On apprend de Czarsko-Zelo que la grande ducheffe le trouve enceinte.

SUEDE.

STOCKHOLM (le 17 Juin.) Le roi ayant réfolu de faire une vifite d'amitié à l'impératrice de Ruffie, S. M. a fait notifier à tous les tribunaux de fes états, qu'elle confioit, pendant fon absence, les rênes du gouvernement au duc Charles de Sudermanie, fon frere, & elle a enjoint aux différens colleges de déférer aux ordres de S. A. R., qui feront contre-fignés, fuivant l'ufage, par la chancellerie royale S. M. a déclaré en même tems, qu'elle autorifoit le duc de Sudermanie à affembler les troupes toutes les fois que les circonftances l'exigeroient.

Tout étant difpofé pour le voyage, le roi, après avoir diné avec la famille royale, s'em Barqua le 7 de ce mois, vers les 5 heures après midi, à bord du chebec le Biorn-Jarafida, aux ora dres du commandeur & général-major de Trolle. La reine, le duc & la ducheffe de Sudermanie, fuivis de toute la cour, accompagnerent S. M. jufqu'au port; & le rivage bordé d'une multitude de citoyens de toute condition, retentiffoit de leurs vœux pour le retour de leur fouverain. Plufieurs falves de l'artillerie du château annoncerent le départ du chebec, qui mit à la voile par un vent très-favorable. Le 8, à 6 heures du matin, S. M. étoit à Elyferoberg, dans l'ifle d'Aland, & à midi à Wiliemffund, à l'extrémité des Scherres de Finlande; le vent contraire a obligé le roi de s'arrêter à cet endroit; mais comme il a changé, S. M. relâcha dans la même nuit à Abo, qui eft diftant de Stockholm de 42 milles. Le io à 7 heures du matin, le roi débarqua à Sweabourg en Finlande, & vit manœuvrer hors de

la ville le régiment de Nyland, infanterie ; pendant ce tems-là, tout l'équipage du chebec débarqua, & paffa à bord la galere le Seraphin, fur laquelle S. M. eft montée le même jour, pour continuer fa route vers Pétersbourg. Le roi,dont la fuite eft peu nombreuse, eft accompagné du fénateur comte Ulric de Scheffer, préfident de la chancellerie, & du fénateur comte de Poffe, qui a réfidé plufieurs années à la cour de Pétersbourg, en qualité d'envoyé extraordinaire de S. M. Pendant ce voyage, qui fera, dit-on, de deux mois, le roi gardera l'incognito, fous le nom de comte de Gothie, & fe fervira des armes de cette province. La réine reftera en cette capitale jufqu'au retour de S. M., ainfi que le duc & la ducheffe de Sudermanie. La reine-mere & la princeffe Sophie-Albertine font au château de Swartzio.

On ne peut guere douter que ce voyage n'ait été occafionné par quelques circonftances auxquelles on ne s'attendoit pas, puisque les régimens qui forment la garnifon de cette capitale avoient ordre d'entrer dans le camp de Ladugard, où les tentes du roi & des principaux officiers étoient déjà dreffées. Il n'eft plus queftion de ce camp, non plus que de celui qui devoit fe former en Scanie, & c'eft le comte Fréderic de Poffe, général-major, qui eft chargé des revues que le duc de Sudermanie devoit faire.

On baptifa dernierement dans la chapelle du château le maure, du roi, appellé Vulcain. L. M., le duc & la ducheffe de Sudermanie, qui ont daigné en être les parreins & marreines, ont été représentés dans cette cérémonie par plufieurs feigneurs & dames de la cour.

DANEMAR CK.

COPENHAGUE (le 20 Juin.) Par une ordon

nance du 16 Avril dernier, le roi fimplifie la procédure concernant les affaires de navigation & de commerce dans le tribunal d'Altona.

S. M. voulant encourager les arts & métiers dans fes états, a rendu, le 24 Mai, un édit qui fupprime toutes les maîtrifes.

La compagnie d'affurance ayant réfolu d'établir un bureau particulier à Altoña, la direction générale en a confié l'adminiftration à MM. Conrad Mathieffen, confeiller de juftice, Meyer, fénateur, & Pierre Rhode; ces trois directeurs font autorisés à paffer des contrats d'affurance pour le compte de la compagnie, qui poffede un fond de 600 mille rixdallers,

On va établir à l'ancien lazareth des mâtelots un dépôt de marchandifes qui arriveront pour le compte du roi, & dont la ferme-générale aura la direction; ceux qui feront leurs emplettes à ce magafin, auront un an de crédit, au lieu de 6 mois qu'on leur accordoit ci-devant.

