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même forme que les autres contribuables, c'est-à-dire, à raison de leurs propriétés, exploitations et autres facultés.

L'exécution de ce décret est contrariée par une espèce de loi clandestine donnée en forme d'instruction de la part du roi, dans laquelle il est dit que les maisons, châteaux, cours et bâtimens non habités toute l'année, seront imposés seulement à raison du double de leur superficie sur le pied des meilleures terres. En vertu de cette instruction, les privilégiés ont refusé de payer leur cotisation, sous le prétexte quelle excédoit les bornes fixées par la proclamation ministérielle. Le district de Corbeil a parfaitement bien senti qu'une proclamation qui n'étoit pas dans l'esprit des décrets de l'assemblée, et qui les contrarioit, étoit illégale et devoit être regardée comme non avenue. En conséquence le directoire a pris l'arrêté suivant :

« Le directoire en persistant dans son arrêté du 21 juillet dernier, déclare qu'il ne peut regarder l'instruction publiée par ordre du roi, le 21 mars dernier, comme ayant force de loi; qu'il la regarde au contraire comme abusive, et attentatoire aux droits de la nation; qu'il se fera toujours un devoir sacré d'exécuter fidèlement et strictement les loix légales, et de s'opposer à ce qu'elles soient violées; qu'il sera écrit de nouveau à M. le président de l'assemblée nationale, pour la supplier de fixer ses regards sur un objet aussi important, et encore relativement aux compensations de la capitation; qu'expédition des présentes sera envoyée, à la diligence du procureur syndic, au directoire du département de la Seine et l'Oise, et à tous les districts de son ressort ». Signés, l'Héritier, président; Anquetille, Gaidelin, Semmagnat et le Bault, secrétaires.

Extrait d'une lettre d'Orléans, du 5 septembre 1790.

MONSIEUR,

Votre ouvrage des Révolutions de Paris a déjà fait réformer bien des abus, et j'espère qu'il contribuera à renverser celui que je vais vous dénoncer.

L'élection des juges consuls à Orléans, ainsi que dans

toutes les villes du royaume, s'est toujours faite de la manière la plus irrégulière. L'usage est de n'envoyer des billets de convocation qu'aux principaux négocians, d'autoriser les juges consuls à présenter la liste de ceux qu'ils jugent en état de les remplacer; de n'admettre que ceux-ci pour éligibles, à l'exclusion du reste des marchands, fabricans et artisans.

De deux choses l'une: ou il faudroit convoquer tout le commerce par des billets ou bien par une affiche générale; et un tableau exposé dans la salle d'audience devroit indiquer les noms de tous les marchands. Mais le ci-devant haut commerce souffrira-t-il un usage qui le confondra dans la classe des marchands en boutique, et de ceux qu'il appelle les petits marchands?

A la dernière élection qui s'est faite le 26 juillet, on ne s'est pas apperçu que la révolution politique qui nous a régénérés en ait produit une dans les idées de nos marchands secrétaires du roi; toujours encroûtés de leurs vieilles idées aristocratiques, ils ont persisté dans l'antique usage de ne convoquer et de n'admettre comme éligibles que les protégés, ou plutôt les compères des anciens juges consuls. D. B. G.

Plusieurs bons citoyens nous dénoncent un abus commis par l'administration municipale de la ville de Paris dans les bulletins de capitation.

On y lit en deux endroits différens que les rôles d'imposition ont été arrêtés par le roi en son conseil.

Les municipaux ignorent-ils que le mode d'imposition de l'année 1790 pour Faris a été décrété par l'assemblée nationale, et que l'assiette de l'impôt doit être le résultat des opérations des assemblées administratives, et non point de celle du conseil du roi? Quel est donc le but de cette complaisance criminelle pour les formules ministérielles? Si ceux que le peuple a choisis, si ceux en qui il a mis toute sa confiance sont les premiers à le tromper, quel sort lui reste-t-il à attendre, si ce n'est celui de se trouver immolé à la vengeance de ses anciens tyrans et à la perfidie de ses nouveaux chefs?

Extrait du procès-verbal de la société des amis de la constitution de Brest, séance du 25 août 1790.

Un membre ayant demandé et obtenu la parole, a dit:

MESSIEURS,

<< Les administrateurs du district, les officiers municipaux et ceux de la garde nationale de cette ville ont pleinement justifié la haute opin en que nous avions de leur délicatesse et de leur patriotisme; ils se sont rappelé et ont décidé aujourd'hui qu'ils ne devoient pas se mêler avec des gens qui, dans toutes les circonstances, ont signalé leur invétérée aristocratie et leur haine pour la révolution. L'outrage fait à la nation francise, le 14 juillet dernier, par la superbe marine, en ce port, ne doit jamais obtenir le pardon des patriotes de tous les pays. Comment! pas un seul petard pour la fête de la nation, tandis que les fusées, les feux d'artifice et les canons de cette même nation ont été si souvent employés pour fêter, dans les moindres frégates Ou Corvettes, des ci-devant marquises ou comtesses; je puis parler savamment de ces anciens abus oppressifs: quand j'étois sous la tyrannie de ce corps orgueilleux, j'ai été témoin de leurs splendides repas; j'ai été forcé de prendre les armes, quand ils vouloient avoir des satellites à leurs fastueuses orgies; j'ai, dans l'Amérique, où leurs déprédations ont été portées au comble (nos finances s'en ressentiront long-temps), j'ai, dis-je, porté et fait porter du licrre pour disposer et embellir le local de leurs fêtes; mais malgré tous leurs torts connus, et notre pitié à leur égard, songez qu'ils continuent à gagner du terrain; je vois avec douleur qu'ils font des progrès dans leurs perverses manoeuvres. Croyez qu'ils ne manqueront pas d'accuser les citoyens de Brest dans cette circonstance; ils diront, et même feront parvenir au loin, que c'est avec peine que nous avons vu fêter le roi; que nous sommes ses ennemis, parce qu'aucun de nous n'a déféré à leurs tardives invitations; ils ne feront pas mention que c'est contre eux seuls que doit s'exhaler notre animadversion; qu'ils nous ont joués de toutes les manières, quelques efforts que nous ayors faits pour les traiter et en être traités en frères.

