a beaucoup d'amis en Angleterre, & plus de cent mille livres de rente par fon époufe, fille de Mylord Bath. Ce n'eft que par rapport à elle, ditOn qu'il a encouru la difgrace du roi fon maître. L'attachement qu'elle conferve pour fa na tion, l'a fait foupçonner d'avoir entretenu des Iraifons indifcrettes, au moyen defquelles le miniftere anglois a été trop promptement informé de quelques négociations fecrettes.

Deux particuliers, l'un de taille moyenne, portant fes cheveux, l'autre plus grand, bien corporé, brun, portant auffi fes cheveux, fe font préfentés, le 30 du mois dernier, à l'hôtel de Henri IV, rue Plâtriere, pour y vendre dů galon de foie. Le maître de l'hôtel, après être convenu du prix, en a mefuré avec eux 3330 aunes; on les leur a payées fur le champ; mais lorfqu'ils ont été pattis, & que l'acheteur a fait ployer fes pieces de galons, il ne s'en eft plus trouvé que 754. Pareille aventure étoit arrivée le Jour précédent à une marchande de la rue St. Martin, qui avoit acheté des mêmes gens une quantité de padou fur l'aunage duquel elle avoit été trompée de trois quarts. Ces particuliers s'y prennent ainfi : ils font auner d'abord à l'ache*teur une certaine portion de ruban, fur laquelle ils difent de mefurer enfuite le refte pour alder plus vite; il paroît qu'ils diminuent infenfible ment la premiere portion à chaque bour que l'on mefure, & qu'ils parviennent ainfi à gagner im menfement fur la totalité.

La férénité apparente avec laquelle le scélérac

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Defrues a fubi le dernier fupplice, a fait croire à quelques perfonnes fimples qu'il étoit innocent; un fripon a réfolu de tirer parti de ce doute en confequence, il fe rendoit la nuit fur la pla ce de Greve en bonnet & en robe de chambre, en un mot, accoutré comme l'étoit Defrues le jour de fon exécution, avec un crucifix à la main; là, par des prieres, & des invocations pieuses, il tâchoit d'accrocher de l'argent des paffans, en leur difant qu'il étoit revenu au monde pour faire dire des meffes en expiation de fes péchés. La police inftruite de cette fourberie scandaleufe l'a fait faifir en flagrant délit ; & après qu'elle a été bien affurée que ce prétendu revenant étoit un clerc de procureur, elle lui a affigné bicêtre pour fon purgatoire.

La comteffe d'Egmont, dame de Serignan dans le comtat venaiffin, a abandonné & remis aux vaffaux de cette terre, moyennant une fomme une fois payée, tous les cens, toutes les taxes, tous les droits de champart & autres auxquels ils étoient affujettis. Les différentes communautés de cette terre font convenues de faire entr'elles une répartition proportionnée pour former la fomme de ce rachat.

Un homme d'affez mauvaife mine & mal vetu s'étant préfenté dernierement à Paffy,chez le docteur Francklin, le portier le laiffa entrer. Il parut defirer de refter feul dans l'appartement, Tous prétexte d'avoir des chofes intereffantes à communiquer; mais un ami de M. Francklin, à qui cet homme parut fufpect, refufa de fortir & s'éloigna feulement afin de les laiffer libres. L'inconnu s'appercevant qu'il étoit obfervé, ne fit que balbutier, en demandant fi M. Francklin n'avoit pas quelques diamans à vendre ; fon inquiétude & fon embarras le décélerent, & on finit par le mettre à la porte. Ce qui s'eft paffé à

Cherbourg a fait foupçonner que cet homme pou voit être un émiffaire payé par les ennemis du célebre Américain, contre lequel il méditoit un projet finiftre; on fut lâché de ne l'avoir point arrêté; mais il n'étoit plus tems, & l'on a pris feulement des précautions pour le garantir de pareilles vifites.

Une jeune fille de Boulogne fur-mer ayant appris que fon frere étoit tombé malade à Breft,. où il étoit employé au fervice du roi, vole chez un orfevre pour vendre ce qu'elle a, & lui faire paffer quelqu'argent. Elle, trouve une marchan-de orfevre, âgée de 74, ans, qui, pour ne pas la priver entierement de fes effets, lui donne la fomme de 18 liv. fur une croix d'or & une paï-re de boucles qu'elle laiffe en nantiflement. Quelques jours après, des commis au droit de marque & contrôle fur les ouvrages d'or & d'argent entrent chez cette orfevre, après avoir fait leur vifite, its trouvent fur la tablette de lá cheminée cette croix & cette paire de boucles, qu'ils faï-fiffent, pour n'avoir pas été ́p rtées fur le regif-tre. Cette femme leur conte le fait, offre d'en donner la preuve, & s'excufe fur ce qu'elle a, oublié de le faire mettre par, fon fils fur fon re-giftre. Les commis reconnoiffent få bonne foi;, Vous êtes néanmoins, lui difént-ils,. dans là con travention (& ils n'étoient pas plus en regle eux-mêmes, car ils étoient accompagnés, d'un juge incompétent). En conféquence, ils dreffent un procès-verbal. Cette honnête marchande,, effrayée du mot procès, leur fait propofer un: accommodement, ils exigent 100 liv., qu'elle leur compte..

