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cher vers Nimes, pour arracher, disoit-il, leurs frères les catholiques des mains des protestans.

Les principaux articles de l'arrêté des aristocrates du camp de Jalès sont ; 1o. « que les citoyens détenus dans les prisons de Nimes, depuis les troubles qui ont agité cette ville, seront transférés hors du département du Gar, et jugés de suite suivant le cours ordinaire des loix, pour être punis s'ils sont coupables, et rendus à la société s'ils sont innocens ».

L'assemblée nationale a décrété que le roi seroit prié d'ordonner à la sénéchaussée de Nîmes de poursuivre les auteurs, fauteurs et complices des troubles de cette ville. Le décret est sanctionné par le roi; c'est donc un crime de vouloir prendre des mesures contre cette loi.

L'article 2 est « que les dommages causés par ces troubles seront entièrement réparés ». La procédure montrera qui des soi-disans catholiques, ou bien de ceux qui les ont mis à la raison, doivent réparer les dommages.

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L'article 3 porte, « que l'assemblée nationale et le roi seront suppliés d'éloigner de Nimes le régi

ment de Guienne ».

Perfides! si ce brave régiment de Guienne étoit assez lâche pour servir vos complices, assez foible pour se laisser aller à des impressions étrangères, Vous vous garderiez bien de solliciter son éloigne

ment.

L'article 4, « que les catholiques de Nimes soient réintégrés dans leurs droits; que leurs armes leur soient rendues >>.

Les soi-disans catholiques de Nimes ont été mandés à la barre de l'assemblée nationale, pour rendre compte des protestations qu'ils ont répandues contre ses décrets. Jusqu'à ce qu'ils ayent obéi, il est juste qu'ils soient interdits du droit de cité.

L'article 5, « que les canons de Nimes soient remis dans le lieu où ils avoient coutume d'être placés ».

Nous remarquerons sur cet article qu'il paroît que le comité du château de Jalès avoit des intelligences sûres à Nîmes; car à l'époque où il rédigeoit son arrêté, le commandant de cette ville vouloit ôter aux gardes nationales les canons dont il s'agit. L'assemblée nationale a ordonné qu'ils resteroient provisoirement à la disposition des soldats citoyens.

L'article 6, «qu'il sera formé une députation conciliatrice pour être envoyée à la garde nationale de Montpellier, relativement, aux troubles de Niares ».

Les misérables! dans leur fureur insensée, ils veulent avoir des complices de leurs crimes; ils sent proposer leur abominable projet à ces

mes gardes nationales de Montpellier, qui dens cette révolution, ont disputé de patriotisme avec celles de Bordeaux.

L'article 7, « que si les moyens de conciliation sont insuffisans, l'assemblée nationale et le roi seront suppliés d'interposer leur autorité pour rappeler le bon ordre ».

Sycophantes! vous osez prononcer le mot de concilatiation, avec la rage dans le cœur? Comment des paroles de paix peuvent-elles habiter sur vos lèvres? Mais vos intentions hostiles ne sont que trop manifestes; et l'on pourroit dire des aristocrates ce que l'écriture-sainte dit des impies : Sepulcrum patens est guttur coram.

Par le dernier article de l'arrêté, le comité de Jalès s'est déclaré permanent pour connoitre de toutes les pétitions des gardes nationales des trois départemens fédérés. Il a poussé le délire jusqu'à ordonner que les dépenses du comité de corres pondance seroient supportées par les départe

mens.

Il faut cependant rendre justice à la majeure partie de l'armée de Jalès; elle a eu horreur des arrêtés scandaleux de ses chefs, et elle a constamment refusé d'y adhérer.

On doit aussi des éloges aux membres du directoire du département de l'Ardèche, qui, par une proclamation également sage et courageuse, ont arrêté les effets funestes qui pouvoient rẻsulter de l'espèce de conjuration de Jalès.

Nous ajouterons que l'assemblée nationale vient de rendre sur cette affaire, et d'après le rapport de M. de Sillery, un décret qui déclare inconstitutionnel et illégal le comité de Jalès, lui fait défenses de s'assembler, et en livre les membres au tribunal de Ville-Neuve-le-Bergue, pour être jugés selon la rigueur des loix.

NOUVELLES ULTÉRIEURES DE NANCY...

Chaque courrier arrivant de Nancy apporte des nouvelles plus désastreuses; chaque jour, dans cette malheureuse ville, semble éclairer de nouvelles horreurs. On diroit que la paix ne sauroit s'y rétablir qu'en versant du sang, qu'en perpétuant les boucheries d'hommes.

