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tit trait de morale qui peint bien la candeur & l'ingénuité de l'aimable auteur.

Un vigneron de Saint-Leu-Taverny, vallée de Montmorency, rapporta chez lui, au commencement de ce mois, des champignons qu'il avoit ramaffés dans le bois; quatre perfonnes de la maifon où il demeuroit, quoique ayant déjà foupé, en mangerent avec lui; trois font mortes quelques jours après, les deux autres étoient à toute extrémité le 7. Les animaux domestiques même qui n'avoient goûté que de la fauce, périrent le lendemain.

Antoine Caré, âgé de 86 ans & Marianne Hiraut, fa femme, âgée de 76, unis depuis environ 30 ans, menerent, à Villers-Cotterets, une conduite réguliere tant qu'ils vécurent du travail de leurs mains dans la médiocrité. Mais de puis environ 6 ans qu'ayant vendu à vie le peu de bien qu'ils poffédoient, ils s'étoient fait ainfi un revenu annuel de 600 liv., ils buvoient régulierement 7 à 8 bouteilles de vin par jour, fans compter l'eau-de-vie, ne mangeant que 4 livres de pain par femaine. Ces vieux ivrognes, qui n'avoient perfonne pour les garder, ni pour s'opposer à leur paffion, ont failli caufer l'embrafement total du quartier qu'ils habitoient. Le 9. de ce mois, à 2 h. du matin, on s'apperçut que leur maison étoit en flammes. Les fecours furent

fi promptement adminiftrés, qu'on parvint bientôt à arrêter le progrès du feu & à l'éteindre entierement. On trouva Caré étouffé dans fon lit, les jambes brûlées jusqu'aux os; on chercha vainement le corps de la femme; après toutes les perquifitions poffibles dans les décombres on ne trouva qu'une partie des os du baffin, & la figure d'un poignet retréci à ne pouvoir le reconnoître. On obferve que la calcination du

cadavre de la femme s'eft faite avec une grande rae pidité, puifqu'à 11 h. du foir, des voifins qui étoient encore à leur fenêtre, n'avoient apperçu aucune trace de féu. On conjecture que cette femme étant ivre fera tombée la tête dans le feu, dont elle a été atteinte avant fon mari. Comme elle buvoit beaucoup d'eau-de-vie, les os ont été ré duits en une efpece de terre calcaire qui en a accéléré la calcination. Cet exemple terrible prouve combien il feroit intéreffant pour la fureré pu blique, que la police veillât à la conduite des gens de cette efpece.

Le comté d'Etoges, près Vertus en Champagne, vient de goûter les délices d'une fête non moins intéreffante pour les mœurs que celle de la rofiere de Salency. Il la doit à la générosité de M. Clément de Feillet, confeiller honoraire en la grand'chambre du parlement de Paris. Ce magiftrat, connu par fes vertus patriotiques, vient de rétablir dans tout fon luftre une inftitution que le tems & les circonstances avoient comme enfévelie dans l'oubli; elle confifte en un prix qui fe doit diftribuer tous les ans, le dimanche d'après la fête de St. Jean Baptifte, à la fille la plus vertueufe des paroiifes de ce comté,qui vien nent chacune à leur tour tous les 4 ans. La récol te de trois arpens d'un pré, appellé le Pré des filles, dont la propriété eft unie au domaine de la terre, fait annuellement l'objet de la récompenfe de la fagele de la fille que le feigneur. a choifre entre les trois fujets qui lui font préfentés par le curé de la paroiffe en tour, l'officier principal, le fyndic, & les quatre principaux habitans taillables, & dont ils ont fait l'élec tion en une affemblée tenue au presbytere du lieu le dimanche d'après la fête de St. Matthieu, l'année précédente.

La nommée Elizabeth Gaillet, de la paroiffe de

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Toulon, qui eft en tour cette année avec celle de Ferebrianges, eft le fujet qui a mérité le choix du feigneur. En conféquence, le dimanche 29 Juin dernier cette fille fut conduite à l'églife de fa paroiffe par dix filles vêtues de blanc, & ornées de fleurs; elle fe plaça fur le prie-dieu qui lui étoit préparé dans le choeur devant le lutrin; après les vêpres, elle fut conduite proceffionnellement au pied de l'autel, où le représentant du feigneur avoit dépofé une couronne de rose, & les autres joyaux de la cérémonie; le célébrant les ayant bénis, & fait une courte exhortation, à la pratique des vertus chrétiennes, plaça la couronne fur la tête de la fille, en difant: Recevez la couronne que votre fageffe vous a méritée ;; puis le repréfentant du feigneur la décora d'un large ruban bleu céleste, au bas duquel étoit une médaille d'argent portant ces mots: Prix de fa-. geffe, comté d'Etoges, & fur le revers pré des filles 3 arpens, en lui adreffant ces paroles: Voi la le titre du prix de votre fageffe. La cérémonie étant finie, on entonna le Te Deum; enfuite la rofiere fut reconduite à fon habitation par fes compagnes, auxquelles feules elle offrit une collation frugale.

