d'amitié & d'alliance conclu entre S. M. T. Chrét. & le corps helvétique. A fon départ, les députés des cantons de Zurich & de Berne n'avoient point encore signé ce traité dont quelques articles ne s'accordoient point avec leurs inftructions; mais ils attendoient les pleins-pouvoirs pour cet effet. L'on assure qu'il reste aussi des difficultés fur la maniere avec laquelle les alliés de la Suiffe feront compris dans ce traité. La république de Geneve, l'évêque de Bâle & le comté de Neuchâtel prétendent devoir y être expreffément nommés, & plusieurs cantons cacholiques s'y oppofent. Il paroît décidé qu'on va établir un second théâtre françois au temple, sous les aufpices de Mgr. le comte d'Artois. Les fonds font tout prêts pour cet établissement, & l'on va travailler à la construction de la salle destinée aux nouveaux comédiens qui feront choisis parmi les meilleurs acteurs. La scene françoise ne pourra que gagner par cette concurrence, qui excitera L'émulation. On affure à présent qu'au lieu d'un séminaire d'où l'on devoit tirer des aumôniers pour les troupes, on établira un college pour la noblesse dans les vastes bâtimens de l'école militaire, & que les directeurs & instituteurs feront désignés par S. M. On a parlé d'un mémoire sur les moyens de multiplier les richesses de l'état par la voie des canaux qui rendroient la communication intérieure du royaume aussi facile que peu dispendieuse; & pour en hater l'exécution, sans être à charge au gouvernement, on y propose le plan d'une lotterie dans l'esprit de celle d'Espagne dont le succès feroit certain, par l'hypotheque qu'auroient les actionnaires fur cette entreprise, qui offre tous les avantages possibles. Il y a long tems que l'on fait des vœux pour la conf. ction de ces canaux, & l'on affure que le miniftere va s'en occuper. La comteise d'Ammerval étant morte trèssubitement à Passy, le 4 de ce mois, des soupcons se sont élevés sur certe mort prompte & prématurée, & ont occasionné fon exhumation, qui s'est faite le 8, avec tout l'appareil usité en pareille circonstance. Les chirurgiens, après avoir visité le cadavre, ont déclaré que cette dame étoit morte des suites de sa couche. M. François de Neufchâteau, avocat, qui avoit acheté, il y a 8 à 10 mois, en se mariant, la charge de lieutenan-général du bailliage de Mirecourt, étant devenu veuf, a voulu épouser, en fecondes nôces, une demoiselle de Verf illes; mais prêt à se rendre à l'église, pour y ecevoir la bénédiction nuptiale, il a disparu, fans qu'on ait encore pu découvrir ce qu'il est devenu. Il n'a rien emporté de ses effers. M. le gard des sceaux avoit prévenu depuis longtems qu'il féviroit rigoureusement contre ceux qui imprimeroient des ouvrages sans la sanction du gouvernement. Ce magistrat vient de faire un exemple fur deux libraires de cette capitale, & un imprimeur de Montargis qui se font mis dans ce cas; ils font destitués de leur état, & condamnés à une amende. Un Genevois, auteur d'un mémoire sur les finances imprimé furtivement, a été mis à la Bastille. La chambre des comptes de Nancy vient encore de rendre un arrêt de la même nature que celui qu'on a rapporté dernierement, & par lequel on voit que les commis des fermes étoient de complot avec le nommé Leib, Juif, pour déposer du sel de contrebande dans la maison d'un particulier, & le faire faifir ensuite, en le dés T une nonçant aux employés des fermés. La fourberia a été découverte; le Juif eft condamné aux galeres à perpétuité; un des commis condamné à prison de 3 ans, & déclaré incapable de remplir, à l'avenir, aucun emploi dans les fermes; injonction à deux autres commis d'être plus circonfpects, &c. Si l'on se plaint de l'inconstance des femmes, c'est que l'on se plaît malicieusement à confondre leurs têtes avec leurs coëffures, qui en effet changent trop souvent de forme. Il n'est plus question du hérisson, qui est remplacé par une coëffure très-élégante, qu'on appelle à la Géorgienne; les rubans y font figurés en cheveux, & ceux de devant ont l'avantage de cacher le point de réunion de cette coëffure avec les cheveux naturels. On a aussi imaginé de nouvelles garnitures de robe, qui se vendent à l'aune, & qu'on bâtit à fon gré, tantôt