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protecteur, jouiront des mêmes honneurs & prérogatives, comme devant être perpétuellement annexés à cette place. L'académie, voulant témoigner à S. M. fa jufte reconnoiffance d'une pareille diftinction, a député le nouveau vice-protecteur,avec le comte de Priego & le marquis de Guevara, confeiller, & les académiciens honoraires Don Ignace de Hermofilla, & Don Bernard de Iriarte, qui tous ayant été présentés, le 15 de ce mois, à S. M., par le comte de FloridaBlanca, premier fecrétaire d'état, ont eu l'honneur de baifer la main de S. M.

La fociété royale économique des Amis du pays, établie fous la protection de S. M., conformément à fon inftitution annoncée, a diftribué publiquement, dans une affemblée générale du 10 de ce mois, les prix qu'elle avoit à donner; celui de l'agriculture, de 1500 réaux de vellon (monnoie de cuivre, valants fols de France), a été adjugé au mémoire No. 6, qui a été envoyé par Don Jofeph Cecilia y Brajz, de la ville d'Aftigis dans l'Andaloufie, qu'elle a nommé affocié de mérite dans la claffe d'agriculture; elle a fait auffi une mention honorable des mémoires, N°. 7 & 13 de Don Vincente Calvo y Julian, chanoine de l'églife de Tarragone, & de Don Francifco Perez, habitant d'Ibi, ainsi que du mémoire No. 15, figné Don Raphaeël Fermandez, qui avoient le plus approché de la meilleure folution du problême d'agriculture à réfoudre, & qu'elle a également choifis pour affociés dans la même claffe ; le prix de 850 réaux de vellon, destiné à celui qui auroit récolté la plus grande quantité de lin dans les 5 provinces qui font fous l'infpection de la fociété, a été adjugé à Bernardo Lorenzo, & il en a été donné un d'une valeur égale à Don Lorenzo del Caftillo, qui avoit récolté le plus de chanvre; le premier

avoit recueilli 2 mille 474 livres de lin, & le fe cond 527 arrobes de chanvre de 25 livres chacun, à 16 onces la livre.

Relativement à l'induftrie, la fociété diftribua un prix de 750 réaux de vellon à Dona Maria-Juliana y Tenorio, pour avoir tiffu, de fon propre filage, le plus grand nombre de varres de lin de bonne qualité, & la plus conforme aux réglemens, montant à 463 varres ( mesures de trois pieds ); la fociété crut devoir auffi quelque attention au travail de Maria- Antonia del Rozario, éleve de Dona Maria del Fermandez Hidar ga, pour avoir filé, depuis le mois d'Août 1774 jufqu'en Septembre de l'année fuivante, 29 li vres de lin & 8 d'étoupes, qui ont produit 123 varres de toile, & elle lui a fait donner 200 réaux de vellon.

A l'égard des métiers, la fociété partagea le prix de 1500 réaux entre de jeunes éleves en horloger rie, felon l'importance plus ou moins grande de leurs travaux, en leur recommandant l'appiication fuivie à leur profeffion. Deux des principaux officiers de l'hôtel-de-ville, le vicaire eccléfiaftique, & beaucoup d'affociés affifterent à cet acte public deftiné à l'encouragement & au progrès des arts.

Suivant les dépêches que la cour a reçues de Cadix, un de nos gardes-côtes a enlevé un brigantin anglois, nommé le Solari, qui avoit à bord 40 mille piaftres, fomme dont les droits n'avoient pas été payés en entier. L'adminiftrateur de Cadix en ayant été informé, envoya auffitôt un exprès aux lignes de St. Roch; fur quoi on pofta deux chaloupes armées à la pointe Carnero, vis-à-vis de Gibraltar, pour intercepter le bâtiment. S'en étant effectivement faifies peu après, elles le vifiterent, s'aflurerent des efpeces, & le conduifirent fur le rivage espagnol. Le

général Boyd, gouverneur de Gibraltar, fur l'avis qu'il en reçut, détacha d'abord 4 chaloupes pour attaquer les Efpagnols; & quoiqu'ils fuffent déjà fous le canon du château, où le drapeau de S. M. étoit arboré, les Anglois fe remirent en poffeffion de tout l'argent. Cette rencontre ne fe paffa point fans un feu fort vif de part & d'autre, qui tua du côté des Anglois un officier & 5 måtelots, & de celui des Espagnols, 7 mâtelots, outre plufieurs bleffés. Ces derniers amenerent le navire anglois avec le refte de la cargaison à Algefire, où il reftera jufqu'à ce que l'affaire foit terminée entre les deux cours.

Relation, de la prife de Ste. Cachérine, par l'ar mée du roi, aux ordres du capitaine-général Don Pedro de Cevallos.

La flotte, compofée de 116 vorles, & partie de Cadix le 13 Novembre 1776, après avoir fait une route très-heureufe, fe trouvoit, le 8 Fevrier 1777, par 26 degrés 36 minutes de latitude, & 337 degrés 24 minu tes de longitude, lorfque nos vaiffeaux prirent un bâtiment marchand portugais, nommé Lucia à Fortunada allant de Rio Janeiro à Lisbonne. Il fe trouva fur ce batiment des lettres qui portoient qu'une efcaure portugaife de 4 vaiffeaux & 5 frégates cherchoit à fe placer dans la baye de Garupas, pour nous obferver & nous attaquer, fi nous entrions dans le port de Sainte-Catherine; en conféquence, nous primes la réfolution d'aller drois à cette efcadre, pour l'attaquer nous-mêmes.

