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blée nationale a attribué la connoissance et le jugement de cette affaire au présidial de cette ville.

Curé d'Issy-l'Evéque. L'abbé Carion, curé d'Issy-l'Evêque, en Bourgogne, vient d'être transféré au châtelet comme criminel de lèse-nation. Cet homme est une espèce de fou qui a profité de la révolution pour se créer dans son village une puissance absolue et indépendante. Peu touché des principes de la politique moderne sur la séparation des pouvoirs, ils les a tous réunis sur sa tête; il s'est fait législateur, juge et commandant des milices.

Il a poussé l'extravagance jusqu'à établir des taxes, des octrois ; il a partagé les terres, et fait ensuite un nouveau code pour régler les proprié tés. La première opération de son règne a été de faire abattre environ 40 toises de mur qui appartenoient à son voisin, et qui gênoient la perspective de son jardin.

Du reste, son administration a été brillante, il ordonnoit de reconstruire les maisons qui menaçoient ruine, ou qui gênoient l'alignement des rues; il faisoit élargir les chemins publics, le tout aux dépens de la commune, sur laquelle il levoit des contributions. Pour qu'il ne manquât rien au costume, il s'étoit donné des gardes, et leur avoit distribué des terres.

Conspirations. Il ne faut pas s'étonner si les feuilles aristocratiques déclament avec tant d'acharnement contre les comités des recherches: les fripons craignent la lumière, et les sentinelles patriotiques déconcertent continuellement leurs complots.

On dit que le conspirateur Maillebois est à nos portes; il a loué une maison à Mastricht, sans doute pour être plus près de nos frontières, et plus à portée d'entrer quand il en sera temps.

Un sieur Henri Cordon, colonel au service de Savoye, écrivoit dernièrement à madame de Persan: « On approche en France du déroûment d'une grande et forte intrigue; la mine se charge

tous les jours, et il est de votre prudence de ne pas attendre le moment où on doit y mettre le Feu ».

Cette lettre a été portée au comité des recherches de la ville, et de-là communiquée avec d'autres pièces à celui de l'assemblée nationale. La dame de Persan a été interrogée, et mise ensuite en état d'arrestation.

L'affaire portée, jeudi dernier, à l'assemblée nationale, elle a décrété qu'il seroit ordonné au châtelet d'informer contre le sieur Henri Cordon, ci-devant comte de Lyon, comme prévenu d'un plan de contre-révolution. La dame de Persan a été mise en liberté.

Le port de Brest vient de courir les plus grands dangers. Quatre forçats ont été pris, presqu'en flagrant délit, sur le point de l'incendier. Ils ont été trouvés dans le magasin à goudron, munis d'une fausse clef, d'une lime et de deux paquets d'allumettes. Citoyens! rappelez-vous que l'année dernière des gentilshommes bretons ont voulu livrer ce port aux Anglais.

Le comité de l'assemblée nationale, pour la vente des biens nationaux, nous a adressé ce qui suit pour le rendre public:

«Les personnes qui ont fait des soumissions au comité de l'aliénation des domaines nation aux, pour l'acquisition des biens de cette nature, et qui, faute d'avoir une copie de leurs soumissions, désireroient avoir communication de celle déposée au comité, afin de satisfaire au décret du 15 août dernier, sont prévenues que le bureau chargé de leur donner cette communication sera ouvert depuis onze heures du matin, jusqu'à deux heures après midi, place Vendôme, no. 9 ».

Nous renvoyons au numéro prochain la publication de la lettre de M. Simon, garde national de Versailles, et notre réponse à ce sujet.

ADRESSE

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Il est donc enfin arrivé ce jour désastreux, si redouté des vrais amis de la constitution, mais si désiré des ennemis de l'ordre et du bonheur' public! il est arrivé cé moment fatal, où les intentions perfides des ministres, secondées des ruses et du machiavélisme de leurs partisans, ont tourne les armes des citoyens contre les citoyens ! Le fanatisme, entouré de prestiges et soufflant par-tout sa fureur et sa rage, pousse dans le précipice des hommes qui auroient dû être en garde contre ses funestes suggestions. La guerre civile est déclarée; l'ordre est donné de tremper ses mains dans le sang de ses frères; déjà les campagnes sont couvertes de membres déchirés et palpitans ; la patrie est en deuil. Et pourquoi? Pour défendre des officiers, qui, coupables envers la nation dont ils violoient les décréts, ont tout tenté pour fomenter une insurrection qni pût, sinon détruire la constitution (car cela est impossible), du moins la retarder dans sa marche et s'opposer au bien qu'elle doit procurer à tous les Français. Promesses, flatteries, caresses, douces insinuations, présens avec les uns, menaces, mauvais traitemens cruautés euvers les autres, tout a été employé pour séduire ou intimider. Et vous Parisiens Vous êtes tranquilles!..... Vous regardez avec indifférence un spectacle si effrayant!.... Où donc est ce courage qui vous a livré la bastille, et qui a fait pålir et trembler vos tyrans?..... Après avoir étonné l'Europe de votre énergique audace, attendez-vous tranquillement aujourd'hui que l'on Vous charge de nouveau des fers honteux de la servitude? Espérez-vous conserver la liberté que vous avez si glorieusement conquise, sans livrer de nouveaux combats? Ah! si telle est votre idée, courez tendre les bras aux chaînes qu'on vous préNo. 6x

