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blanche, âgée de 18 ans, reconnue par M. de Buffon pour être de l'efpece nommée Albinos, provenant d'un pere & d'une mere noirs. Ses cheveux, qui forment une espece de laine, font blonds, & elle parle françois. On fçait d'après les obfervations des naturaliftes, qu'il naît fouvent en Afrique des blancs de peres & meres noirs, & les Albinos ont les yeux fi petits qu'ils ne peuvent fupporter la lumiere du foleil.

que

On mande de Nantes le fait suivant.

« Une dame de diftinction, déjà avancée en âge, vivoit fur un petit bien aux environs de Nantes: elle y paffoit toute la belle faifon, & revenoit enfuite en ville. Aimant beaucoup les abeilles, elle en avoit une grande quantité à la campagne, & prenoit un plaifir infini à leur procurer toutes les petites douceurs propres à ces infectes. Dans les derniers jours de Mai, on amena cette dame malade à Nantes, où pea après elle mourut. Toutes les abeilles font venues à la campagne, & fe font rassemblées fur fon cercueil, qu'elles n'ont abandonné qu'au moment de l'inhumation. Un voifin de la dame, s'étant apperçu de l'arrivée de cet effaim, & fçachant qu'elle avoit à la campagne un grand nombre de ces petits animaux, s'y eft rendu promptement, & a trouvé toutes les ruches entierement dégarnies. Le fait eft intereffant,& digne de l'obfervation des naturalistes; mais, fi l'on fe trompe un paffage de Virgile prouve qu'il n'est pas abfolument nouveau »>.

La nouvelle qui s'étoit généralement répandue, que la ville de Madras, fur la côte de Coromandel, étoit tombée par furprise au pouvoir des Marattes ayant un nabab à leur tête, & que tous les Européens y avoient été maffacrés, paroît être fauffe, & deftituée de tout fondement. Un

des deux officiers qui, à leur retour de Madras ont paffé par Malte, d'où cette nouvelle a été mandée en différentes villes de l'Europe, eft arrivé depuis peu de jours en cette capitale, pour fe rendre par congé en Ecoffe, fa patrie, afin d'y rétablir fa fanté. Il affure que tout eft en bon ordre à Madras & dans fes environs, & que, pourvu qu'on y foit un peu fur fes gardes, il eft abfolument impoffible que les Indiens fe rendent maîtres de la ville. D'ailleurs, ajoutet-il, on n'y craint point les Marattes qui, ne font la guerre qu'à cheval, & dont, par conféquent, il eft facile d'arrêter les incurfions par des canaux & des foffés.

Quoique la proximité des Pyrénées rende la terre d'Arnave, près de Tarafcon, dans le comté de Foix, affez fujette à des inondations, on n'y avoit pas encore l'idée d'un fléau pareil à celui qu'on vient d'y éprouver pendant trois jours confécutifs. La ravine, qui est devenue tout-àcoup d'une violence inexprimable, paroiffoit, le premier jour, devoir fondre fur le château d'Arnave, & en fermoit abfolument l'iffue; un embarras qui, le foir, fe forma au-deffus, l'ayant détournée vers le village, elle s'y précipita avec fureur, & abattit cinq maisons, du nombre def quelles fut le prefbytere, qui étoit folidement bâti; ce torrent y combla de pierres énormes la place & les rues; il fe partagea de-là en quatre courans qui, fe portant avec la même rapidité dans un vallon inférieur, y couvrirent de pierres & de fragmens de rochers amoncelés, prefque tous les prés & les champs que ce vallon contenoit ; ils formerent, dans quelques endroits, ou des ruptures à pic, ou des creux de 10 à 12 pieds de profondeur. La récolte eft entierement perdue, & celle des côteaux fupérieurs a été fort endommagée par les éboulemens. Une

partie de ce défaftre eft irréparable, & te remede qu'on pourroit apporter au refle, jetteroit dans des frais qui font au-deffus des facultés de ceux dont il a détruit la fortune: on peut, fans exagération, affurer que quatre années d'une trèsforte grêle auroient été moins funeftes; les voifins qui fe font rendus fur les lieux, ont eu peine à les reconnoître.

Extrait d'une lettre de Perpignan, du 4 Juin.

Les pluies multipliées que nous avons éprou vées dans le cours du mois dernier ayant confidé rablement augmenté depuis quelques jours, il en eft réfulté, dans cette province, une inondation prefque générale, très-préjudiciable aux récoltes de toute efpece, qui préfentoient les plus belles apparences. La riviere du Tet, qui paffe à Perpignan, s'eft élevée à un point extraordinaire ; elle eft contenue du côté de la campagne, par une digue qui a été percée prefque en entier dans la nuit du er. au a de ce mois. Comme on craignoit que les eaux ne s'ouvriffent un paffage, & qu'elles ne fe répandiffent enfuite dans les terres précieufes appellées Salanque, & qui s'étendent jusqu'à la mer', on a tenté tous les moyens que les circonftances ont permis d'employer pour prévenir ce malheur. Les habitans, fecondés par des détachemens des régimens d'infanterie de Bourbon & de Beau voifis, fe font portés aux travaux néceffaires avec une activité peu commune, & c'est à leurs efforts, dirigés par le zele & les talens du comte de Ra bodanges, colonel du régiment de Bourbon, qu'on doit l'efpérance de conferver le peu qui refte de la digue. La riviere ayant beaucoup baiffe depuis hier, on fe flatte qu'elle ne nous caufera pas de nouvelles alarmes.

