avoit recueilli 2 mille 474 livres de lin, & le fe cond 527 arrobes de chanvre de 25 livres chacun, à 16 onces la livre. Relativement à l'industrie, la société distribua un prix de 750 réaux de velion à Dona Maria-Juliana y Tenorio, pour avoir tiffu, de fon propre filage, le plus grand nombre de varres de lin de bonne qualité, & la plus conforme aux ré glemens, montant à 463 varres (mesures de trois pieds); la société crut devoir aussi quelque attention au travail de Maria-Antonia del Roza rio, éleve de Dona Maria del Fermandez Hidar ga, pour avoir filé, depuis le mois d'Août 1774 jusqu'en Septembre de l'année suivante, 29 livres de lin & 8 d'étoupes, qui ont produit 123 varres de toile, & elle lui a fait donner 200 réaux de velion. A l'égard des métiers, la société partagea le prix de 1500 réaux entre de jeunes éleves en horloge rie, felon l'importance plus ou moins grande de leurs travaux, en leur recommandant l'application suivie à leur profeffion. Deux des princi paux officiers de l'hôtel-de-ville, le vicaire ecclésiastique, & beaucoup d'associés affifterent à cet acte public destiné à l'encouragement & au progrès des arts. Suivant les dépêches que la cour a reçues de Cadix, un de nos gardes-côtes a enlevé un brigantin anglois, nommé le Solari, qui avoit à bord 40 mille piastres, somme dont les droits n'avoient pas été payés en entier. L'administrateur de Cadix en ayant été informé, envoya auffitôt un exprès aux lignes de St. Roch; fur quoi on pofta deux chaloupes armées à la pointe Carnero, vis-à-vis de Gibraltar, pour intercepter le bâtiment. S'en étant effectivement saisies peu après, elles le visiterent, s'assurerent des especes, & le conduifirent sur le rivage espagnol. Le général Boyd, gouverneur de Gibraltar, fur l'avis qu'il en reçut, détacha d'abord 4 chaloupes pour attaquer les Espagnols; & quoiqu'ils fussent déjà sous le canon du château, où le drapeau de S. M. étoit arboré, les Anglois se remirent en poffession de tout l'argent. Cette rencontre ne se passa point sans un feu fort vif de part & d'autre, qui tua du côté des Anglois un officier & 5 mâtelots, & de celui des Espagnols, 7 mâtelots, outre plusieurs blessés. Ces derniers amenerent le navire anglois avec le reste de la cargaison à Algefire, où il restera jusqu'à ce que l'affaire foit terminée entre les deux cours. Relation de la prise de Ste. Catherine, par l'armée du roi, aux ordres du capitaine-général Don Pedro de Cevallos. La flotte, composée de 116 voiles, & partie de Cadix le 13 Novembre 1776, après avoir fait une route tres-heureuse, se trouvoit, le & Février 1777, par 26 degrés 36 minutes de latitude, & 337 degrés 24 minutes de longitude, lorsque nos vaisseaux prirent un bâtiment marchand portugais, nommé Lucia à Fortunada, allant de Rio Janeiro à Lisbonne. Il se trouva fur ce bàtiment des lettres qui portoient qu'une escaure portugaise de 4 vaisseaux & 5 frégates cherchoit à fe placer acer dans la baye de Garupas, pour nous obferver & nous attaquer, fi nous entrions dans le port de Sainte-Catherine; en conféquence, nous primes la résolution d'aller droit à cette escadre, pour l'attaquer nous mêmes. A peine avions-nous reconnu l'isle de Ste. Catheri ne, le 10 Février, que nous mêmes le cap à la base de Garupas, à la découverte de laquelle nous avions envoyé la frégate la Ste. Marguérite; ce batiment nous apprit qu'il en avoit vu fortir l'escadre ennemie, composée de 12 voiles, qui resterent en vue pendant deux jours. Notre général Don Pedro de Cevallos, & le marquis de Casa-Tilly, commandans de l'escadre, ayant délibéré sur le parti qu'ils avoient à prendre, ne jugerent point à propos de s'engager dans la poursuite des vaisseaux portugais, & préférerent d'enwer dans le port de l'isfe Ste. Catherine; ce qui s'effec tua le 20 avec toute la flotte, à l'exception de quelques bâtimens de transport, fur lesquels étoient embarqués 400 hommes, que nous croyons avoir fait route pour Montevideo, lieu du rendez-vous généra1. Les forces des Portugais se trouverent plus confidérables que la garnison ordinaire de l'ifle Ste. Catherine, Indépendamment de 4 bataillons de troupes réglées, & de 200 artilleurs, ils avoient enrégimenté un gros corps de milices, & le total de leurs forces pouvoit être de 4 mille hommes, fans compter les compagnies qu'ils appellent auxiliaires, & les habitans de l'isle commandés pour les travaux & la défense des châteaux, tous (& furtout ceux de Ste. Croix & de Punta-Grosa) très-forts par leur position, ainsi que par leurs ouvrages, & abondamment pourvus de troupes, d'artillerie, de provifions, & de munitions de guerre. Dès que la plage eut été reconnue, le débarquement de l'armée se fit le 22, pendant la nuit, sur le lieu ap. pellé St. François de Paule. Nous allames le 23 occuper le camp de Canas-Viejas, presqu'à la portée du canon de Punta-Grosa, tandis que le vaisseau le Septentrion, fuivi de deux bombardes, s'approchoit du château. Dans la nuit, un corps de troupes fut détaché sur la gauche, comme pour couper la retraite