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terme que celui de la celui de la mort, à leurs privations & à leur fervitude. Les talens pouvant prendre unt libre effor, fe répandront dans toutes les profeffions utiles: il n'y aura plus de honteux que l'injustice & l'oisiveté.

Une confédération formée dans un fr beau deffein, a, il faut l'avouer, plus de droits à nos hommages, que celle dont nous venons d'obferver l'accord & la puiffance.

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VIe DISCOURS.

DE l'Empereur, de fon Couronnement, de POrigine des Électeurs, & des Forces de l'Empire.

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VANT de parler de la population, des forces d'Allemagne, aurai-je le courage de m'arrêter fur ces cérémonies de couronnement, fur ces étiquettes, fur ces préféances dont la vanité humaine s'enivre avec tant de délices, lorfque la raison ne lui en a pas fait apprécier la valeur ?

L'empereur réuniffoit autrefois, fur fa tête, quatre couronnes. Celles de Lombardie, d'Arles, de Rome & d'Allemagne. C'étoit bien des couronnes pour un prince! Combien parmi eux ont été accablés du poids d'une feule!

Les anciens rois Lombards recevoient la royauté par le fymbole de la lance. La première couronne de Lombardie, qui n'étoit pas fans doute d'une matière bien précieufe, n'exiftant plus, l'empereur Henri VII en fit faire une d'acier, en forme de laurier, ornée de pierreries; celle dont Charles V fut couronné à Bologne, eft compofée d'une cercle d'or, & garnie, dans l'intérieur, d'un petit cercle

de fer, qui feroit d'une bien plus grande valeur que celle de tous les métaux, fi, comme on le prétend, il étoit formé d'un des clous qui ont aggravé les douleurs de notre légiflateur fuprême. Charles V eft le dernier empereur qui ait reçu la couronne de Lombardie.

L'empereur Conrad le Salique fut le premier couronné roi d'Arles, après qu'il fe fut mis en poffeffion de ce royaume. Ce couronnement a cessé avec le royaume d'Arles, & c'eft encore une couronne de retranchée de celles qui décoroient la tête impériale. Depuis que le chef de l'empire ne se fait plus couronner à Rome, fes

fé font réduites à une feule.

quatre couronnes

Les Germains inveftiffoient autrefois leur fouverain de la royauté, en l'expofant au peuple, porté fur un bouclier, ou en lui préfentant une lance à la manière des Lombards.

Suivant la bulle d'or, le couronnement de l'empereur & la confécration devoient le faire à Aix-la-Chapelle, qui étoit la ville où réfidoit Charlemagne, & l'archevêque de Cologne, en fa qualité d'archi-chapelain de fa chapelle, érigé par cet empereur, a foutenu longtems avoir le droit exclufif de faire la confécration. L'électeur de Mayence, comme primat de la Germanie, le lui a contesté. Cette guerre de prélats, heureufement n'a donné lieu qu'à des écrits fans nombre qui

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ont été enfevelis fous une tranfaction paffée en 1657, qui porte: Que l'électeur de Mayence employeroit tous fes foins pour que le couronnement fe fit chaque fois à Aix-la-Chapelle, ou au moins dans une ville du diocèfe de Cologne ; mais que, dans le cas d'un empêchement légitime, celui des deux électeurs, dans le diocèfe duquel fe feroit le couronnement, confacreroit l'empereur, & que, hors les deux diocèfes, la confécration fe feroit alternativement par les deux archevêques, à commencer par l'électeur de Cologne.

pour

J'ignore fi l'électeur de Mayence s'eft, comme il s'y eft obligé, donné beaucoup de foins que l'empereur fût couronné à Aix-la-Chapelle; mais ce qu'il y a de vrai, c'est qu'il n'y a pas eu de couronnement dans cette ville depuis plus de deux fiècles.

Lorfque l'empereur a fixé le jour de fon couronnement, les électeurs féculiers montent à cheval, & conduisent l'empereur jufqu'à la porte l'églife.

de

L'archi - maréchal porte l'épée de l'empereur; le maréchal héréditaire, le fourreau; l'archi-fénéchal, le globe impérial; l'archi - chambellan, le fceptre; l'archi-tréforier, la couronne; les trois électeurs eccléfiaftiques reçoivent l'empereur à l'églife; là, il promet d'être foumis à l'églife catholique & au pontife de Rome, de gouverner avec juf

tice, de foutenir & de recouvrer les droits injufte ment enlevés à l'empire.

Ce ferment eft bien difficile à remplir. Comment demeurer foumis au pontife de Rome & recouvrer les droits qu'il a enlevés à l'empire?

Il y a apparence que ce ne fera pas en lui obéiffant, que les empereurs fe réintégreront dairs. tous les droits ufurpés par la cour de Rome fur l'empire. Il vaut fans doute encore mieux être parjure que de répandre le fang des hommes. Après que le Te Deum a été chanté, l'empereur, affis fur un trône, crée des chevaliers; mais rentré au conclave, il femble, à des yeux profanes, bien redefcendre de fa grandeur; car il prête un nouveau ferment, en qualité de chanoine de l'église de Sainte Marie, à Aix-la-Chapelle ; quelqu'augufte que puiffe être pour lui ce titre de chanoine, on ne voit pas cependant qu'il s'en glorifie dans l'énumération de ceux qui précèdent ses manifeftes.

Lorfque toutes les cérémonies font achevées, l'empereur, fous un dais, environné des électeurs qui font à pied, retourne à la cour impériale. Les archi-officiers de l'empire rempliffent les fonctions de leur charge, & fervent l'empereur, qui eft feul à sa table; elle domine celle des électeurs. Leurs envoyés n'y font point admis; dans la même falle eft une table particulière pour les princes.

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