Page images
PDF
EPUB

le corps-de-ville lui offrir les préfens ordinairės ; & oùm a été gardé par les troupes bourgeoifes. Le 15 Mon feur, après avoir entendu la mene à la cathédrale, reçut les vifites & les harangues du parlement, de la cour des aides, & des autres corps de la ville. Pendant fon féjour, Monfieur a vu lancer un navire à l'eau, & il à vifité lé château Trompette, où il a été reçu par le comte de Ful mel, , gouverneur de cette fortereffe, les forts Duha de Sainte-Croix, & les différens autres objets de curiofité į tant dans la ville que fur le port; il a bien voulu honorer de fa préfence une fête brillante qu'avoit préparé la cour confulaire, à la Bourse le 16, ainfi qu'un bal qui s'eft donné le 17 au faubourg des Chartrons. Monfieur a toujours été accompagné par le maréchal de Mouchy, & le corps-de-ville s'eft trouvé partout où il a pu voir ce prince, qui a tous les jours diné & soupé en public à l'hôtel du gouvernement.

Le 18, à 6 h. du matin, Monfieur, accompagné du maréchal de Mouchy & des autres feigneurs de fa fuite, s'embarqua fur le brigantin de la marine, & arriva à Blaye vers les 10 heures. La bourgeoifie fous les armes formoft une haie depuis le port jusqu'à la premiere bafriend de la citadelle. La rue par laquelle il a paffé étoit ornée de tapifleries. Ce prince, en habit uniforme de fon régiment d'infanterie, a été reçu à fon débarquement par le corps municipal, & harangué par M. de Bellor, chevalier de Saint Louis, maire de la ville, qui lui préfenta un dais fait exprès pour fa réception, & porté par quatre jurats, jufqu'à la maifon de M. de Lamotte, lieutenant de roi de la citadelle, où ce prince étant arrivé, remercia, les jurats, & les difpenfa de porter le dais à fon retour au port. Monfieur vifita les fortifications, dont il fit le tour donna les ordres, & fit déûler devant lui la garde du régiment d'Auxerrois, en garnifon dans la place, après quoi il alla dîner chez le lieutenant de roi, avec tous les feigneurs de fa fuite. Le maréchal fut placé à table à fa droite, & M. de Lamotte à fa gauche. Le prince avoit permis que les habitans de la ville & des environs jouif fent cu plaifir de le voir pendant le repas. Il eut auffi la bonté d'adreffer la parole au corps-de-ville, qui y affiftoit. A près le dîner, Monfieur voulut voir l'arfenal de la place, où il fut accompagné par les feigneurs de fon cortege & par le corps municipal; de-là il defcendit au port, accompagné de même, & parut fatisfait des honneurs qui lui avoient été rendus. Des falves d'artillerie de la cit adelle, de l'ifle du Pâté & du fort Médoc fe

frent entendre à fon départ ainsi qu'à fon' entrée. Un peuple immenfe, de la ville & des campagnes a témoi gne à ce prince, par des cris répétés de vive le roi, & de vive Monfieur, la joie dont fa vue l'avoit pénétré. Monfieur fe rembarqua pour retourner à Bordeaux avec une marée & un rems très favorables.

Le 19, catre 2 & 3 h. après midi, Monfieur arriva à Marmande; quarante volontaires, avec l'uniforme de fes gardes, ont été au-devant de ce prince; il a été reçu ૩ Ja porte de la ville, ornée d'un arc-de-triomphe, par les officiers municipaux; les troupes bourgeoifes étoient fous les armes, & bordoient les rues par où il a passé ; il a fait l'honneur à M. Ballias, ancien capitoul de Toulouse, gentilhomme de fa vénérie, chargé des affaires du gouvernement & du commandement-général de la province de Guyenne, de diner chez lui; il en eft parti à quawe heures, pour Agen, au milieu des acclamations des citoyens & des étrangers dont la ville abondoit, & qui, à fon arrivée, ainfi qu'à fon départ, n'ont celle de faire éclater leur joie par des cris de vive le roi, vive Monfieur, ce qui a été fuivi de plufieurs falves d'artille. #ie; les volontaires ont accompagné ce prince à fon' dés part, & ont reçu de lui les témoignages de bonté les plus facteurs; un jour fi mémorable pour la ville de Marmande, qui dans tous les tems a été fidelle à fon roi, a été célébré par d'abondantes aumônes que le corps-de-ville a fait diftribuer; il a enfuite donné un bal, pendant lequel y a eu des illuminations générales dans toute la ville,

Une lettre de St. Domingue porte qu'une fré gate françoife, partie de Breff, & commandée par M. de Beauffier, ayant été rencontrée par une frégate angloife, celle-ci commença de lui tirer un coup de canon à boulet & à mitraille. M. de Beauffier lui ripofta de même; enfin, après une canonnade de trois quarts d'heures, la fregate angloife ayant fini de tirer, M. de Beauflier fit voile vers St. Domingue, où il ren dit compte de cet événement.

GRANDE-BRETAGNE

: LONDRES (le 30 Juin.) Le roi étant en fon confeil rendit , le 20 de ce mois, une ordon

sance qui proroge au 31 d'Août prochain les récompenfes de 5 liv. fter!., accordées à cha que mâtelot qui s'engagera volontairement pour fervir fur les efcadres de S. M.