Les numéros fortis au tirage de la loterie ro-
Juillet. ae. quinz. 1797.

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yale de France du 1er. de ce mois, font: 22 17, 31, 33, 32.

Copie d'une lettre du Port-Louis dans l'ifle de France.

La corvette du roi la Dauphine, commandée par M. le chevalier Lanuguy-Tromelin, enfeigne de vaiffeau, partie de ce port le 23 Novembre dernier, deftinée à reconnoître l'ifle-aux-Sables, & à y prendre des noirs qui y avoient été vus précédemment par plufieurs bâtimens, eft de retour de cette miffion.

Le 28, au coucher du foleil, on apperçut l'ifle; & le 29, le tems étant très-beau & prefque calme, M. Lepage, officier de la corvette, fut envoyé avec une chaloupe & une piregue à l'ouen de l'ifle, d'où il ramena à bord de la corvette sept Négreffes & un négrillon, âgé de 8 mois, qui étoient les feules perfonnes exiftantes dans l'ifle.

Ces malheureufes femmes, interrogées fur leur cruelle pofition, ont dit qu'elles étoient fur l'ifle depuis la perte du vaiffeau de la compagnie des Indes l'Utile, nauFragé le 31 Juillet 1761: qu'après le départ de l'équipage qui fe fauva dans une efpece de chalan, fait des débris du vaiffeau, il étoit refté environ 80 noirs ou négreffes, dont 18, peu de tems après, s'embarquerent fur un rat, & n'ont plus reparu que depuis environ 12 ans, il n'en étoit plus refté que treize, les autres étant morts de mifere. Ces mêmes femmes rapportent n'avoir vu pendant les quinze années qu'elles ont paffé dans l'ifle, que cinq navires dont plufieurs ont effayé de mettre à terre,; que le troitieme la Sauterelle) y avoit réuffi; que le mauvais tems ou la peur obligea un matelot de refter avec eux; elles ajoutentque cet homme s'embarqua fur un rat il y a environ trois mois, avec trois noirs & trois négreffes, dans l'efpérance de fe rendre à l'ile de Madagafear.

Quant au genre de vie que ces malheureux ont mené dans cette ifle déferte, depuis l'époque de leur naufra ge, voici ce qu'on en a pu recueillir. Ils étoient parvenus à fe bâtir avec les débris du vaisseau, une espece de cafe qu'ils avoient conftruite fur la partie la plus éle vée de l'ifle; ils l'avoient couverte de l'écaille des tor, tues qui leur fervoient de nourriture. Les poiffons, les oifeaux & leurs œufs étoient leur unique reffource. Un puits pratiqué dans le fable leur donnoit pour boi ffon

me eau faumache, & les plumes d'oifeau, tiffées fort artiftement, leur fervoient de pagnes & de couvertures. Gette ille n'eft qu'un banc de corail, qui peut avoir um quart de lieue de longueur fur 300 toifes de largeur, élevée dans fa partie la plus haute, d'environ 15 pieds. La mer a rafl'emblé autour de fa circonférence du corail brifé & du fable, de maniere que le milieu de l'ifle eft plus bas que fes bords. Il n'y croit aucune herbe, ni arbriffeau que quelques patates & durang (c'eft ainsi qu'on appelle ici la foldanelle) qui rampent fur le fable. Tout le contour de l'ifle eft cerné de récifs qui s'étendent à 150 toifes dans la partie du fud, & fe rapprochent de la côte, en allant vers le Nord.

Dans les mauvais tems, qui font affez fréquens, à ce que difent les naufragés, le vent enfabloit leur cafe, & ils étoient souvent dans la crainte d'être engloutis par la mer.

M: l'intendant a donné afyle chez lui à l'enfant, à fa mere nommée Eve, & à une autre négreffe, mere de celle-ci, nommée Dauphine. Cet enfant a été baptifé, & a reçu le nom de Jacques Moyfer

ge

On a recueilli les détails fuivans fur le voyade Monfieur.

Monfieur, frere du roi, à fon paffage par la ville de Tours, a fait l'honneur au chapitre de la noble & infigne églife de St. Martin, dont nos rois font, depuis huit Gecles, abbés féculiers, chanoines & protecteurs, de s'y faire recevoir chanoine d'honneur, fuivant le droit des princes de fon fang. Cet événement a répandu la joie Ja plus vive dans le chapitre, la ville & la province. I a Monfieur eft arrivé à Bordeaux le 14 du mois dernier. Le maréchal de Mouchy, commandant en chef dans la province de Guyenne, avoit été, dès le matin, au-devant de lui jufqu'à Cuzac, & la ville avoit envoyé à Lormou une députation compofée de deux jurats & du procureurfyndic, pour offrir à Monfieur, le brigantin de la ville fur lequel ce prince monta pour fe rendre à Bordeaux; il y arriva au bruit du canon & des acclamations de la multitude qui couvroit le rivage, & qui, par des cris de vive le roi, vive Monfieur, exprimoit fon ainour pour le roi, & la joie qu'elle avoit de voir fon augufte frere.

Monfieur, après avoir reçu le compliment de la ville à fon débarquement, fe rendit à pied, marchant entre le maréchal de Mouchy & M. Duhamel, lieutenant de maire de la ville de Bordeaux, à l'hôtel du gouvernement, où

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