Les restes du régiment de Château-Vieux sont livrés aux fureurs d'un conseil de guerre altéré de sang. Vingt-un soldats ont été pendus, un a été rompu vif, soixante-quatre sont condamnés aux galères, et quarante-deux sont renvoyés à un plus amplement informé. Que penser de l'ordre social, si l'on ne peut fonder la tranquillité des citoyens que sur des assassinats juridiques, sur des monceaux de cadavres ?

Il pourroit très-bien arriver que l'assemblée nationale eût à se repentir d'avoir décerné si légèrement des couronnes civiques aux corps admi

nistratifs de Nancy. La municipalité commence à laisser passer le petit bout d'oreille aristocratique. Elle déclare ouvertement la guerre aux patriotes.

Mercredi 8, un député de la garde nationale de cette malheureuse ville a lu, au club des Jacobins de Paris, une lettre, par laquelle on lui apprenoit que les officiers municipaux venoient d'interdire la société des amis de la constitution. Les détails de l'expédition de ces messieurs doivent faire frémir tous les patriotes.

Ils ont fait enfoncer les portes du lieu de l'assemblée; ils ont fait main basse sur les papiers, les ont mis sous le scellé, après un procès-verbal, d'autant plus irrégulier qu'il n'a été souscrit par aucune des parties intéressées.

S'il existoit des tribunaux patriotes, si le choix du peuple avoit épuré les juges, il n'y a pas de doute que la municipalité de Nancy ne fût déclarée responsable de son irruption scandaleuse, et obligée de réintégrer les papiers de la société patriotique.

Mais aujourd'hui que les loix sont muettes, aujourd'hui que leurs ministres n'en disposent qu'en faveur des ennemis de la liberté, c'est à l'assemblée nationale, c'est à la source de toute justice que les patriotes opprimés doivent adresser leurs réclamations. On nous assure, dans ce moment que le comité des recherches a accueilli la dénonciation des députés de Nancy. C'est M. de Sillery qui s'en est chargé; nous aimons à croire qu'ils ne tarderont pas à être vengés.

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Le sieur Dupont, député de Nemours, le Dupont du club ministériel de 1789, celui qui, comme on l'a dit, a circulé avec le porte feuille de contrôleur général en contrôleur général, vient de se signaler par une motion contre les attroupe

mens,

mens qui ont eu lieu le jeudi 2 sur la terrasse des Feuillans.

Après avoir annoncé qu'il y a une conspiration contre la constitution, de la part de ceux qui regrettent l'ancien régime, de la part de ceux qui ne veulent que l'anarchie, enfin, de celle des puissances étrangères intéressées à éterniser nos troubles, il a dit : « On a dispersé dans les groupes (des Tuileries) environ quarante fanatiques rée!s ou volontaires, à puissans poumons, et quatre ou ciaq cents hommes payés. On leur a donné ce mot du guet: Etes-vous sur? et la réponse : Un homme stir, On a donblé la dépense, afin d'entraîner par l'attrait de l'argent quelques uns de ceux que l'on n'avoit pas pu déterminer par le magnétisme des motions et des cris. Plusieurs dépositions faites entre les mains des officiers de la garde nationale et à la mairie, attestent que d'honnêtes gens, mêlés parmi la foule, ont reçu la proposition de douze francs, pour joindre leurs cris à ceux que vous entendiez retentir, et qu il en est à qui on a laissé les douze francs dans la main. On a publiquement annoncé que cela devoit durer eacore; qu'il y auroit un mouvement chaque jour; et chaque jour en effet de nouvelles motions d'assassinats ont été faites On a publiquement annoncé que jusqu'au 10 cela ne seroit pas sérieux; mais que la grande explosion étoit fixée au 10 de ce mois, jour que vous avez indiqué pour une délibération d'une haute importance »>.

Pour remédier à ce désordre, le sieur Dupont a proposé de décréter;

1o, « Qu'il sera ordonné aux tribunaux d'informer contre les quidams qui ont fait, le jeudi 2 septembre, des motions d'assassinats, sous les fenêtres de l'assemblée nationale, contre ceux qui ont excité à faire des motions, et contre ceux qui ont distribué de l'argent à cette fin.

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Qu'il sera ordonné aux officiers municipaux de Paris de veiller soigneusement au mainNo. 61.

B

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