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pare. Non vous n'en êtes pas dignes de cette sainte liberté elle n'est le partage que de ces ames fières et magnanimes qui, noblement indignées des entraves dans lesquelles on voudroit les asservir, repoussent avec courage tout ce qui porte atteinte aux droits sacrés de l'homme. Que je plains votre aveuglement! Etes-vous donc assez insen: és pour ne pas voir l'orage qui se forme. Déjà les nuages s'amoncellent la foudre gronde au loin; mais bientôt elle vous atteindra, et vous deviendrez les victimes de votre coupable apathie.

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Votre général, ce Sinon qui vous caresse et vous captive par son mielleux patelinage, cette idole que vous encensez depuis si long-temps, las de se contrefaire, parce qu'il est sûr de son parti, vient d'appuyer hautement de son suffrage les opérations d'un Bouillé, d'un homme ennemi déclaré de la révolution, d'un homme qui n'a prononcé le serment civique qu'à regret et par force, d'un homme enfin vendu à la cour, et dont on peut à juste titre suspecter les paroles et la conduite. Ce concert marqué entre les ministres et le club de 1789, qui trahit la patrie sans honte et sans remords; ces décrets rendus avec tant de précipitation et sans entendre les deux parties; cette indécente violation du droit des gens dans la personne des soldats députés du régiment du roi, qu'on tratne ignominieusement en prison; ces ordres arbitraires qu'on exécute tous les jours, et impunément, contre les troupes qui manifestent lear attachement à la constitution: le dirai-je, même. contre des citoyens ; ces clameurs outrées que des représentans de la nation se sont permises. dans l'assemblée, malgré le récit pathétique des députés nationaux de Nancy; ces intrigues secrètes pour faire réélire les anciens administrateurs des municipalités, ou pour en faire nommer d'autres agréables an parti, tout annonce surement une coalision dangereuse à la chose publique. On remarque

une satisfaction insultante se répandre sur le visage des ennemis de la patrie; une joie maligne brille dans leurs yeux. La guerre civile, s'écrient-ils! Quelle satisfaction pour leur ame horriblement atroce! Et des gardes nationales, uniquement armées pour le soutien et la défense de la liberté, la leur donneroient cette satisfaction! Elles se précipiteroient de galté de oceur dans l'abime, si perfidement creuse sous leurs pas ! Quelle affreuse image! J'en frémis d'indignation. Ah! pour éviter ces malheurs que je préveis, rappelez cette énergie qui vous fit braver le péril et la mort, lorsqu'entourés de soldats étrangers, qui portoient dans leurs mains impies le fer qui devoit vous moissonner avec vos femmes et vos enfans, vous écrasâtes, par des prodiges de valeur, le despotisme qui vous tenoit sous le joug: n'oubliez pas que cette hydre peut renaître de ses cendres, plus furieuse et plus cruelle; tenez-vous sur vos gardes; examinez ce tissu de noirceurs qui se trame et qui vous environne; fermez l'oreille aux discours empoisonnés de ces lâches imposteurs; résistez aux promesses trompeuses et aux présens dangereux des ces infames suborneurs; soyez unis, c'est ce qui fait votre force, et le désespoir de vos ennemis ; c'est de là que dépend votre salut et celui de la France entière; ne vous rebutez pas des obstacles que l'on vous oppose; veillez et veillez sans cesse autour de vous; écoutez la voix d'un citoyen qui ne désire que votre bonheur, et qui voudroit le sceller de son sang. Hélas! je crains, oui, je crains que l'état où nous allons retomber, si nous restons encore quelque temps endormis, ne devienne cent fois plus terrible que celui dont nous nous étions délivrés. Fasse le ciel que cet affreux avenir ne se réalise jamais ' C'est le vœu que je forme dans toute la sincérité de mon cœur.

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