La nouvelle des propofitions d'accommode ment envoyées au général Howe par le congrès fe foutient encore. Cette affaire portée au confeil d'état y a occafionné, dit-on, de grands débats. Plufieurs membres ont infifté fortement pour entamer une négociation, & pour pofer une bafe de réconciliation; mais la pluralité a opié que, files Américains étoient fincerement difpofés à la paix, ils pouvoient trouver cette bafe dans les déclarations des commiffaires du roi, fondées fur les actes du parlement, & dont la cour ne pouvoit fe départir fans compromettre fon honneur, & fans renoncer à fes intérêts. Suivant les uns, le résultat de toutes ces conférences a été que les propofitions du congrès. (dont on ne détermine pas la nature) font. inadmisibles. D'autres prétendent que ces pro pofitions font des plus favorables à la réconciliation, & qu'il ne refte que quelques petites difficultés qui feront bientôt terminées par les opérations militaires qui vont commencer.

a

Quand bien même la contradiction qui regne dans ces nouvelles n'en démontreroit pas l'abfurdité, le filence que la cour garde à cet égard prouve affez qu'elles ne méritent pas l'attention du public. Tout ce que le gouvernement a pu blié pendant le cours de ce mois, fe borne à l'extrait d'une lettre du général Howe au lord Germaine, en date du 22 Mai; elle est insérée dans la gazette de cette capitale du 24 de ce mois & contient des détails fur l'affaire de Danbury, déjà connue par le rapport du lord Percy.

Dans la relation de la même affaire, donnée par le Journal de Connecticut (gazette américai

ne), il eft dit « que plus de 2000 Anglois dé→ barquerent à Cedar-Point, le 25 Avril, & arriverent le lendemain à Danbury ; qu'il ne s'y trouvoit qu'une poignée de troupes continentales qui fe hâterent de fortir, chargées de provifions, d'un pofte qu'elles ne pouvoient défendre; que le 27, le brigadier Silliman, avec 500 hommes de milices, fe mit aux trouffes des royalistes, ainfi que le brigadier Arnold & le général-major Woorfter, mais que leur marche fut retardée par une pluie continuelle; que cependant le géné→ ral Woorfter atteignit enfin l'ennemi le lende main marin, & qu'après avoir donné dans une vive efcarmouche, des preuves du plus grand courage, il eut le malheur d'être bleffé dange reufement; que M. Arnold ayant fait une marche forcée, à travers les bois, arriva auffi, fur les 11 heures du matin, à Ridgefield, où, malgré l'inégalité de leurs forces, les Américains difputerent longtems le terrein; qu'il y auroit enco re eu un autre engagement, fi les Anglois n'a voient pas gagné l'éminence de Compo, d'où l'on tâcha envain de les déloger, & de les em pêcher enfuite de remonter fur leurs vaiffeaux, & qu'enfin dans toutes ces rencontres les provinciaux ont perdu 60 hommes tant tués que bleffés, mais qu'ils conjecturent que l'ennemi en a perdu le double.

Un autre avis que l'on donne pour authentique, contient les détails fuivans:

« Le général Howe ayant été informé que M. Washington avoit quelques magasins très-confi dérables dans Cortlandt's-Manor ( partie feptentrionale de la province de la Nouvelle-Yorck), il voulut les détruire comme le moyen le plus efficace de mettre l'ennemi à l'étroit pour l'ouverture de la campagne. L'objet étoit important; mais il échoua dans l'exécution. M. Howe fit

d'abord remonter la riviere de Hudson à un détachement qui n'effectua rien: enfuite il envoya le gouverneur (à préfent général) Tryon, avec deux mille hommes, dont 500 étoient des Ecoffois & des Irlandois, qui avoient joint le géné→ ral Howe depuis fon arrivée à New-York: il fit remonter la riviere orientale à ces troupes. Elles débarquerent à Vorwalk, & marcherent fans oppofition jufqu'à Ridgefield & Danbury, où le général Howe avoit eu avis que les Américains avoient formé deux gros magafins, tirés de leurs amas principaux dans Cortlandt's-Manor. Cette information fut trouvée fauffe; car, lorfque le général fe fut avancé jufqu'à Ridgefield & Danbury, il ne put découvrir rien de ce qui reffemble à un magafin, à moins qu'on ne veuille donner ce nom à une quantité de rum cachée dans un bois. Les tonneaux furent défoncés. Dans quelques maifons, tant à Danbury qu'à Ridgefield, on trouva du fucre, du rum, &c. Pour les détruire le plus promptement poffible, on mit immédiatement le feu à toutes ces maifons : les malheureux habitans n'eurent pas le tems de fauver le moindre de leurs meubles, ou autres effets. En deux endroits, les flammes furent fi rapides, qu'une femme & deux enfans furent brûlés dans une feule maison, & que, dans une autre, la femme d'un foldat provincial, fes deux enfans & fa mere périrent également dans les flammes. il eft d'autres particularités de cette ex pédition, fur lefquelles l'excès même de leur horreur impofe le filence. Les Américains n'ayant point de troupes dans l'une ni l'autre de ces pla çes, elles furent prefqu'entierement confumées. Après qu'on eut achevé leur deftruction, il fut rélolu de retourner aux vaiffeaux; mais la milice américaine, qui obfervoit les mouvemens des troupes royales fur la riviere de Hudson, ayant

« PreviousContinue »