A peine avions-nous reconnu l'ifle de Ste. Cathérine, le 10 Février, que nous mêmes le cap à la baie de Garupas, à la découverte de laquelle nous avions envoyé la frégate la Ste. Marguérite; ce batiment nous apprit qu'il en avoit vu fortir l'efcadre ennemie, compofée de 12 voiles, qui refterent én vue pendant deux jours. Notre général Don Pedro de Cevallos, & le marquis de Cafa- Tilly, commandans de l'efcadre, ayant délibéré sur le parti qu'ils avoient à prendre, ne jugerent point à propos de s'engager dans la pourfuite des vaiffeaux portugais, & préférerent d'enrer dans le port de l'ifle Ste. Catherine; ce qui s'effes

tua le 20 avec toute la flotte, à l'exception de quelques bâtimens de tranfport, fur lefquels étoient embarqués 400 hommes, que nous croyons avoir fait route pour Montevideo, lieu du rendez-vous généra'.

Les forces des Portugais fe trouverent plus confidérables que la garnison ordinaire de l'ifle Ste, Cathérine, Indépendamment de 4 bataillons de troupes réglées, & de 200 artilleurs, ils avoient enrégimenté un gros corps de milices, & le total de leurs forces pouvoit être de 4 mille hommes, fans compter les compagnies qu'ils appellent auxiliaires, & les habitans de l'ifle commandés pour les travaux & la défense des châteaux, tous (& furtout ceux de Ste. Croix & de Punta-Grofa) très forts par leur pofition, ainfi que par leurs ouvrages, & abondamment pourvus de troupes, d'artillerie, de provifions, & de munitions de guerre.

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Dès que la plage eut été reconnue le débarquement de l'armée fe fit le 22, pendant la nuit, fur le lieu ap pellé St. François de Paule. Nous allàmes le 23 occuper le camp de Canas-Viejas, prefqu'à la portée du canon de Punta Grofa, tandis que le vaiffeau le Septentrion, fuivi de deux bombardes, s'approchoit du château. Dans la nuit, un corps de troupes fut détaché fur la gauche, comme pour couper la retraite à la garnifon, Nos difpo Litions étoient faites pour nous emparer avant le jour des hauteurs voifines; mais le gouverneur ayant eu connoiffance de la marche du détachement, & les Portugais étant très-inquiets fur les fuites de ce mouvement & des autres difpofitions de notre armée, le château fut abandonné avant que notre feu eût commencé. Ils fe retirerent auffi d'un autre ouvrage avancé très-fort qu'ils avoient fur le chemin ; & dans leur retraite précipitée, ils n'en clouerent que trois canons, & même fi imparfaitement qu'on les eût bientôt mis en état de fervir. Ce château étoit affez bien fortifié, & affez garni de troupes pour qu'il eût pu faire une bonne défense, d'autant plus que l'élévation & l'âpreté des hauteurs qui le dominoiert ne nous auroient pas permis d'y monter de l'artillerie, fans beaucoup de tems & de peines,

Après ce premier fuccès, la garnifon portugaife du château de Ste. Croix ayant vu l'armée efpagnole défiler en colonne par la plage oppofée, le défordre devint fi confidérable dans les troupes qui la compofoient, que, fans achever d'enclouer les canons de ce château de celui qui eft appellé Ratones, elles les abandonnerent tous, & fucceffivement les diverfes tranchées &

batteries qu'elles avoient jugé nécessaire de conftruire es différens endroits, de forte que le 25, l'ifle entiere fut évacuée, & demeura en notre poffeffion, ainfi que tou-tes les peuplades du continent qui dépendent de sa jurifdiction.

Les troupes portugaifes avoient paffé en terre ferme & fe trouvoient de l'autre côté de la riviere Catabon, éloignée de 7 à 8 lieues de l'ifle. Le brigadier Don Jofeph Cuftodio de Sà-y Faria, envoyé par fon général Don Antonio Carlos Hurtado de Mendoza, fe préfenta, avec Fordre de propofer à Don Pedro de Cevallos de leur faire donner des bâtimens de notre flotte, pour fe retirer librement à Rio-Janeiro; mais la réponse de Cevallos fut que ces troupes euffent à rendre les armes, comme prifonnieres de guerre, Cet officier retourna vers fon général, avec cette réponse. Celui-ci ayant assemblé un confeil de guerre, envoya encore Faria avec diverfes propofitions par écrit, dont quelques-unes furent admifes, d'autres modifiées ou rejettées. Enfin, les troupes portugaifes fe rendirent prifonnieres de guerre, & il fut convenu, par capitulation, qu'on fourniroit des bâtimens aux officiers, pour les tranfporter à Rio-Janeiro, fur leur parole & promeffe fignée d'eux, de ne point fervir directement ou indire&ement contre les armes du roi, tant qu'ils ne fe roient point échangés, & de fe rendre au lieu qui leur feroit affigné lorfqu'ils en feroient requis par le général efpagnol.

Quelques foldats avoient déferté; mais ils ont été en, yoyés à Buenos-Ayres, ainfi que tous ceux qui compofoient la garnifon, de forte qu'il n'eft refté dans l'ifle ni officiers, ni foldats, ni rien de ce qui appartenoit à la couronne de Portugal,

PORTUGAL.

. LISBONNE (le 17 Mai.) Le 11 de ce mois, f'ambaffadeur de France, le nonce du pape, les envoyés d'Angleterre& de Sardaigne, eurent chacun une audience particuliere de la reine, à qui ils préfenterent leurs lettres de créance,

Le 12, la reine fit un travail qui eut pour objet d'accorder différentes graces à plufieurs de fes fujets. Elle a déclaré duc de la Foés Don Jean de Bragance, & duc de Cadaval le fils aîné du

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