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foleil, dans une direction qui approcheroit de fon diamêtre, l'abbé Bystrzycki, aftronome de S. M., voulut s'affurer d'un phénomene auffi curieux, & dont en même tems on n'avoit aucune certitude. Pour cet effet, ce fçavant, de concert avec l'abbé Koc, profeffeur de philofophie dans les écoles publiques de Warfovie, fit à l'observatoire royal du château toutes les obfervations poffibles, employant les lunettes achromatiques. de Dollond, ainfi que les télescopes des Srs. Nairne & Blount,fameux artistes de Londres. Depuis le lever du foleil, jufqu'à 7 heures & un quart du foir, ils ne perdirent prefque jamais de vue le difque du foleil, dont ils parcoururent continuellement toute l'étendue. Le ciel parfaitement sérein favorisa leurs observations, qui ne furent interrompues que pour quelques inftans par de légers nuages, vers les 5 à 6 heures du matin, & vers les 7 heures du foir. Cependant ils ne purent voir qu'un groupe de taches affez confidérables en deux endroits différens, & dans l'intervalle une tache légere isolée, qui, fans changer de pofition par rapport aux autres taches, commença à fe diffiper d'abord après le lever du foleil, & difparut entierement vers midi. Une autre tache pareillement ifolée, peu diftante du centre du foleil, & dont la pofition étoit toujours la même par rapport aux autres > fut apperçue pendant toute la durée de l'obfervation, on remarqua la même chofe le lendemain, & les jours fuivans.

On reçoit de la Podolie l'avis fuivant.

« Le 29 Mai, il eft arrivé à Choczim un tranf port confidérable d'artillerie, de boulets, de poudre, & provifions de bouche. Il étoit fuivi de plus de 300 maçons, d'un gros détachement de janiffaires avec leurs drapeaux, fans parler d'un autre corps de troupes ottomanes, qui fera bien

tôt fuivi d'une armée aux ordres de plufieurs pa chas, & qui doit conduire encore cent canons une grande quantité de poutres, & autres bois de charpente ».

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<< Le brigadier Drewitz a tracé près de Janow à cinq milles de Berdiczew, un camp pour cinq `mille hommes, & l'on attend encore 20 régi-, mens dans l'Ukraine. Toutes ces troupes tirent leurs provifions de leurs propres magasins, & ne font point à la charge des habitans, qui ont en outre l'avantage de fe défaire de leur fuperflu en toutes fortes de denrées, dans la Volhynie & la Podolie ».

ALLEMAGNE.

HAMBOURG (le 24 Juin.) Il s'étoit formé un camp de 7 à 8 mille hommes de troupes faxonnes près de Groffenhayn, où l'électeur de Saxe fe rendit le 1er. de ce mois, accompagné des princes Antoine & Maximilien, fes freres & de fes miniftres du cabinet. S. A. E., après avoir fait la revue de ces troupes, & affifté à leurs évolutions pendant deux jours, retourna à Dref de le 5. Le 7, les régimens qui compofoient le camp ont repris la route de leurs garnisons refpectives.

Les régimens hanovriens en garnison dans les pays de Lunebourg & Boga, & dans la partie de Brême & de Werden dépendante de l'électorat de Hanovre, fe font auffi affemblés, & ont été paffés en revue par le général en chef de Hardenberg. On préfumoit que cette revue étoit le fignal de leur départ pour l'Amérique ; mais ces différens corps font rentrés dans leurs garnisons, & jufqu'à préfent ils n'ont reçu aucun ordre de fe préparer à marcher. Cet électorat fourmille d'enrôleurs heffois qui ont obtenu la permission

Ty recruter; ils n'y ont aucun fuccès, & les Jeunes gens y paroiffent peu difpofés à se mêler de la querelle de l'Angleterre avec fes colonies.

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Les politiques ne veulent point absolument que le voyage de l'empereur foit de pure curiofité; ils prétendent qu'il a pour objet de puif fans motifs, ainfi que celui que le roi de Suede vient d'entreprendre. « On ne peut en inférer autre chofe, dit une feuille périodique, finon qu'on doit s'attendre à de grands événemens qui exigent que la Suede, amie perpétuelle de la France, foit unie à la Pruffe & à la Ruffie, fi étroitement liées à l'Autriche: on demande après cela, quel parti pourra prendre la France liée à l'Autriche par l'amitié fraternelle, & à l'Espagne par l'amitié & l'intérêt ? On fe fouvient que l'empire d'occident avoit autrefois des bornes plus étendues qu'aujourd'hui.... & que les. puiffances dont on vient de parler ont bien du terrein à révendiquer. Il faut, par conféquent, une alliance étroite entre les cours qui font en état de donner l'existence à un nouveau fyftême politique, & affez puitfantes pour le maintenir ». Un de nos négocians a reçu la lettre suivante, écrite par un Américain qui est actuellement en Europe.

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J'apprends, mon ami, que les émiffaires britanniques s'évertuent à faire courir dans vos quartiers les bruits d'un accommodement entre le congrès & la Grande-Bretagne ils le font également ici. Depuis longtems je suis convaincu qu'il n'y a chofe fi étrange qu'ils n'entrepren nent, bruit fi incroyable auquel ils ne donnent cours pour parvenir à leurs fins. Les derniers avis authentiques qu'on foit de la part du congrès ou de la NouvelleYorck, ne paffent gueres le 10 Avril. Alors il n'y avoit pas l'ombre d'un accommodement. La feule ouverture qu'on eût faite, aboutit à une infinuation de la part du général Lée, du defir qu'avoit le chevalier Howe de renouer avec le congrès, pour tacher d'en venir à un traité ; ouverture à laquelle le congrès avoit répondu qu'il ne vou loit ni conférer, ni traiter tant qu'on ne reconnoîtroit point l'indépendance de l'Amérique.