Cette fille eft la premiere de celles du comté d'Etoges qui ait été élue felon les regles que le parlement à approuvée par fon arrêt du 8 Mai 1776; mais elle fuccede à neuf autres à chacune defquel les M. de Feiller a diftribué un prix de 100 liv., formant les arrérages des années écoulées de puis 1768, époque où ce citoyen bienfaisant fixa. la premiere échéance du prix qu'il établissoit en faveur des filles tages de fa terre.

L'académie royale des inferiptions & bellesJettres, dans fon affemblée du 8 Juillet, élut le baron de Ste. Croix, affocié - libre- étranger, à la place vacante par le décès du prince

Jablonowski; & M. Brunck, affocié-libre regnicole, pour remplacer le feu président de Broffes..

On, voit ici un lynx d'environ 8 mois, qui n'avoit pas plus de 6 femaines, lorfqu'il fut pris dans les Pyrénées, par un chaffeur qui venoit de tuer la mere, & qui les avoit apperçus l'un & l'autre fur un arbre. Ce lynx eft de la taille d'un chien courant, de la petite efpece, fort mince de corps, monté fur de hautes jambes & très-agile; fa tête reflemble à celle du chat, & nen differe que par les oreilles, qui font termi nées par une touffe de poils noirs, formant une efpece de pinceau, & par fes yeux qui, quoique: de la même couleur que ceux du chat, font beau coup plus fendus. Sa peau eft, d'un jaune foncé, fon poil ras & tacheté comme celui du tigre, & fa queue eft d'environ 6 pouces de lon gueur. On dit qu'il y a plus de 200 ans qu'on n'a vu de lynx en Europe; cependant, celui.. qu'on voyoit vivant, il y a 4 à 5 ans à la ména gerie de Chantilli, & que l'on conferve dans le cabinet du prince de Condé, a beaucoup de reffemblance avec celui qu'on voit ici. Au refte, il n'a rien de commun avec le lynx fabuleux des anciens, dont la vue perçante pénétroit à travers les murailles, & dont l'urine fe changeoit en une pierre précieufe appellée Lapis lyncurius. Les numéros fortis au tirage de la loterie. royale de France, du 16 Juillet, font: 64, 10 73, 63,36.

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Le fecond tirage de la loterie royale des ren tes viageres & perpétuelles, établie par l'édit de Janvier 1777 a été commencé, comme le premier, dans la grand'falle de l'hôtel-de-ville de Paris, en préfence des prévôt des marchands & échevins, le 1er. Juillet. On ne rapportera ici comme on l'a fait pour le premier tirage, que

les lots échus en rentes viageres jusqu'à la concurrence de 500 livres inclufivement.

No. 375,'vingt mille livres de rentes viage res; dans le furplus des nos. pour les rentes viageres, il n'eft échu à chacun que 150 livres, à l'exception de quelques lots de 200 & 300 liv.; il n'eftéchu aux autres nos, tirés dans toutes les féances que 48 livres de rentes perpétuelles. Dans la féance du 2 Juillet, no. 664, fix cens livres de rentes viageres.

Dans la féance du 3, no. 670, dix mille livres de rentes viageres..

Dans la féance du 4, aucun lot de rentes viageres qui ait atteint 500 liv.

Dans la féance du 5, il est échu au no. 378, trois mille livres de rentes viageres ; au no. 840, douze mille livres viag., au no. 394, trente mille livres viag., au n°. 804, cinq cens livres viag. Dans la féance du 7, au no. 761, fix cens liv. viag.

Dans la féance du 8, no. 14513, trois mille. livres viag

Dans la féance du 9, no. 906, fix mille livres viag. : no. 14120, fix cens livres viag.

Dans la féance du 10, no. 800, mille livres viag.

Dans la féance du 11, il n'eft échu aucun lot qui ait été à cinq cens livres & au-delà.

Dans la féance du 12, il est échu au no. 3539, cinquante mille livres viag.; au no. 813, cinq cens livres viag.; au no. 11035, cinq cens livres viag. au no. 910, cinq mille livres viag.

Dans les féances du 14 & du 15, il n'est échu aucun lot de 500 liv. ni au-deffus.

Dans la féance du 16, il est échu au no. 7098, 600 liv. viag.; au no. 8247, 1000 liv. viag.; au no. 11565, 600 liv. viag.

M. de la Lande, de l'académie des sciences,

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