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vant.,

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tius mundi

renovatio,

rations futures, qui favent que, felon l'expreffion de Tertullien, l'état du monde entier dé- Juvents. pend de l'inftitution du premier âge; ne liront tis inftitupas fans une douleur profonde le paffage fui- tio eft toVous ferai-je encore obferver cette régénération des mœurs, qui va parmi vous en confommer & confacrer la dépravation; » cette éducation conftitutionnelle, qui va conftituer l'empire du crime, & perpétuer les excès de la licence & de la cruauté; " qui change en infolente fierté le modefte » maintien de cet âge ignorant & foible, que » la prévoyante nature avoit fait humble &

docile? Quel grotefque, de la voir aujour» d'hui, cette enfance timide, hériffée de "fer, cuiraffée d'impudence, infulter des vieil»lards, menacer des hommes, fecouer toute "efpece de dépendance, & fe croire au ni» veau de tout ce qu'elle avoit refpecté juf» qu'alors! Quelle eft aujourd'hui fon école ? » elle n'en connoit plus que les camps & les "clubs; elle n'a d'inftituteurs que des fpadaffins; d'honorable métier, que celui d'égorger des ariftocrates. Et qu'apprend-elle ? "qu'il n'y a d'autre loi, que la fainte infur"rection; d'autre morale, que la divine conf

titution; d'autre culte religieux, que le "patriotifme; d'autres dieux, que ces cada»vres immortels, ces offemens finiftres, qui chaffent de fon temple la patrone de la France. Elle apprend à oublier ces doux & vénérables noms de peres, de freres, de "difciples, de maîtres, de fujets, de monar"ques, pour ne plus voir que des citoyens,

" & s'échauffer à ce beau mot d'un enthou

fiafme factice : elle apprend à bafouer, traî"ner, garotter, étrangler, s'il le faut, fans "foibleffe, fes bienfaiteurs, fes mentors, ou " fes rois.... Mais refpirons: mon imagina» tion eft fatiguée de fe traîner fur ces hor

reurs. »

Leçons métaphyfiques à un milord incrédule, fur l'existence & la nature de Dieu; par dom Aubry, prieur Bénédictin.

Numquid incredulitas illorum fidem Dei evacuabit?

Rom. 3.

A Paris, chez Belin, 1790, petit in-12 de 42 pag.

C

E petit ouvrage, plein de raifons excellentes qui fe fuccedent & fe groupent d'une maniere rapide, rappelle le nom d'un auteur dont j'ai déjà fait connoître des écrits eftimables dans ce même genre, quoique je n'aie * 1 Fév. pas été en tout de fon avis *. L'on s'attend bien 1783, p. qu'il ne peut y avoir ici des argumens neufs: un fujet auffi ancien, fi long-tems & fi pro15 Mars fondément traité par tout ce qu'il a eu de fa1784, P. ges dans le monde, ne laiffe plus guere d'ef

159.

426.

pace vuide à la réflexion; mais l'auteur a fu donner à des raifonnemens connus un ton & une application fi bien affortis aux erreurs du jour, qu'on les lit ou les relit encore avec fatisfaction. La feule épigraphe donne une idée avantageufe de fon efprit: elle est auffi

judicieufe qu'elle eft confolante & encourageante pour les bons chrétiens: on diroit que c'eft à nos fiers & confians incrédules que S. Paul l'a adreffée. Empreffons-nous à dire avec lui Numquid incredulitas illorum fidem Dei evacuabit?

1

L'auteur m'a adreffé deux autres brochures, dont l'une (j'en ignore l'objet) eft restée fous les décombres du royaume d'où elle m'a été envoyée; l'autre eft intitulée Théorie de l'ame des bêtes, & de celle qu'on attribue à la matiere organifée. Paris, chez Belin, 1790, de 42 pag. in-12. Elle a pour épigra phe: La bête voit, mais elle ne fait pas qu'elle voit. Sentence qui annonce affez les principes de l'auteur, & qui prouvé qu'il tient aux véritables. Il eft vrai que donnant aux brutes une ame fpirituelle, il s'engage dans des difficultés pénibles; mais en l'admettant bornée aux fenfations, conféquemment d'une efpece très-différente de l'homme, il repouffe toutes les erreurs qu'on croiroit pouvoir en déduire. Ce qui l'engage dans cette opinion, eft la répugnance qu'il a de reconnoître une fubftance qui ne foit ni efprit ni matiere. Ef-il un milieu, dit-il p. 19, entre le fpirituel & le corporel? Le célebre Boerhave & d'autres phyficiens qui prétendent que le feu n'eft ni efprit ni matiere (à plus forte raifon la lumiere, tout autrement merveilleuse dans fa nature & fes inexplicables effets), tiendroient l'auteur bien en deçà de l'objet de fa difcuffion; il ne douteroit plus qu'il n'y eût un milieu entre les deux extrêmes, l'efprit & le