En voilà affez pour faire voir combien peu de fond if ya à faire fur de pareilles affertions. Mon cher ami, j'ai vu arriver des chofes fi extraordinaires, fi peu prévues j'ai vu des conduites fi étranges, qu'il n'y a prefque plus rien qui m'étonne; & néanmoins, s'il arrivoit que les deux peuples en guerre s'accommodaffent, tandis que le congrès auroit encore la plus foible efpérance de fecours étranger, ma furprife, je l'avoue, feroit extrême. Cependant, s'il eft vrai, comme on le foutient pofitive-` ment, que le miniftere britannique foit affuré que les Etats-Unis ne feront foutenus par aucune puiffance européenne dans leur projet d'indépendance, & fi l'on peut porter le congrès à le croire autfi, où eft l'homme qui puiffe être furpris de voir en ce cas les Américains prêter l'oreille à des conditions avantageufes, & entrer en com position, plutôt que de se hazarder plus longtems à flutter contre la plus formidable puiffance de l'Europe, & contre fes alliés, fans efpoir d'avoir de leur côté des amis qui les avouent & les foutiennent? Ou plutôt ne feroitil pas étonnant qu'ils continuaffent une guerre que per fonne ne fe foucieroit d'appuyer? Mais, avec tout cela, je connois trop bien mes concitoyens, & les principes qui les animent, pour penfer qu'ils s'accommodent jamais à des conditions au-deffous de l'indépendance, quoique farement tout autre peuple dans la même fiuation, accepteroit les offres qui leur ont été faites.

N'imputez point à la vanité ce que je viens d'avancer: je fuis bien éloigné de vouloir exalter ma nation aux dépens de toutes les autres; mais nous fommés un peuple neuf, ayant certaines notions tout-à fait nouvelles, ou fi longtems oubliées, fi peu préconisées, fi ce n'eft dans les fpéculations de quelques philofophes, qu'il eft diffi cile & peut-être impoffible de nous comparer avec quelque autre peuple que ce fuit. Une raifon dégagée de préjugés, & le fimple fens commun mettront le petit nombre en état de juger: la foule, à fon ordinaire, s'en rapportera à l'événement. Je ne me inele volontiers ni de décider, ni de prédire ; mais je veux bien, au hazard de perdre tout mon crédit, vous affurer qu'il n'y aura aucun accommodement quelconque, ou, s'il s'en faifois un, que la guerre en Europe en feroit la conféquence ; & je laiffe penfer à ceux des politiques qui craignent d'of fenfer la Grande-Bretagne, tandis que l'Amérique feule Occupe plus que fes forces naturelles, quelle feroit la chance d'une guerre avec elle, fi elle étoit en paix, en bonne intelligence, ou même en alliance avec l'Améri

que. On a fouvent fait peur au monde de la prétention d'une grande maison à la monarchie univerfelle; & l'Angleterre s'eft épuifée pour s'y oppofer, & pour s'engager dans des alliances qui devoient la mettre en état (pour me fervir de l'expreffion ridicule & inintelligible de certains politiques ) de tenir en équilibre la balance des puiffances européennes; mais permettez à un Américain de dire fon fentiment fur ce fujet; il pourra du moins vous amufer.

Depuis le tems que, par une fuite du fyftême féodal qui prévalut en Europe, tous les feigneurs font devenus fouverains, jufqu'à notre époque, le nombre des royaumes & autres puiffances indépendantes a conftamment diminué. Remontez de trois fiecles; comptez les diverfes puiffances qui exiftoient alors; comparez-les à ce qui en refte aujourd'hui; jettez un coup d'oeil en avant ; & vous conclurez que le tems n'eft peut-être pas loin, où toutes ces parties fe réuniront enfin en un feul tout. Il ne fe paffe pas de génération, pas de guerre, que l'on n'en voie anéantir ou plutôt engloutir quelqu'une.

Mais dans quel point cet empire univerfel paroît-il fe concentrer en Europe? Sera-ce dans la maifon de Bourbon? J'affure que non, toute formidable qu'elle eft par fes liaifons & fes all ances dans le fud. Mais j'ofe préfager que fi la Grande-Bretagne s'accommode, & fe lie avec les Etats-Unis ; fi, par conféquent, elle fe rend maîtreffe du nouveau-monde; fi elle fe met en poffeffion des tréfors inépuifables des Indes orientales, en s'emparant des affaires de ces contrées, comme elle le pourra en 1780, lorfque la charte de la compagnie laiffera, à fon expiration, & territoire & commerce à fa difpofition; fi elle refferre de plus en plus fon alliance déjà trop étroite avec la Ruffie, j'ofe, dis-je, préfager, & il eft aifé de prévoir que la Grande-Bretagne, l'Améri que & la Rufie unies commanderont non- feulement à l'Europe, mais au monde,

La Ruffie, ainfi que l'Amérique, eft un état nouveau qui s'éleve avec une rapidité furprenante: fa confommation de manufactures britanniques, & fes retours en matieres crues croiffent dans une progreffion qui approche de celle des exportations & importations américaines. Si tous ces objets alloient fe concentrer en Angleterre, les richeffes & la puiffance de ce royaume feroient faus pareilles dans les annales du monde. Enorme coloffe, un pied appuyé fur la Ruffie, l'autre affermi fur l'Améri-' que, elle chevaucheroit (pour me fervir de l'expreffion

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