à la garnison, Nos dispo Gtions étoient faites pour nous emparer avant le jour des hauteurs voisines; mais le gouverneur ayant eu connoissance de la marche du détachement, & les Portugais étant très-inquiets sur les suites de ce mouvement & des autres dispositions de notre armée, le château fut abandonné avant que notre feu eût commencé. Ils se retirerent aussi d'un autre ouvrage avancé très-fort qu'ils avoient fur le chemin; & dans leur retraite précipitée, ils n'en clouerent que trois canons, & même si imparfaitement qu'on les eût bientôt mis en état de servir. Ce chateau étoit affez bien fortifié, & assez garni de troupes pour qu'il eût pu faire une bonne défense, d'autant plus que l'élévation & l'apreté des hauteurs qui le dominoiert ne nous auroient pas permis d'y monter de l'artillerie, fans beaucoup de tems & de peines, Après ce premier succès, la garnison portugaise du château de Ste. Croix ayant vu l'armée espagnole défiler en colonne par la plage opposée, le désordre devint a considérable dans les troupes qui la compofoient, que, fans achever d'enclouer les canons de ce château, ou de celui qui eft appellé Ratones, elles les abandonnerent tous, & successivement les diverses tranchées & batteries qu'elles avoient jugé nécessaire de conftruire en différens endroits, de forte que le 25, l'isle entiere fut évacuée, & demeura en notre possession, ainsi que toutes les peuplades du continent qui dépendent de sa jurifdiction. Les troupes portugaises avoient passé en terre ferme, & fe trouvoient de l'autre côté de la riviere Catabon, éloignée de 7 à 8 lieues de l'isle. Le brigadier Don Joseph Custodio de Sa-y Faria, envoyé par son général Don Antonio Carlos Hurtado de Mendoza, se présenta, avec Fordre de proposer à Don Pedro de Cevallos de leur faire donner des batimens de notre flotte, pour se retirer librement à Rio-Janeiro; mais la réponse de Cevallos fut que ces troupes euffent à rendre les armes, comme prisonnieres de guerre, Cet officier retourna vers son général, avec cette réponse. Celui-ci ayant assemblé un conseil de guerre, envoya encore Faria avec diverses propositions par écrit, dont quelques-unes furent admises, d'autres modifiées ou rojettées. Enfin, les troupes portugaises se rendirent prisonnieres de guerre, & il fut convenu, par capitulation, qu'on fourniroit des bâtimens aux officiers, pour les transporter à Rio-Janeiro, sur leur parole & promesse signée d'eux, de ne point servir directement ou indire&ement contre les armes du roi, tant qu'ils ne se. roient point échangés, & de se rendre au lieu qui leur feroit affigné lorsqu'ils en seroient requis par le général espagnol. Quelques foldats avoient déserré; mais ils ont été en, voyés à Buenos-Ayres, ainsi que tous ceux qui compofoient la garnifon, de forte qu'il n'est resté dans l'isle ni officiers, ni foldats, ni rien de ce qui appartenoit à la couronne de Portugal, PORTUGAL. LISBONNE (le 17 Mai.) Le II de ce mois, Pambassadeur de France, le nonce du pape, leş envoyés d'Angleterre& de Sardaigne, eurent chacun une audience particuliere de la reine, à qui ils présenterent leurs lettres de créance. Le 12, la reine fit un travail qui eut pour objet d'accorder différentes graces à plusieurs de ses sujets. Elle a déclaré duc de la Foés Don Jean de Bragance, & duc de Cadaval le fils aîné du 1 f feu duc de ce nom. Cette princesse a accordé auf si au comte de Vidiguiera le titre de marquis de Niza, & aux fils aînés du vicomte de Villano va da Cerveira, & des comtes de Rezende, de St. Michel, de Redondo, de St. Laurent, de San-Payo & de Villaflor, le titre dont jouiffent leurs peres; le fils aîné du marquis de Alorna a été fait comte de Affumar, & celui du mar quis de Lavradio, comte de Avintes; Don Joseph de Portugal a obtenu le titre de comte de Lumiareo; Don Joseph de Mascarenhas, celui de comte de Obidos, & Manuel de Alencastre, celui de comte de Villanova; Salvador Correya de Saa a été fait vicomte de Affeça, & François de Mendenza vicomte de Barbazena. Le marquis de Marialva a obtenu le gouvernement de la tour d'Outao; on lui a accordé de plus une commanderie de l'ordre de Christ, ainsi qu'à d'autres feigneurs que leur naissance ou leurs fervices rendoient susceptibles des bienfaits de la cour. Le marquis de Penalva, les comtes de Can tanhede, de Villaverde, & le grand-veneur ont été nommés chambellans de la reine Marie; & dans la même promotion l'on en a créé 7 pour le roi Don Pierre, qui font les comtes de St. Laurent, de Valadares, de Povolide, de Atalaya, Dofarios, & les fils des comtes de Aveyras & de Val de Reis; le comte da Ponte a été fait grand-maître de la maison de ce prince, & Don Pierre da Camara, son grand écuyer. Le 13, on fit en cette capitale la cérémonie de proclamer la nouvelle reine. Cette princesse se rendit, vers les 4 heures du foir, sur une fort grande & belle galerie qu'on avoit conftruite dans la place du commerce, où les grands officiers de la couronne, la noblesse, les tribunaux, &c. &c. étoient déjà assemblés. Après |