Page images
PDF
EPUB

ites de patriotes. Mais il existe un acte qui suffi roit seul pour le faire déclarer criminel de lèsenation; ce sont les lettres patentes sur arrêt du conseil, données le 7 septembre dernier, qui ordons nent la fabrication de deux cent mile marcs d'espèces de cuivre pour la monnoie de Lyon. Un article de la constitution interdit au pouvoir exé catif le droit de faire des loix méme provisoires; il lui est permis 'seulement de faire des proclamations conformes aux loix pour en ordonner ou en rappeler l'observation. Or, des lettres patentes qui ordonnent l'émission d'une quantité quelconque de monnoie, sont une loi; un pareil acte de la part d'un ministre est un attentat aux fonctions du corps législatif et aux droits du peuple. Voilà donc un délit bien précis, articulé contre le sieur Gui-, gnard; il n'y a plus qu'à lui faire son procès (1).

Nous dirons que M. de la Luzerne est dénoncé par toutes les classes de la marine; par les colonies françaises, et en dernier lieu par les négo. cians de Bordeaux; qui ont sauvé, l'escadre de Toulon des dangers de l'insurrection, en envoyant de l'argent pour la paye des matelots par quel prestige échapperoit il au supplice qu il a mérité? Nous dénoncerous M. de la Tour-du-Pin pour

(1) Il ne faut pas s'étonner de cette immense fabri cation de monnoie de cuivre à Lyon, à Bordeaux, et dans d'autres villes. Il y a pour le gouvernement un bénéfice de 118 pour cent sur la fabrication. Le sieur Guignard ne cède pas sa part du gateau. Ce visir, nó avec une fortune très-médiocre, s'est fait 150,000 liv. de rente dans son ambassade à Constantinople. Le traité par lequel la Porte a cédé la Crimée à la Russie, lui a valu 600,000 livres, la décoration de l'ordre de Saint-André, enrichie de diamans, et une grande quantité d'autres diamans pour son épouse.

Le beau-frère du sieur Guignard, étranger chez l'emvient d'être nominá pereur, à peine âgé de 28 ans ambassadeur de Léopold à Stockolm.

[ocr errors]

ayoir renvoyé quarante mille soldats patriotes avec des cartouches infamantes; pour avoir empêché les pactes fédératifs entre les troupes de ligne et les gardes nationales; pour avoir préparé du fond, de son cabinet, et ordonné le massacre de la capitale de la Lorraine.

Nous dénoncerons le garde des sceaux comme l'ame des troubles de Montauban et de Nîmes (1); nous le dénoncerons pour avoir retardé l'envoi des décrets de l'assemblée nationale, pour en avoir laissé circuler de faux sous le contre seing de son département. C'est avec ces faux décrets qu'on égare les peuples, qu'on les pousse à la révolte, à l'insurrection, en attendant l'arrivée des vérita bles; et les malheureux habitans des campagnes, revenus de leurs erreurs, sont tout étonnés des 'excès que la négligence du ministre et la malice de ses agens leur ont fait commettre au nom de la loi.

Tant d'horreurs méritent sans doute une punition mémorable. C'est à vous, ô assemblée nationale! à provoquer la foudre vengeresse des loix sur ces ambitieux pervers qui se rient impunément des malheurs du peuple. Dites qu'il y a lieu à accusation contre les ministres, et les ministres seront

:

(1) On vient encore de découvrir à Nîmes un nowveau complot. On étoit parvenu à dégoûter du séjour de cette ville le régiment de Guyenne, connu par son patriotisme chaque jour il étoit insulté, et l'on avoit même cherché à le brouiller avec la garde nationale, tellement qu'il étoit prêt à changer de garnison. Pour hâter la réussite du projet odieux qu'on méditoit, quelques conspirateurs, déguisés en gardes nationaux, s'approchent d'un poste occupé par le régiment de Guyenne; un d'eux tire un coup de pistolet à la sentinelle, et lui alonge un coup de sabre au bruit du coup une patrouille survient; on arrête les assassins qui s'enfuyoient; ils sont conduits au directoire du département, qui les a renvoyés à celui du district.

renversés.

renversés. Erigez promptement cette cour nationale, que les amis de la liberté désirent avec tant d'ardeur; songez qu'il faut une leçon terrible à ces hommes qui se font un jeu d'égarer les rois et d'opprimer les nations. Le sang impur de Strafford, coulant sur l'échafaud, a cimenté à jamais la liberté britannique.

Les ministres cherchent à nous embarquer dans une guerre étrangère, afin d'en tirer les moyens de nous procurer ensuite une guerre civile, à l'aide de laquelle ils pourront renverser la constitution. Mais de bons citoyens déjouent leurs combinaisons. La société des amis de la constitution de Limoges propose une espèce de fédération de toutes les sociétés de France avec celle de Londres. En voici les termes :

Lettre du club des amis de la révolution de Limoges au club des Jacobins.