« Je conclus donc par proposer à l'assemblée, dans la vue de faire tomber leurs inculpations sur eux-mêmes, de manifester ce soir même, combien nous sommes voués et attachés au monarque; que nous le reconnoissons pour ami de la revolution, le chef et le dépositaire

des loix, d'après les pouvoirs qui viennent de lui être délégués par nos représentans je demande que nous fassions à nos frais un feu de joie; il ne sera pas riche, parce que nous n'employerons pas à sa composition des fonds usurpés; mais notre gaîté, la présence de la garde nationale, de nos frères les officiers de mérite, sous-officiers et soldats de ligne, et l'excellente musique des différens corps en feront l'ornement ».

L'assemblée a unanimement applaudi à cette motion, a demandé qu'elle fût mise sur le bureau, et sept de ses membres ont été sur le champ députés vers la municipalité pour la lui communiquer, et demander son agrément pour célèbrer la fête du roi. Il a été arrêté que, pour déjouer les ennemis du bien public et confondre la calomnie dont les citoyens patriotes de Brest ont si souvent ressenti les traits, il seroit envoyé au patriote Prudhomme, extrait du procès-verbal de ce jour, pour le rendre public par la voie de l'impression. Les commissaires députés vers la municipalité, de retour, ont rendu compte à l'assemblée de l'accueil des officiers municipaux, et de leurs dispositions inaltérables à manifester leur amour pour la patrie et le roi. La société s'est alors empressée, sous les auspices du chef de la commune, de préparer la fête projetée, a nommé pour remplir et veiller aux divers objets, des commissaires qui s'en sont acquittés avec le zèle et l'intelligence que donne l'amour de la patrie et du prince. En une heure, le feu de joie a été dressé ; les gardes nationales, nos frères des troupes de ligne de terre et de mer ont été invités, et se sont rendus ; la musique des différens corps, une salve de 21 coups de canons de notre artillerie nationale, et les cris répétés de vive la nation, vive le roi, ont rendu la fête intéressante quoique simple: le peuple s'y est porté en grande affluence, et on a dansé bien avant dans la nuit, &c. &c. &c. .

Four copie conforme au registre. TELIER, secrétaire.

Note des rédacteurs.

On voit, par cette pièce, combien le corps de ha marine en général est infecté d'aristocratie. Les officiers ent une peine incroyable à se mettre au ton de la révo

lution; ils résistent de toute leur force au torrent. Depuis long-temps les patriotes leur crient qu'il faut déchirer, faire disparoître le pavillon blanc, pour y substituer les trois couleurs nationales; et cependant ce pavillon blanc flotte encore sur nos vaisseaux ; il insulte orgueilleusement la cocarde tricolore que Louis XVI a arborée, en se déclarant le chef de la révolution, et qu'il a fait prendre à toute l'armée française. Pourquoi donc le ministre de la marine n'a-il pas encore ordonné cette réforme? Elle est plus importante qu'on ne pense. Le règne de la liberté doit être marqué par d'autres emblêmes, d'autres signes que celui du despotisme.

Nous devons ajouter ici que la conduite loyale et sage des sous-officiers et soldats du corps de la marine, contraste singulièrement avec l'anti- civisme de leurs chefs.

Dans toutes les fêtes, dans toutes les cérémonies publiques, ils se joignent, ils se mêlent à leurs frères de la garde nationale; et ce qui les rend bien recommandables aux yeux des vrais patriotes, c'est leur profond respect, leur soumissson parfaite pour les décrets de l'assemblée nationale. Comme les troupes de terre, ils avoient demandé des comptes à leurs officiers; mais sitôt qu'ils ont eu connoissance du décret qui défend aux soldats de s'assembler en comité, ils ont cessé leurs opérations, s'en remettant entièrement du succès de leurs réclamations à la justice des représentans du peuple.

Extrait du Courrier de Lyon no. 51.

:

« Aujourd'hui 24 août, la distribution des prix aux écoliers du collège Notre Dame, s'est faite en présence de la municipalité elle a été précédée d'un discours prononcé par M. l'abbé Roux, professcur de réthorique dans le collège. Il a vanté l'établissement des communes, c'es-à-dire le gouvernement municipal. Les élections libres sont à ses yeux le chef-d'œuvre d'un bon gouvernement; mais M. Roux voudroit qu'elle se fissent par un certain nombre d'électeurs que le peuple auroit nommés. Il désire qu'après cette émission de volonté, l'artisan ne soit plus tiré de son atelier, le cultivateur de ses champs, pour venir perdre leur temps dans des comicos, et souvent y disposer leurs esprits à la fer

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