furent en même temps la première caufe des troubles qui fe répandirent dans l'Allemagne ; it s'éleva entre les empereurs & les papes, une zivalité de puissance qui obfcurcit l'histoire d'un voile d'ignorance & de fuperftition on voit d'un côté, fous Henri III, un empereur dépofer trois papes; l'empereur Henri IV frappé à fon tout par une excommunication, qui eft fuivie de fa deftitution; Henti Viconclut en 1122, un traité, par lequel il renonce à l'inveftiture des dignités eccléfiaftiques.

Dans cette lutte de la couronne impériale contre la tiare, celle-ci, aidée de fes armes céleftes, parvient à affranchir Rome de la fouveraineté de l'empereur, à s'emparer de la fucceffion de Mathilde, & voit, fous le règne de Frédéric II, toute l'autorité des empereurs d'Allemagne, teindre en Italie & difparoître.

La mort de Guillaume, comte de Holland, qui avoit été élu par les états, fut fuivie de ce long intérrègne si funeste aux peuples d'Allemagne ; ils fentirent à cette époque, que ce qui peut arriver de plus malheureux à des fajers; e'eft qu'une autorité éloignée, qui prétend tirer tout fon pouvoif du ciel, se mêle des chofes de la terre, domine fur les trônes, veuille y placer les princes qu'elle croit les plus favorables à fes projets, entretienne chez les nations étrangères une milice enrolée

Avant que le chriftianifme eût purifié les ef prits, de combien de malheurs fes vérités, mal présentées, plus mal conçues, n'ont-elles pas été la caufe! que defang n'ont-elles pas fait répandre, & dans l'empire d'Orient, & dans celui d'Oc cident, & dans celui d'Allemagne ! Si les papes fe fuffent contentés d'éclairer les peuples fur leurs droits légitimes, & n'euffent pas voulu les ufurper; s'ils n'euffent étendu d'autre domination que celle de la fageffe; fi, en élevant leur chaire au-deffus de tous les trônes, ils n'euffent eu que l'intention de mieux voir gouverner tous les princes, de s'en mieux faire entendre pour les exhorter à la juftice, & d'interpofer une médiation paisible dans leurs différens; fi; fimplifiant les vérités dont ils fe difoient les interprètes, ils n'euffent préfenté que des confola tions aux malheureux, des efpérances aux opprimés; leur colère eût toujours été fainte & leur protection toujours équitable, quelle au torité ils auroient tranfmife à leurs fucceffeurs que de couronnes véritables ils euffent accumu→ lées fur leurs têtes! ils auroient été des pères # de tous les peuples, les princes de tous les princes. Qui auroit ofé leur difputer l'empire de la vertu ?,

Malheureufement, de fujets des rois qu'ils avoient été, ils ne fe contentèrent pas d'en ètre

ler

les rivaux, ils voulurent encore en être les dominateurs. Forts de la foibleffe des peuples," ils élevèrent ou abaifsèrent les fouverains à leur gré; l'Allemagne, plus que toute autre partie de la chrétienté, fe reffentit de l'influence de leurs ambitieux projets.

Enfin, l'élection de Rodolphe de Hafsbourg, faite en 1273, par un compromis des électeurs, tira cette vafte contrée du chaos & de l'épuifement où l'avoit jeté le long interrègne. Cet empereur eft la fouche de tous les princes de

la maifon d'Autriche.

Le long interrègne n'avoit pas moins favorifé en Italie qu'en Allemagne, la liberté de plufieurs villes qui dépendoient de l'empire. Rodolphe, trop foible pout les ramener fous fes loix, préféra de confirmer leur indépendance moyennant quel ques fommes d'argent.

Adolphe, comte de Naffau, fut déposé par les princes d'Allemagne, après avoir été élu par un compromis de l'électeur de Mayence. Albert d'Autriche, élu à la place du comte de Naffau, foutint fon élection, & contre fon rival qu'il tua à la bataille de Spire, & contre le pape, qui après l'avoir fait fommer de comparoître devant lui pour fe purger de l'excommunication, l'appela humblement à fon fecours contre Philippe-le-Bel; le reconnut non-feulement pour

Tome I.

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empereur, mais lui donna encore, mais lui donna encore, à ce titre,

le royaume de France, qui, difoit-il, faifoit partie de l'empire, fans doute parce que l'empire d'Allemagne avoit fait partie de la fouveraineté du roi des François fous Charlemagne ; car l'ambition & l'injuftice ne font pas plus conféquentes dans leurs vengeances.

L'Italie fembloit fe détacher de plus en plus de l'Allemagne. Quatre empereurs ne s'étoient point fait couronner, & avoient négligé d'aller offrir à Rome le fucceffeur des Céfars. Henri VII eut malheureusement le defir de fe faire reconnoître pour roi des Romains; il paffa en Italie pour y recevoir la couronne; il entre à Rome moins en fouverain qu'en conquérant; il difperfe tout ce qui s'oppose à fon paffage, répand l'épouvante dans le fein du facré collége, & eft couronné par trois cardinaux.

Pour fignaler fa fouveraineté, il établit un gouverneur à Rome; il impofe un tribut annuel fur toutes les villes, & veut même y affujettir le royaume de Naples.

armes,

Il alloit foutenir de fi hautes prétentions par les humilier d'un même coup & le pape qui fe difoit fuferain de Naples, & fon vaffal, lorfqu'une de ces morts fubites que font plus fréquentes en Italie qu'ailleurs, mit fin à fes projets. Sous fon fucceffeur Louis de Bavière, l'empire rentra dans les bornes de l'Allemagne. Charles IV

par le

petit-fils de Henri VII, après avoir été élu fuffrage unanime des électeurs, alla à Rome recevoir la couronne des mains des cardinaux. Jamais cérémonie ne fut plus pompeufe, & jamais fouverain n'eut moins de puiffance dans le lieu de fon couronnement; il n'eut pas même le droit de passer la nuit dans la ville qui avoit été le témoin de tous fes honneurs, le fouvenir de l'entrée de Henri VII & de la puiffance qu'il avoit exercée, avoit tellement épouvanté le pape Clément VI, qu'il fit jurer à Charles, avant fon élection, que, s'il venoit fe faire couronner à Rome, il n'y resteroit que le jour même de la cérémonie.

Ces détails qui, au premier coup-d'œil, femblent n'être qu'hiftoriques, entrent pour beaucoup dans la conftitution de l'Allemagne, & nous préparent à nous pénétrer de l'efprit de fes loix.

Ce fut fous ce même Charles IV que fut publiée la fameuse bulle d'or qui tire fa dénomination dut grand fceau d'or aux armes impériales, qui y eft attaché. Cette bulle est la première loi fondamentale de la constitution de l'Allemagne; elle règle la manière d'élire l'empereur, de le couronner; elle fixe les droits des électeurs, elle limite leur nombre.

Les intérêts du peuple paroiffent entrer pour peu de chose dans cette loi. Cependant les prétentions au droit de le dominer lui font fi funeftes, lorf→

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