Le 7 de ce mois, le vaiffeau de la compagnie afiatique les Souhaits du royaume eft arrivé de Bengale & de Tranquebar, avec des marchandifes des Indes; il fut fuivi le 9, par le Roi de Danemarck, vaiffeau de la même compagnie, venant de Canton en Chine.

(La date de cet article, dans le dernier jour nal, étoit du 4 Juin, & non du 14.)

POLOGNE.

WARSOVIE (le 27 Juin.) Le roi a nommé le colonel Bachminski pour aller recevoir fur les frontieres Numan Effendi, envoyé du grandfeigneur; cet officier eft déjà parti pour s'acquit ter de cette commiffion. Il a été fuivi par le comte Stempkowski, qui, fuivant l'ufage établi entre cette cour & la Porte ottomane, eft chargé

d'attefter par des revertales, l'arrivée du minif-> tre turc fur les frontieres de Pologne. La Porte en use de même à l'égard de nos miniftres.

Le prince de Lobkowitz a paffé ici, venant de Pétersburg, où il remplifioit les fonction d'ambaffadeur de la cour de Vienne. Le 11 de ce mois, le prince Poninski, grand-tréforier de la cou ronne, lui donna à Wola une fête brillante, que le roi honora de fa préfence.

Le duc Charies-Erneft de Biren, frere du duc de Courlande, eft ici depuis quelques jours; on croit qu'il a deffein de vendre a starostie de Bombit, pour acquitter les dettes qu'il a contrac tées pendant fon téjour dans la Grande- Pologne.

La commission d'éducation vient d'adreffer à tous les tribunaux des provinces de la république une lettre circulaire, pour les requérir de conflater authentiquement l'état actuel des biens qui ont appartenu aux jéfuites. Le but de cette opération eft de s'affurer fi ces biens font libres, dégagés d'hypotheques, & s'ils font fuffitans pour la garantie de la caution qui eft offerte par ceux qui font nantis des capitaux de la fociété fupprimée. Les mêmes lettres annoncens qu'on vendra au plus offrant & dernier enchérieur les poffeffions des ex-jéfuites dans les villes dont on n'a point encore difpofé; qu'on en usera de même à l'égard des biens qui n'ont pas été adjugés, & que ces biens resteront hypothéqués pour la fomme offerte par le dernier enché iffeur, qui en paiera les intérêts fur le piei fixé par les loix, après avoir fourni une caution fuffifante. En conformité des loix établies par les deux dernieres dietes, la même commiffion prévient que toutes ceffions, commutations aliénations, &c., que les poffeffeurs actuels pourroient avoir faites fans fa participation, feront déclarées de nulle yaleur.

Depuis que la navigation eft ouverte fur la Viftule, on y voit paffer beaucoup de bâtimens polonois qui s'arrêtent tous à Fordan, pour n'être pas obligés de payer aux douanes pruffiennes 12 pour cent de leurs marchandises, dont ils ont un débit auffi avantageux que celui qu'ils pourroient efpérer en les conduifant à Dantzig. Les bâtimens qui paffent par Elbing, font munis d'un paffeport, & ne paient que 4 pour cent de leurs denrées, ou productions du royaume.

Ces jours derniers, pendant le fort d'un violent orage, une vieille femme infirme fit dans la rue une chute dangereufe; la princelle Poniatowska, époufe du prince ci-devant grand chambellan de la couronne, fe hâta de voler elle-même à fon fecours. Elle ne doit peut-être la confervation de fon exiftence qu'à cet acte d'humanité; car à peine étoit-elle fortie de fon appartement, que la foudre y tomba; en y rentrant, on lui fit remarquer les traces fumantes de ce terrible météore, qui cependant n'occasionna aucun dommage confidérable.

Une autre dame polonoite s'eft diftinguée par une action héroïque dont l'exemple eft rare parmi les perfonnes de fon fexe. Mine. Byfzewka, époule du chambellan de ce nom, fut attaquée dans une forêt au-delà de Lubiin par quelques voleurs de grand chemin,quoiqu'elle fe trouvât feule dans cet inftant critique, fon poftillon etant fans armes, & fon laquais ayant pris les devants pour préparer les relais, elle fe défendit à coups de piftolets, mit les brigands en fuite, & leur reprit le butin dont il s'étoient emparés, & qui étoit dif perfé dans un espace de plus de 300 pas.

M. Lanbert ayant annoncé dans les Ephémérides de Berlin, que le premier de ce mois vers midi ou quelques heures plus tard, on verroit le fatellite de Vénus paffer par le difque du