corps, s'il voyoit entre les deux la lumiere & le feu. (a)

Lettres de Henri-Marie Boudon, grandarchidiacre d'Evreux. A Paris, chez Froullé; & fe trouve à Bruxelles, chez Le Charlier, 1785. Deux gros vol. in-12. Prix, 6 liv. rel., 4 liv. 10 f. broch.

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ES Lettres n'auront fans doute pas le fuffrage de ceux qui y cherchent les graces du ftyle épiftolaire. C'eft le langage du zele & de la piété dans toute la fimplicité de l'efprit

(a) Je ne voudrois pas dire qu'il n'y a pas ici (comme dans cent autres fujets fortement agités, & cela depuis qu'il y a des hommes) une pure quef= tion dé nom. Si on appelle efprit exclufivement la fubftance intelligente & raifonnante, rien n'eft efprit dans les brutes. Si on appelle esprit ce qui n'est pas matiere; le feu, la lumiere, & les brutes peuvent prétendre à cette dénomination, & il ne fera pas néceffaire pour cela de recourir à des créations & des annihilations. Nous avons amplement traité cette matiere dans le Catéch. phil. n. 168: T. 1. p. 292. Remarquons encore ici les travers de l'efprit de fecte & de parti. Voltaire, qui ne trouvoit aucun inconvénient à fuppofer une Voyez moyenne claffe d'êtres en faveur du feu, regar'Hift. des doit comme fouverainement ridicule ce même miprogrès de Vefprit dans lieu dès qu'on vouloit y placer l'ame des brutes. les fciences Tant il eft vrai que ce n'eft point le raisonnement, M. Saverien, mais le fecret intérêt de fyftême, qui fixe le fufP. 163. frage de nos philofophes !

nat. Par

chrétien, langage qui dans fa négligence même & fon défordre plaira aux ames droites qui cher chent à s'inftruire & à fe nourrir par des penfées faintes. Voici le compte que l'éditeur rend de ces Lettres.

"

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Les ouvrages de M. Boudon lui ont affuré un rang diftingué parmi les auteurs afcétiques. Ce n'étoit ni le defir de fe faire un nom ni l'efprit de critique, ni la paffion de l'intérêt qui conduifoit fa plume. C'étoit l'unique vue de Dieu, & de Dieu feul, le defir ardent de multiplier fes adorateurs, la paffion de lui gagner des cœurs, qui le déterminoient à écrire. C'étoit ce même motif, à l'exclufion de tout autre, qui l'engageoit à entretenir tant de correspondances épistolaires, pour crier de toutes parts au feu de l'amour divin, felon fon expreffion favorite. On lui écrivoit non-feulement de toutes les provinces de France, mais d'Italie, de Flandre, d'Allemagne, & même de l'Afie & de l'Amérique, foit pour lui demander des avis fpirituels, foit pour conférer avec lui fur les moyens les plus propres à établir le regne de Dieu; & il répondoit exactement à tous ceux qui s'adreffoient à lui. ""

,, Depuis long-tems, & fur-tout depuis que M. Collet a donné fa Vie au public, on demandoit avec empreffement l'impreffion de fes Lettres. Quelque defir qu'on ait eu de répondre à ce pieux empreffement, quelques démarches que l'on ait faites pour cela, on n'a pu raffembler qu'environ trois cens Lettres, prefque toutes en original, & quelquesunes feulement, en très-petit nombre, fur des copies authentiques. Quoiqu'elles portent toutes l'empreinte de la piété & du zele dont M. Boudon étoit rempli, cependant, pour ne pas trop multiplier les volumes, on a cru ne devoir faire choix que de celles que l'on a jugées les plus édifiantes & les plus intéreffantes. Ce font ces Lettres que l'on

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