« Les rois et leurs ministres, ennemis déclarés de notre sublime constitution, frémissent à l'approche du terme heureux où doivent finir les travaux de la première législature. Ils sentent avec raison, et ils ne voyent pas sans douleur que cette immortelle constitution deviendra le code de tous les peuples; que le pouvoir légitime s'élevera majestueusement sur le trône des tyrans renversés. Nous avons pensé, Messieurs, que le vrai moyen de hater la régénération universelle, étoit de donner au monde le spectacle d'une réunion fraternelle entre deux grands peuples toujours unis par l'estime et les lumières, toujours divisés par l'ambition et l'intérêt. Cette confédération une fois consolidée, la paix universelle en sera la suite, et quelle que soit l'ambition des rois et la perversité de leurs ministres, le bonheur et la liberté des peuples sont assurés pour jamais. Nous vous propo N°. 67.

B

sons donc, 1. d'envoyer, aux nouveaux frais de toutes les sociétés patriotiques de France, une députation à la société des amis de la révolution, établie à Londres, pour lui jurer une éternelle amitié, et concerter avec elle les moyens d'unir les deux peuples; 2°. de publier au même nom un manifeste adressé à tous les peuples de la terre, pour leur faire connoître les voeux et les intentions pacifiques des amis de la constitution française.

« Nous écrivons par ce courrier à toutes les sociétés établies dans les 83 départemens, pour les inviter à adhérer à notre projet.

« Nous sommes avec les sentimens de la plus tendre fraternité, messieurs, vos très-humbles, etc. les membres composant la société des amis de la constitution établie à Limoges. Signés, Boutet, président, Martin, membre du comité de correspondance ».

Limoges, 12 octobre 1790, et de la liberté l'an second.

D'Angivillers, cet homme de la lie des tyrans, si engraissé par ses pirateries sur les artistes, tient encore avec insolence la verge de fer que la liberté n'a pu parvenir jusqu'ici à rompre dans ses mains, et vient dernièrement d'en frapper impudemment un homme du premier mérite.

C'est un sculpteur nourri dans les écoles d'Italie, jeune encore, et par là plus précieux aux arts et à la renommée. Cet artiste a désiré de consacrer ses veilles à transmettre à la postérité les images du roi et du dauphin. Le roi lui a accordé une séance pour le modeler, et madame de Tourzel l'a introduit auprès de M. le dauphin. Les deux bustes sont finis, et parfaitement ressemblans; aujourd'hui, Angivillers et la ci-devant princesse de Chimai s'opposent à la présentation de ces deux bustes, sous l'odieux prétexte que M. Houdon a seul le droit de ciseler l'effigie de Louis XVI et de son fils. Ainsi, par l'éternelle impudeur de

d'Angivillers, voilà un artiste privé de la récom, pense de son travail et de sa gloire, qui vaut cent fois mieux.

Combien de temps durera donc encore cette criminelle effronterie? Et quand la nation apprendra-t-elle à se faire respecter dans ses membres?

On demande tous les jours à Paris pourquoi l'escadre de Brest est toujours insubordonnée, pourquoi les décrets de l'assemblée, appuyés par les commissaires du pouvoir exécutif, n'ont pas pu parvenir à faire rentrer les matelots dans le devoir (1). Le voici :

Deux personnages du comité de la marine, les sieurs Malouet et Vaudreuil, de concert avec M. de la Luzerne, ministre, M. Hector, commandant du port, et M. Albert de Rioms, commandant l'escadre, cherchent à vexer les gens de mer de la classe subalterne, en les éloignant des places d'officiers. On a fait circuler parmi les équipages des extraits du projet du nouveau code maritime sur F'avancement de la marine. Les matelors voyant qu'ils n'avoient plus à espérer, en faisant la guerre, que des blessures de la part de l'ennemi, et des coups et des mépris de celle de leurs officiers, se sont entièrement découragés. Cependant, comme ils sont bons patriotes, il n'a fallu que des promesses pour les faire rentrer dans le devoir. Les pilotes, si maltraités jusqu'à présent, viennent de présenter à l'assemblée nationale une adresse dans faquelle ils demandent :

1°. Que les pilotes entretenus et non entretenus, qui sont reçus capitaines, et qui ont commandé, soit pour le roi, soit pour le commerce, obtiennent de suite la qualité et le traitement d'officier.

2°. Que les pilotes qui ne seront pas dans le même cas ayent une chambre, la table des officiers, la préséance sur les maîtres d'équipage et capitaines d'armes, et un traitement proportionné à l'import nce de leurs fonctions.

3°. Que les seconds et aide- pilotes ayent des empla

(1) L'ordre est rétabli, si l'on en croit une lettre du sieur Guignard, et on le doit à la prudente retraite de M. Albert de Rioms.

« PreviousContinue »