sur une robe, tantôt fur l'autre, elles font en gaze ou en taffetas, & d'un usage très-commode, surtout pour les polonoises. Par une lettre de Limoges, du 30 Mai, on apprend que, le 28, plusieurs habitans de la paroiffe de Coignac venant de recevoir, dans la ville de Saint-Victurnien, le facrement de confirmation, & repassant, l'après-midi, au nombre de 40 ou environ, la riviere de Vienne, dans une barque, pour regagner leurs villages, tomberent dans l'eau, par l'empreffement qu'eurent plusieurs femmes de fortir de la barque, qui se renversa; la riviere étant fort grosse par les pluies continuelles qui durent depuis un mois, & cet endroit se trouvant éloigné, on n'a pu retirer de l'eau que 15 personnes, auxquelles on a administré le secours de la boîte des noyés: on ne parle que d'une jeune fille qui, au moment qu'on écrivoit, eût encore recouvré la vie. Ces accidens funestes invoquent pour l'humanité l'usage de l'invention éprouvée de M. de Bernieres, pour rendre les bateaux infubmersibles & inchavirables. Les numéros fortis de la roue de fortune au tirage de la loterie royale de France du 16 de ee mois, font: 82,31, 73, 78, 65. GRANDE-BRETAGNE. LONDRES (le 17 Juin.) Le 30 du mois dernier, le lord Chatam,, appuyé fur deux béquilles, se rendit à la chambre des pairs, comme il l'avoit fait annoncer. Le concours des étrangers & des curieux, malgré les réglemens qu'on avoit projettés à cet égard, ne pouvoit être plus considérable. Après un discours de 55 minutes, dans lequel il blama sans ménagement tout ce qu'on avoit entrepris contre l'Amérique, depuis l'acte du thé, & où il avança que vouloir op poser 20 mille mercenaires à 3 millions d'hommes, étoit aussi peu fage que fi lui-même vouloit aller les combattre avec une de ses béquilles, il proposa sa motion, qui fut lue à haute voix par le lord Bathurst, grand - chancelier. L'objet de cette motion étoit de présenter au roi une humble adresse, tendante à remontrer à la fageffe de S. M. que la chambre de ses pairs est sensiblement affligée à la vue des dangers qui menacent le royaume, par la continuation de la guerre avec fes colonies; à conseiller trèshumblement à ce souverain de faire ceffer, le plutôt qu'il pourra, tous sujets de plainte de la part des Américains, moyen unique de mettre fin à des hoftilités ruineuses; la chambre étant perfuadée qu'il est plus conforme à la bonté & à la grandeur d'ame de S. M., ainsi qu'à la dignité d'un peuple libre, de faire droit & : L justice, que d'avoir recours aux châtimens, & de s'exposer plus longtems aux horreurs d'une guerre inteftine, qui ne peut qu'accroître l'animosité, & élever pour jamais un mur de séparation entre la mere-patrie & ses enfans. Le comte de Gower, président du confeil, fut le premier qui s'oppofa à cette motion, fur ce qu'elle étoit aussi injurieuse pour les ministres que pour la nation en général, attendu que tout ce qui avoit été résolu relativement aux affaires de l'Amérique avoit eu le confentement & le vœu de l'une & de l'autre chambre du parlement; fur ce que les Américains avoient été les aggrefseurs, & que les actes dont ils se plaignent font justes & émanés du pouvoir qui seul avoit droit de s'opposer à une indépendance qu'ils affectoient, & qu'ils ont toujours cherché à porter aussi loin qu'on la voit aujourd'hui. Le lord Gower affura la chambre que la campagne prochaine promettoit des succès dont il falloit attendre l'avantage de pouvoir donner ensuite une paix folide, en nous épargnant la honte de la demander. Les ducs de Grafton, de Manchester & le lord Cambden appuyerent au contraire, la motion de toutes leurs forces; le dernier surtout représenta les trois royaumes sur le penchant d'u ne ruine inévitable, & termina sa vive harangue en disant qu'il étoit si convaincu de la néceffité d'une prompte réconciliation avec l'Amérique, que, pourvu qu'on fît la paix avec les colonies, il consentoit à voir la nation déclarer la guerre à tout le reste du monde. Le lord Weymouth, secrétaire d'état, en se déclarant contre la motion, dit qu'il n'en pénétroit pas bien le mystere; le lord Chatam alors, recueillant de nouveau ses forces, répondit, que, puisque le noble lord ne l'avoit pas bien : |