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Qu'il eft affreux ('dit l'auteur du Courier de: Europe, d'où cet articlé eft tiré ) que des com.. mis foient ainfi juges & partie, & furtout que se foit au nom d'un prince bienfaisant que fe

fujets foient punis pour avoir exercé la vertu plus chere à fon cœur!

On mande d'Iffoudun en Berry, que le 24. Juin dernier, & les deux jours fuivans, une lour ve furieufe s'eft jettée fur plufieurs perfonnes. qu'elle a bleffées dangereufement, que, fur la nouvelle qu'en a eu M. Lenoir, lieutenant des chaffes de Mgr. le comte d'Artois en fon du ché de Châteauroux, cet officier, accompagné de M. de l'Etang, gentilhomme du canton, de M. Dorfon, ancien brigadier des moufquetaires. de la garde du roi, & des gardes-chaffe du prin ce, auxquels s'étoient joints 300 pay fans environ, s'étoit mis, fur le champ, à la poursuite de la louve; qu'il y avoit eu plufieurs coups ti rés fur elle, & qu'on a lieu de croire qu'elle et morte des coups qu'elle a reçus, puifqu'elle n'a point reparu. La tranquillité a fuccédé, dans le Canton, aux allarmes que cet animal avoit caus fées. On ajoute que le marquis du Hallay, premier veneur du prince, vient de faire conduire par fes piqueurs, à M. Lenoir, un équipage pour la chaffe du loup, afin que la province ne puiffe être, par la fuite, exposée à un accident auffi. funefte.

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On écrit de Bapaume que le 7 de ce mois, Is ségiment de Valsh, Irlandois, qui, en 1775, avoit été incorporé dans la légion du Dauphiné, & qui a été rétabli le 7 Juillet 1776, a célébré l'anniverfaire de fon rétabliífement. Tout le régir ment a pris les armes, & a alfifté, avec les drapeaux que S. M. leur a rendus, à une meffe fo+ lemnelle qu'il a fait chanter à cette occafion, &qui a été fuivie de la priere pour le roi, pendant laquelle on a fait plufieurs décharges de boîtes, Le foir, le régiment ayant été affemblé, les fol, dats ont été conduits à deux tables préparées pour leur fouper, ils ont fait éclater leur joie & leur

allegreffe, en buvant à plufieurs reprises la fan té du roi, de la reine, de la famille royale & des miniftres, au fon des inftrumens militaires du régimenti, & de différentes falves de boîtes.

On a parlé quelquefois d'accidens occafionnés dans plufieurs foires du royaume par un trouble fubit qui rend les beftiaux furieux. Cette scene s'eft renouvellée le 11 Juin à Plumartin, près Châtelleraud en Poitou. Les bœufs fe lâcherent tout-à-coup, fe mirent à courir de tous côtés, s'entrebattisent, & renverferent tout ce qui s'oppofoit à leur paffage, leurs beuglemens & le cliquetis de leurs cornes offroient un fpectacle effrayant. Plufieurs personnes ont été foulées fous les pieds de ces animaux ; deux en font mortes, deux ont eu chacune une jambe caffée, une troifieme un bras fracaffé, & plu fieurs ont été défigurées. Quantité de bœufs ont été égarés, écornés ou bleffés. Dans cette ba garte allarmante, où l'on a volé des taffes, des effets & de l'argent, un homme ayant trouvé une bourse contenant 400 liv., a eu la probité rare de la remettre au propriétaire, qui, par des renfeignemens exigés, a prouvé qu'elle fui appartenoit. On a toujours cru, & l'on croit encore, que des voleurs font les auteurs de ces défordres, & que c'eft avec une certaine poudre qu'ils mettent les beftiaux en fureur. Ces accidens, qui fe répetent & fe multiplient, font de nature à mériter les regards de la police.

Toutes les lettres du haut Poitou contiennent les détails les plus affligeans fur les dommages occafionnés par un ouragan des plus terribles qu'on y a éprouvé le 3 Juillet, & qui a dévafté plus de 40 paraiffes. Après une grande chaleur, l'ouragan s'eft annoncé par des coups de tonnerre éclatans, & a été fuivi d'un vent impétueux qui renverfoit tout ce qui fe trouvoit

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