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moire du régiment ne nous apprend rien de plus, si ce n'est que les officiers qui lui fournisscient les divers déguisemens pour ses combats nocturnes,' étoient les sieurs de Cheffontaine frères, Charitbella et de Byssi, officers. Les soldats demandérent la punition du padassin, et ces officiers disparurent.

Lorsqu'il fut chassé de Nancy, un grenadier lui appliqua une calotte cù étoit écrit le nom d'ascariote. M. de Montluc jeune, a'ors officier, et sujourd'hui transfuge et soldat chez les Au richiens, se porta aux plus vives menaces contre ce grenadier.

Les soldats, fatigués de tant de heurtemens, s'adressent au co ps législat f. M. de Neuvic, major, dit aux soldats « qu'il n'y avoit que les régimens qui s'étoient mal compor és qui envoyoient leur adhésion à Tassemblée nationale ».

Lors de l'erreur, peut être volontaire, du mi-` nistre, concernant la déduction du pain qu'on avoit donné de surplus depuis le premier nai, les officiers répandirent dans les compagnics ces propos: » Voyez le bel avantage que vous fait l'assemblée natione, qui vous gratie dans le moment, pour vous seduire, et qui va tout vous retirer ».

Lors des troubles entre les corps, MM. de Lenjamet et Saint-Meard se félicitèrent d'être les premers à faire usage de leurs armes.

Nous avons aussi parlé de la compagnie de spadassins; ils étoient spécialement chargé d'attaquer les soidais, membres de la société des amis de la constitution. On a vu M. de Compiegne, major en second, donner 6 livres à l'un d'eux, et die que c'étoit pour le récon penser de s'être bica battu contre un citoyen.

Quatorze de ces brigands attirent deux soldats s un ca aret, et veulent les fo:cer à se battre, ou les tuer le cabaretier à le bonheur de leur

dans

sauver la vie. Le régiment informé de ce guet-àpens, en arrête les auteurs: dans leurs dépositions iis chargent MM. de Vandomois et Merry de leur avoir offert des pistolets et des poignards pour dé-" truire les amis de la constitution. M. de Vandomois di paroît aussitôt. On promet un conseil de guerre pour juger ce délit; la municipalité est garante de cette promesse; et M. Denoue, commandant demande la proclamation de la loi martiale contre les soldats il ne peut l'obtenir.

Il y a eu deux cents cartouches jaunes et blanches, avec note d'incapacité, distribuées aux so dats patriotes. Cent à cent cinquante congés à termes furent distribués à l'élite du régiment, à l'approche des Autrichiens qui devoient passer sur les terres de France.

M. de Montluc aîné cherche à perdre, par la plus fausse accusation, le grenadier menacé par son frère. Les grenadiers défendent à leur camarade innocent de se rendre en prison, où sa vie eût été compromise. M. Denoue inte: dit les grenaliers, puis le régiment. On arme aussitôt Château-Vieux contre le régiment, qui se met en défense, on en vient aux pourparlers, et cette erreur n'a pas de suite.

Le régiment du Roi demande ses comptes, comme bien d'autres régimens; les officiers les rendent, et comptent aux soldats 150 mille livres qui furent distribuées sur procès-verbal.

M. Denoue traita le regiment de brigands et de bandits, au milieu de la municipalité, en présence d'un caporal.. Il réitéra cette injure dans une lettre adressée à M. Balivière, et doat on eut connoissance à l'occasion de la vérification des comptes.

Un officier, nommé Delor, fit un crime à un soldat de s'être décoré du ruban national, et à ce sujet il éclata en menaces contre deux soldats qu'il disoit les auteurs de ce désordre.

Telle étoit la position respective des soldats et des officiers, lorsque le décret du 6 août fut rendu.

Deux soldats suisses de Château-Vieux vinrent au quartier du régiment du Roi, pour lui demander des renseignemens sur la manière d'examiner les comptes. Pour cette seule démarche, qui s'est même trouvée dans le sens du décret du 6 août, les deux Suisses furent passés aux courroies a veille de la publication de ce décret.

Les officiers du régiment du Roi complimentèrent les officiers suisses sur cet acte de barbarie et de férocite l'indignation devint générale; Chàteau Vieux réhabilita les deux soldats; le régiment du Roi les accueillit; et l'un d'eux les couronna de son bonnet.

M. Denoue affecta de ne point assister à la publication du decret, il alla même se mettre sous la protection de la municipalité; démarche qui n'avoit d'autre but que de ca.omnier le régiment mais une députation de grenadiers alla le solliciter, il consentit à venir; et sur le simple désavœu de ce mot brigands, on voulut bien T'oublier.

