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Une première injuftice conduit toujours à une plus grande. Les fujets de l'empereur Ferdinand II, fecouèrent, dans la Bohême, le joug de leur fouverain, & ils élurent à sa place Frédéric V, électeur Palatin. Exifta t-il jamais uri roi affez fupérieur à la couronne, pour fe dire à lui même: « Je régnois fur un peuple qui » m'avoir adopté pour fon fouverain; mon pre»mier titre étoit fon confentement; mon fe

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cond, l'intention où j'étois de le rendre heureux par la juftice & les loix; aujourd'hui, il le reprend ce premier titre que je tenois de lui; il efpère trouver dans un autre monar que, à un plus haut degré, ce defir que j'avois de contribuer à fon bonheur; eh bien! qu'il en jouiffe de cette faculté dont il eft » fi jaloux! Peut-être fon repentir & fon efpé»rance trompée me vengeront-ils de l'offenfe » que j'en reçois; en ceffant d'être roi, j'en » ferai moins puiffant, mais je n'en ferai que » plus grand, puifque j'aurai dédaigné la ven» geance, & que j'aurai fu être homme après » avoir été fouverain »?

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L'empereur Ferdinand ne s'éleva point à ce degré de fageffe: il fuivit la route ordinaire; il fit guerre à fes fujets; il vainquit Frédéric, le traita en ennemi de l'empire, & le poursuivit, fans confulter les états, parce que la vengeance

l'aveugla, & lui fit tranfgreffer fa capitulation. Fier de fes fuccès, il voulut anéantir, d'un feul coup, le parti proteftant, & commença par publier un édit juste au fond; mais injuste dans fa forme, parce qu'il n'étoit point revêtu du confentement des états. Cet édit ordonnoit la reftitution de tous les biens eccléfiaftiques dont les proteftans s'étoient emparés depuis 1555.

Nous voici au milieu de cette guerre que l'on a nommé depuis la guerre de trente ans. Guftave Adolphe, roi de Suède, en venant au fecours des proteftans y figura avec éclat; mais après avoir remporté une grande victoire à Leipfick, il reçut la mort à Lutzen. Ce fut une perte immense pour le parti qu'il protégeoit. Son fucceffeur fe fortifiant de l'alliance de la France, continua la guerre avec acharnement.

C'eft une chofe digne de remarque que les proteftans, toujours fi perfécutés dans le fein de la France, l'ont toujours eu pour appui au dehors, tant il est vrai que la perfécution & le fanatisme de la religion ont un caractère de dé

mence.

Cette longue guerre fut mêlée de défaites & de victoires, comme fi celui au nom duquel elle fe faifoit, & que les deux partis invoquoient, eût voulu leur faire connoître qu'il n'y prenoit point de part; qu'il les abandonnoit à leur délire,

& qu'ils méritoient d'être humiliés tour à tour. Eclairés par leurs malheurs, les catholiques & les proteftans s'occupèrent d'y mettre fin. Des préliminaires furent arrêtés à Hambourg, en 1641; les conférences s'ouvrirent en 1644, & la paix ne fut publiée qu'en 1648.

Ce font les articles de cette paix qui forment la quatrième loi fondamentale de l'Allemagne. Ainfi nous fommes arrivés aux grandes bases du droit public à travers l'hiftoire, c'est le plus für moyen de ne pas s'égarer & de marcher fûrement.

La paix de Weftphalie est compofée de deux traités; le premier fut conclu avec la France à Munfter; le fecond avec la Suède à Ofnabruck.

La France étoit entrée dans cette guerre contre les catholiques, fous le ministère du cardinal de Richelieu; elle la termina heureusement fous le cardinal Mazarin. Ce dernier miniftre fe montra dans cette occafion fupérieur à fon prédéceffeur.

Le cardinal de Richelieu, en y entraînant la France, n'avoit vu que l'occafion favorable à fon fyftême d'humilier la maifon d'Autriche; mais il faifit mal le moment de remplir ce dessein. Si, comme le remarque très-judicieusement l'abbé de Mably, Richelieu, au lieu de fe contenter de payer d'abord des fubfides à la Suède, eût déclaré la guerre à l'empereur, dans le » tems où Gustave répandoit la terreur dans l'Allemagne,

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✪ l'Allemagne, qu que du moins il n'eût pas attendu, pour prendre les armes, que la bataille de Nortiingue eût prefqu'entièrement ruiné les » affaires des Suédois, les Impériaux ne trou vant aucun allié après leur défaite, auroient » été obligés de recevoir la loi du vainqueur.

» Mais la perte d'une feule bataille avoit enlevé » aux Suédois tous leurs avantages, rendu le »courage aux alliés de l'empereur, & lorfque la France fe préfenta; elle n'eut plus qu'un allié abbattu, & trouva un ennemi victorieux à » combattre »

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Ce font-là de ces fautes en politique qui affoibliffent la haute eftime que l'on portoit à de grands niiniftres, & retombent malheureusement fur la nation dont on a compromis & le fang & Phonneur fans la confulter, Prefque toutes les puiffances de l'europe eurent part au traité de Weftphalie; l'Allemagne, la Suède, la Pruffe, la Hollande, l'Espagne & la France, y ftipulèrent leurs intérêts & y fixèrent leurs droits..

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Nous ne nous attacherons, dans ce momentci, qu'à ce qui regarde l'Allemagne. Voici la partie du traité qui eft relative à la religion.

« Il fut arrêté qu'on n'admettroit dans l'em» pire que trois religions, la catholique, la »luthérienne & la réformée; que le réfervar eccléfiaftique feroit réciproque, c'est-à-dire que

Tome I.

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» fi un bénéficier catholique embraffoit une autre religion, fes bénéfices demeureroient vacans; » que de même fi un bénéficier protestant ren»troit dans le fein de l'églife, il perdroit fes dignités & les fruits qui y étoient attachés. Par » ce traité, le pouvoir de l'ordinaire & fa jurif» diction eccléfiaftique font fufpendus, à l'égard » de ceux de la confeffion d'Ausbourg, & chaque l'exercer dans fon territoire ».

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On fixe, pour la reftitution des biens eccléfiaftiques, le 2 Janvier 1624, & le traité porte « que celui qui en avoit la poffeffion audit jour, quoiqu'il l'eût perdue depuis, y fera rétabli » fans qu'il foit befoin d'aucun titre ».

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Quant à l'exercice de la religion, il est permis aux états « d'embraffer celle des trois qu'ils jugeront à propos, & les fujets médiats peu» vent profeffer librement celles qu'ils fuivoient, pendant une partie quelconque de l'année 1624, finon ils ont le droit d'émigration en payant un dédommagement à leur feigneur, au cas qu'il pas les tolérer.

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» Dans les affemblées ordinaires, ainfi que » dans les diètes générales, le nombre des dépu»tés de l'une & l'autre religion fera égal.

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Quand une affaire exigera des commiffaires » extraordinaires, ils feront pris parmi les pro» teftans, s'il s'agit d'état ou de perfonnes qui profeffent la confeffion d'Ausbourg.

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