On fait lecture de ce décret, la garnison assemblée sur la place; et quoiqu'une lecture rapide dans une si vaste enceinte n'eut pas pu sulfire pour le faire connoître, les soldats jurèrent d'obéir. « Si c'eût été quelque ordre favorabie à la contre-révoIution; on fut venu le lire dans les chambrées, on en eût répandu des copies avec profusion, comme on l'avoit fait de la Lettre d'un soldat aux soldats, de l'Adresse à l'armée française. On lisoit ces libelles à l'heure de l'appel. Et une lettre sur une prétendue injure fa te à l'armée par M. Dubois (de Crancé, a été lue par ordre des chefs ».

Les soldats se rendirent donc le lendemain chez M. Balivière, pour savoir la position où les met

toit le décret. L'organisation du régiment du roi et sa comptabilité sont si différentes, de celle des autres corps, que M. Balivière convint que le décret ne leur étoit pas entièrement applicable; et il autorisa la continuation de l'examen des comptes, en restreignant les examinateurs à un homme par compagnie.

Pendant qu'on examinoit les comptes, le bruit se répandit que les officiers avoient comploté d'enlever la caisse et les drapeaux, pour aller en pays étranger, y former un nouveau régiment du roi, de l'écumè du régimeut et de quelques recrues. La caisse devoit être au quartier, selon les ordonnances. Ils la de mandèrent, on la leur refusa, et pour les insulter, on en confia la garde à la maréchaussée. Alors les soldats allèrent, ils l'avouent, contre le décret du 6 août; ils enlevèrent la caisse, mais pour la déposer intacte chez le major, au quartier. Cette démarche ne troubla point la ville, et les soldats viveient en paix avec les citoyens et la garde nationale. Dans le cours des comptes, on s'apperçut qu'il y avoit des articles dont, M., du Châteler (ancien colonel) pouvoit seul rendre compte: le chef de ce régiment étant en même temps inspecteur et caissier, il n'y avoit jamais eu de compte rendu..

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Ainsi, il falloit demander à l'assemblée nationale, 1°. que. M. du Châtelet fùt teu d'interrompre se fonctions, pour compter depuis son ent ée au régiment; 2. qu'il fut nommé un inspecteur particulier, afin que le comptable ne fût pas inspecteur de son propre compte; 3°. que le conseil d'administration fut double, puisque le régiment est de quatre bataillous.

Les chefs ne peuvent se refuser à l'évidence de ces raisons. Les soldats envoyent une adresse à l'assemblée nationale, elle est interceptée. Ils désirent en porter eux-mêmes une autre, les chefs y consentent; la députation nommée, chaque

membre reçoit une cartouche, signée d'eux. Ils se munissent de passe-ports; ils arrivent à Paris': le ministre les fat plonger dans les prisons, où ils apprennent le terrible décret du 26 août.

Que l'on veuille biea se reporter au sein de l'assemblée nationale, au moment où ce fatal décret a été rendu.

M. Emery, rapporteur du comité militaire rend compte de l'insubordination de la garnison de Nancy; il étoit mui de trois pièce, une lettre de M. Denoue au ministre, une lettre du direc toire du département de la Meurthe, ua procèsverbal de la municipalité de Nancy.

La lettre du département ne prouve rien, si ce n'est ce fait avoué par les soldats du régiment du roi, qu'ils ont exigé de M. Denoue le désaveu du mot brigands.

Le procès-verbal de la municipalité porte sur des faits aussi avoués par les soldats, et qui ne diffèrent que dans la manière de les présenter. Pat exempie, la municipalité dit : « Ensuite de la proc amation, un détachement a porté en triomphe les deux Suisses qui avoient passé hier au consel de guerre ».

Ce n'étoit point ensuite de la proclamation que les soldats rendirent cette justice à ces deux victimes du despotisme; cet acte étoit indépendant de toute proclamation, de tout décret.

Ainsi la municipalité présentoit cette demande du régiment du roi: que M. du châtelet readit compte depuis son entrée au régiment, comme une contravention à l'article 6 du décret du 6 août, qui fixe l'effet rétroactif des comptes à 6 ans, tandis que cette demande, approuvée par les chefs, n'avoit d'autre cause que le mode de comptabité particulier au régiment du roi.

Ainsi la municipalité représentoit les mouvemens des troupes comme compromettant la tran

quillité

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